Il suffit de tirer le fil d'un seul mot et ce sont bien d'autres mots qui reviennent à nous, mots du passé, de nos désirs, de la politique, de la littérature, etc. Ce livre propose de faire cette expérience déconcertante à partir du mot « spécial ». Expérience de lecture qui entretient aussi le besoin de philosophie comme expérience singulière sans fin du langage dans le monde et du monde dans le langage.
L'énergie est une pierre de touche philosophique. En fonction de ce qui est dit ou de ce qui n'est pas dit d'elle, elle sert à interroger les trois termes de la matrice à l'oeuvre dès qu'il est question, en pensée (ou en théorie), de ce que l'on peut faire dans le monde.
Cargèse est une petite ville située à 52 kms au nord d'Ajaccio, née de l'exil de populations grecques venues du Péloponnèse. En 1676, fuyant l'oppression ottomane, ces populations obtinrent de la République de Gènes, alors métropole de la Corse, la possibilité de s'y installer. A partir du XIXe siècle, les Cargésiens purent vivre en paix sur cette terre devenue la leur. Voici donc une étude sur le parler grec de Corse (néanmoins en voie d'extinction).
Êtes-vous méfiant à l'égard de la politique, comme la majorité des gens ? Êtes-vous tenté de rejoindre les indignés rassemblés sur la place ? Sentez-vous la nécessité de vous engager davantage dans la vie de la cité et de promouvoir, au nom de votre citoyenneté, une vraie démocratie participative ? Allez-vous répondre à l'institut de sondage qui, malgré les proportions consternantes de l'abstention électorale, continue de s'intéresser à votre opinion et de la ranger dans ses cases ?
Vous êtes au coeur de la politique, au moins par votre opinion. Mais vous ne pouvez jamais y être seul. Rien ne se fait politiquement sans le mouvement, sans l'opinion de masse, sans le parti, sans le collectif, sans la manifestation, sans le rapport des forces antagonistes, sans le ralliement de « tous ensemble, tous ensemble ! » C'est en tout cas l'idée courante qu'on entretient à propos de la politique et qu'on ne se lasse pas de vous renvoyer à l'occasion, lorsqu'il est question de justifier un combat, d'en appeler à vos valeurs, de vous inciter à voter pour ou contre. En général, on ne vous demande pas votre avis à ce sujet. Théories, récits et idéologies prolifèrent et, d'un côté, vous ciblent individuellement, mais, de l'autre, ont déjà scellé, sans vous et à votre place, le genre de phénomène collectif qui vous concerne politiquement. Oui, cette façon de procéder est inhérente à la politique ; oui, le jeu politique consiste sans doute à vous faire ces offres. Vous prenez ou vous laissez. C'est votre choix. Et cela devrait vous suffire ? Ce petit essai de philosophie propose de rester seul face à la politique. Il ne s'agit pas de revenir à une position hypothétique à partir de laquelle on rejouerait le fondement contractuel de l'Etat ou de tout autre groupement politique. La question est plutôt de savoir comment on peut continuer à faire de la politique et comment on peut vouloir prendre la responsabilité de la politique en refusant d'être embarqué d'office par ceux qui prétendent dire pour les autres au nom de quoi il y a ou il doit y avoir de la politique.
Il y a toujours autre chose à faire que penser philosophiquement. Il y a bien d'autres occupations. Il y a toujours une façon de parler de ce qui est, sans avoir à penser qu'il serait nécessaire d'en discuter philosophiquement. Il y a tant de discours, tant d'informations, tant de connaissances, tant d'explications, tant de récits qui n'ont nullement besoin d'être philosophiques et dont on se satisfait avec de bonnes raisons. Dans cette situation, qui est celle du public en général, la pensée philosophique se cantonne à une place seconde. Seconde par rapport à toutes les expertises qui la devancent. Seconde parce qu'il lui est désormais difficile de revendiquer pour elle un accès privilégié à ce qu'elle disait être premier, initial, fondamental, ou transcendantal. Il ne s'agit pas d'en finir avec la pensée philosophique mais de la poursuivre à partir de cette position seconde. Ce ne peut pas être sans incidence sur la forme avec laquelle elle doit se présenter ni sur les motifs qu'elle est encore en mesure d'écouter, comme le fait cet ouvrage : un événement après l'autre, une situation de langage après l'autre, et possiblement sans fin.