Figure majeure de la scène de l'art contemporain, Annette Messager présentera à l'automne 2012, au musée des Beaux-Arts de Strasbourg, ses dernières oeuvres dans un ensemble intitulé Continents noirs. Si depuis toujours son travail mêle le ludique à l'inquiétant, ses nouvelles pièces évoquent les tensions du monde actuel, un monde dont le temps nous échappe.
Fragiles chevelures bougeant au gré de souffleries, chaussures abandonnées et petits objets du quotidien recouverts d'une sombre feuille d'aluminium froissé, dispersés sur le sol sous une bâche, éléments suspendus et mobiles se déployant telle une masse noire et menaçante, à la fois aérienne et terriblement pesante, ces installations et oeuvres oscillent entre le monumental et le miniature. Elles suscitent le sentiment de l'instable et du fugitif, et se font l'écho des tensions du monde d'aujourd'hui. Menaces écologiques et troubles des temps modernes transparaissent dans ses installations devenues autant de continents noirs. Traces ou vestiges d'un monde imaginaire plutôt inquiétant, les dernières créations d'Annette Messager nous plongent dans le mystère de leurs origines.
À l'occasion de cet ouvrage, Annette Messager a demandé à l'écrivain américain Norman Springer d'écrire un texte évoquant son récent travail. Auteur de science-fiction, Springer dépeint dans ses romans et nouvelles des univers fantastiques au bord de la dérive.
Ce livre présente une série de dessins intitulée « 80 dessins de la France », réalisée au cours de l'année 2000, pour une installation exposée notamment à l'occasion de la 5e Biennale de Lyon. Faire des cartes de France repose sur un jeu de mots amusant et pervers : « Un ami est venu chez moi pendant que j'étais en train de dessiner des cartes de France, en l'an 2000. En souriant il m'apprit que «faire des cartes de France» était une expression pour nommer les pollutions nocturnes du jeune roi Louis XIII ! » (Annette Messager).
« Faire de l'art, c'est truquer le réel ». À travers des installations qui combinent photographies, dessins, broderies, couture, animaux empaillés, poupées, peluches, objets divers, Annette Messager construit depuis les années 1970 une autobiographie fictive dont, telle une petite fille capricieuse, elle s'approprie les éléments qui deviennent ses jouets :
« Mes trophées », « Mes petites effigies », « Mes pensionnaires », « Mes jalousies », « Ma collection de proverbes », « Ma vie pratique ».
Pour ce nouveau projet, Annette Messager a redessiné une série de pictogrammes d'interdictions bien réelles trouvées sur Internet ou croisées au fil de ses voyages à travers le monde. Interdictions qui présentent, outre un graphisme souvent séduisant (« interdit au gaz de schiste »), un caractère franchement comique (« interdit d'uriner », interdit de porter des cheveux longs », « No sex in the Spa »), éventuellement grinçant (« interdit de se noyer »), absurde (« interdit de tourner le pied vers la droite en haut de l'escalator »), ou scandaleux (« interdit de conduire aux femmes en burqa »), et qui parce qu'ils sont réunis donnent envie de rire jaune. Ils créent un sentiment d'étouffement et de privation de liberté qui sonne comme un paradoxe quand on se souvient du slogan phare de mai 68, « il est interdit d'interdire ». Devant de tels freins à la responsabilité individuelle, Annette Messager montre les humains réduits à l'état de pantins désarticulés et mous, glissant sans consistance vers un avenir où tous leurs comportements seraient régis sans qu'il ne soit plus nécessaire de recourir à l'effort du libre-arbitre.
Jouant avec les signes du quotidien, confrontant l'humour à la violence banale des restrictions individuelles, Annette Messager nous amène avec ses Interdictions à reconsidérer ces balises sociales comme un vocabulaire collectif dont il nous appartient de limiter l'invasion, sous peine non seulement de ridicule, mais surtout d'une moindre liberté.
Pour le Pavillon français de la 51e Biennale de Venise, Annette Messager a créé Casino, une oeuvre inédite qui prend en compte tout l'espace du Pavillon. S'inspirant d'une oeuvre légendaire de la littérature italienne qui met en scène un " héros " devenu universel, elle a conçu un parcours qui, de manière allusive et poétique, évoque une histoire, parle de la création, du rapport de l'artiste à la société et du devenir de l'humain.
Le livre éponyme, Casino, élaboré en relation étroite avec l'artiste en reprend la structure, au travers de photographies et de dessins. Des textes d'auteurs tels Julia Kristeva, écrivain et psychanalyste, qui analyse la thématique sous-jacente de Casino et de Didier Semin, historien et critique d'art, qui situe la démarche d'Annette Messager dans l'histoire de l'art contemporain, apportent des commentaires éclairants sur une oeuvre très personnelle et libre.
Enfin un entretien de l'artiste avec les commissaires, Suzanne Pagé, directeur du Musée d'art moderne de la ville de Paris et Béatrice Parent, conservateur au Musée d'art moderne de la ville de Paris, rend compte de la manière dont Annette Messager a pensé son oeuvre.
Pour le Pavillon français de la 51e Biennale de Venise, Annette Messager a créé Casino, une oeuvre inédite qui prend en compte tout l'espace du Pavillon. S'inspirant d'une oeuvre légendaire de la littérature italienne qui met en scène un " héros " devenu universel, elle a conçu un parcours qui, de manière allusive et poétique, évoque une histoire, parle de la création, du rapport de l'artiste à la société et du devenir de l'humain.
Le livre éponyme, Casino, élaboré en relation étroite avec l'artiste en reprend la structure, au travers de photographies et de dessins. Des textes d'auteurs tels Julia Kristeva, écrivain et psychanalyste, qui analyse la thématique sous-jacente de Casino et de Didier Semin, historien et critique d'art, qui situe la démarche d'Annette Messager dans l'histoire de l'art contemporain, apportent des commentaires éclairants sur une oeuvre très personnelle et libre.
Version anglaise.
Enfin un entretien de l'artiste avec les commissaires, Suzanne Pagé, directeur du Musée d'art moderne de la ville de Paris et Béatrice Parent, conservateur au Musée d'art moderne de la ville de Paris, rend compte de la manière dont Annette Messager a pensé son oeuvre.
Cet ouvrage rétrospectif présente l'oeuvre d'Annette Messager au fil d'une biographie commentée par l'artiste et accompagnée par un exceptionnel corpus d'images.
Le Livre. Annette Messager s'inscrit dans la scène parisienne du début des années 70 de façon singulière. Artiste et femme, elle pose d'emblée une question essentielle, celle de l'identité, à travers les divers rôles qu'elle s'assigne (« Annette Messager truqueuse », « Annette Messager collectionneuse » déclinés dans des travaux intimistes qui prennent notamment la forme de petits cahiers. Les oeuvres des années 1980, plus théâtrales, investissent les murs et développent une imagerie fantastique et monstrueuse, dans laquelle le corps est omniprésent. Les bas, la laine, le tissu, associés aux peluches, aux animaux naturalisés, aux photographies, aux dessins et aux écritures, comptent parmi les matériaux de nombre d'installations des années 1990, où le corps s'expose en de multiples fragments. Avec Articulés-Désarticulés, 2002, présenté pour la première fois à la Documenta XI de Cassel, Annette Messager introduit ouvertement le mouvement dans l'oeuvre : des pantins-automates en tissu s'agitent au dessus de formes inertes, telles des épaves, en un mouvement ondulatoire, sorte de parodie grotesque qui renvoie le spectateur à lui-même. L'univers d'Annette Messager, qui emprunte à toute une imagerie populaire, à l'art brut comme à l'art savant repose sur une dualité subtile : à l'attraction d'un monde enfantin rassurant, se superpose le malaise de visions bien ancrées dans la réalité, celle de la société qui nous modèle malgré nous et celle de notre devenir-poussière.
Olivier Py, Marie Darrieusecq, Élisabeth Lebovici, Jérôme Alexandre, Marie-Laure Bernadac, Christian Caujolle, Jean-Pierre Criqui, Sophie Duplaix, Caroline Eliacheff, Catherine Grenier, Bernard Marcadé, Marilu Marini, Erik Sablé, Joan Simon, Cyril Thomas... nous éclairent sur les multiples facettes d'Annette Messager.
Annette Messager est née à Berck-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, en 1943. Après des études à l'École nationale supérieure des arts décoratifs (Paris), qu'elle écourte à la veille de mai 1968, elle s'installe en tant qu'artiste plasticienne, photographe, peintre et sculptrice au coeur de la scène artistique parisienne de l'époque. Elle réunit alors ses premières Collections, albums de photographies et sentences extraites de la presse qu'elle annote et modifie. Aujourd'hui, elle est l'une des artistes françaises les plus reconnues sur la scène internationale (Lion d'Or de la Biennale de Venise en 2005, grande rétrospective au Centre Pompidou en 2007 présentée par la suite dans plusieurs autres musées du monde [Tokyo, Séoul...]). Son travail mêle des techniques très variées (découpage, collage, peinture, photographie, écriture, broderie) et toutes sortes de matériaux insolites (peluches, animaux taxidermisés, tissus, photographies...). Son oeuvre puise dans diverses influences, imagerie populaire, art brut ou art savant, provoquant une subtile dualité, mêlant sans cesse réalisme et fantastique. À l'occasion de son exposition « Comme si » (11 mai-21 août 2022), Annette Messager propose un livre d'artiste intime et singulier. À ses textes - aphorismes, fragments, souvenirs, extraits, reproductions ou encore assemblages - se mêlent ses dessins au trait ainsi que des aquarelles inédites de la série « Tête à tête », qui semblent prolonger et faire danser ses notes. Un texte de Marie-Amélie Senot, commissaire de son exposition, viendra prolonger cette promenade dans le travail d'Annette Messager.
Figure majeure de l'art contemporain, Annette Messager a obtenu le Lion d'or à la Biennale de Venise en 2005 pour son installation au Pavillon français et reçu le Prix Praemium Imperiale en 2016 dans la catégorie sculpture.
Son travail a été exposé dans les plus grands musées du monde. Depuis les années 1970, l'artiste développe des installations abordant les thèmes de l'identité, du corps, de la condition des femmes, de l'érotisme et de la mort.
Admirative de l'oeuvre comme de la personnalité de Giacometti, l'artiste a plusieurs fois introduit des clins d'oeil à l'oeuvre du sculpteur dans ses installations. Pour l'Institut Giacometti, elle conçoit un parcours original avec des oeuvres anciennes et nouvelles en regard avec des oeuvres d'Alberto Giacometti.