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Claude Calame
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Les Éditions du Croquant, qui s'inscrivent dans une démarche critique des phénomènes de domination, proposeront dès septembre, une nouvelle collection. Constituée de textes relativement brefs (autour de 60 000 signes), incisifs, dans le genre « coups de poing » ou « coups de gueule ». Le titre de la collection en donne l'esprit et le ton : Halte là ! Trop c'est trop ! Stop ! Carton rouge ! Il s'agit de faire part de nos indignations, de nos colères. Non pas de façon négative, mais en privilégiant l'expression argumentée d'une prise de conscience de l'intolérable. Nous solliciterons les autrices et auteurs du Croquant. Mais aussi de nouveaux témoins et/ou analystes des phénomènes sociaux. À charge pour eux de dire de façon ramassée l'objet de leurs révoltes, de dénoncer les phénomènes, procédures, décisions politiques et sociales qui portent atteinte à la dignité humaine, à la justice. Certains feront connaître de façon adaptée au format de la collection les résultats de leurs recherches, d'autres choisiront de partager des expériences collectives ou sensibles, à la fois emblématiques d'une époque et riches de leur singularité. Sortons les Cartons Rouges devant l'intolérable, disons l'émotion ressentie - sans la dissocier de la pensée. Cette réaction est plus que jamais nécessaire pour construire les résistances, pour croire en l'avenir." Selon les sinistres statistiques publiées chaque année par l'OIM, en dix ans pas moins de 28854 personnes en migration contrainte ont trouvé la mort en tentant de chercher un refuge dans l'un des pays de l'Union européenne, hommes, femmes et enfants. Quant aux autres, quand elles ne sont pas les victimes de rejet en particulier vers les campements de concentration de la Libye, elles sont classées dans la catégorie floue, dépréciative et discriminatoire du « migrant ». Mais pourquoi ces migrations sous la contrainte ? Pourquoi ces personnes forcées à l'exil qui, en majorité, émigrent d'ailleurs dans les pays limitrophes à leur région d'origine? En cause le processus de la mondialisation économique et financière qui est parvenu à asservir les pays des Suds aux pays riches du Nord, animés par l'idéologie néolibérale, avec les destructions humaines, sociales, culturelles et environnementales que l'on sait. Sans égard ni à leur origine, ni à leur culture, sans tenir compte de situations de précarité matérielle et psychique extrêmes, sans prendre en compte les traumatismes subis dans des parcours migratoires plus qu'aléatoires, les pays de l'UE sont coupables, vis-à-vis de celles et ceux qu'ils rejettent dans la catégorie du migrant, d'un véritable déni d'humanité. Et ce déni d'humanité se décline en différentes formes de crime contre l'humanité. À nous de réagir, autant pour le soutien humain que dans l'action politique.
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Qu'est-ce que la mythologie grecque ?
Claude Calame
- Folio
- Folio Essais
- 22 Janvier 2015
- 9782070445783
Déméter, Bellérophon, Oreste, Io, Thésée, Héraclès, Prométhée, Tirésias, Hippolyte, la belle Hélène de Troie...
Tous, nous croyons connaître la mythologie grecque car nous en gardons le souvenir de personnages dont les traits et gestes seraient fixés pour l'éternité. Or, montre Claude Calame, rien n'est plus instable et variable que le mythe, sans cesse récrit selon des époques précises, des auteurs singuliers, des fins spécifiques - morales, culturelles ou politiques.
Au commencement, il y a toujours un récit intriqué dans sa forme d'énonciation qui lui donne tout son sens. On ne saurait donc dissocier dans le mythe le récit de la source qui le narre : la constitution indigène d'une mythologie (Homère, Hésiode, Orphée) ; les usages qu'en font la poésie chantée (Pindare), la pédagogie (sophistes, rhéteurs), la dramatisation théâtrale (poètes tragiques), voire l'historiographie (Hérodote, Thucydide) et l'iconographie. Claude Calame nous invite, à partir des formes choisies par les poètes, les artistes ou les philosophes, à comprendre ce qu'est l'art du mythe, ses contraintes et ses règles.
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La voix actée ; pour une nouvelle ethnopoétique
Claude Calame, Florence Dupont, Bernard Lortat-jacob, Maria Manca
- Kime
- 16 Novembre 2010
- 9782841745319
Sons, sens et sentiments forment un continuum qu'explore, par de multiples exemples, cette publication du GREP. La voix actée, c'est la voix qui agit sur ceux qui l'écoutent, à travers les mots, la musique qu'elle produit, les gestes et le corps qu'elle engage. La voix actée, c'est aussi la voix qui est agie par ceux auxquels elle s'adresse, par la personne qui l'émet autant que par la sensibilité et la mémoire de tous. C'est la parole qui porte et met en acte la petite histoire et les grands événements, le ciel et la terre, le papillon qui passe. Sons, sens et sentiments se créent, se croisent et entrent en résonance de chapitre en chapitre où se rencontrent des poètes grecs archaïques, des chanteuses zarma, des slameurs du petit Montrouge, des musiciens roms, des comiques latins, des bergers éthiopiens...
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Thésée et l'imaginaire athénien ; légende et culte en Grèce antique
Claude Calame
- La découverte
- 15 Mars 2018
- 9782707195272
Objets privilégiés de l'anthropologie culturelle et sociale, le mythe et le rite sont issus d'un même processus symbolique que Claude Calame analyse ici à la lumière du héros athénien. En textes et en images, l'épopée de Thésée offre un terrain privilégié d'enquête à la fois sémio-narrative et anthropologique pour en explorer toutes les implications pratiques.
Le mythe, le rite, constituent deux objets privilégiés de l'anthropologie culturelle et sociale, deux concepts dont l'origine est censée remonter aux Anciens. Si, de fait, il n'en est rien, en revanche les Grecs se sont montrés de véritables maîtres dans la création et la manipulation, d'une part, des récits héroïques que nous, modernes, identifions comme des mythes, d'autre part des pratiques cultuelles que nous dénommons rites. Mais, en régime polythéiste, ce qui importe ce sont les rapports pratiques entre ces productions d'un même processus symbolique ; il est animé par de grands poètes et des cités puissantes, et ses manifestations, dans leurs dimensions historique et politique, constituent un domaine d'enquête foisonnant.
Dès la fin du VIe siècle avant notre ère, à l'aube de l'âge supposé être celui de la démocratie et de la raison, ne voit-on pas les Athéniens s'approprier la figure du jeune Thésée pour en faire, sous les apparences du néo-initié, le modèle du futur citoyen ? Assorti d'autres " travaux ", le célèbre épisode du combat du jeune héros contre le Minotaure est dès lors recentré sur Athènes. Présentées comme des gestes premiers, civilisateurs, les actions du jeune héros permettent non seulement de reformuler le sens des rituels offerts aux divinités tutélaires de la cité, mais elles légitiment aussi une politique d'expansion économique et maritime, soutenue par un désir de domination culturelle. Se dessine ainsi un nouvel espace fait de réalité historique et façonné par l'imaginaire, marqué par des actions héroïques fondatrices et habité par des gestes rituels qui entretiennent les relations avec les dieux.
À partir de textes et d'images, la saga de Thésée nous offre un terrain privilégié d'enquête à la fois sémio-narrative et anthropologique pour explorer un florissant travail de production symbolique, à visée pratique. -
Pratiques poétiques de la mémoire
Claude Calame
- La découverte
- Textes A L'appui ; Histoire Classique
- 6 Avril 2006
- 9782707147981
Un ensemble d'essais d'anthropologie littéraire et religieuse pour mieux cerner les conceptions du temps en Grèce ancienne.
La réflexion sur les conceptions grecques du temps s'est souvent déployée dans une perspective philosophique : temps circulaire, clôture du monde du mythe, partage entre le profane et le sacré. Mais qu'en pensaient les Grecs eux-mêmes ? Ceux-ci considéraient le déroulement du temps dans un espace précis et concret, dans lequel passé, présent et futur naviguaient entre mémoire poétique et pratique sociale. Ces conceptions invitent donc à privilégier une approche de type anthropologique, tant il est vrai que les formes poétiques assumées par cette mémoire collective ritualisée reposent chez les Grecs sur de remarquables facultés de création symbolique, entre narration et pratiques cultuelles. Après une réflexion sur nos manières contemporaines de mettre en discours les concepts de temps et d'espace, Claude Calame étudie ici tour à tour le récit poétique d'Hésiode sur l'histoire des hommes pour établir la justice dans la cité, la célébration chantée du héros athénien Thésée par Bacchylide dans un usage cultuel et idéologique, l'utilisation par la cité de Cyrène de l'acte héroïque de sa fondation légendaire pour réaffirmer une identité civique, les textes poétiques gravés sur des lamelles d'or pour assurer le passage rituel et initiatique des défunts dans un au-delà de bienheureux : Dionysos pour le passage, Perséphone pour l'éternité. -
Sentiers transversaux ; entre poétiques grecs et politiques contemporaines
Claude Calame
- MILLON
- Horos
- 23 Octobre 2008
- 9782841372393
Adepte infatigable de la marche alpine, Claude Calame manifeste la même endurance et la même mobilité dans son parcours intellectuel. Escarpés et rocailleux pour certains, à flanc de coteau et verdoyants pour d'autres, lei sentiers multiples qu'il emprunte témoignent d'une pensée résolument interdisciplinaire - au carrefour de la philologie, de la sémiotique, de l'analyse du discours et de l'anthropologie culturelle -, conjuguant érudition dans l'étude du passé et engagement dans le présent, capable de passer de la Grèce antique à la Papouasie-Nouvelle-Guinée et à Bali, avant de faire retour sur les réalités politiques de l'Helvétie contemporaine. Ce volume invite à suivre Claude Calame sur ces sentiers transversaux, à travers quinze études réunies en guise d'hommage pour celui qui fut titulaire durant près de vingt ans de la chaire de langue et littérature grecques de l'Université de Lausanne.
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Du récit au rituel par la forme esthétique ; pragmatique culturelle des formes discursives et des images en Grèce ancienne
Claude Calame, Pierre Ellinger
- Les Belles Lettres
- 9 Janvier 2017
- 9782251446158
Les mythes en général et les mythes grecs en particulier n'ont d'existence que dans les différentes formes poétiques et iconographiques qui les adressent à un public particulier ; elles actualisent ces récits pour des circonstances sociales, rituelles et culturelles singulières. Conçues dès l'Antiquité comme les produits de techniques artisanales, ces formes confèrent aux récits que nous plaçons sous l'étiquette du « mythe » une dimension pragmatique. Avec son efficacité d'ordre à la fois esthétique et politique, cette poétique inscrit ces récits en des mémoires culturelles dynamiques, variant d'une cité à l'autre.
En régime polythéiste, ces récits poétiques, relatifs au passé héroïque de la communauté, sont souvent associés à des fondations de culte et à des rituels auxquels ils servent d'aition ; ils légitiment ainsi une histoire et des institutions politiques. Par les techniques intellectuelles de poètes considérés comme des sophoi, par le biais de différentes formes de performance poétique (figurées et discursives), par la pragmatique de formes esthétiques qui les constituent en univers de croyance et en mémoire collective, par les pratiques rituelles dont leur énonciation fait partie, les mythes grecs définissent des identités politiques et religieuses amenées à changer suivant la conjoncture historique.
En France en particulier, l'approche des mythes grecs a été fortement marquée par le structuralisme. Sous l'influence de la linguistique, on a été d'une part sensible à la syntaxe de récits qui sont relatifs au passé héroïque de la communauté ; on en a ainsi offert une série d'analyses narratologiques. D'autre part, dans la dimension sémantique, on a souvent réduit leurs univers de représentations culturelle à des oppositions binaires (le crû/le cuit, le même/l'autre, le masculin/le féminin). Il s'agit désormais de replacer ces formes narratives dans un contexte d'énonciation qui correspond à des performances ritualisées. Seule la prise en compte de la forte dimension pragmatique qui découle de leur forme poétique est en mesure d'en faire apparaître les effets de sens dans un contexte rituel et culturel requérant une approche d'ordre anthropologique.
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Les choeurs de jeunes filles en Grèce ancienne ; morphologie, fonctions religieuses et sociales (les parthénées d'Alcman)
Claude Calame
- Les Belles Lettres
- 8 Novembre 2019
- 9782251450230
A travers les mots d'un poète masculin, au service de la martiale cité de Sparte, des jeunes filles chantent en choeur le désir homoérotique que leur inspire leur chorège tout en rendant hommage à une déesse proche d'Hélène.
Pas si étonnant, lorsque l'on sait que les formes de sexualité en Grèce ancienne dépassent l'opposition moderne entre hétéro et homosexualité. Le genre comme rapport social et religieux à la sexualité, la culture musicale et poétique, les pratiques rituelles dans leur confrontation avec les récits héroïques fondateurs de la cité, les institutions, les statuts sociaux et politiques réservés aux femmes, sont autant de pistes explorés par cet ouvrage.
À l'exemple des poèmes dit « parthénées » du poète spartiate Alcman, cet essai s'interroge à la fois sur les différents cultes dont la performance chorale féminine représente l'un des moments rituels essentiel et sur les qualités et fonctions des divinités auxquelles sont destinées ces célébrations de l'adolescence : Artémis, Apollon, Héra, Aphrodite et, à Sparte, Hélène. En combinaison avec une perspective d'histoire des religions en régime polythéiste, l'approche offerte par l'anthropologie culturelle et sociale permet d'étudier la fonction sociale de ces rituels musicaux ainsi que des relations sexuelles impliquées. La comparaison anthropologique avec les processus rituels de l'initiation tribale permet de saisir le sens esthétique et politique d'une éducation chorale et rituelle des jeunes filles en Grèce ancienne, par le chant de la beauté féminine.
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Masques d'autorité : Fiction et pragmatique dans la poétique grecque antique
Claude Calame
- Les Belles Lettres
- 15 Juin 2005
- 9782251420271
Qu'est-ce qu'un auteur dans la littérature grecque antique? Le présent ouvrage propose une série d'incursions dans des manifestations de l'art du poieîn tel qu'il est pratiqué par les artisans grecs de la parole poétique. Il s'agit d'un ensemble de lectures qui se veulent sensibles aux aspects énonciatifs, sémantiques et pragmatiques de quelques-uns parmi les grands textes poétiques qui ont marqué notre histoire de la littérature hellène. Ces lectures tendent à saisir ce qui se donne dans un premier temps comme simple instance d'auteur: position dans le discours, profil énonciatif, épaisseur sémantique, effets pratiques sur le public. Les marques discursives de l'auteur, les masques et simulacres d'auteur que présente en Grèce antique toute manifestation textuelle renvoient par des moyens poétiques à une autorité polymorphe, distincte de l'auteur biographique; elles dépendent de formes et de genres littéraires particuliers; elles renvoient à des circonstances de communication et à des fonctions sociales spécifiques.
Il s'agit donc de saisir en acte quelques-uns des aspects fondamentaux de différentes formes poétiques et littéraires grecques à fonction pratique, à l'exemple d'un Hymne homérique, des Travaux d'Hésiode, d'un poème de Sappho, d'un bref poème épigraphique, d'une tragédie de Sophocle, des comédies d'Aristophane, d'une théogonie orphique et de son commentaire, d'un traité hippocratique, de l'un des Hymnes de Callimaque, et d'une Idylle de Théocrite.
Après avoir été professeur de langue et littérature grecques à'l'université de Lausanne, Claude Calame est directeur d'études à l'EHESS à Paris. Parmi ses publications récentes on mentionnera Mythe et histoire dans l'Antiquité grecque (1966), Thésée et l'imaginaire athénien (2e éd., 1996), Poétique des mythes dans la Grèce antique (2000), L'Eros dans la Grèce antique (2e éd., 2002). -
Mythe et histoire dans l'Antiquité grecque
Claude Calame
- Les Belles Lettres
- Verite Des Mythes
- 14 Avril 2011
- 9782251324593
Cyrène au ciel percé, Cyrène et ses trois récoltes annuelles de fruits, Cyrène nourricière de troupeaux en ses riches pâturages. Poètes et historiographes ont rivalisé d'invention pour faire de la fertile et prospère colonie grecque de Libye une terre de l'Âge d'or.
Mais Cyrène, c'est aussi le nom de la jeune nymphe tueuse de lions qu'Apollon, amoureux, emmène de Thessalie en Libye pour s'unir à elle sur le site de la future cité grecque, autour de l'eau jaillissante qui porte le même nom. C'est encore une terre lointaine qu'il faut ancrer au continent par un autre récit métaphorique, animé par les Argonautes. C'est enfin ce territoire civique dont le balbutiant Battos, conduit par la voix oraculaire d'Apollon Pythien, trace le plan en forme de nef, pour être héroïsé à sa poupe.
Dans plusieurs entrelacs narratifs et métaphoriques d'une extraordinaire richesse les Grecs ont tissé la mémoire poétique d'un acte de fondation essentiel, consacré par un culte héroïque. Au gré des circonstances historiques, selon les occasions rituelles, en relation avec les genres qui les portent à leur public, ces différentes configurations du temps, de l'espace et de l'événement ne cessent de se métamorphoser. Mythe, légende, conte ou histoire ?
L'occasion est trop belle pour ne pas montrer qu'en dépit de sa dénomination hellène, le mythe n'est pas une catégorie indigène. Pour les Grecs, les récits de fondation font partie de cette « archéologie » qui soumet l'histoire des temps anciens à la spéculation symbolique pour l'offrir à la communauté de croyance qui l'entretient sous une forme en général rituelle, avec une efficacité politique et religieuse renouvelée.
Telle est la double visée de cet essai : tenter une critique du concept moderne de mythe tout en restituant dans leurs profondeur sémantique, et avec leurs fonctions poétiques et sociales, les créations fictionnelles suscitées par les relations mémorielles des Grecs avec le passé de la plus « mythique » de leurs colonies.
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L'avenir de la planète et urgence climatique ; au-delà de l'opposition nature / culture
Claude Calame
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 13 Janvier 2016
- 9782355261527
C'est au xviie siècle, notamment avec Descartes, que naît le concept moderne de « nature » : une nature-objet soumise à la raison de l'homme. Une tradition tenace, européocentrée, fait remonter l'idée de « nature », comme domaine à exploiter, au concept grec ancien de phusis. Dans cette mesure, elle l'oppose à l'idée de « culture ». Qu'en est-il au juste ? La question est stratégique au moment où l'urgence climatique exige de s'interroger sur l'impact des activités humaines sur une nature désormais envisagée comme éco-système. Quelles causes ? quelles conséquences ? quelle alternative ?
Qui dit culture grecque, dit culture éloignée, dans le temps et dans l'espace. Sans doute la différence culturelle exige-t-elle une approche anthropologique.
Or une anthropologie des conceptions grecques antiques implique une approche critique de catégories historiques, dans leurs définitions indigènes.
Mais, dans cette mise à distance, elle exige aussi un retour réflexif, par le regard oblique qu'elle induit, sur nos propres concepts. La phusis grecque donc, parfois opposée au nomos (la coutume des hommes), non seulement pour repenser l'opposition moderne entre « nature » et « culture » ; mais la phusis grecque surtout pour critiquer le paradigme qui est le nôtre, dans ses effets pratiques. Il s'avère en effet que l'idée de domination et d'exploitation de ce que nous avons constitué en nature est au coeur du modèle idéologique, économique et financier imposé par le capitalisme néolibéral qui désormais façonne et détruit aussi bien le monde des hommes que leur environnement.
Concept grec de « nature » entendue comme processus dynamique de développement d'un organisme ou du cosmos, et arts techniques que le héros Prométhée mis en scène par Eschyle propose aux hommes mortels pour animer leurs relations signifiantes avec leur environnement - cette double référence à la Grèce classique permet un retour réflexif sur la « nature » et la « culture » modernes. De manière sans doute inattendue, deux savoirs contemporains, développés en technologies de pointe, peuvent y collaborer : d'une part le génie génétique, d'autre part les sciences neuronales. En effet fondés sur plasticité et interaction, les principes épistémologiques à la base de ces deux savoirs permettent, en relation avec les principes interprétatifs fondant les techniques prométhéennes, de revisiter l'opposition devenue dangereusement traditionnelle : non plus la culture face à la nature, mais les relations interactives des communautés des hommes avec leurs milieux.
Loin de constituer une nature objective qui peut être dominée par l'homme, l'environnement s'avère aussi indispensable à l'homme qu'il est configuré par lui.
À ce titre, constitué en milieu, l'environnement ne saurait être réduit à une nature dont l'homme pourrait utiliser les « ressources » pour un profit individuel devenu profit principalement matériel et financier.
C'est dès lors le principe du productivisme et du profit fondant l'économie capitaliste qui s'effondre.
À moins de conséquences destructrices aussi bien sur le climat que sur les populations les plus dépourvues, ni l'homme ni son environnement ne peuvent être envisagés en termes de ressources à exploiter. Il n'y a pas, d'un côté, une nature soumise passivement à la raison humaine et, de l'autre, une culture des hommes susceptibles, par leurs arts techniques, de tirer profit de cette nature inerte.
À l'âge de l'anthropocène, les indispensables rapports des hommes avec leur environnement sont donc à concevoir non pas en termes de relations avec un écosystème divinisé en Terre, mais comme interaction sociale avec des écologies modelées par les pratiques techniques et sémiotiques des hommes.
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Récit en Grèce ancienne (Le) : énonciations et représentations de poètes
Claude Calame
- Klincksieck
- 1 Septembre 1986
- 9782865631544
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Identites d'auteur dans l'antiquite et la tradition europeenne
Claude Calame, Roger Chartier
- MILLON
- Horos
- 27 Avril 2004
- 9782841371655
Quelles sont les formes assumées par les textes grecs et latins pour permettre leur assignation à un auteur particulier et à quoi correspondent dans l'Antiquité les modalités textuelles et institutionnelles de la fonction-auteur telle que l'a définie Michel Foucault ? Les réponses apportées à ces deux questions sont précisées dans la confrontation comparative avec d'autres traditions littéraires, au cours du Moyen Âge européen, à la Renaissance, au XVIIIe siècle.
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Le processus d'énonciation laisse des traces dans l'énoncé même de l'oeuvre littéraire, organisant une réalité énonciative de l'ordre du dit et de récrit.
De cette épaisseur textuelle entre récit et référent psycho-social, l'auteur antique profite largement pour donner une image de son propre rôle qui ne coïncide pas forcément avec sa fonction empirique. De là, chez Homère, dans les Hymnes homériques, pour Hésiode ou les poètes lyriques, ou encore chez Hérodote et ses successeurs, les infinies possibilités de positions énonciatives qui brisent le cadre des genres considérés comme traditionnels et qui convergent finalement vers la mise en scène masquée de la tragédie classique.
Dans ce livre sont tour à tour en jeu les relations entre auteur et autorité énonciative, le rôle du je "lyrique", les fonctions du masque et du regard dans les représentations dramatiques et iconographiques, les jeux de mots narratifs sur les noms propres, la poétique du discours historique.
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Poétique des mythes dans la Grèce antique
Claude Calame
- Hachette Education
- Hu Langues
- 8 Mars 2000
- 9782010211478
Initiation à la culture hellène, cet essai sur ce qu'il est convenu d'appeler la poétique de la " mythologie grecque " se fait aussi manifeste.
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Prométhée inventeur du génie génétique ? Prométhée héros fondateur des biotechnologies ? Prométhée champion des manipulations du génome humain ? Dans la tragédie d'Eschyle, Prométhée se vante d'avoir transmis aux hommes des techniques civilisatrices.
Systèmes de signes à déchiffrer, ces tékhnai requièrent une habileté interprétative. Dès lors, pas de surprise à voir la biologie moléculaire contemporaine penser les processus de la génétique humaine en termes de code à déchiffrer, de texte à lire, de bibliothèque à consulter. Mais, malgré la prise en compte des facteurs épigénétiques et de l'environnement extérieur, ces métaphores sont utilisées dans un sens déterministe.
La perspective décentrée de l'anthropologue helléniste, doublée du regard critique du linguiste, ne permettrait-elle pas d'aller plus loin ? De même que les arts pratiques offerts aux mortels par Prométhée, les métaphores du code et du déchiffrement renvoient en fait à des procédures d'ordre interprétatif, en prise sur les ambiguïtés propres aux processus de signification. Au paradigme du déterminisme scientiste on préférera donc l'idée d'un multidéterminisme conjectural.
Relevant d'une herméneutique, ce paradigme respecterait la part de hasard propre à tout processus de fabrication de l'homme. Pratiques de culture, les sciences du vivant sont, de fait, des sciences humaines.
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Figures de l'humain : Les représentations de l'anthropologie
Francis Affergan, Sylvana Borutti, Claude Calame, Ugo Fabietti
- EHESS
- 1 Février 2003
- 9782713217906
Pour l'anthropologie culturelle et sociale, le terme du 20e siècle aura été marqué par une série de retours critiques : sur ses objets, sur son histoire, sur son discours, sur ses concepts, sur ses principes épistémologiques. Le regard réflexif porté sur les procédures formelles et rhétoriques de la restitution anthropologique des cultures des autres, ouvre sur la recherche de nouvelles approches et la construction d'objets transversaux, qui touchent aux fondements de l'anthropologie culturelle et sociale. "Renaissance" de l'homme comme être social et fabrication de modèles et de fictions d'humanité, l'anthropopoiésis se saisit des figures de l'humain qui, constitutives du fait de civilisation, traversent les cultures et informent les démarches de l'anthropologie.
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Études de lettres n.272 : comparer les comparatismes ; perspectives sur l'histoire et les sciences des religions
Maya Burger, Claude Calame
- Etudes De Lettres
- Etudes De Lettres
- 12 Janvier 2006
- 9782940331093
L'histoire des religions autant dans ses procédés que dans ses concepts est fondée sur la comparaison. Tels le mythe, le sacrifice, l'initiation ou la purification, ces concepts comparatifs ont fini par être naturalisés dans une ontologie à prétention universelle. Des religions on en est revenu à la religion, pour le plus grand profit des théologiens chrétiens, protestants et catholiques, qui y ont trouvé une nouvelle légitimité académique. Raison supplémentaire pour revenir sur les démarches comparatives et pour en critiquer les effets totalisants: la comparaison s'impose comme méthode à condition d'être contrastive et différentielle. Elle induit un regard relativisant et décentré; ce regard oblique d'une part rend justice aux spécificités des manifestations et pratiques religieuses décrites dans leur diversité; d'autre part il est la condition même, en sciences humaines en général, d'une position critique, antidote indispensable aux replis disciplinaires et institutionnels de nos contemporains.Les contributions réunies ici à la suite d'une journée d'échange passée à comparer les démarches comparatives en histoire des religions entraînent lectrices et lecteurs des rites du polythéisme grec aux pratiques contemporaines du yoga, en passant par différentes prétentions universalisantes du monothéisme chrétien, par les pratiques de l'hospitalité en régime rabbinique et en hindouisme brahmanique, mais aussi par la question du salut individuel en philosophie néoplatonicienne ou en théologie augustinienne, par les gestes de la prière dans les religions amérindiennes et dans la mystique chrétienne ou par les prophétismes chrétien et musulman; ceci par le biais de méthodes comparatives se fondant sur une démarche historique, structurale, discursive ou cognitive.
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Migrations forcées, discriminations et exclusions ; les enjeux de politiques neocoloniales
Claude Calame, Alain Fabart
- Croquant
- 9 Juin 2020
- 9782365122467
Cet ouvrage s'efforce de fournir des éclairages sur les causes des migrations forcées et sur leurs conséquences (stigmatisation, discrimination, exclusion, négation des droits...).
Poussés à l'exil par les effets d'une mondialisation d'ordre néocolonial, les personnes exilées sont soumis à une triple sélection : par le voyage, par l'enregistrement aux frontières de l'UE dans les centre de tri, par la menace constante d'expulsion dans le pays qui devrait les accueillir.
L'absence de statut, la négation de toute identité condamnent à des conditions de vie plus que précaires, à des violences policières et à des pressions psychiques qui contribuent à détruire leur humanité. Il s'agit de s'interroger autant sur les raisons de ces discriminations et de ces exclusions que sur les usages politiques dont elles sont le prétexte et de proposer des voies pour définir une autre politique migratoire et changer le système qui produit les migrations forcées. -
Étudier la sexualité des anciens Grecs et Grecques reviendrait à projeter sur le monde antique des catégories contemporaines. Il faut plutôt suivre la force mystérieuse et bien connue que les Anciens avait divinisée sous le nom d'Eros, un enfant espiègle qui assistait Aphrodite, déesse de l'amour.
Désir, séduction, pratiques érotiques sont ici étudiés comme autant de manifestations d'Eros. L'auteur interroge les poèmes et les images qui représentent l'Eros, les institutions et les relations sociales auxquelles préside sa puissance, ainsi que sa récupération par les philosophes et les sectes orphiques.