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Claude Simon
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Le capitaine de Reixach, abattu en mai 40 par un parachutiste allemand, a-t-il délibérément cherché cette mort ? Un de ses cousins. Georges, simple cavalier dans le même régiment, cherche à découvrir la vérité. Aidé de Blum, prisonnier dans le même camp, il interroge leur compagnon Iglésia qui fut jadis jockey de l'écurie Reixach. Après la guerre, il finit par retrouver Corinne, la jeune veuve du capitaine...
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La phrase de Claude Simon s'agrippe à la réalité, s'insinue dans les anfractuosités, y décèle les cachettes les plus obscures, mais ce qu'elle découvre toujours, au bout du compte, c'est l'ampleur de l'univers.
Ce roman couvre une immense plage d'espace et de temps : de Madagascar jusqu'en Belgique et d'Espagne jusqu'à Moscou, un siècle entier. Mais l'acacia centenaire qui lui donne son nom se dresse, lui, dans le jardin d'une vieille demeure du midi de la France. C'est dans cette maison qu'à la suite d'une bataille perdue un ancêtre s'est jadis suicidé, qu'une femme a vécu sa jeunesse avant de rencontrer et d'épouser, au mépris des convenances, un officier issu d'une famille de paysans jurassiens, c'est de là que ce dernier est parti pour la guerre, un jour d'août 1914, de là aussi que partira son fils, vingt-cinq ans plus tard, pour une autre guerre et où il reviendra après le désastre de 40. Devant la fenêtre par laquelle il aperçoit le feuillage de l'acacia à peine agité par la brise, il commencera un soir à écrire.
Reprenant sous un autre angle quelques-uns des thèmes présents dans certains de ses plus grands livres. De L'Herbe aux Géorgiques en passant par La Route des Flandres, Le Palace et Histoire, Claude Simon les fond dans une oeuvre complètement originale qui pourrait bien constituer la clé de voûte de l'ensemble. -
Sous l'ancien régime, il est officier au régiment de Toul-Artillerie. En 1792, il est élu membre de la Convention. En 1940, il bat en retraite avec son régiment à travers la Belgique. En 1793, il vote la mort du roi. Représentant en mission, il défend la Corse contre Paoli et les Anglais. Il fait planter dans son parc des peupliers d'Italie, des châtaigniers, des hêtres et des acacias. En 1937, il combat sur le front d'Aragon dans les rangs des milices populaires. Poursuivi par l'ennemi, il repasse la Meuse peu avant que les ponts ne sautent. La mort de sa première femme le laisse inconsolable. En 1799, il est ambassadeur auprès de la cour de Naples. Il se plaint à son intendante que les vendanges ont bien trompé. Il est promu général en l'An II. Membre du Comité de salut public, il enjoint aux chefs d'armées de ne pas reculer en deçà de la Meuse. Il s'évade d'un camp de prisonniers près de Dresde. Il achète une jument à Iéna. Il est blessé au passage de l'Adige. Il recommande qu'on épierre bien ses champs. Près de Lérida, il est atteint d'une balle qui lui traverse le cou. Il vote la loi punissant de mort tout émigré rentré en France et pris les armes à la main. Au plus fort de la Terreur, il sauve une royaliste qu'il épouse peu après. A la suite de l'insurrection anarchiste de Mai, il est traqué dans Barcelone par la police. Il...
A des époques différentes et dans des périodes de tumulte et de violence, trois personnages vivent des événements et des expériences qui semblent se répéter, se superposer, de même qu'indifférents à la tragédie, aux déchirements familiaux et politiques, reviennent au long des pages les mêmes travaux des champs, les alternances des saisons, de la pluie, du soleil, des printemps.
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Un tramway relie une ville de province à la plage voisine, distante d'une quinzaine de kilomètres. Aux heures matinales, il fait accessoirement office de ramassage scolaire. Ses allées et venues d'un terminus à l'autre entre les ondulations des vignes ponctuent le cours des vies, avec leurs menus ou cruels événements. Les lieux où se déroule l'action sont principalement le bord de mer, une maison de campagne, la ville qui peu à peu se modernise, un court de tennis. Dans sa fragilité, la vie s'acharne par ailleurs à poursuivre son cours à travers les dédales des couloirs et des pavillons d'un hôpital, et d'infimes coïncidences amènent parfois les deux trajets à se confondre.
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« Le roman tourne autour d'une hésitation : Louise quittera-t-elle ou non son mari pour l'amant à qui elle exprime son trouble ? Cette question se double d'une autre : la vieille tante agonisante, Marie, mourra-t-elle pour de bon ? Liant une jeune et une vieille femme, ce roman situe le dilemme de son personnage central dans le cadre d'une famille déchirée. Dans l'apparente absurdité de la vie de Marie, Louise parvient à lire les signes d'un sacrifice austère. Voyage à travers le temps, l'expérience de la vieille femme s'est identifiée à celui-ci jusqu'à en devenir exemplaire. Pendant les dix jours de l'agonie de Marie, la jeune femme prend conscience de l'impossibilité de son projet : la puissance d'attraction de Marie l'oblige de rester ; tout rentre dans l'ordre. Le thème de l'Histoire intervient de manière nouvelle chez Claude Simon : la présence implicite des grands événements de l'histoire contemporaine, l'exode de 1940, l'effondrement de la France, ont à la limite moins d'importance que le passage inexorable du temps éprouvé par chacun des personnages de la fiction. Tout comme Le Vent, L'Herbe exprime un ordre des choses tout naturel que l'esprit et la volonté humains semblent impuissants à dominer. » (Stuart Sykes) L'Herbe est paru en 1958.
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Le Vent. Tentative de restitution d'un retable baroque, se déroule tout entier dans une ville du Midi de la France (Perpignan ?). Antoine Montès, 35 ans, vient d'y arriver pour entrer en possession de l'héritage de son père. Il n'a d'ailleurs jamais connu celui-ci, sa mère, morte aussi, ayant quitté la ville dès avant la naissance de l'enfant. L'héritage se compose principalement de vignes laissées à l'abandon. Le notaire conseille à Montès de vendre ces terres, et lui propose même des acheteurs. Mais, inexplicablement, Montès refuse. A partir de là, toute son attitude apparaît étrange et même scandaleuse à toute la « bonne société » du cru. Refusant les beaux partis qui s'offrent, il se compromet avec la bonne de l'hôtel minable où il est descendu, et se trouve finalement mêlé à une sombre histoire de vol et de recel, dont il se tirera d'ailleurs sans dommage, mais sans avoir rien fait pour cela, restant d'un bout à l'autre aussi doucement étranger et pur vis-à-vis de ce monde qu'il apparaîtra scandaleux aux yeux des autres.
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En 2001, la Pléiade propose à Claude Simon de publier un volume de ses oeuvres. Simon en établit lui-même le sommaire : du Vent (1957) au Jardin des Plantes (1997), huit livres, quarante ans de création. Puis, jusqu'à sa mort en 2005, il aide à la préparation du volume, qui paraît en 2006.
Après la disparition de Simon, son oeuvre ne connaît pas de purgatoire. Sa présence, au contraire, s'affirme. Des romanciers qui n'étaient pas nés à «l'ère du soupçon» la lisent et la citent. On la traduit partout. À l'heure où le «nouveau roman» n'émet plus, Simon est un écrivain vivant. C'est ce dont la Pléiade prend acte, peu après la sortie du volume de 2006, en préparant une «suite» - qui n'en est pas une : ce tome II rassemble les oeuvres que Simon n'a pas retenues en 2001. À en examiner le sommaire, on saisit que ce second wagon n'a rien d'un wagon de seconde classe. Mais où chercher l'unité d'un tel ensemble?
Simon ne s'est pas expliqué publiquement sur ses choix de 2001. Pour autant, il n'est pas interdit de remarquer que, si des romans «à base de vécu» (pour ne pas dire «autobiographiques») étaient présents dans sa sélection, ceux qui étaient le plus visiblement fondés sur un matériau familial avaient été écartés. La famille évoquée dans L'Herbe ressemble à celle des Simon. Histoire fait revivre des personnages proches des parents de l'auteur. Les Géorgiques enchevêtre la vie de L.S.M., conventionnel et général d'Empire dont les initiales sont celles d'un trisaïeul de Simon, à des épisodes vécus par un volontaire étranger dans l'Espagne de 1936 et par un cavalier français de 1940. Dans L'Acacia, un père meurt en 1914, comme celui de Simon, et un fils survit à la débâcle de 1940, comme Simon lui-même. Et Le Tramway, où se rejoignent enfance et vieillesse, traverse une ville anonyme semblable à celle où l'écrivain a passé ses premières années.
La matière familiale irrigue donc tout le volume. Mais il y a plus. Peu à peu, Simon renonce partiellement à «inventer» personnages et épisodes. Il fait des recherches, exploite des archives. La fiction progressivement s'efface. Des critiques trop pressés vont d'ailleurs s'y tromper et qualifier d'«autobiographies» ces romans véritables, au grand dam de l'auteur. Car ce qui est prodigieux chez Claude Simon, et ce dont les livres ici rassemblés témoignent mieux que d'autres, c'est qu'il abandonne la fiction sans renoncer au romanesque. «Montrer un homme dans toute la vérité de sa nature» n'est pas son affaire. «Ces éléments biographiques sont des prétextes, disait-il. Le texte est autre chose.» Parallèle au nôtre sans jamais se confondre avec lui, à la fois fragmentaire et cohérent, le monde qu'il crée «à base de vécu» a sa vérité propre. Comme celui de Balzac.
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Tout, la vie, la mort, la vie constamment doublée par la mort, l'individu avec ses drames personnels mais aussi l'homme avec ses besoins essentiels, l'histoire avec ses grandes secousses, guerres ou révolutions, le monde enfin, la " vaste terre bigarrée... ", il y a tout dans ce livre qui renouvelle en même temps le récit romanesque, son optique, sa composition et son matériau, la phrase.
Un homme, le narrateur, qu'on suppose au tournant de la cinquantaine, se retrouve dans la maison de famille où il a passé son enfance. Il y est revenu seul, en proie à des embarras d'argent qui le forcent à vendre quelque meuble et à hypothéquer quelque terre. C'est l'emploi d'une de ses journées, que seules privilégient ces opérations financières, qui va nous être conté. Trame banale s'il en fut, puisqu'on saisit le héros d'abord dans le demi-sommeil plein de pensées et de rêves qui précède son lever, et qu'on le suit au fil des douze chapitres, dans son cabinet de toilette, dans la rue où il rencontre un vieil ami de sa famille, à la banque où il va contracter un prêt, au restaurant où il déjeune, dans sa maison derechef pour négocier avec une antiquaire, au bord de la mer dans la villa de son cousin à qui il va demander une signature, sur la route du retour qui le ramène de la côte à la ville, la nuit tombée, au café où il s'attarde pour passer une soirée solitaire, cependant qu'une réunion électorale se tient à l'hôtel de ville, enfin chez lui, pour la troisième fois, au moment où le sommeil va s'emparer de lui, dans la récapitulation orchestrée de ses pensées et de ses actes du jour. Comme structure, un roman à la Joyce, les douze heurs de la vie d'un homme sans qu'aucun événement particulièrement romanesque, voire poétique les marque.
Jacqueline Piatier, Le Monde, 26 avril 1967
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L'oeuvre de Claude Simon trouve l'un de ses ancrages dans l'histoire du XX? siècle, telle qu'il l'a vécue. La Grande Guerre, la mort dès 1914 d'un père qu'il n'a pas connu, le deuil d'une mère inconsolable puis sa disparition, la révolution dont il fut témoin, à Barcelone, en 1936, la débâcle de juin 1940, l'anéantissement de son escadron de cavalerie sur une route des Flandres, dont il sortit vivant, par hasard - ces expériences, les siennes, des centaines de milliers d'autres hommes les ont faites, y ont survécu, en sont restés marqués, ont voulu leur donner un sens et ont essayé de les faire partager, en vain : entre «voir écrit le mot obus» et se trouver au point de chute de l'objet, il y a, comme le fait observer Simon, une différence assez nette. On a beau se livrer à toutes les «tentatives de restitution» qu'on voudra, impossible de restituer ce qui fut tel que cela fut. Mais cet impossible est en soi un sujet. «Que savoir, comment savoir ?» Comment rendre compte du «luxuriant, anarchique et impétueux désordre de la vie» ? Quelle forme et quel sens donner à ce qui semble n'être que chaos et absurdité ? De la guerre l'expérience n'est pas transmissible, et ses acteurs eux-mêmes n'en conservent qu'une perception fragmentaire. Alors que raconter, comment, et à qui ? Qu'y a-t-il à tirer du magma des émotions et des souvenirs ? Comment reproduire ? qu'exprimer ? pour démontrer quoi ? «Non plus démontrer», répond Claude Simon, «mais montrer, non plus reproduire mais produire, non plus exprimer mais découvrir». Écrire. Se livrer aux mots, eux-mêmes créateurs de réalité. Ne pas laisser l'écriture s'effacer «derrière un récit et des événements qui n'existent que par elle». S'émanciper de toute ambition réaliste, pour explorer librement des contrées inconnues. Les livres de Claude Simon ne reconstituent pas le réel : ils le constituent dans et par l'écriture. Leur forme se renouvelle de roman en roman, avec toutefois une constante : aucun de ces livres n'est un pur «tour de force», dans chacun d'eux la vie passe, et l'oeuvre de Claude Simon est l'une des plus émouvantes de notre temps.
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Publié dans Les lettres nouvelles, en février et mars 1958, et jamais réédité depuis, Le cheval est le premier jalon de l'histoire du cavalier-brigadier rescapé des Flandres durant la débâcle de quarante que Claude Simon n'a eu de cesse ensuite de recomposer, à commencer par La route des Flandres, qui paraît deux ans plus tard.
II serait pourtant bien réducteur de considérer Le cheval comme un simple brouillon du roman à venir. Ce «pur cristal taillé, facetté avec art», comme l'écrit Mireille Calle-Gruber dans sa postface, est un récit singulier et autonome, qui éclaire magistralement l'oeuvre de Claude Simon, couronnée en 1985 par le prix Nobel de littérature.
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Entre le muséum, les serres et la ménagerie, le jardin des plantes, à paris, réunit des centaines de minéraux, de végétaux et d'animaux dans un spectacle chaque fois différent pour le promeneur qui parcourt ses allées.
Le livre, lui, amalgame des fragments épars d'une vie d'homme au long de ce siècle et aux quatre coins du monde.
Mais qu'on ne s'y trompe pas : si, comme dans une autobiographie, chacun des éléments est indissolublement lié au vécu, l'ensemble, conçu, inventé et construit comme une oeuvre en soi, constitue plutôt ce qu'on pourrait appeler le " portrait d'une mémoire ".
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La séparation est la seule pièce de théâtre écrite par Claude Simon, dont le texte est resté inédit jusqu'alors. Jouée à Paris, au Théâtre de Lutèce en 1963, en pleine querelle du nouveau roman, elle déclencha polémique et malentendu. Là où l'on attendait un avant-gardisme démonstratif, Claude Simon se référait à la tragédie grecque et livrait, sur les motifs de son roman L'herbe, paru en 1958, une oeuvre profondément originale et inattendue. Il se saisit de l'irrémédiable présent du théâtre, et sans fin les protagonistes de La Séparation peuvent se donner la réplique, se dupliquer, se doubler, recommencer à ne pas se séparer.
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Discours de stockholm
Claude Simon
- Éditions du Minuit
- Roman Francais Minuit
- 1 Mars 1986
- 9782707310736
Dans le discours qu'il a prononcé devant l'Académie suédoise, le 10 décembre 1985, Claude Simon s'est livré à un survol de la littérature au cours des derniers siècles, montrant comment la description, d'abord appelée à renforcer la crédibilité des romans à prétention morale, a fini par expulser la signification hors du récit.
Répondant à ceux qui reprochent à ses oeuvres d'être fabriquées, il définit le travail de l'écrivain comme celui d'un artisan du langage. Puis, en opposition avec les théories littéraires du XIXe siècle prônant la vertu didactique du roman réaliste, il affirme que la crédibilité d'une oeuvre ne tient qu'à la pertinence des rapports entre ses éléments, dont l'ordonnance, la succession et l'agencement ne relèvent pas d'une causalité extérieure au fait littéraire.
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Archipel et nord
Claude Simon
- Éditions du Minuit
- Roman Francais Minuit
- 15 Janvier 2009
- 9782707320650
Ces deux textes, inédits en France, sont parus en 1974 dans les revues finlandaises Åland et Finland.
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« À propos d'une scène de plage, de deux femmes en noir marchant en bordure des vagues chaudes, de pêcheurs tirant au sec leurs barcasses craquantes, de casseroles enfoncées dans le sable, de poulets qu'on vide, d'étoiles qui basculent (dont la constellation de Bérénice), Claude Simon change le temps en espace. Il rend physiquement sensible la durée, notre seule certitude. Avec lui, la littérature devient une machine magique à voir l'invisible par excellence : l'herbe qui pousse, l'histoire en train de se faire. » (Bertrand Poirot-Delpech, Le Monde, 10 février 1984) Initialement publié en tirage limité sous le titre Femmes (Maeght, 1966), ce texte est paru aux Éditions de Minuit en 1984.
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Les romans de Claude Simon éclairaient souvent sa réflexion d'écrivain, tout autant que ses lectures longuement méditées. À l'occasion de plusieurs conférences il a exprimé ce travail particulier, aussi distinct d'une théorie littéraire que d'une pensée philosophique dont il se défiait sans cesse. Chacune de ses « causeries » (disait-il) devenait la matière première de la suivante comme si l'écrivain affinait sans cesse un propos toujours inachevé à ses yeux.
Les quatre conférences réunies dans ce livre, prononcées entre 1980 et 1993, sont ainsi des réécritures ultimes et marquent le point le plus abouti de considérations toujours très réfléchies à partir de quatre objets : La Recherche du temps perdu, la mémoire, la poétique et l'écriture. Entre elles, de nombreux échos ou des références récurrentes font choeur, assez pour faire entendre que leur auteur ne séparait pas des préoccupations que l'exercice de la conférence oblige à dissocier.
Chacune est établie à partir de dactylogrammes annotés et numérotés, complétés parfois d'une feuille manuscrite où les sources, soigneusement recopiées, demeuraient ainsi à part. Les mentions orales indiquant une citation ont été supprimées : l'usage des guillemets renseigne assez le lecteur. Par souci de fidélité au dactylogramme, les notes font référence aux éditions citées par Claude Simon et nous avons indiqué, entre parenthèses, la correspondance avec une édition plus récente et plus accessible. Enfin, la bibliothèque de l'écrivain a parfois permis de préciser l'origine d'une citation choisie en dehors de son contexte original.
Réa Simon a ouvert autant que nécessaire l'accès aux archives comme à la bibliothèque : je la remercie et plus encore d'avoir toujours soutenu et facilité le principe de cette édition.
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Lecon de choses
Claude Simon
- Éditions du Minuit
- Roman Francais Minuit
- 1 Septembre 1975
- 9782707300645
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« Une ville républicaine en guerre, Barcelone sans doute, dont on croit reconnaître la place de Catalogne. L'observateur est immobile, le plus souvent dans la chambre d'un palace abandonné, en compagnie d'un Italien, d'un instituteur, d'un Américain. La présence de la guerre est donc saisie indirectement par des signes, fusils, portraits d'hommes politiques, slogans, un enterrement qui passe, tout cela revenant, enrichi à chaque fois, de détails inaperçus auparavant, comme un manège qui tourne et ramène, obsédant, les mêmes images terribles. » (La Nouvelle Revue française, juin 1962) Le Palace est paru en 1962.
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Les corps conducteurs
Claude Simon
- Éditions du Minuit
- Roman Francais Minuit
- 1 Mars 1971
- 9782707303554
Victime d'un malaise non loin de l'hôtel où il est descendu dans une grande ville du continent américain, un homme parcourt avec peine la distance qui l'en sépare. Avant d'y parvenir il doit, pour reprendre des forces, faire halte une première fois dans un bar, une seconde fois sur le banc d'un square.
Entre-temps, il visite un musée, assiste à un congrès d'écrivains, consulte un médecin, fait un long voyage en avion, feuillette les pages d'un magazine, passe une nuit avec une femme qu'il tente ensuite à plusieurs reprises et en vain de joindre au téléphone.
Les Corps conducteurs est paru en 1971.
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« Dans une ville au nom semblable à un froissement, un claquement d'étendard un groupe hétéroclite d'intellectuels est promené çà et là, selon le programme minutieux et dépourvu de sens d'un voyage officiel. Le pays et les voyageurs ne sont nommés que par périphrases. Il y a un acteur qui a incarné le personnage de Néron au cinéma, le second mari de la plus belle fille du monde, un homme avec une tête de gladiateur nubien, deux duettistes noirs qui ont l'air de prédicateurs évangélistes, un diplomate méditerranéen, un Tolstoï d'Asie centrale à tête de montagnard et, à l'arrière-plan, L'Histoire, proche ou contemporaine : le bandit séminariste qui a fait régner la terreur dans ce pays et exterminé ou déporté des millions d'hommes, son successeur actuel semblable au dernier rejeton d'une lignée de gangsters qui aurait été élevé dans un collège suisse. Ou encore, l'autre grand de ce monde, le cow-boy à la retraite élu pour avoir galopé dans des films de troisième catégorie. » (Marianne Alphant, Libération, 6 janvier 1988) L'Invitation est paru en 1988.
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La bataille de Pharsale
Claude Simon
- Éditions de Minuit
- Roman Francais Minuit
- 1 Août 1969
- 9782707303547
Jules César, une machine agricole démantibulée, un soldat ivre, la jalousie, la guerre, une étreinte, une place où s'ouvre une bouche de métro, sont les principaux personnages, thèmes, événements et lieux de ce roman, récit d'une aventure particulière au cours de laquelle un observateur lui-même observé cherche à reconstituer quelque chose qui, en définitive, s'avère n'être constitué que par cette recherche même dans sa progression, ses interrogations, ses méandres.
La Bataille de Pharsale est paru en 1969.
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En peinture, on appelle triptyque une oeuvre composée de trois volets.
Si les actions ou les personnages mis en scène peuvent avoir entres elles et entre eux des liens plus ou moins étroits (par exemple plusieurs épisodes d'une même légende), d'autres fois les sujets de chacun des volets sont différents. Mais, ainsi ou autrement, l'ensemble de l'oeuvre constitue un tout indissociable, et par l'unité de la facture, et par la façon calculée dont se répondent d'un volet à l'autre et s'équilibrent les différentes formes et les différentes couleurs.
La composition de Triptyque s'inspire de ces principes. Trois histoires (une noce qui tourne mal, la noyade accidentelle d'une enfant, un fait divers dans une station balnéaire) s'y entrelacent, se superposent parfois, se nourrissent l'une de l'autre et, finalement, s'effacent...
Triptyque est paru en 1973.
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L'déologie néolibérale : ses fondements, ses dégats
Claude Simon
- Editions Temps Present
- 18 Octobre 2016
- 9782916842288
Dans cet ouvrage très pédagogique, Claude Simon explique comment le néolibéralisme, sous couvert de liberté et d'efficacité économique, s'est imposé dans tous les domaines de notre vie. Jusqu'à devenir une véritable idéologie, dont le bilan, après plusieurs décennies de règne sans partage, est négatif sur les plans économique, social et écologique.
Il explique comment ce système a été pensé et imposé par des théoriciens, comme Friedrich Hayek ou Milton Friedman, et par des politiques, comme Margaret Thatcher ou Ronald Reagan. Il explique comment le libéralisme a muté au cours de la décennie quatre-vingt. Initialement né au siècle des lumières pour libérer l'homme du pouvoir absolu et mettre l'économie à son service, le néolibéralisme a inversé la logique en plaçant les individus et les États au service de l'économie et des marchés.