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Cornu Camille
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Ce roman envoûtant retrace l'évolution d'une personne queer entre un appartement envahi de plantes et le milieu des nuits queers parisiennes. Une rencontre va lui offrir une ouverture vers une autre culture féministe, celle d'un pays du Nord de l'Europe plus ouvert aux questions trans. Se développe alors la possibilité d'un ailleurs, où l'imaginaire serait capable d'agir sur le réel et de le modifier.
Entre autofiction et réalisme magique, Camille Cornu explore, dans une écriture foisonnante et maîtrisée, le dépassement des binarités, de genre comme celles entre humain et non-humain. Un livre inclassable, profondément contemporain, où s'échapper des normes et des catégories serait une façon d'ouvrir des horizons révolutionnaires aux limites des corps. -
Habiletés sociales
Camille Cornu
- Flammarion
- Litterature Francaise Flammarion
- 17 Janvier 2018
- 9782081417465
« J'ai grandi dans un foyer, ça s'appelait l'assistance sociale à l'enfance, moi je dis le foyer des enfants abandonnés, mais les gens qui l'ont nommé préféraient mettre l'accent sur leur propre rôle ».
À dix-huit ans, la narratrice se dirige douloureusement vers l'âge adulte. Elle découvre qu'on peut se retrouver à la rue, qu'elle n'était que de passage dans son foyer ou à l'hôpital, qu'elle croyait immuables. Lorsque l'hôpital vous déclare inadapté, ou "Hors-Saveur" comme elle choisit de le traduire, être un adulte "officiel" semble d'autant plus difficile. Pourtant, elle s'acharne à suivre les séances d'"Entraînement aux Habiletés Sociales" dans l'espoir de trouver sa place dans la société.
Traduire le monde qui l'entoure et renommer les choses devient une façon de s'inventer un espace dans lequel survivre, forger un langage qui deviendra, avec l'humour et l'amitié, une arme de résistance.
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« Je fus déclarée autiste, c'est-à-dire beaucoup trop saine d'esprit pour une société pervertie ». Ici l'autisme n'est pas une pathologie. Il est vécu de l'intérieur et ne ressent sa différence que dans le chaos du monde et la tyrannie de la normalité. À partir du moment où le diagnostic d'autisme est posé, on suit le parcours du personnage qui se découvre appartenir à une communauté, mais aussi le besoin vital de s'affranchir du discours scientifique comme du regard social sur la différence. Finalement un message d'espoir, presque un livre de combat, contre les refus, les préjugés et le formatage : « Savoir qu'on a le droit de vivre sans attendre l'autorisation. Danser, danser, hurlements et joie, pleurs de joie. Savoir qu'on est ensemble ici, et être des guerriers, rester puissants et aussi rester naïfs, et sourire quand même parce qu'il n'y a que ça qui nous sauvera, rester conscient que la haine ne construit rien, alors leur sourire quand même et peut-être leur donner envie à eux aussi, de prendre le risque d'aimer ce qu'on ne maîtrise pas, et savoir qu'être libre, c'est oser ».
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(...) J'avais dit au médecin, pourtant je vais si bien, je suis tellement heureuse. Il avait répondu, ton corps sait de toi des choses que tu ignores. Moi je ne pensais pas. Je pensais que mon corps n'existait pas. Je lui donnais une forme nommée Juliette. Juliette ne vomissait jamais, c'était tout de même plus propre. (...) À quel point l'expérience reste-t-elle gravée dans les corps ? Ici le père et la fille ont chacun refondé leur identité, modifié le corps et le prénom. Amenés à se croiser, ils ne se reconnaîtront pas, et réécriront l'histoire malgré eux. L'espoir que la fiction réabsorbe la douleur ? Même pas. Juste des questions éternelles. Il s'agit d'une expulsion de l'enfance comme des identités fixes. Soulever le voile onirique de la découverte de soi dans la sexualité, ancrer son corps dans le réel.