Filtrer
Rayons
Support
Éditeurs
Langues
Gallimard
-
Divisé en sept chapitres, accompagné d'une anthologie, d'une chronologie, d'une bibliographie et d'un cahier iconographique, l'essai de Gérard de Cortanze aborde les grands thèmes de l'oeuvre de J.-M. G. Le Clézio.
-
Méli mélo a la tête à l'envers
Gérard de Cortanze
- Gallimard Jeunesse
- Folio Cadet
- 8 Mars 2007
- 9782070577446
un matin de juillet, mélo mélo se lève d'un bond et se retrouve soudain la tête en bas, les pieds en l'air.
" le monde à l'envers serait-il plus simple que la vie à l'endroit ? " se demande la petite fille sur le chemin du parc. elle a donné rendez-vous à théo sucre, son grand ami, qui l'entraîne bientôt dans une folle aventure. une promenade mêlant humour, poésie, fantaisie, pour voir la vie du bon côté.
-
« - Macaroni, tête de radis ! - Spaghetti ! - Mangeur de pizzas ! - Sale rital ! - Votre devoir de mathématiques, cher monsieur : archinul ! De la camelote italienne ! Combien de fois dans mon enfance ai-je entendu ces insultes, proférées par des élèves ou par des professeurs, dans la cour de l'école ou en classe... Mon grand-père, Roberto Aventino, avait fui Nice et Marseille à cause de cela, des insultes et des coups. De mon temps, disait-il on me traitait de "maca", de "piaf", de "christo" [...] C'était étrange, cette enfance traversée avec en bandoulière la honte de porter le nom qui était le mien et la honte d'assumer mes origines. Il m'a fallu une cinquantaine d'années pour accepter ces racines qui me constituent, ce passé qui m'a fabriqué. Pierre Milza écrit qu'il est un "migrant, inconfortablement posté entre deux cultures cousines et pourtant dissemblables". Modifiant son propos, je peux aujourd'hui affirmer que je suis un migrant, confortablement posté entre deux cultures cousines et pourtant dissemblables. Sans doute parce que j'ai créé une troisième culture qui n'appartient qu'à moi. » Gérard de Cortanze.
-
«En 1955, j'avais sept ans. Comme chaque année, à Noël, j'allais avec mes parents au cinéma Gaumont dans le IX? arrondissement. Fauteuils rouges. Ouvreuses se promenant dans les allées, comme des soubrettes en tablier blanc à dentelles, et portant sur leur ventre des paniers en osier remplis de friandises. Ce soir-là, aux Actualités, on nous montra l'élection de Miss Monde. Applaudissements, remarques salaces, cris d'approbation. Mais pour moi, il n'y avait aucun doute : la grande femme brune en bikini de soie noir, qui se déhanchait sur une plage devant des palmiers oscillant au vent, c'était ma mère. Maman, c'est maman ! Maman, c'est jolie maman ! lançai-je, tandis que les spectateurs hilares couvraient ma voix. [...] Tout au long de mes livres, je suis souvent allé voir du côté de mon père, de l'aristocratie italienne et du Piémont. Il fallait bien que je finisse par me pencher du côté de ma famille maternelle, de la classe ouvrière, de la ferveur napolitaine, du cinéma en noir et blanc, de ces bonheurs de l'enfance très vite effacés par d'inoubliables chagrins, du côté de celle que j'avais, un soir de décembre 1955, décidé d'appeler à jamais : Miss Monde.» Gérard de Cortanze.
-
«Ça commence toujours comme ça. Il est cinq heures du matin. Assis sur le rebord du lit, mon père crache ses poumons. Une toux rauque qui réveille toute la maison. Puis la toux s'arrête. J'entends le clapet du briquet faire son clac caractéristique. Mon père tire du paquet rectangulaire bleu, sur lequel une danseuse espagnole est partiellement masquée par des volutes de fumée, une gitane sans filtre dont il embrase le bout avant de la porter à ses lèvres. Maintenant, il peut se lever. Il sort de sa chambre et passe devant la mienne, dans un nuage de fumée bleue. Il est nu, se tient, afin de les cacher, ce qu'il appelle ses parties, puis pénètre dans la salle de bains. La toux reprend. Ablutions. Rasoir électrique. Nouvelles à la radio. Deuxième cigarette de la journée. À raison d'un peu plus de deux paquets par jour pendant trente ans, mon père aura fumé durant sa vie cinq cent mille cigarettes. La mémoire, miroir dans lequel nous nous plaisons à regarder les absents, exige une dose nécessaire et suffisante de falsifications et de réfractions. Cette pratique flibustière m'est indispensable, à moi qui me penche sur cet homme qui fut mon père et dont la vie me rappelle celle de ce pirate anglais, lequel lance à ses juges : Je ne suis peut-être pas parfait, mais je suis bien réel. Les fesses à l'air, cigarette au bec, René Roero Marchese di Cortanze, Conte di Calosso, Signore di Crevacuore, se regarde dans le miroir de la salle de bains : Je me suis hasardé à allumer une nouvelle cigarette, pense-t-il, et la terreur entre silencieusement dans ma vie. Modiano a raison : un père, c'est celui qui donne une identité.» Gérard de Cortanze.