«Dans le livre quelque part il y a le mot minuterie, qui, lorsqu'il s'est relu, a voulu faire venir le mot mutinerie.
Mais trop tard, il n'y avait plus de place dans le livre. quand même, à cette occasion je me suis souvenu d'une enfance, je vérifie que c'est bien la mienne, où tout en moi s'était mutiné, longuement, au point que les structures mêmes de l'enfance en furent mises en cause. je comprends que le livre est le résultat de cet épisode, auquel s'est ajoutée la violence d'une transe adulte qui passait à grande vitesse sur les rails tandis que je ne m'attendais à rien sur le quai.»
Pour Dominique Fourcade, Deuil répond à la nécessité de donner un écho, sinon le plus approprié, du moins le plus à sa portée, à la mort tragique de Paul Otchakovsky-Laurens. Passées les premières heures d'un deuil dévastant, il se demande comment faire face à cette mort, com- ment la comprendre, et aussi comment comprendre le nouvel homme qu'il est devenu d'un coup, frappé par la foudre. Comment absorber et comment répondre.
Très vite, Dominique Fourcade a su qu'il ne pouvait le faire faire qu'en écrivant. Écrire relève du désir, et de l'effroi. Tablant sur la fonction amoureuse de l'écriture, et sur sa fonction cognitive, s'est imposée la nécessité et lui sont venus les premiers mots de cette élégie.
Il était prévu depuis de longs mois que Dominique Fourcade publie deux livres en mai chez P.O.L. Deuil de Dominique Fourcade s'est substitué à Magdaléniemment sans ménagement.
En même temps, de Dominique Fourcade, paraît aux éditions P.O.L : Improvisations et arrangements.
De l'ensemble des oeuvres de Matisse conservées en France, Intérieur aux aubergines est certainement l'une des plus importantes.
C'est à l'automne agis que l'artiste peint l'intérieur de son atelier, avec une vue sur la montagne à Collioure. Une toile éblouissante, d'une incroyable modernité. Dominique Fourcade, poète et connaisseur sensible et reconnu, raconte tout d'abord, dans un essai publié en 1973 dans la revue Critique, la singulière histoire de cette oeuvre dont les Stein feront l'acquisition avant que l'artiste ne la rachète pour en faire don au Musée de Grenoble.
Mais c'est surtout un texte essentiel pour comprendre que cet Intérieur aux aubergines est une clé pour saisir la nouveauté révolutionnaire du travail du peintre.
Pourquoi trois livres en même temps ? Parce qu'ils ont été écrits simultanément, mais selon des sources d'inspirations, des tonalités et des chemins d'écriture demeurés distincts, ce qui interdisait de les réunir en une seule publication.
En laisse est une réaction de l'écriture à des événements contemporains, notamment à la photographie d'un prisonnier irakien tenu en laisse par une soldate américaine, photographie qui colle à la peau du livre ; sans lasso et sans flash part d'un tableau de Simon Hantaï, Écriture rose, dont le regard ne se détache ni plus ni moins que l'on se détache d'un tremplin merveilleux ; tandis que l'écriture de éponges modèle 2003 éloigne, si infimement soit-il, le mot de tout support, induisant à une sonorité et une respiration autres.
Cependant les trois livres ouvrent sur le même espace-temps, ils sont dévorés d'une même époque, et leurs trames sont étroitement mêlées.
Dominique Fourcade a publié treize livres aux éditions P.O.L depuis Le Ciel pas d'angle paru en 1983 - année de la création des éditions P.O.L. Son parcours - l'écriture de ses livres et leur publication chez P.O.L - a été jalonné d'entretiens qui, à chaque fois, ont été des occasions de réflé- chir au travail d'écriture, comme des rapports d'étape que l'attention de ceux qui l'interrogeaient le conduisait à formuler. En ce sens, ces entretiens ont beaucoup compté pour lui.
Paul Otchakovsky-Laurens, au cours de conversations au printemps et à l'automne dernier, a pensé que le moment était venu de réunir les plus importants de ces entretiens. Le titre, Improvi- sations et arrangements, dit les deux modes selon lesquelles ils ont eu lieu : oralement, celui où l'on improvise ses réponses, à la radio et dans des lieux publics, et par écrit, où il est inévitable que l'on réarrange ou recompose, consciemment ou non, les données et les points de repères du travail.
Les entretiens sont publiés dans l'ordre chronologique où ils se sont produits. Ils ont été sélectionnés, et l'édition en a été établie, par Hadrien France-Lanord et Caroline Andriot-Saillant.
Dominique Fourcade publie en même temps Deuil, une élégie pour Paul Otchakovsky-Laurens.
Cette Rose offre une possibilité de symbolique générale qui n'impose sa marque à rien mais qui est la marque de tout. Elle ouvre une infinité de canaux par quoi le réel passe, violemment. Tout le réel. La physique et la métaphysique, la pensée et l'action, l'art et la vie, l'espace et le temps, leurs télescopages. Car il s'agit, par l'invention, par la mise en jeu de l'extraordinaire bousculade des possibilités de la langue, de mettre en évidence le tissu poétique du monde. Dire toutes les choses expérimentées, en créer une nouvelle qui permet la simultanéité des plans du réel.
Le ciel pas d'angle, «quarante-cinq poèmes pris dans le réel», a été écrit en dix ans. Il s'appuie sur une méditation des conquêtes de la peinture moderne, de Manet à Matisse, avec Cézanne comme figure centrale. La poétique et l'écriture cessent ici de privilégier tel ou tel moment de l'expérience sensible, en annulant toute hiérarchie dans le compte rendu du réel; elles visent à traduire l'espace entre les choses - les choses et les êtres c'est tout un -, l'espace entre les éléments du sensible et la grande mélodie qui les lie.
Découvrez Manque, le livre de Dominique Fourcade
Citizen Do réunit plusieurs textes récents de Dominique Fourcade, dont Char, la préface qu´il a écrite pour le catalogue de l´exposition du centenaire de René Char à la Bibliothèque nationale, et un dispositif lyrique, Chansons et systèmes pour Saskia, qui peut être entendu comme une réplique à ce premier texte, ainsi qu´une chanson sans nom, qui rompt avec l´expérience très prenante d´un cycle - et enfin Post-scriptum, qui paraît en tête du livre et tente de faire le point sur un moment d´écriture et de vie, et en même temps d´expliquer ce qui préside à la réunion de ces textes et qui n´est pas seulement l´appartenance à ce moment.
Le monotype, c'est d'abord un procédé de peinture, ou de gravure, qui permet d'obtenir, par impression, un exemplaire unique de l'oeuvre. Les monotypes de Degas sont l'exemple le plus célèbre de cette technique qui impose une grande rapidité d'exécution en même temps qu'une grande précision et, au-dessus de tout, une rare intensité d'inspiration. Degas est d'ailleurs un, sinon le, personnage important de ce livre où chaque geste est définitif, où chaque geste est crucial car le «sujet» ici traité en «monotype» c'est évidemment l'auteur lui-même. Dominique Fourcade y expérimente tour à tour et simultanément les registres de l'essai, du roman, du poème et, à l'intérieur de ces genres, d'innombrables modes (fragmenté, continu, scandé, cursif, discursif, chanté, syncopé, filé, lyrique, objectiviste...) afin de saisir le plus possible de mots et de rythmes et que l'écriture y soit à la fois événement, source d'inspiration, système de transcription, source de réflexion.
Outrance utterance et autres élégies traite de la voix du poème, distincte de la voix du poète. Il traite du temps, de l'air, de la lumière, de l'espace qui sont la matière du mot, et du gouffre, qui est la matière de la phrase. Il traite enfin de la prison, qui est le lieu où opère l'écrivain.
Les feuilles non paginées de ce livre mettent en valeur la course, la recherche de vitesse de l'artiste, qui se demande s'il faut «fuir en arrachant le textuel au texte». Xbo serait «un poème dont on a ligaturé les trompes pour être mieux souffrance et plus amour...» Il s'agit de l'amour des mots, considérés chacun comme un nom propre désignant une personne, des mots à sauver dans un acte d'amour et dans l'urgence.
Pourquoi trois livres en même temps ? Parce qu'ils ont été écrits simultanément, mais selon des sources d'inspirations, des tonalités et des chemins d'écriture demeurés distincts, ce qui interdisait de les réunir en une seule publication.
En laisse est une réaction de l'écriture à des événements contemporains, notamment à la photographie d'un prisonnier irakien tenu en laisse par une soldate américaine, photographie qui colle à la peau du livre ; sans lasso et sans flash part d'un tableau de Simon Hantaï, Écriture rose, dont le regard ne se détache ni plus ni moins que l'on se détache d'un tremplin merveilleux ; tandis que l'écriture de éponges modèle 2003 éloigne, si infimement soit-il, le mot de tout support, induisant à une sonorité et une respiration autres.
Cependant les trois livres ouvrent sur le même espace-temps, ils sont dévorés d'une même époque, et leurs trames sont étroitement mêlées.
Pourquoi trois livres en même temps? Parce qu'ils ont été écrits simultanément, mais selon des sources d'inspirations, des tonalités et des chemins d'écriture demeurés distincts, ce qui interdisait de les réunir en une seule publication.
En laisse est une réaction de l'écriture à des événements contemporains, notamment à la photographie d'un prisonnier irakien tenu en laisse par une soldate américaine, photographie qui colle à la peau du livre; sans lasso et sans flash part d'un tableau de Simon Hantai, Ecriture rose, dont le regard ne se détache ni plus ni moins que l'on se détache d'un tremplin merveilleux; tandis que l'écriture de éponges modèle 2003 éloigne, si infimement soit-il, le mot de tout support, induisant à une sonorité et une respiration autres.
Cependant les trois livres ouvrent sur le même espace-temps, ils sont dévorés d'une même époque, et leurs trames sont étroitement mêlées.
Son blanc du un a été écrit en pivotant sur un axe donné par le mot «murmure». Pourquoi le mot «murmure»? Pour la beauté du son de ce mot, pour la richesse de ses implications, et parce qu'en se rivant précisément aux possibilités contenues dans son développement éventuel, Dominique Fourcade a senti qu'il se mettait à l'abri du type d'opérations mises en oeuvre dans Rose-déclic, son précédent livre. Son blanc du un est un seul poème, dont les différentes parties sont datées du jour où elles ont été terminées d'écrire. Cette datation donne, comme indépendamment du tempo même du poème, le tempo de l'écriture du poème.
Livre après livre, Dominique Fourcade s´approche avec anxiété, avec bonheur, de quelque chose d´essentiel qui se trouve dans la langue, cette langue qui nous fonde et nous définit dans un mouvement constant. Le travail de Dominique Fourcade est au coeur de ce mouvement, il va au plus près des mots car il sait qu´une part de nous-mêmes est là, que nous l´avons consciemment et inconsciemment mise, et qu´en cherchant la trace comme il le fait, brisant l´ordre, le rythme, il met à jour l´essence même de notre être.
Ce livre qui se voulait une photographie du motif de la poésie, vu de dos parce qu'autrement tout est faux, se trouve n'être qu'une grammaire de la fuite. IL avait docilement posé, mais rien ne pouvait aller comme envisagé, car les moyens manquent encore. Cependant, plusieurs promesses ont été tenues : c´est un livre dont le mental tient dans l´épaisseur d´un cil. C'est l'exposé d´une faiblesse majeure. C´est un poème écrit avec des lettres considérées pour ce qu´elles sont, des cadavres. Et dont l´envers se pose la question de la prose. Enfin, le clairon s´était engagé à n´y pas sonner, et a tenu parole.
Dans le souvenir que j'en ai.
Alors que la vie est une polyphonie il est étrange, dans le souvenir que j'en ai, qu'elle me parvienne comme une monophonie. je comprends que mon travail consiste à faire respirer cette monophonie, à en élargir le spectre et à la stabiliser. En somme ce livre revient à demander à l'enfance de prendre une voix d'aéroport pour les annonces principales; de même pour les annonces secondaires. Tels sont les besoins de l'écriture.
Ici l'adulte que l'on n'est pas sûr d'être, j'observe son regard dédaté. je suis et ne suis pas étonné. Les livres si tu changes une lettre tu as les lèvres et inversement, dit la question. Etrange aussi que, de la vie en couleurs, je n'aie gardé qu'un souvenir en noir et blanc. Rendre ce noir et blanc plus lumineux, c'est là le travail. Encore une fois la demande sera formulée de la façon la plus rigoureusement enfantine et la plus formellement adulte.
Tous les refrains possibles, donc. Au terme, c'est un peu désespérant, la trame est effectivement plus lumineuse mais on n'y voit pas plus clair. Il est vrai que la situation est intenable, au sens où : c'est seulement si je pouvais placer un mot que j'aurais accès à la vie, cependant pour placer un mot il faut d'abord être vivant.
Vous m'avez fait chercher est un livre « total », un univers intime, poétique et politique qui réunit dans un acte littéraire profond poèmes et images, pour « donner la réverbération d'un monde » - celui de l'écriture de Dominique Fourcade. Deux grands poèmes inédits articulent l'ensemble : feston (qui court tout au long du livre) et cantate pour François et pour Gérard (longue élégie sur l'amitié et la disparition, au coeur du livre). Mais le livre s'invente page par page en convoquant des images qui, dans leur interaction, investissent l'écriture et l'espace du livre. Du Grand baigneur de Cézanne, d'une toile de Matisse, à des couvertures de livres ou de magazines, en passant par des photographies sportives ou personnelles, des portraits, des affiches, des oeuvres d'art contemporaines comme des reproductions de Lascaux ou des statuettes du néolithique. Aucune « illustration » mais des séquences chargées de déclencher des réactions en chaîne. Aucune nostalgie du passé mais des « évidences intemporelles et rayonnantes ». C'est le livre d'une oeuvre qui ne cesse jamais de se faire, et se défaire, de se parler et de nous parler. Nous, c'est-à-dire les images, les oeuvres, les mots, les poèmes, les actes, les souvenirs et les pensées ultra contemporaines.
Ce livre exceptionnel est imprimé en quadrichromie, avec plus de 150 reproductions d'oeuvres et de documents.
Simon Hantaï (né en Hongrie le 7 décembre 1922, arrivé en France en 1948 avec son épouse, Zsuzsa) a côtoyé plusieurs mouvements artistiques (surréaliste, gestuel...), revendiqué différentes influences (Cézanne, Matisse, Pollock) jusqu'à développer dans les années 1960, le « pliage comme méthode » : pliée, froissée, imprégnée de couleur, dépliée, tendue, la toile se nourrit de ce cheminement unique.
Au début des années 1980, reconnu comme l'artiste essentiel qu'il est, Simon Hantaï décide un retrait qui durera jusqu'à sa mort en 2008 : il continue de travailler mais refuse d'exposer.
LE DVD.
- "Simon Hantaï ou les silences rétiniens" un film de Jean-Michel Meurice (documentaire, 1976, 58 min., version originale française et sous-titres anglais).
Portrait d'un artiste dans sa maturité, le film est axé sur le processus de création. En artisan-artiste, Simon Hantaï travaille la toile par terre, la plie, la roule, la colore, la noue, la déplie...
Le souffle du peintre, son visage, ses toiles envahissent l'écran et donnent à voir un homme modeste, qui travaille comme un paysan labourant son champ. Sa mémoire - le tablier de sa mère, les tapis de fleurs des fêtes religieuses...
- et ses réflexions (liées à Cézanne comme à Heidegger), son travail, son corps ont une grande présence, donnant au fi lm une dimension physique et métaphysique.
- "Des formes et des couleurs" un film de Jean-Michel Meurice (documentaire, 1974, 20 min., version originale française et sous-titres anglais).
Portrait de Simon Hantaï, qui montre diff érentes étapes de réalisation d'un tableau :
Gestes, pensées, couleurs, formes, plis, dépli...
- "Expressions : Simon Hantaï" un film de Pierre Desfons et Dominique Fourcade (documentaire, 1981, 15 min., version originale française et sous-titre anglais).
Simon Hantaï évoque avec Dominique Fourcade ses projets et ses théories picturales.
Dans son atelier à Maisons-Alfort, il montre sa peinture sur d'immenses toiles qu'il prépare pour son exposition à venir dans la grande nef du CAPC à Bordeaux (1981).
BONUS.
- « La Chambre devenait de plus en plus petite » entretien avec Zsuzsa et Daniel Hantaï.
- « L'Inestimable » entretien avec Georges Didi-Huberman.
- « Regarder l'oeuvre » entretien avec Alfred Pacquement.
LE LIVRE.
- Oeuvres de Simon Hantaï.
- Photographies (Hantaï dans son atelier et au travail).
- « Bouquet de fl eurs bleues et de fleurs du mal », un texte de Georges Didi-Huberman.