Le renom d'Étienne de La Boétie, ami de Montaigne, s'attache à un écrit composé «à l'honneur de la liberté, contre les tyrans». Comment expliquer qu'un peuple entier puisse ployer sous le joug d'un seul homme sans force ni prestige? À cette question, l'auteur répond que la servitude est volontaire; ce sont les peuples qui, en acceptant de se soumettre, contreviennent à ce qu'il y a de plus profond dans la nature humaine:la liberté. Pourtant - et c'est là tout le scandale dénoncé par l'auteur -, rien de plus simple que s'affranchir du tyran. «Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres», affirme-t-il. Interrogeant les ressorts secrets de la domination, La Boétie construit une oeuvre majeure pour l'histoire de la pensée politique.
Penseur météorique, auteur d'une hypothèse aussi subversive que scandaleuse, La Boétie est âgé de dix-huit ans lorsqu'il rédige, en 1546, la première version d'un texte que son ami Montaigne intitulera Discours de la servitude volontaire et auquel les calvinistes donneront le titre régicide de Contre Un. L'hypothèse de la « servitude volontaire » n'interroge plus la domination comme une relation duelle verticale, s'exerçant pour ainsi dire de haut en bas, mais comme un « vice monstrueux » procédant du consentement et de la contribution active des dominés à leur servitude.
La bascule du haut en bas, le renversement des perspectives, la révolution « horizontale » de la théorie classique de la domination font de La Boétie un penseur politique pionnier, qui atteint toutes les formes de l'autodomestication, de l'autocontrôle, de l'intimisation de la conscience, de l'hétéronomie de la psyché, avant même que Freud ne les cerne au XXe siècle à partir de la pulsion de mort. Aussi le Discours de la servitude volontaire fait-il résonner un grand nombre des questions politiques qui inquiètent notre contemporanéité. La servitude mise au coeur de la psyché humaine vise, en effet, une complication du désir difficile à penser - nous pourrions vouloir désirer la servitude, nous pourrions vivre la liberté comme une inquiétude majeure et la servitude comme une quiétude apaisante.
Mais au revers de ce vouloir servile, au revers de ce désir saisi par l'angoisse de vivre la pluralité de la vie, c'est-à-dire fasciné par l'identification au nom d'Un, La Boétie ouvre la possibilité jumelle de servir ou de résister : nous pourrions ne pas vouloir désirer la servitude ; le désir s'affranchirait de la servitude sous l'effet de ce nepas- vouloir. Ce ne-pas-vouloir implique toutefois que le désir quitte les liens d'unité (l'Un) pour (re)venir à la vie par l'union, à la relation proprement politique des « tous uns ». Il y a donc à penser une dialectique politique de l'émancipation où la capture du désir par le nom d'Un est défaite peu à peu dans le tissage de relations d'entreconnaissance capables de rendre à la vie politique sa pluralité constitutive.
L'effacement total des références aux circonstances réelles qui ont accompagné la genèse du Discours de la servitude volontaire explique son adaptabilité à des situations historiques très diverses et donne ainsi aujourd'hui un immense retentissement à la question que le Discours pose à chacun de ses lecteurs : « Et toi pourquoi obéis-tu ? »
«Je ne voudrais rien sinon entendre comme il se peut faire que tant d'hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelques fois un tyran seul, qui n'a puissance que celle qu'ils lui donnent ; qui n'a pouvoir de leur nuire, sinon tant qu'ils ont vouloir de l'endurer ; qui ne saurait leur faire aucun mal, sinon lorsqu'ils aiment mieux le souffrir que le contredire. Grand'chose, certes, et toutefois si commune [...], voir un million d'hommes servir misérablement, ayant le col sous le joug, non pas contraints par une plus grande force, mais aucunement (ce semble) enchantés et charmés par le seul nom d'un, duquel ils ne doivent ni craindre la puissance puisqu'il est seul ni aimer les qualités puisqu'il est en leur endroit inhumain et sauvage.»Le présent volume donne une édition critique du plus célèbre texte de La Boétie, suivi des remarques dont de Mesmes accompagna son exemplaire manuscrit du discours. Outre le La Boétie pourfendeur de la tyrannie, le Mémoire touchant l'édit de janvier 1562 révèle un commis du pouvoir chargé de missions souvent répressives qui l'entraînent au coeur même des guerres de Religion. Ces deux textes s'opposent assez pour stimuler la réflexion sur l'opposition entre ce que Max Weber appelait la morale de la conviction et celle de la responsabilité.
Une réflexion philosophique et politique écrite en 1576. Ce texte pose la question de la légitimité de toute autorité sur une population et essaie d'analyser les raisons de la soumission de celle-ci (rapport domination-servitude).
Au chapitre 28 du premier livre des Essais - De l'amitié -, Montaigne prétend que sa suffisance ne va pas si avant que d'oser entreprendre un tableau riche, poli et formé selon l'art , et qu'il s'est avisé d'en emprunter un d'Étienne de La Boétie, qui honorera tout le reste de cette besogne .
Cette besogne n'étant rien de moins que Les Essais, on est en droit de penser qu'outre les devoirs d'amitié Montaigne manifestait pour le texte de son ami assez de considération pour avoir eu un temps l'idée de l'introduire au beau milieu de son grand oeuvre.
Cette Servitude volontaire, la Boétie l'écrivit par manière d'essai en sa première jeunesse (dix-sept ans) à l'honneur de la liberté contre les tyrans .
Jugeant que ce texte avait été modifié et publié par ceux qui cherchent à troubler et changer l'état de notre police sans se soucier s'ils l'amenderont [les protestants] , Montaigne s'est dédit de le loger ici pour lui substituer un autre ouvrage de son ami, produit en cette même saison de son âge plus gaillard et plus enjoué : les vingt-neuf sonnets intégrés au chapitre 29 du premier livre des Essais - pour Madame de Gramont -, laquelle allait devenir la maîtresse d'Henri IV. Mais le sort qui avait empêché l'introduction de La Servitude volontaire dans Les Essais va de même, dans la première réédition, faire disparaître les sonnets de l'oeuvre de Montaigne. On les trouvera en annexe à cette édition de La Servitude.
Également en annexe, nous proposons la lettre que Montaigne écrivit à son père sur la mort de La Boétie, lettre qui est un des chefs-d'oeuvre de la littérature épistolaire
Montaigne, au chapitre 28 du premier livre des Essais - " De l'amitié " - prétend que " sa suffisance ne va pas si avant que d'oser entreprendre un tableau riche, poli et formé selon l'art " et qu'il s'est " avisé d'en emprunter un d'Étienne de la Boétie, qui honorera tout le reste de cette besogne ". Cette " besogne " n'étant rien de moins que Les Essais, on est en droit de penser qu'outre les devoirs d'amitié Montaigne manifestait pour le texte de son ami assez de considération pour avoir eu un temps l'idée de l'introduire au beau milieu de son grand oeuvre. Cette Servitude volontaire, la Boétie l'écrivit " par manière d'essai en sa première jeunesse (dis-sept ans) à l'honneur de la liberté contre les tyrans ". En fait, jugeant que ce texte publié et modifié par " ceux qui cherchent à troubler et changer l'état de notre police sans se soucier s'ils l'amenderont [les protestants] ", Montaigne s'est " dédit de le loger ici " pour lui substituer un autre ouvrage de son ami " produit en cette même saison de son âge plus gaillard et plus enjoué " : les vingt-neuf sonnets intégrés au chapitre 29 du premier livre des Essais, pour Madame de Gramont, qui allait devenir la maîtresse d'Henri IV. Le sort qui avait empêché l'introduction de La Servitude volontaire dans Les Essais va de même, dans la première réédition, faire disparaître les sonnets de l'oeuvre de Montaigne. Quant à la lettre que Montaigne écrivit à son père sur la mort de son ami, elle reste un des chefs d'oeuvre de la littérature épistolière.
Estienne de la Boétie écrit Le Discours de la servitude volontaire en 1549 alors qu'il n'a que 18 ans. Si la question est politique, l'auteur ne se contente pas de critiquer les régimes tyranniques, il questionne l'agent politique, celui qui est gouverné : comment peut-il se faire que « tant d'hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n'a de puissance que celle qu'ils lui donnent ? ».
L'ouvrage contient une édition des poésies d'Etienne de La Boétie, les poésies latines, texte et traduction, et les vers français publiés par Montaigne. Sont jointes les poésies latines de Scaliger dédiées à La Boétie, ainsi que les textes de Montaigne et de Baïf se rapportant à La Boétie.
Rédigé vers 1549 par un tout jeune homme de dix-huit ans, De la servitude volontaire est le grand texte " à l'honneur de la liberté contre les tyrans " (Montaigne, Les Essais) de la Renaissance.
À contre-courant des idées de son temps - on est alors en plein humanisme -, La Boétie constate non seulement que " l'amour de la liberté n'est pas si naturel ", mais encore que le peuple est complice de sa propre servitude puisqu'il contribue, par son obéissance même, au maintien du tyran. Un demi millénaire après sa rédaction, cet essai éclaire toujours d'une lumière crue ce que Miguel Benasayag appelle " notre époque obscure ".
Psychanalyste et philosophe, ancien militant guévariste, Miguel Benasayag est l'un des fondateurs du collectif " Malgré tout " dédié aux formes concrètes de résistance créative. Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Résister c'est créer, avec Florence Aubenas (La Découverte, 2008).
Cet essai est suivi d'un entretien avec Cornelius Castoriadis, intitulé " Un monde à venir " et republié récemment par la revue Ecorev' (n°34, février 2010).
Le Discours de la servitude volontaire, - texte majeur de la philosophie politique, repris à travers les âges -, constitue une remise en cause de la légitimité des gouvernants ainsi qu'une analyse sur les raisons de la "soumission" du peuple. Bien qu'Étienne de La Boétie soit toujours resté, de par ses fonctions, serviteur de l'ordre public, il est cependant considéré comme le précurseur intellectuel de la "désobéissance civile".
Un autre idée des classiques !
- Les Cannibales, de Montaigne - Discours de la servitude volontaire, de La Boétie - Voyage en terre du Brésil, de Jean de Léry - Utopia, de Thomas More Le XVIe siècle pense la question de l'homme au croisement de la rencontre de l'Autre (qu'il s'agisse de l'Indien bien réel du Nouveau Monde ou des figures inventées des mondes utopiques) et d'une interrogation politique sur ce qui lie et sépare les hommes.
Enjeux pédagogiques :
- Une réflexion sur la condition humaine et la notion de civilisation au XVIe s.
- Une analyse des ressorts de l'argumentation - Un débat très actuel : peut-on gouverner avec humanisme aujourd'hui ?
Thèmes du programme en lien avec le titre :
1re - La question de l'homme dans les genres de l'argumentation 1re L - Humanisme et Renaissance Cliquez ici pour télécharger gratuitement le livret pédagogique réservé exclusivement aux enseignants.
La Désobéissance civile, titre original Civil Disobedience (traduit par Désobéir) est un essai de Henry David Thoreau publié en 1849. H.D. Thoreau écrit sur le thème de la désobéissance civile, en se fondant sur son expérience personnelle. En juillet 1846, Thoreau fut emprisonné, n'ayant volontairement pas payé un impôt à l'état américain, car il lui reprochait de soutenir l'esclavage qui régnait alors dans le Sud et de mener une guerre contre le Mexique. La désobéissance civile est un ouvrage précurseur du concept de la désobéissance civile. Cette édition intégrale du texte de Thoreau est suivie du Discours de la servitude volontaire d'Étienne de La Boétie. Pour Étienne de La Boétie, la servitude des peuples est volontaire : ils acceptent le joug des puissants, mais vont ainsi à l'encontre de leur nature. Ce texte de 1548 pose la question de la légitimité de toute autorité sur une population et essaie d'analyser les raisons de la soumission de celle-ci (rapport domination-servitude). L'originalité de la thèse soutenue par La Boétie est de nous démontrer que, contrairement à ce que beaucoup s'imaginent quand ils pensent que la servitude est forcée, elle est en vérité acceptée. Un petit nombre contraint l'ensemble des autres citoyens à obéir servilement. Tout pouvoir, même quand il s'impose d'abord par la force, ne peut dominer et exploiter durablement une société sans la collaboration, active ou résignée, d'une partie notable de ses membres....Pour La Boétie, « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres ».
Remarques et corrections d'Estienne de La Boëtie [et d'Arnaud de Ferron] sur le traité de Plutarque intitulé [E ro tiko s] / avec une introduction et des notes, par Reinhold Dezeimeris Date de l'édition originale : 1867 Appartient à l'ensemble documentaire : Aquit1 Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF.
HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande.
Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais qui seraient aujourd'hui jugés condamnables.
Ils n'en appartiennent pas moins à l'histoire des idées en France et sont susceptibles de présenter un intérêt scientifique ou historique.
Le sens de notre démarche éditoriale consiste ainsi à permettre l'accès à ces oeuvres sans pour autant que nous en cautionnions en aucune façon le contenu.
Pour plus d'informations, rendez-vous sur www.hachettebnf.fr
De la servitude volontaire, ou Le contr'un / par Étienne de La Boétie ; ouvrage publié en l'an 1549 et transcrit en langage moderne... par Adolphe Rechastelet Date de l'édition originale : 1836 [Discours de la servitude volontaire (français). 1836] Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF.
HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande.
Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais qui seraient aujourd'hui jugés condamnables.
Ils n'en appartiennent pas moins à l'histoire des idées en France et sont susceptibles de présenter un intérêt scientifique ou historique.
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L'ouvrage contient une adition des poésies d'Etienne de La Boétie, les poésies latines, texte et traduction, et les vers français publiés par Montaigne. Sont jointes les poésies latines de Scaliger dédiées à La Boétie, ainsi que les textes de Montaigne et de Baef se rapportant à La Boétie.
De la servitude volontaire, ou Le contr'un / par Étienne de La Boétie ; ouvrage publié en l'an 1549 et transcrit en langage moderne... par Adolphe Rechastelet http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k123153n
Oeuvres complètes d'Estienne de la Boëtie / réunies pour la première fois et publiées avec des notes, par Léon Feugère,... http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k406204k
Oeuvres complètes d'Estienne de La Boétie / publ. avec notice biographique, variantes, notes et index par Paul Bonnefon,... http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k208058b