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Ghjuvan Ghjaseppiu Franchi
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Raconti Tome 3 : contes : raconti à u crucivìa di i culturi / contes corses à la croisée des cultures
Ange-Laurent Bindi, Rinatu Coti, Paul Dalmas-Alfonsi, Claude Franceschi
- Editions Maia
- Matina Latina
- 28 Avril 2023
- 9782384415762
Il est malaisé aujourd'hui d'évaluer ce que nous devons à l'oralité. Mais si l'on prend, par exemple, le Chjama è Rispondi, ancré dans la profondeur de la culture corse comme nulle autre expression orale, on pensait, il y a peu, que cette structure mentale, s'étiolant, allait périr. Mais il n'en est rien. Les nouvelles générations s'en sont emparées, y compris au moyen d'Internet !
Le fondement de cette structure mentale culturelle, héritage de plus de deux millénaires, est la connaissance complète de la langue corse et la pratique cadencée du vers octosyllabique. Ce vers est la marque de fabrique de la poésie corse. Dans ses Confessions, Saint Augustin le Berbère (354-430) évoque sa surprise d'avoir entendu, dans la basilique de Milan, l'hymne Deus creator omnium composée par Saint Ambroise. Augustin donne les caractéristiques de l'octosyllabe utilisé : trois accents toniques, sur les 3e et 7e pieds (accent fort), sur le 5e (accent doux).
De même que le berger poète dispose de la fattoghja/casgiaghja pour mouler son fromage et son brocciu, au moment du mireghju - pause de midi -, lorsque hommes et bêtes se reposent à la mi-journée, il se consacre alors à sa fabrique poétique en égrenant ses vers, en les chantant aussi. Cette fattoghja mentale, structure éprouvée, transmise de génération en génération, est son établi, vrai àstula - atelier - mobile du poète.
Cette façon de composer est d'autant plus familière au berger qu'il est le plus souvent chantre à l'église, les hymnes latines n'ayant aucun secret pour lui. Il les connaît, les aime, les répète, entre autres : Vexilla Regis prodeunt (Venance Fortunat, 530-609), Veni Creator Spiritus (l'auteur de ce chef-d'oeuvre reste inconnu), Pange lingua gloriosi que concluent les deux strophes du Tantum ergo Sacramentum (Saint Thomas d'Aquin, 1225/1226-1274) et, bien sûr, l'hymne national corse : Dio vi salvi, Regina.
Eh bien non « La mémoire n'est pas l'intelligence des sots », n'en déplaise à Henry de Montherlant (1895-1972), auteur de cette assertion. Elle est même une composante majeure de la vie tant individuelle que sociale. À plus d'un titre elle nous concerne, nous Corses qui avons tendance à cette heure, à perdre le fil de notre tradition orale pour nous livrer aux vents mauvais.
Mémoire et vie sont une seule et même chose. L'oublier, c'est se perdre.
Rinatu Coti -
Raconti Tome 2 : in paesi / au village
Ange-Laurent Bindi, Rinatu Coti, Paul Dalmas-Alfonsi, Claude Franceschi
- Editions Maia
- Matina Latina
- 19 Août 2022
- 9782384412129
De nombreux contributeurs ont apporté et apportent encore leurs témoignages, leurs connaissances, faisant ainsi du connu et de l'inédit une oeuvre commune : un'òpara/un'uparata. À l'instar de nos anciens qui se réunissaient pour des actions communes, construction d'une bâtisse, vendanges, tonte des brebis ou des chèvres, fenaison, aide dans le cas d'une famille dans le besoin, etc. C'est donc toute la tradition culturelle corse qui anime ce travail commun autour du patrimoine oral. Des contes, des légendes, des récits, la Corse n'en manque pas. Comme d'autres peuples de par le monde, les Corses aiment dire, parler, raconter, transmettre ce qu'ils sont à travers le fil d'une histoire. Cette histoire est la leur, car elle est issue de leur terre, mais aussi, à ce titre, participe-t-elle de l'histoire du monde. L'histoire de l'homme qui se raconte. Ce recueil, venu de tous, est à tous. Il est un hommage vivant du patrimoine immatériel d'une île qui n'oublie rien de ce qu'elle a été, de ce qu'elle est, de ce qu'elle entend devenir. C'est par le récit, moment éphémère d'une vie, que l'homme accède à l'éternel, pour reprendre la pensée du philosophe Wladimir Jankélévitch. Rinatu Coti.
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Raconti Tome 1 : raconti à u crucivia di i culturi / contes corses à la croisée des cultures
Ange-Laurent Bindi, Rinatu Coti, Paul Dalmas-Alfonsi, Claude Franceschi
- Editions Maia
- Matina Latina
- 18 Novembre 2021
- 9782379168536
« Voici un conte. Je l'ai dit à un savant et il m'a juré qu'il venait de Russie?; je l'ai dit à un vieux soldat et il m'a affirmé l'avoir entendu en Allemagne, alors que le drapeau français se promenait dans le pays des Teutons?; je l'ai dit à un paysan de France et il l'a reconnu pour l'un de ceux que sa vieille grand-mère aimait jadis le plus souvent à répéter... De quel pays est donc ce conte?? Est-il de Chine ou d'Amérique?? Ami lecteur, c'est à vous d'en juger?; mais peut-être nous vient-il en droite ligne de votre gracieux village ou de la ville que vous habitez. » Frédéric Ortoli, La tradition, 1891, tome V, page 334 « C'est donc toute la tradition culturelle corse qui anime ce travail commun autour du patrimoine oral. Des contes, des légendes, des récits, la Corse n'en manque pas. Comme d'autres peuples de par le monde, les Corses aiment dire, parler, raconter, transmettre ce qu'ils sont à travers le fil d'une histoire. Cette histoire est la leur, car elle est issue de leur terre, mais aussi, à ce titre, participe-t-elle de l'histoire du monde. L'histoire de l'homme qui se raconte. » Rinatu Coti
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Raconti Tome 4 : In paesi / Au village
Ange-Laurent Bindi, Rinatu Coti, Paul Dalmas-Alfonsi, Claude Franceschi, Collectif
- Editions Maia
- Matina Latina
- 6 Décembre 2023
- 9791042519964
« Imaginez sur un chemin de montagne un âne, un vieux monsieur avec une casquette et un bâton, une vieille dame, petite, légèrement voûtée, vêtue de noir, un fichu sur la tête et deux enfants, une fille de neuf ans et un garçon de sept ans. Nous marchions tous.
Imaginez aussi les colonnes de fumée à divers endroits de la vallée et quelques brumes effilochées se faufilant entre les arbres.
Imaginez les heures passées, nos dos courbés, ramassant les châtaignes, nos doigts constellés de perles rouges.
Imaginez nos petites fourches à crever les bogues qui tombaient sourdement puis roulaient sur les feuilles jaunies par la saison. Imaginez des enfants qui n'ont pas joué et qui attendent la première étoile pour retourner à la maison.
Imaginez que ce temps ait été photographié, nous privant de l'aboiement des chiens, de quelques cris lointains, d'un fluet refrain de ma tante et du bruissement humide, frais et parfumé de ce lieu. » Les châtaignes, 1955, Medori Henri -
E fole di mamma, recueil de contes corses traditionnels dus à une informatrice unique (zia Anna-Maria Franchi, mère de l'auteur) fut, lors de sa première parution, en 1981 la première collecte du genre à présenter ces récits dans leur langue d'origine.L'ouvrage, appelé depuis à faire référence dans le domaine des recherches sur les littératures orales, est maintenant assorti d'une traduction française et d'un lien web qui renvoie aux enregistrements initiaux réalisés auprès de la conteuse ainsi qu'à son « texte » propre (transcrit et traduit ici de façon littérale).
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Quatrième de couverture
L'esprit d'une langue se cache derrière les mots et les expressions, et il suffit parfois d'en gratter le vernis pour retrouver toute la richesse façonnée par des générations de fondeurs et joailliers anonymes et souvent involontaires : nos ancêtres !
L'étymologie et ses consoeurs la philologie et la sémiologie ne sont pas les seules à pouvoir éclairer ce qui se joue derrière les mots. Une archéologie de la langue doit aussi analyser ce qui est dit, répété et souvent sous-entendu au fil des bribes recueillies du langage des anciens. Les formes les plus élaborées de ces traces sont un extraordinaire champ d'investigation : le fonds légendaire, les chants, les proverbes, les adages, les stalbatoghji et, bien sûr, les rares écrits, sont autant de sources capitales. Un peu de vie, un peu d'esprit y restent résolument accrochés, et il n'est qu'à les chercher pour les apercevoir.
Cet «?esprit?» de la langue corse, le locuteur même l'ignore souvent, alors qu'il en est le vecteur absolu. L'esprit de son peuple se perpétue à travers lui... il en est le gardien et le promoteur devant les siècles.
L'étude de Ghjuvan Ghjaseppiu Franchi, judicieusement éclairée par l'introduction de Patrick Cerutti, consiste en une approche nouvelle, où sont mobilisés tous les outils de la sociologie, de l'anthropologie, de l'ethnohistoire et de la sociolinguistique.
À la façon des Mythologies de Roland Barthes, l'ouvrage est divisé en chapitres consacrés chacun à un «?objet?» du langage, voire à un thème matriciel de la langue - car la langue nourrit l'esprit comme l'esprit nourrit la langue... L'eau, la mort, la folie, le sang, la nourriture, les rêves, etc. sont autant de sujets qui illustrent la façon de voir le monde des Corses. Le point de vue de «?l'acteur?» sourd puis émerge lentement au fil de ces pages dans toute son originalité et ne pourra qu'étonner dans un monde «?moderne?» dominé par la standardisation des us et des langages.
Singulières, érudites, variées, ces «?études?» ouvrent un champ inédit - scientifique et ludique - qui s'adresse à tous les publics. -
Raconti Tome V : Contes, Paradis et après... Paradisu eppò
Ange-Laurent Bindi, Rinatu Coti, Paul Dalmas-Alfonsi, Claude Franceschi
- Editions Maïa
- 16 Septembre 2024
- 9791042506452
U Paradisu sì, ma nimu ci vole andà. Le Paradis, certes, mais guère l'envie de s'y trouver soi-même ! Mieux, et le plus possible, retarder l'inévitable, tant mérité pourtant au terme d'une vie exemplaire, ou presque. La récompense, une nouvelle existence, à s'épargner toutefois en se battant tel un beau diable, et, mieux, se trouvant au Paradis malgré tout, tout faire pour en être expulsé, sous le vocable de Misère. Mystère. En rendent compte les thèmes ici de « la messe du revenant », « Misère entre au Paradis » (A Fola di Peppettu), la mère de Saint-Pierre, le pont du Diable, à titre d'exemples, si richement repris. Sous tous les cieux, à toutes les époques, dans des schémas et termes à la fois analogues et différents, est rapportée la crainte primordiale, indépendante des civilisations et des énergies. Y compris donc les îles, la Corse, la Méditerranée, l'Europe avec Pimpernelle, Federigo, toujours plus loin encore, le Bon-homme Misère. L'ingéniosité de l'individu constitue une assurance pour celui-ci, à son échelle, en toutes circonstances, sans aucun doute. La mort à la porte, c'est l'occasion de solliciter l'esprit fût-ce modestement, la lecture aidant, de manière très à propos libre et davantage que seulement sympathique ou malicieuse, c'est-à-dire bien à-propos. Le début de quelque chose d'important, sinon plus. N'est-ce pas ainsi qu'il s'agit partout de le comprendre ? I Corsi sò mica soli à pensà cusì. (A.-L. B.)