Le point de départ de cet ouvrage est une phrase de Martin Heidegger prononcée en 1958 à Aix : « J'ai trouvé ici le chemin de Paul Cézanne auquel, de son début jusqu'à sa fin, mon propre chemin de pensée correspond d'une certaine manière. » Comprendre cette correspondance entre la pensée de Heidegger et la peinture de Cézanne suppose de comprendre quelle mutation la révolution phénoménologique du XXe siècle a fait subir à la pensée pour qu'un philosophe comme Heidegger reconnaisse comme son interlocuteur privilégié l'oeuvre d'un peintre et non pas d'un autre philosophe.
En ce sens, l'exposition du dialogue entre Heidegger et Cézanne - qui passe également par Rilke - est aussi une manière d'interroger l'originalité de la correspondance entre la révolution phénoménologique qui marque la philosophie du XXe siècle et l'avènement de l'art moderne dont Cézanne est considéré comme le père.
De ce point de vue, le livre échappe aux catégories classiques : ce n'est ni seulement de la philosophie (au sens métaphysique traditionnel du terme), ni de l'histoire de l'art ou de l'esthétique. C'est une expérience de la pensée où dialoguent à égalité deux grands penseurs :
Le premier qui pense dans la couleur, le second qui pense dans la parole.
Ce livre aspire à faire confiance à la pensée, en se tenant le plus au large possible des polémiques stériles de la très médiatique « affaire Heidegger » où s'accumulent la violence et les simplifications. Un point est fait en quelques pages sur les questions politiques, en essayant de proposer des pistes qui interrogent et qui donnent à penser, au lieu d'asséner des jugements comminatoires et unilatéraux.
C'est la question de la parole qui est ici en jeu, telle que Heidegger l'a méditée pour préparer la pensée à un commencement autre que le commencement grec. A cette fin, Heidegger a mené à l'époque de "Etre et temps" un dialogue très intense avec Aristote. Ce qu'a d'exceptionnel cette rencontre, qui a marqué toute une génération d'élèves (notamment H.- G. Gadamer, H. Arendt, L. Strauss), est ici présenté de manière générale. Mais certains axes sont précisés, à travers notamment la découverte que fait Heidegger du sens que recèle la quotidienneté pour l'existence humaine. A partir de cette dimension immédiatement concrète qui a toujours échappé aux grandes visées métaphysiques, Heidegger voit poindre, en dialogue avec Aristote, une entente de la parole comme modalité éminente du rapport à autrui. Quant au débat que Heidegger a mené avec Platon, il est aussi présenté dans ses grands traits, à travers la notion de dialogue, si chère à l'un et l'autre penseur. C'est ici le sens de la parole philosophique qui est en question, à la lumière de la tâche que Heidegger lui confère, en notre époque de nihilisme accompli, d'un voisinage avec la parole poétique. S'appuyant sur de nombreux cours de Heidegger désormais publiés, mais peu connus, le présent livre offre également plusieurs extraits inédits en français d'un texte appartenant au corpus - encore inconnu des lecteurs français - que constituent les "Traites impubliés" rédigés par le penseur pendant la guerre, à l'abri de toute publicité. Ce texte sur les rapports entre poésie et philosophie permet de mesurer toute la portée éthique de l'habitation qu'aura ménagée Heidegger pour être poétiquement humain.
Ce livre est avant tout un document exceptionnel pour loehistoire de la pensée. Il rassemble en effet pour la première fois tous les documents (la plupart inédits, en français comme en allemand) relatifs aux relations personnelles et philosophiques entre Paul Celan (1920-1970) et Martin Heidegger (1889-1976).
Son objet : donner un aperçu complet et fondé en histoire de la pensée sur la nature et l?évolution de leurs relations, autrement dit des rapports entre pensée et philosophie, puisquoeon le sait, Paul Celan est considéré comme le plus grand poète allemand après Rilke, et que Martin Heidegger est loeun des philosophes les plus considérables du XXe siècle.
Qu'est ce que l'amitié véritable ? Comment l'amitié peut se déployer dans une relation ? A partir de la question de la philia (amicalité ou amitié), Hadrien France-Lanord nous aide à nous défaire d'une entente « sentimentale » de l'amitié. Nous voyons dès lors qu'il s'agit dans la philia d'un rapport à l'autre eu égard à son être et à son excellence. Comme nous le montre Hadrien France-Lanord, le rapport entre deux êtres humains est impensable sans que soit élucidée la question du rapport à l'être en général.
Vous m'avez fait chercher est un livre « total », un univers intime, poétique et politique qui réunit dans un acte littéraire profond poèmes et images, pour « donner la réverbération d'un monde » - celui de l'écriture de Dominique Fourcade. Deux grands poèmes inédits articulent l'ensemble : feston (qui court tout au long du livre) et cantate pour François et pour Gérard (longue élégie sur l'amitié et la disparition, au coeur du livre). Mais le livre s'invente page par page en convoquant des images qui, dans leur interaction, investissent l'écriture et l'espace du livre. Du Grand baigneur de Cézanne, d'une toile de Matisse, à des couvertures de livres ou de magazines, en passant par des photographies sportives ou personnelles, des portraits, des affiches, des oeuvres d'art contemporaines comme des reproductions de Lascaux ou des statuettes du néolithique. Aucune « illustration » mais des séquences chargées de déclencher des réactions en chaîne. Aucune nostalgie du passé mais des « évidences intemporelles et rayonnantes ». C'est le livre d'une oeuvre qui ne cesse jamais de se faire, et se défaire, de se parler et de nous parler. Nous, c'est-à-dire les images, les oeuvres, les mots, les poèmes, les actes, les souvenirs et les pensées ultra contemporaines.
Ce livre exceptionnel est imprimé en quadrichromie, avec plus de 150 reproductions d'oeuvres et de documents.
Un dictionnaire de plus de 600 entrées. Amitié, Arendt, Atome, Balzac, Beckenbauer, Cézanne, Christianisme, Communisme, Consommation, Critique de la raison pure, Descartes, Économie, Enfant, Enseignement, Éthique, Europe, Féminité, Génétique, Geste, Habiter, Humour, Japon, Joie, Keats, Langue française, Mai 1968, Mathématique, Mort de Dieu, Ordinateur, Parménide, Parti nazi, Pensée juive, Poésie, Pudeur, Racisme, Rhin, Sécurité, Sexualité, Shoah, Socrate, Stravinsky, Technique, Théologie, Tolstoï, Traduction, Utilité, Zvétaieva...
Avec la collaboration de : Adéline Froidecourt, Alexandre Schild, Cécile Delobel, Dominique Saatdjian, Fabrice Midal, Florence Nicolas, François Fédier, François Vezin, Gérard Guest, Guillaume Badoual, Guillaume Fagniez, Hadrien France-Lanord, Ingrid Auriol, Jean Bourgault, Jean-Claude Gens, Jürgen Gedinat, Massimo Amato, Maurizio Borghi, Pascal David, Peter Trawny, Philippe Arjakovsky, Pierre Jacerme, Stéphane Barsacq, Stéphane Zagdanski.
Cet ouvrage propose un hommage à François Fédier, penseur, professeur, traducteur et historien, dont l'oeuvre est aussi singulière que vaste, résolument phénoménologique et toute entière animée par l'urgence qu'il y a à préparer un autre commencement pour la pensée.