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Folio
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Le dernier souffle : Accompagner la fin de vie
Claude Grange, Régis Debray
- Folio
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- 5 Septembre 2024
- 9782073047823
«Au Docteur Grange, Le dernier HOMME que j'aurai rencontré dans ma vie. Je suis arrivé dans son hôpital déjà serein, mais peut-être encore troublé. Dès les premiers mots, il a su me rappeler les termes - ou plutôt le terme - de la condition humaine, avec assez de délicatesse pour que je retrouve immédiatement ma joie de vivre, si courte que l'on puisse en fixer l'échéance. Obtenir des malades qu'ils meurent joyeux parce que confiants n'est pas donné à tout le monde. Demandez-lui le secret, il le possède.» Pierre Sanguinetti
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La diversité des cultures, la place de la civilisation occidentale dans le déroulement historique et le rôle du hasard, la relativité de l'idée de progrès, tels sont les thèmes majeurs de Race et histoire. Dans ce texte écrit dans une langue toujours claire et précise, et sans technicité exagérée, apparaissent quelques-uns des principes sur lesquels se fonde le structuralisme.
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Du Panier aux quartiers nord, du Vieux Port à l'Estaque, nous suivons les pérégrinations de Fabio Montale, flic déclassé de la Brigade de surveillance des secteurs, fils d'immigrés italiens qui aime les poètes des Cahiers du Sud, la pêche, la soupe au pistou de la vieille Honorine, les bouteilles de Lagavulin, les femmes et Marseille bien sûr.
Il y a vingt ans, il y avait Lole, la belle Gitane, et, autour d'elle, Manu, Ugo, et Fabio. À présent ses deux potes de braquage sont morts d'une balle dans la peau : une pour Manu, puis une pour Ugo venu le venger... L'enquête de Fabio le plonge dans son passé trouble et les plaies à refermer se multiplient. D'autant qu'une de ses amies se fait violer et assassiner.
Dur ! « Total Khéops » comme le chante le groupe IAM. Autrement dit, bordel généralisé, fange pestilentielle dont on ne sort pas.
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L'action commence de nos jours à Chelmno-sur-Ner, Pologne. À 80 kilomètres au nord-ouest de Lodz, au coeur d'une région autrefois à fort peuplement juif, Chelmno fut en Pologne le site de la première extermination de Juifs par le gaz. Elle débuta le 7 décembre 1941. 400 000 Juifs furent assassinés à Chelmno en deux périodes distinctes : décembre 1941 - printemps 1943 ; juin 1944 - janvier 1945. Le mode d'administration de mort demeura jusqu'à la fin identique : les camions à gaz. «Nous avons lu, après la guerre, des quantités de témoignages sur les ghettos, sur les camps d'extermination ; nous étions bouleversés. Mais en voyant aujourd'hui l'extraordinaire film de Claude Lanzmann, nous nous apercevons que nous n'avons rien su. Malgré toutes nos connaissances, l'affreuse expérience restait à distance de nous. Pour la première fois, nous la vivons dans notre tête, dans notre coeur, notre chair. Elle devient la nôtre.» Simone de Beauvoir.
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«Quand venait l'heure de nous coucher et de nous mettre en pyjama, notre père restait près de nous et nous apprenait à disposer nos vêtements dans l'ordre très exact du rhabillage. Il nous avertissait, nous savions que la cloche de la porte extérieure nous réveillerait en plein sommeil et que nous aurions à fuir, comme si la Gestapo surgissait. "Votre temps sera chronométré", disait-il, nous ne prîmes pas très longtemps la chose pour un jeu. C'était une cloche au timbre puissant et clair, actionnée par une chaîne. Et soudain, cet inoubliable carillon impérieux de l'aube, les allers-retours du battant de la cloche sur ses parois marquant sans équivoque qu'on ne sonnait pas dans l'attente polie d'une ouverture, mais pour annoncer une brutale effraction. Sursaut du réveil, l'un de nous secouait notre petite soeur lourdement endormie, nous nous vêtions dans le noir, à grande vitesse, avec des gestes de plus en plus mécanisés au fil des progrès de l'entraînement, dévalions les deux étages, sans un bruit et dans l'obscurité totale, ouvrions comme par magie la porte de la cour et foncions vers la lisière du jardin, écartions les branchages, les remettions en place après nous être glissés l'un derrière l'autre dans la protectrice anfractuosité, et attendions souffle perdu, hors d'haleine. Nous l'attendions, nous le guettions, il était lent ou rapide, cela dépendait, il faisait semblant de nous chercher et nous trouvait sans jamais faillir. À travers les branchages, nous apercevions ses bottes de SS et nous entendions sa voix angoissée de père juif : "Vous avez bougé, vous avez fait du bruit. - Non, Papa, c'est une branche qui a craqué. - Vous avez parlé, je vous ai entendus, ils vous auraient découverts." Cela continuait jusqu'à ce qu'il nous dise de sortir. Il ne jouait pas. Il jouait les SS et leurs chiens.» Écrits dans une prose magnifique et puissante, les Mémoires de l'auteur de la Shoah disent toute la liberté et l'horreur du XXe siècle, faisant du Lièvre de Patagonie un livre unique qui allie la pensée, la passion, la joie, la jeunesse, l'humour, le tragique.
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Fabio Montale en sait tellement sur Marseille qu'il sent presque battre en lui les pulsations de la ville. Flic déclassé, fils d'immigrés aimant les poètes, le jazz, la pêche et les femmes, il est, à l'image de cette ville tant aimée, un homme sensible dont le passé parfois douloureux ressurgit au fil des enquêtes.
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Fabio Montale, acculé à la démission parce qu'il s'occupait trop bien de sa mission dans les quartiers nord, reprend du service pour se lancer à la recherche de deux adolescents disparus la veille de la rentrée des classes. Trop sensible, trop lucide, il est confronté à la montée des «agitateurs de crécelles sécuritaires», du chômage, de la drogue et des intégrismes de tous ordres.«Chourmo», c'est l'esprit de la chiourme, des anciens galériens. Par extension, c'est un état d'esprit qui pousse à aller vers les autres, esprits dont Fabio Montale se fait le juste représentant. À Marseille, les galères - entre le F.N., les extrémistes islamistes et la Mafia - on a l'air de bien connaître.Chourmo, deuxième volet de la trilogie marseillaise de Jean-Claude Izzo, est dédié «à la mémoire d'Ibrahim Ali, abattu le 24 février 1995 dans les quartiers nord de Marseille, par des colleurs d'affiches du Front national».
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Fabio Montale est une nouvelle fois contraint de reprendre du service pour venir en aide à une amie journaliste qui, après avoir enquêté pendant des mois sur le pouvoir de la Mafia dans le sud de la France, est poursuivie par des tueurs. Chargé de la retrouver le plus vite possible, il prend conscience de l'étendue et de la force des réseaux du crime organisé, de ses liens avec le milieu des affaires et de la politique. Déjà, on égorge autour de lui...Solea, c'est le titre d'un morceau de Miles Davis qui s'inspire du chant flamenco. Le roman est comme lui d'une indépassable mélancolie : le soleil ne suffit pas à embellir les saloperies de ce monde.Solea est le troisième et dernier volet d'une trilogie déjà fameuse dans l'univers du roman policier.
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Les couleurs existent-elles dans les choses ou n'ont-elles deréalité que dans notre regard ? Sont-elles matière ou idée ? Entretiennent-elles les unes avec les autres des rapports nécessaires ou sont-elles seulement connues de manière empirique ? Y a-t-il une logique de notre monde chromatique ? Pour répondre à ces questions, Claude Romano convoque l'optique, la physique, les neurosciences, la philosophie et la peinture.
En retraversant certaines étapes décisives de la réflexion sur ces problèmes (de Descartes à Newton, de Goethe à Wittgenstein, de Schopenhauer à Merleau-Ponty), il développe une conception réaliste qui replace le phénomène de la couleur dans le monde de la vie et le conçoit comme mettant en jeu notre rapport à l'être en totalité : perceptif, émotionnel et esthétique. L'auteur fait ainsi dialoguer la réflexion théorique et la pratique artistique. C'est parce que la couleur touche à l'être même des choses, en révèle l'épaisseur sensible, que la peinture, qui fait d'elle son élément, est une opération de dévoilement.
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être soi-même ; une autre histoire de la philosophie
Claude Romano
- Folio
- Folio Essais
- 3 Janvier 2019
- 9782072819193
L'Odyssée, le plus ancien poème de la culture occidentale, met en scène la métamorphose qui change Ulysse en lui-même sous les yeux dessillés de ceux qui échouaient jusque-là à le reconnaître, lui permettant ainsi de réintégrer l'éclat de sa propre vérité. Ulysse constitue ainsi la première d'une longue série de figures donnant corps à cette opération mystérieuse : le passage de l'existence en régime d'obscurité à l'existence « en personne », dans une forme de vérité.
Que signifie un tel passage ? Comment s'opère cette transition? Quelles formes cette idée d'existence en personne a-t-elle pu revêtir dans la pensée occidentale ? Claude Romano interroge les sources, y compris lointaines, de cette idée d'« existence en vérité » telle qu'elle sous-tend notamment l'idéal moderne d'authenticité personnelle, en retraçant la généalogie de cet idéal et en exhumant certaines de ses formes plus anciennes. Chemin faisant, le lecteur découvre différents types et régimes de discours, philosophique, mais aussi théologique, spirituel, rhétorique, littéraire, esthétique. Romano esquisse ainsi une histoire de la philosophie occidentale aux contours bien différents de ceux qu'on lui prête généralement, à l'écart des grandes métaphysiques du moi et de la subjectivité, empruntant les chemins de traverse d'une enquête sur les formes de vie et les modes d'existence.
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Mohamed Ali (1942-2016), né Cassius Marcellus Clay Jr., est un personnage hors du commun. Premier boxeur à devenir triple champion du monde poids lourds, il est autant connu pour un style de combat qui n'appartient qu'à lui, incarné dans son célèbre slogan « flotte comme un papillon, pique comme une abeille», que pour ses prises de position et ses déclarations fracassantes. Adulé puis vilipendé après avoir refusé de servir dans l'armée américaine au moment de la guerre du Vietnam et s'être converti à l'islam aux côtés de Malcolm X, dépossédé de son titre mondial, il finira par être réhabilité et par recevoir la médaille de la paix Otto Hahn, au nom de l'Organisation des Nations unies, «pour son engagement en faveur du mouvement américain contre la ségrégation et pour l'émancipation culturelle des Noirs à l'échelle mondiale».
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Un vivant qui passe ; Auschwitz 1943 - Theresienstadt 1944
Claude Lanzmann
- Folio
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- 10 Octobre 2013
- 9782070452613
Ce livre est la transcription exacte de l'entretien qu'eut Claude Lanzmann avec Maurice Rossel en 1979, pendant le tournage de Shoah. Ce dernier, citoyen helvète délégué à Berlin du Comité international de la Croix-Rouge pendant la guerre, se rendit à Auschwitz dès 1943 puis inspecta, avec le plein accord des autorités allemandes, le «ghetto modèle» de Theresienstadt en juin 1944, sans avoir conscience du piège qui lui était tendu. Il se laissa abuser entièrement par la mise en scène qu'avaient organisée les nazis. Il ne vit pas l'horreur au-delà de la «parodie».
Pourquoi et comment se laissa-t-il aveugler, sans rien déceler de la combinaison inouïe de violence et de mensonge qui culminait à Theresienstadt? Telle est la question fondamentale posée par Claude Lanzmann dans ce document exceptionnel.
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«Si je cherche une cohérence, une unité aux cent vies dont on dit qu'elles furent miennes, le divin plongeur - c'est le nom, au musée de Paestum, de la fresque qui ornait le plafond d'une tombe - occupe une place centrale. J'ai plongé en vérité tout au long de ma vie, et pas seulement dans la mer. Les choix décisifs que j'ai été amené à accomplir furent comme des plongeons, des piqués dans le vide. Voilà pourquoi j'ai décidé de donné ce titre, La Tombe du divin plongeur, à des textes écrits à différents âges de ma vie, en des occurrences radicalement étrangères les unes les autres, et aujourd'hui introuvables, oubliés ou ignorés.
Pendant vingt ans, entre 1950 et 1970, je n'ai vécu que de ma plume, écrivant sous mon nom ou sous des pseudonymes. Mais on ne trouvera pas seulement dans ce livre ce que j'appelle mes écrits alimentaires, portraits d'acteurs, d'écrivains, de chanteurs, de voyous, reportages aussi, mais encore des articles parus dans Les Temps modernes, France-Observateur, Le Monde, consacrés à des événements importants du siècle, des textes politiques, polémiques, quelquesfois les mêmes, tout un ensemble aussi qui s'organise autour de Shoah, des préfaces, des oraisons funèbres, des discours.
En les relisant après tant d'années, je leur ai trouvé bien plus qu'un air de famille ; j'étais incapable de déceler entre les uns et les autres l'ombre d'une différence. Plus encore, entre l'écriture de ces textes et celle du Lièvre de Patagonie, la parentlèle était plus qu'évidente : c'était la même écriture. C'est alorss que j'ai pris la décision de faire paraître ce livre.
Avec La Tombe du divin plongeur, je lutte pied à pied, comme je l'ai toujours fait, contre toutes les morts. Dans ce recueil on pourra lire : "Le temps, pour moi, n'a jamais cessé de ne pas passer."» Claude Lanzmann.
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«Le monde entier est un théâtre, et tous les hommes et femmes n'en sont que des acteurs ; ils ont leur sorties comme leurs entrées, et chacun dans sa vie joue bien des rôles.» (Comme il vous plaira, II, 7) Comédien et dramaturge autant que philosophe, grand poète avant tout, William Shakespeare (1564-1616) est l'un des génies les moins contestables de tous les temps. À l'époque où l'Angleterre de la Renaissance, un siècle après l'éprouvante guerre des Deux-Roses, se consolidait enfin sous la poigne d'Elizabeth, ses poèmes lui ont apporté la célébrité, tandis que son théâtre, rivalisant avec ceux de Marlowe ou de Ben Jonson, est à la source d'une des expressions les plus populaires, en même temps que les plus raffinées, de l'art dramatique. Cela fait plus de quatre siècles que la modernité de Shakespeare, modeste acteur écrivant des pièces de théâtre pour un public largement illettré, ne cesse de nous toucher...
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Qu'est-ce que la mythologie grecque ?
Claude Calame
- Folio
- Folio Essais
- 22 Janvier 2015
- 9782070445783
Déméter, Bellérophon, Oreste, Io, Thésée, Héraclès, Prométhée, Tirésias, Hippolyte, la belle Hélène de Troie...
Tous, nous croyons connaître la mythologie grecque car nous en gardons le souvenir de personnages dont les traits et gestes seraient fixés pour l'éternité. Or, montre Claude Calame, rien n'est plus instable et variable que le mythe, sans cesse récrit selon des époques précises, des auteurs singuliers, des fins spécifiques - morales, culturelles ou politiques.
Au commencement, il y a toujours un récit intriqué dans sa forme d'énonciation qui lui donne tout son sens. On ne saurait donc dissocier dans le mythe le récit de la source qui le narre : la constitution indigène d'une mythologie (Homère, Hésiode, Orphée) ; les usages qu'en font la poésie chantée (Pindare), la pédagogie (sophistes, rhéteurs), la dramatisation théâtrale (poètes tragiques), voire l'historiographie (Hérodote, Thucydide) et l'iconographie. Claude Calame nous invite, à partir des formes choisies par les poètes, les artistes ou les philosophes, à comprendre ce qu'est l'art du mythe, ses contraintes et ses règles.
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Un savant, un mélomane, un musicien ont-ils la même conception de la musique ? Pourquoi certains distinguent-ils des fréquences que nous ne distinguons pas ? La manière dont le cerveau humain écoute ou crée la musique s'explique par des phénomènes acquis en fonction de telle ou telle civilisation ; mais aussi par une organisation sensorielle et nerveuse innée, spécifique à la pratique musicale. Ainsi, la prédilection universelle pour l'octave ou la quinte correspond à des processus physiologiques objectifs contenant les valeurs numériques particulières de ces intervalles de fréquence privilégiés. D'autres aptitudes musicales se retrouvent chez le nourrisson, en dehors de tout apprentissage préalable : il semble bien exister, dans le cerveau du nouveau-né, des réseaux neuronaux préprogrammés dévolus à l'écoute de la musique. Les scientifiques estiment aujourd'hui que l'écoute et l'expression musicales sont une fonction propre à l'homme, au même titre que la parole : elle lui est tout autant indispensable, même si son organisation cérébrale s'en différencie nettement. Ainsi s'éclaire la part prépondérante que la musique prend dans le quotidien de notre civilisation : loin d'être un phénomène culturel que faciliterait le développement technologique, la musique est l'expression d'un besoin physiologique dont l'humanité commence aujourd'hui seulement à prendre conscience.
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La loi du retour ; la maison vide, l'hôtel du retour, rue de Paris
Claude Gutman
- Folio
- Folio
- 5 Novembre 2015
- 9782070466139
La loi du retour reprend la trilogie parue en Folio junior, qui raconte la jeunesse de David, jeune juif dans les années 40. Dans La maison vide , David a miraculeusement échappé à la déportation grâce à la complicité des voisins de ses parents. Ces derniers n'ont pas eu cette chance et ont été arrêtés. En 1944, David a 15 ans, il est vivant et plein de rage. À qui peut-il vraiment se fier ? Qui sont donc ces Français qui ont à la fois cautionné l'arrestation de ses parents et lui ont permis de rester en vie ? Il écrit pour tenter de donner un sens à l'absurdité de sa situation. Avec L'hôtel du retour , David doit se battre pour survivre. Il change d'identité, perd ses compagnons au cours d'une rafle à laquelle il échappe de justesse. Il décide alors de prendre le maquis et rejoint la résistance. Il garde l'espoir, tenace, que ses parents soient en vie. Il franchit le seuil du Lutétia, une photo d'eux à la main. Avec Rue de Paris , David apprend le destin tragique de ses parents. Il embarque clandestinement sur un bateau pour rejoindre la Palestine. Confronté à la réalité des camps d'internements britanniques, il choisit de travailler dans un kibboutz. Mais David découvre qu'une autre guerre ne fait que commencer. Claude Gutman nous donne à voir à hauteur d'enfant puis d'adolescent, l'absurdité, l'horreur et la cruauté de la guerre. Il nous livre aussi le portrait d'un jeune homme en devenir, qui garde au plus profond de son être, cette fibre humaine si fragile et choisit de résister envers et contre tout.
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«"Ton père, quand il a une idée quelque part, il ne l'a pas ailleurs", aurait pu dire Céline avec sa distinction coutumière. Mais l'idée, elle ne la connaît pas. Moi non plus. Mon père, depuis septembre, entre deux éclats, trois énervements, quatre silences haineux, pose en secret les jalons d'un coup fumant».
Le narrateur a quinze ans et vit au gré des humeurs de son père, qui les entraînent parfois dans des trajectoires insolites. Jusqu'à cette folle entreprise de quitter Paris, le 3 janvier 1962, pour rejoindre le seul kibboutz français installé dans le Haut-Languedoc.
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Les Gracques ; crise agraire et révolution à Rome
Claude Nicolet
- Folio
- Folio Histoire
- 13 Mars 2014
- 9782070456697
De décembre 134 à juin ou juillet 133 av. J.-C., dans la fièvre des partisans de Tibérius Gracchus, tribun de la plèbe en lutte contre le Sénat et les riches, dans la haine des nantis qui allaient les massacrer, les pourchasser, les juger, les condamner, un mythe s'effondre - celui de la sagesse et de l'équilibre du gouvernement de la République. Mais aussi celui de la solidarité profonde des Romains qui avait permis de triompher d'Hannibal. Ils se brisent sur la question sociale.
La crise agraire qui couvait depuis les conquêtes a enfin éclaté. Elle va durer un siècle.
Les contemporains ne s'y sont pas trompés, qui dès le départ ont le sentiment d'une rupture, d'une révolution : Rome pour toujours a changé.
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Comprendre la Vendée, c'est admettre une complexité de motivations et de déceptions spécifiques au bocage, à la mesure des espérances mises en 1789 dans la réunion des États généraux.
Les paysans, majoritaires, paient finalement plus d'impôts que sous l'Ancien Régime, et, locataires de leur terre ou journaliers, ne peuvent acquérir de biens nationaux. Les artisans, fils de paysans, sont pris en tenailles entre la hausse catastrophique des prix alimentaires, la chute des commandes et la désorganisation de l'économie au début de la Révolution.
Dans un pays d'habitat dispersé et d'individualisme agraire, la communauté rurale, c'est la paroisse, c'est le prêtre qui a le monopole de l'instruction. 0r voilà que Ia ville s'en mêle, avec la Constitution civile du clergé.
Car le grand ennemi devient très vite le bourgeois, lui aussi roturier, mais désormais acquéreur des terres, âpre au rendement, occupant de toutes les places et de tous les nouveaux pouvoirs : garde national, juge, percepteur, maire, administrateur du district.
Ouitte à mourir les armes à la main, mieux vaut que ce soit pour son petit «pays» que pour la Nation qui n'a pas tenu ses promesses. C'est alors que les intérêts et les conflits sociaux trouvent à se draper dans la défense de la foi et du roi, dès lors que l'aristocratie propose l'encadrement miIitaire.
Ainsi alla la Vendée.
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Ce livre n'a ni commencement ni fin, c'est un voyage en boucle, une errance imaginaire faite de souvenirs, de rêves, de références de lectures, d'évocations d'instants précieux, le jaillissement d'une source, la fraîcheur du vrai, l'intensité d'un regard, l'image d'un fugitif qui, pour échapper aux gendarmes, cherchera refuge, en quête d'un improbable bonheur, sur les flancs du Mont Afrique, à quelques pas de Dijon, non loin des vignes réputées.Les plus belles pages de Pirotte mêlent l'histoire et l'aventure, et nous ouvrent l'espace du rêve.
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Yougoslavie, fin des années cinquante. Dans un petit port de l'Adriatique, Anton et Jak, dix et onze ans, assouvissent leurs rêves de piraterie en volant des bijoux, de l'argent et des instruments de navigation sur les bateaux qu'ils astiquent pendant le jour - tout un butin qu'ils entreposent dans une cave laissée à l'abandon.
Alors qu'ils doivent cesser leurs cambriolages, car pêcheurs et miliciens recherchent activement les voleurs du port, les deux garçons font la connaissance d'un ivrogne. En échange d'alcool, le vieil homme leur raconte l'épopée du Pirate Sans Nom, un forban hors du commun qui aurait disparu sans laisser de trace, tout en emportant avec lui son trésor, le plus fabuleux de l'histoire de la piraterie.
Pour Anton, ce qui n'est sans doute qu'une légende va devenir sa principale raison de vivre. Devenu un pirate des temps modernes, un pilleur d'épaves, sa quête le mènera aux quatre coins de la planète, et il découvrira que derrière l'énigme du Pirate Sans Nom s'en cache une autre, bien plus ancienne, celle du Vaisseau ardent.
De l'Égypte prépharaonique à l'Amérique contemporaine, en passant par l'âge d'or des Caraïbes et les glaces du Groenland, Le Vaisseau ardent nous embarque pour la plus grande chasse au trésor jamais contée. Mais quelle est la nature réelle du trésor ?
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Les Indes et l'Europe ; histoires connectées XV-XXIe siècles
Jean-Louis Margolin, Claude Markovits
- Folio
- Folio Histoire
- 19 Mars 2015
- 9782070462179
Les lndes? Ce sont l'Asie du Sud (lnde, Pakistan, Bangladesh, Népal, Bhoutan, Ceylan et Maldives) et l'Asie du Sud-Est (péninsule dite «indochinoise», Birmanie comprise, guirlande insulaire de Sumatra jusqu'aux Moluques - lndonésie, Philippines, Brunei, Timor -, Malaisie et Singapour constituant une zone de transition).
Pourquoi connecter en une seule histoire l'Europe et ces deux sous-régions, si différentes entre elles? Les relations culturelles et commerciales qui reliaient étroitement les pays d'Asie méridionale, en particulier le commerce des tissus indiens qui servaient de monnaie d'échange, renforcent chez les Européens, lorsqu'ils arrivent et installent des comptoirs à partir de la fin du XVe siècle, la perception qu'il n'y a là qu'une seule région. lls l'appellent désormais les lndes.
Alors, c'est l'histoire d'une rencontre? Au milieu du XVIIIe siècle, la présence européenne revêt une autre dimension avec la colonisation anglaise de l'lnde, espagnole des Philippines, hollandaise de Java. Mais l'Asie du Sud-Est dans sa masse ne passe sous I'imperium de l'Europe qu'à la fin du XIXe siècle. Événement devenu majeur au fil des siècles, cette colonisation donne lieu en Europe à une connaissance anthropologique des langues, grammaires, religions et civilisations asiatiques. En Asie, très précocement, les métissages entremêlent peuples et cultures, et la complexité des interactions interdit à l'historien toute opposition binaire entre 0rient et 0ccident. Les sociétés coloniales elles-mêmes sont la production, commune et conflictuelle, des Européens et des autochtones. Écrire l'histoire de cette rencontre et de ses modalités si variées, tout en rompant avec des historiographies étroitement nationales, est un défi que relèvent Jean-Louis Margolin et Claude Markovits.
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«Quand il revint, Anna n'était plus là, ni sa valise. Elle avait laissé un mot : Je t'expliquerai un jour. Merci de tout. Love. Anna. Il descendit en courant au bureau de l'hôtel. Il y avait un train pour Paris à 18 h 36. Il était 18 h 34. Quand il arriva à la gare, le train était parti. Il ne revit jamais Anna.»