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Lucien Souny
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L'irruption d'un homme jeune, citadin, pressé et mystérieux, fait sensation à Mazereix. Il s'appelle Jean Laforest. Que vient-il faire, frimant dans sa voiture de luxe, alors que depuis des années aucun Laforest n'est apparu ici ? De cela chacun se félicite : trop de mauvais souvenirs s'attachent à ce nom ! Jean a hérité d'un ensemble de maisons et, séduit par les constructions ancestrales, il décide d'entreprendre leur réhabilitation.
Doté d'une volonté de fer, nourri par l'amour de celle dont il a fait sa " chef de chantier " et encouragé par des amitiés fidèles, réussira-t-il à lever le voile du mystère qui pèse sur les Laforest et à réparer le mal commis trente ans avant sa naissance ? Tout en redonnant vie au bourg, il semble y parvenir. Mais les fantômes du passé se réveilleront. Car les rancoeurs sont durables, parfois même obsessionnelles, et étrangères à toute notion de prescription ou de pardon...
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A la veille de la Belle Epoque, la petite Marie Chassagne quitte sa province natale et la ferme familiale.
Placée comme fille de cuisine à Paris, on la dote d'une robe bien trop grande pour elle. Mais, en quelques gestes enfantins. elle réussit d'instinct à l'ajuster à sa taille sous le regard admiratif d'Henriette, la chef lingère. Celle-ci obtient alors de la prendre à ses côtés et de lui apprendre le métier. L'avenir de Marie est tracé : elle sera couturière... Mais auparavant, il lui faudra en découdre avec les accrocs et les ourlets de la vie, d'abord à travers un premier et bref mariage vécu à son corps défendant, et surtout en affrontant tant bien que mal les phobies qui, depuis toujours, l'obsèdent jour et nuit.
Elle exprime la force vitale qui est en elle à travers ce don pour la couture que ses amis lui reconnaissent. Parmi ceux-ci, les de Méricourt qui l'aideront à créer Marie Chassagne Couture et lui feront rencontrer Alban, un jeune diplomate que ses goûts naturels ne portent guère vers les femmes. Entre Marie et Alban naîtra alors une grande histoire d'amour et... un parfum ! Mais Alban sera tué au Chemin des Dames.
Dès lors, plus rien ne retiendra Marie. Murée dans le chagrin, elle n'aura de cesse de faire vivre sa maison de haute couture et, à travers cette dernière, le souvenir d'Alban. Elle traversera les années folles, l'Occupation et la Libération dans une sorte d'indifférence glacée, seulement préoccupée par le besoin de faire et de défaire les modes, et elle accueillera avec la même indifférence son triomphe à New York et la consécration mondiale de son parfum, Passion Saphir.
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Durant l?hiver 1939, une fillette de sept ans, Pilar Ana, et sa mère franchissent un col enneigé des Pyrénées. L?enfant sait d?instinct que, pour combattre la misère morale et matérielle, il lui faudra faire preuve de volonté et de détermination. Elle n?en manquera pas, elle n?en manquera jamais. Cherchant toujours à atteindre l?excellence, elle accédera, quarante ans plus tard, à un poste envié au sein d?une importante entreprise française. Mais elle n?effacera jamais les épreuves traversées par l?Espagne et elle pensera sans cesse à Pablo, son père disparu. Dès la fin de la dictature franquiste, elle retournera dans un pays qu?elle ne connaît qu?à travers les récits de sa mère, sur les traces de son passé, sur les pas de Pablo. Où a-t-il disparu ?
Dans quelles circonstances ? Sans Jorge et sans son amour, elle ne pourrait rien entreprendre. Avec lui, tout deviendra possible. En cherchant, il arrive qu?on trouve, mais parfois les surprises peuvent défier l?imagination? Sol y sombra.
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comme son grand-père qu'il admire, matthieu darfeuille a choisi de devenir compagnon.
en septembre 1807, il quitte son village natal pour entrer en apprentissage chez un menuisier au grand coeur, mais dur à la tâche : etienne cordier. le maître lui enseigne les rudiments du métier et les exigences de la voie choisie : sacralisation du travail, vertu de l'effort et solidarité, que pratiquent les héritiers des bâtisseurs de cathédrales. triste de devoir quitter fleur, son premier amour, l'adolescent part sur son tour de france, un périple qui le mène en périgord, dans le bordelais et en pays charentais.
mais, par un bien étrange détour du destin, matthieu se retrouve parmi les tsiganes. là, il apprend à aimer les sans-patrie que sont les fils du vent, leurs légendes, leurs croyances et les fêtes colorées, qui se passent, pour la plupart, dans la mystérieuse auvergne. a travers les péripéties bondissantes de ce roman, subtil mélange de réalisme et de magie, le lecteur découvre l'âme et les traditions de deux mondes secrets.
si différents dans leurs habitudes et leur vie quotidienne, compagnons et tsiganes ont en commun le goût du voyage et le culte de la fraternité.
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Annie grandit dans un cadre enchanteur, entouré de l?affection de ses proches. Une maladie de famille qu?on croyait éteinte a choisi de planter ses griffes sur cet être en qui on plaçait tous les espoirs. Au lendemain de la guerre, Annie ouvre les yeux sur un monde neuf. Jolie, ses parents la voient déjà en actrice de cinéma !
Dans un cadre rural bucolique et enchanteur, l?éveil sensuel aux merveilles du jardin et de l?eau, les fleurs, les jeux, la complicité d?une s?ur presque jumelle et de grands-parents aimants, suffiraient à son bonheur d?enfant. Mais une maladie de famille qu?on croyait éteinte a choisi de planter ses griffes sur ce jeune être qui suscitait tous les espoirs. Depuis la naissance de Françoise, d?apparence délicate, la santé de la mère se trouve à son tour compromise. L?entourage s?attriste et le ciel se voile de noir. Endossant, bon gré mal gré, le rôle de la maîtresse de maison, entre sa s?ur cadette et leur père affaibli par le deuil, Annie délaisse ses études. Apathique puis passionnée, hyperactive, elle s?échappe dans l?imaginaire et la féerie, et elle grandit, tel le liseron ardent et gracile qui fleurit sur les décombres.
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Il ne se passe presque jamais rien, à Soleil-Haut, la clairière où s'affaissent côte à côte la maison des époux Mazuel et celle de leur voisin Janisson. On va attendre le boulanger et l'épicier au bout du chemin, on fend du bois, on boit du vin. De rares et menus événements jalonnent de temps à autre le quotidien : l'abattage du cochon, la fête de Noël...
L'esprit de mémé Pélagie s'est figé dans les griefs du passé : chaque jour, dans sa cuisine, elle égrène inlassablement les mêmes légumes et les mêmes ragots. Matamore et volontiers tire-au-flanc, le vieux Mazuel s'invente des maladies ou les exagère, accroché à la lecture de la rubrique nécrologique du journal. Travailleur occasionnel et amoureux sans espoir de la veuve Eulalie, Janisson s'abandonne à l'ivrognerie. Afin de se valoriser, il se déguise en ours et s'exhibe sur les places de village, encourant les foudres d'un curé acrimonieux...
Petites destinées, longues misères ensevelies sous l'hiver... Les griffes des querelles et de l'ennui, peu à peu, vont s'émousser et le spectre du néant va hanter les quelques survivants de ce monde immobile.
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Irène Anastasie termine paisiblement sa vie dans un village de Provence où elle aidait naguère son mari dans les champs de jasmin. Cette fleur, destinée aux parfumeries locales, arrive désormais de pays à moindre coût de main-d'oeuvre. Le passé opulent de la région s'est ainsi envolé avec les pétales de jasmin qui jadis valaient de l'or. Mais les terres demeurent chères au coeur de la vieille dame, qui va devoir se battre pour préserver son patrimoine. Un complot se trame en effet autour de sa propriété. Spéculations foncières, ambitions politiques. les passions se déchaînent à l'arrivée d'un bel inconnu, un Italien au seuil de la cinquantaine. Installé chez Irène à la suite d'un malentendu, Angelo voue à son hôtesse une profonde tendresse, et elle la lui rend bien. Cette rencontre accidentelle n'arrange pas les intérêts des vautours et bouleversera le destin de tous ces personnages dont les chemins se croisent et s'éloignent sans jamais se perdre... Puisque c'est d'amour dont il s'agit.
Des personnages attachants, à la fois très typés et nuancés, au sein d'une intrigue solide et pleine de suspense, avec en arrière-plan la Provence, terre de mystères et de splendeurs qui flamboie sous la plume de Claude Rizzo.
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Rosine, jeune veuve, vit avec sa fille Antonia dans un village du Massif du Mercantour.
Les épines amères de l'existence ne l'ont pas épargnée. Elle croit enfin rencontrer, en Giovani Cini. un berger piémontais, le deuxième grand amour de sa vie. Elle l'épouse et renaît ainsi au bonheur. Une décennie plus tard, la belle saison revenue, Giovanni prend les chemins de l'exil. Le ciel se couvre à nouveau. Rosine se rend aux funérailles de son père. Elle apprend que son époux est revenu en son absence.
Il a passé la nuit au village avant de disparaître sans l'attendre. Dans la bergerie, Rosine découvre Antonia en pleurs. Les propos entre l'adolescente et sa mère tournent à l'affrontement. La jeune fille quitte la maison et prend le chemin de l'exil. Les mois passent, une naissance " inattendue " fait suite à une mort mystérieuse mais, sur le sentier des aubépines, le destin n'a pas dit son dernier mot...
Tandis que grandit le petit Adrien, offrant à Rosine quelques années de bonheur et de complicité, les fantômes du passé ressurgissent et parcourent la vallée. Les uns porteurs de promesses, les autres chargés de ressentiments...
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Après quatre années passées sur le front, François regagne les Vosges où il se heurte à une hostilité à peine voilée : avec un seul bras, il n?est plus d?aucune utilité à la ferme? Peu importe, car son devoir l?attend ailleurs : son frère d?armes, Jean, avant de mourir, lui a fait promettre de se rendre auprès de son père. Il part pour Nice. Robert Cassini lui réserve le meilleur accueil.
L?avenir de François semble enfin s?éclaircir. Mais, au sortir de la Grande Guerre, tout a changé, tout est bouleversé, à commencer par les gens. François ne sera pas épargné. Spéculation foncière, opérations douteuses, aventures sans lendemain, envahiront ses jours et ses nuits. Perdra-t-il son âme dans ce monde dissolu qui le possède mais qui lui accorde tant de plaisirs ?
Comme dans ses précédents romans, Claude Rizzo nous rappelle que la fraternité puise souvent sa force par-delà les obstacles et la mort.
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Brouillé avec son père, un éleveur de pur-sang au caractère irascible, Jean Maisonnial se réfugie chez son oncle. Mais le brûlant et impossible amour qu'il éprouve pour sa cousine le contraint à s'exiler, à partir à la conquête de l'Algérie. Auprès des spahis, il découvre alors cette passion des chevaux que son père n'avait pas su lui faire partager et décide, quelques années plus tard, en rentrant en France, de créer un haras à la Ribière Haute, un domaine abandonné qu'il tient de sa mère. Taciturne, il ne semble exister que pour sa bibliothèque, ses chevaux et le souvenir de son amour interdit. C'est ce que devine Rose, la jeune servante rousse, effrontée et plantureuse qui entre à son service. D'une aventure brève, un garçon va naître. Elevé dans le domaine, mais tenu à l'écart de tout et de tous, Adrien vit douloureusement sa condition de " bâtard du château " avant de relever la tête, d'entrer à l'école normale et de devenir un hussard de la République.
Mais le " fils de la rouquine " devra attendre d'être père et grand-père à son tour, pour enfin conjurer l'implacable fatalité qui, de génération en génération, a conduit les pères à mépriser et à rejeter leur fils unique
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Quand Lacambre, jeune marié sans presque un sou vaillant, a acheté à crédit la mauvaise ferme de La Girle, il savait à quoi il s'exposait, à quelle âpreté de labeur, à quelles inquiétudes. Mais il en avait assez de travailler pour les autres, et il voulait faire une bonne maison, une belle terre pour ses enfants. Aidé par une femme courageuse et par un valet comme lui, intrépide au travail, il a d'abord réussi ; du moins, cet homme farouche et opiniâtre le croit-il. Sa seconde fille est " casée ", son fils cadet prendra sa suite. Il compte même parachever son triomphe par l'achat d'un tracteur.
Voici, en effet, que soudain fait irruption, à son rythme accéléré, le monde moderne, son clinquant, ses facilités, son bonheur de pacotille. Fermé aux réalités de la vie, à l'évolution de ce monde qu'il ne soupçonne pas, Lacambre continue sa tâche obstinément. Étranger dans son temps.
Et puis, tout à coup, c'est la chute. L'écorce avait beau reluire sous le soleil, l'arbre était déjà condamné, abandonné à la morsure d'un ver impitoyable et sournois : le malheur.