Cerf
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La femme du seigneur, Madeleine Delbrel
Claude Langlois
- Cerf
- Histoire Cerf
- 1 Septembre 2022
- 9782204148047
Afin d'évoquer Madeleine Delbrêl (1904-1964), la dame d'Ivry-la-rouge, icône du catholicisme, cette biographie opte pour une approche questionnante suscitée par une vie multiple, grâce à une documentation souvent inédite.
Pourquoi la jeune convertie (à moins de vingt ans) se donne-t-elle en exemple, plus de trente ans après, en 1957, pour clore son livre référence, Ville marxiste terre de mission ? Comment cherche-t-elle jusqu'à sa mort à transmettre son expérience de convertie, tentée par le marxisme ? Pourquoi, encore, une nouvelle génération, toute dévouée à sa cause, a-elle voulu promouvoir sa béatification et la publication de ses oeuvres complètes ? À ces questions l'historien répond en quêtant ses identités multiples : poétesse, mystique, responsable d'une petite communauté.
Celle qui, par boutade, se disait la Femme du Seigneur, s'est interrogée sa vie durant sur le rapport, toujours difficile dans son Église, entre « la femme, le prêtre et Dieu ».
Elle qui dirigeait les consciences avec discernement, qui implanta en 1961 une équipe à Abidjan au service d'une jeune Église, peut aussi éclairer le présent du catholicisme. -
Claudel le poète, le chrétien, Claudel le diplomate, l'amant, le père de famille : cette nouvelle biographie nourrie d'informations inédites vient enfin rassembler les différentes faces d'un même homme. Un évènement littéraire.
On ne connaît pas Claudel.
On connaît une légende, une rumeur, mais on ne connaît pas Claudel. De sa conversion, on ne connaît que la parabole façonnée par lui et par d'autres ; de ses relations avec sa soeur Camille, guère plus que les romans ou les scénarios construits à partir des rares archives ; de son activité artistique, surtout les grands drames typiques d'un " théâtre de texte " : or ce prosateur de génie est devenu après Le Soulier de satin un homme de spectacles, pour qui réécrire voulait dire dés-écrire.
Quant à la diplomatie et à la politique, qui est averti de son activité de tête de réseau d'espionnage à Copenhague en 1920 ? de ses interventions auprès de Roosevelt en faveur de Blum en 1936, puis en faveur de la paix jusqu'en 1939 ? Qui sait que le poème à Pétain est l'oeuvre d'un homme espionné jusque chez lui par la police de Vichy ? De Gaulle lui a dépêché deux émissaires en 1942 : qui en a entendu parler ?
Et quel autre écrivain en 1941 osait condamner les persécutions antisémites comme cet anti-nazi véhément, devenu sioniste, l'a fait dans sa lettre au Grand Rabbin ou dans L'Apocalypse de saint Jean ? " Le Fils de l'Homme sur la croix avait quelqu'un au ciel pour répondre à son :
Lamma sabachtani ? Mais Israël souffre sans consolateur. " Cette biographie appuyée sur des archives inédites offre un portrait renouvelé, paradoxal, inattendu, d'un soi-disant " gorille " qui se définissait en 1929 comme un " vieux lapin épouvanté ". -
Considérations sur l'Europe ; conversation avec Philippe Petit
Jean-Claude Milner
- Cerf
- Societe
- 28 Février 2019
- 9782204128483
Après le succès qu'ont rencontré les Considérations sur la France, le philosophe politique s'empare à la veille des élections européennes du passé, du présent et de l'avenir du Vieux Continent. Qui sommes-nous ? Où allons-nous ?
Attaquée par les populismes, critiquée par ses membres, décrédibilisée aux yeux des citoyens, l'Europe, à la veille d'élections cruciales, traverse une crise grave. Dans un entretien passionnant, Jean-Claude Milner interroge les conditions de la survie de l'Union.
Mythe de la fin de l'histoire, ennui de la paix, critique du néolibéralisme, le philosophe aborde aussi la justice sociale, dont il dénonce l'abandon au profit de l'enrichissement. La culture européenne, puisqu'elle existe, n'est pas à créer mais à retrouver.
Dans ces entretiens éblouissants d'intelligence, de vivacité et de vérité, Jean-Claude Milner ne cède à aucun dogmatisme, pense le présent en mettant en perspective le passé et fait montre d'une pondération critique rare.
De la vertu des Pères fondateurs à l'incurie de Bruxelles, c'est l'idéal européen qu'il s'agit de sauver. -
Les Juifs et les pouvoirs ; des minorités médiévales dans l'Occident méditerranéen (XIe-XVe siècle)
Claude Denjean
- Cerf
- 20 Février 2020
- 9782204134866
Cet ouvrage, écrit alors que la question d'histoire médiévale au programme de l'agrégation interne d'Histoire porte sur les rapports entre pouvoirs et minorités, souhaite donner aux lecteurs les clés pour comprendre la situation et l'existence des juifs dans l'Occident médiéval. En conduisant le lecteur au plus près des textes médiévaux, de la production écrite la plus quotidienne et la moins connue, en montrant comment s'écrit une histoire des juifs renouvelée, loin des stéréotypes persistants, les cinq chapitres parcourent quatre siècles de vie juive, dans sa diversité et sa vitalité, pour dresser un portrait d'un judaïsme médiéval bien différent de celui de l'Antiquité ou de ceux des périodes moderne et contemporaine. Sans négliger les faits déjà connus, comme la richesse de la vie intellectuelle juive ou les relations entre des élites juives et les princes, le lecteur découvrira une synthèse sur des questions complexes qui ont fait l'objet de travaux universitaires récents : quels sont les droits qui règlent les activités des juifs, quelle place et quelle position les juifs avaient dans la communauté politique, entre citoyenneté et servage, comment les universités des juifs s'inscrivaient dans l'espace local, du royaume, national, transnational. La découverte d'un monde encore mal connu pourrait bien offrir une distance bienvenue pour réfléchir aux problèmes qui taraudent le corps politique d'aujourd'hui.
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Qu'il s'agisse de poser les principes d'une nouvelle épistémologie des pratiques de connaissance, d'une nouvelle sociologie des pratiques ordinaires, la posture critique de Pierre Bourdieu implique des décisions théoriques et s'adosse à une ontologie du social qu'il importe de décrire et de mettre au jour préalablement. Raison pour laquelle notre enquête sera philosophique. Si de nombreux travaux récents sur l'oeuvre de Pierre Bourdieu ont mis en avant des proximités importantes avec certains aspects de la philosophie contemporaine du langage et de la phénoménologie, il a paru éclairant, pour l'interprétation de concepts comme ceux d'habitus et de disposition, de rapprocher méthodologiquement la sociologie des pratiques de quelques lectures pragmatistes de l'expérience et de l'action. On sera alors en mesure de comprendre l'importance d'un retour à l'héritage durkheimien qui, infléchi par une lecture critique et subtile de l'anthropologie structurale, donne aux concepts de force et de contrainte une nouvelle opérativité et une fécondité heuristique de premier plan. Les descriptions sociologiques du monde social peuvent alors rendre compte de l'existence de rapports de confrontation et de domination. Penser sociologiquement la force du social revient donc à prendre au sérieux ce qui fait l'historicité du monde social des pratiques qui est un monde des sens communs. On espère, pour finir, et contre des détracteurs prévenus et enclins aux reconstructions mythologiques, convaincre le lecteur que cette vision du monde social, pour être désenchantée et marquée au coin d'une lucidité inquiète, n'en est pas moins soucieuse de rendre aux agents qui habitent le monde, une capacité effective, pratique, à produire les principes d'intelligibilité de leurs conduites et de leurs expériences. -- Whether it is a question of establishing the principles of a new epistemology of the practice of knowledge, or a new sociology of ordinary practice, Pierre Bourdieu's critical position demands theoretical decisions and to be founded on a social ontology which must be defined and stated in advance, which is why our investigation will be philosophical in nature. Although many recent studies of Pierre Bourdieu's work have highlighted significant proximity with certain aspects of contemporary philosophy of language and phenomenology, it seemed useful for the interpretation of concepts, as for that of habitus and disposition, to compare the sociological methods of some pragmatist readings of experience and action. We would then be in a position to understand the significance of a return to Durkheim's heritage which, oriented by a critical and subtle reading of structural anthropology, gives the concepts of force and constraint a new operativity and heuristic fecundity. The sociological descriptions of the social world can then take into account the existence of relations of confrontation and domination. To think the force of social factors from a sociological viewpoint means paying heed to what makes the historicity of the world of social practices, which is a world of common sense. In conclusion, we hope to warn readers against critics inclined to reconstruct mythologies, and convince them that this vision of the social world, although disillusioned and characterized by an anxious lucidity, still aspires to give those agents who live in the world an effective, practical efficiency, to produce the principles of intelligibility governing their behavior and experiences.
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Aimer un enfant est-il un acte naturel ou culturel ? A-t-on toujours porté un intérêt affectif à l'enfant ? Peut-on véritablement penser qu'une histoire du sentiment puisse être écrite ?
En se détachant de l'actualité immédiate et de ses poncifs, une réflexion philosophique touchant à l'histoire de l'enfant peut être tentée afin de resituer les questions les plus fondamentales du temps présent.
L'auteur, pédiatre auprès d'adolescents marginaux, docteur en philosophie et en théologie, s'est donné comme projet de répondre à ces interrogations en scrutant les trois civilisations (Mésopotamie, Grèce, Israël) qui ont construit notre manière de penser l'enfant. Autant de coutumes, de rites, de mythes, de raisonnements que la présente génération récapitule dans la vision qu'elle a de l'enfant, prélude à un statut que l'enfant aura demain.
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Héritages intellectuels et traditions familiales
Jean-Claude Casanova, Alain Laquieze, Eric Peuchot, Olivier Révol, Eric Roussel
- Cerf
- Patrimoines
- 19 Janvier 2023
- 9782204151283
Dans son ouvrage classique Les droites en France, René Rémond établit une filiation entre le giscardisme et l'orléanisme. Il y aurait dans l'orléanisme du XIXe siècle et dans le giscardisme une inspiration similaire : l'attachement au libéralisme se conjuguerait avec un esprit conservateur, la préoccupation d'éviter des changements trop brusques irait de pair avec l'acceptation des réformes nécessaires à l'évolution de la société. La politique libérale-conservatrice menée par le président Giscard d'Estaing durant son septennat en témoignerait : réformes « sociétales » pendant la période 1974-1978, réformes institutionnelles visant à renforcer le parlementarisme, à donner des droits à l'opposition, rejet du dirigisme et des nationalisations, préférence pour la rigueur budgétaire, etc. Cet ouvrage entend montrer que l'on retrouve dans la pensée politique du président Giscard d'Estaing des convictions dont le rapprochement avec la tradition orléaniste n'est pas fortuit. Elles sont, pour partie du moins, le fruit d'un héritage familial. Il y a en effet des convergences intellectuelles multiples avec Agénor Bardoux, Jacques Bardoux, Camille de Montalivet, Georges Picot, mais aussi avec Edmond Giscard d'Estaing, figures marquantes dont il descend. Les réflexions des différents auteurs de ce livre apportent une précieuse contribution à la connaissance des différentes sensibilités du centre et de la droite françaises, du libéralisme au conservatisme, sensibilités qui irriguent le monde des idées et la vie politique, tout au long du XIXe, du XXe et de ce premier XXIe siècle.
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" Rire ", " grogner ", demander : " Ça va ? ". Claude Javeau explore quelques-uns des microrituels qui ponctuent de manière souvent machinale notre vie de tous les jours. Il s'efforce d'en dévoiler le véritable rôle, qui est celui de tous les rituels dans toutes les civilisations, à savoir de maîtriser le temps, de conférer de manière paradoxale un supplément d'âme à nos liens sociaux. Il nous invite ainsi à une plaisante excursion ethnographique parmi nos contemporains, c'est-à-dire auprès de nous-mèmes.
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Stéréotypes ou à des caricatures, soit à des évaluations statistiques qui ne peuvent pas rendre compte de sa vitalité actuelle. On ne sait pas assez que les chrétiens sont en train de à vivre de Dieu et de l'Evangile du Christ dans notre société qui n'est pas seulement laïque, mais surtout incertaine et inquiète. Ce livre témoigne de la façon dont ce défi est effectivement relevé. Claude Dagens, avec son expérience d'homme croyant et d'évêque, répercute vigoureusement l'appel contenu dans la Lettre des évêques aux catholiques de France, dont il a été le maître d'?uvre en 1996 : " Nous, catholiques en France, nous tenons à être reconnus non seulement comme des héritiers, solidaires d'une histoire nationale et religieuse, mais aussi comme des citoyens, qui prennent part à la vie actuelle de la société française, qui en respectent la laïcité constitutive et qui désirent y manifester la vitalité de leur foi. " En affirmant " la nouveauté chrétienne dans la société française ", Claude Dagens témoigne de ses espoirs et de ses combats de croyant et d'évêque. Il s'oppose aux prophètes de malheur. Il croit possible et même urgent de relever le défi de la foi en France, un siècle après la loi de séparation entre les Eglises et l'Etat.
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C'est l'histoire de femmes, originaires d'un petit village au coeur de la France, qui sont arrivées au Japon au siècle dernier. Elles y ont fondé des écoles, des hôpitaux. Elles ont enseigné les jeunes filles, recueilli les orphelins, soigné les malades et les lépreux, nourri les pauvres. C'était un Japon cruel, encore médiéval, où l'évangélisation de saint François Xavier, trois siècles plus tôt, s'était achevée dans le sang et les plus effrayants supplices. Leur histoire n'a jamais été racontée. Elle était restée jusqu'à maintenant dans des archives familiales. L'auteur, un de leurs petits-neveux, a patiemment exhumé ces archives et témoigne de leur aventure singulière au milieu des grands cataclysmes de l'histoire, à Kôbé, à Osaka, à Nagasaki, jusqu'à l'apocalypse atomique. A partir de cette obscure histoire d'une petite congrégation de religieuses, Claude Durix nous fait entrer dans les coulisses et les mentalités de cette vaste entreprise d'évangélisation du Japon qui s'étend sur deux siècles et plusieurs générations.
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Qu'ont en commun François Hollande qui accuse Bruxelles de ses revers, Thomas Thévenoud qui incrimine sa phobie administrative, Jo-Wilfried Tsonga qui blâme ses supporters, Jérôme Kerviel qui se déclare victime du système ? Ou le président de région qui impute à Paris l'explosion des impôts locaux, le fonctionnaire de la Poste qui se défausse sur le règlement, le journaliste qui s'exonère d'un faux scoop, le dépanneur qui argue de l'horaire et la boulangère qui charge son employé absent ?
« C'est pas ma faute ! » s'exclament-ils en choeur. Petits et grands reprennent le refrain avec entrain. Ils stigmatisent le mal français de la désinvolture, de l'irresponsabilité et de la démission.
Il y a pire ailleurs ? C'était mieux avant ? Non. État providence maternant, principe de précaution pavlovien, naufrage du système scolaire, déontologie médiatique à géométrie variable, politiques longtemps responsables mais pas coupables et désormais coupables irresponsables. De juin 1940 à aujourd'hui, en passant par mai 1968, ce livre retrace notre dégringolade. Et détaille les conditions de notre sortie de l'infantilisation.
Un libelle féroce et tendre sur la France et les Français. Un petit traité de la force d'âme.
Passée par Le Point et Challenges, Irène Inchauspé est notamment l'auteur de L'Échéance avec François de Closets et de L'Horreur fiscale avec Sylvie Hattemer. Ex-rédacteur en chef de Courrier International et de Jeune Afrique, Claude Leblanc est l'auteur, entre autres, de L'Engrenage et du Japon vu du train. Tous deux sont journalistes à L'Opinion.