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Gallimard
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Il est mort jeune, à quarante-cinq ans, mais il laisse une oeuvre considérable, labyrinthique, construite comme autant d'expériences d'écriture. Une vie anéantie à peine commencée - père tué en 1940, mère disparue à Auschwitz. Pas de souvenirs d'enfance. De cette amnésie, Georges Perec fera le ressort de sa création littéraire : il ne cesse de chercher à retisser des liens et des repères par les lettres, le jeu, l'invention narrative. Son oeuvre trace des chemins obliques pour lire le monde et son histoire. La vie de cet homme qui s'est reconstruit grâce à sa passion des mots s'entrevoit essentiellement à l'ombre et à la lumière de ses livres. C'est en les lisant que Claude Burgelin s'efforce de retrouver la trame d'une vie et les secrets d'un imaginaire qui continue à fasciner par son charme indicible et ce qu'il conserve d'énigmatique. Il accompagne une enfance cassée avant d'être recréée par les ressources de l'intelligence. Esquisse le portrait d'un jeune homme déterminé à affronter l'existence en écrivant. Dessine un Perec partagé entre le travail de bureau et l'artisanat de l'écriture, expérimentateur de l'art d'écrire et de dire, paysan de Paris à la recherche de «l'infra-ordinaire», présent-absent de sa judéité qu'il revisite à Ellis Island, homme d'amitiés et de grands rires. Il vivra entouré d'une seule vraie parenté, tôt retrouvée auprès de certains auteurs, la famille de cet enfant de la littérature, qui a su devenir, par un infatigable labeur, un écrivain singulièrement heureux.
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Les images médiévales : La figure et le corps
Jean-claude Schmitt
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 21 Septembre 2023
- 9782073026880
De l'empreinte bouleversante d'une main humaine datée du paléolithique dans la grotte Cosquer (28000 ans avant notre ère) à la pipe peinte en 1929 par René Magritte prévenant que «Ceci n'est pas une pipe», les images ne cessent de nous renvoyer aux mêmes questions essentielles : qu'est-ce que représenter ? Imiter et figurer, est-ce la même chose ? Quel est le rapport entre l'objet ou la personne représentés et leurs images ? Ces questions semblent hors du temps, alors que les images, leurs formes et leurs usages se montrent étroitement dépendants des époques et des cultures particulières qui les produisent. Ainsi en va-t-il dans la chrétienté médiévale, entendue comme une formation sociale et culturelle dont on ne préjuge pas des limites chronologiques, pour souligner au contraire son empreinte durable jusque sur nos comportements et nos représentations aujourd'hui. Au «Moyen Âge», la question de l'image se rapporte toujours, de près ou de loin, à l'Incarnation du Fils de Dieu. Contre l'interdit judaïque de la représentation, la «figure» du Christ donne sens à toutes les autres images. Et par ricochet, son «corps» sacramentel donne corps à la matière (bois, métal, textile, parchemin) des peintures et des statues innombrables et désirables de la Vierge et des saints. Ainsi la fifigure et le corps tracent dans les motifs et la matière des images, des chemins qui, en se croisant, invitent le lecteur à un parcours sinueux dans le temps long de l'histoire.
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Jeanne d'Arc : héroïne diffamée et maryre
Claude Gauvard
- Gallimard
- L'esprit De La Cite
- 10 Février 2022
- 9782070178551
Elle a fait la France de son vivant et plus encore pendant les siècles qui suivirent son martyre. Son irruption dans la guerre de Cent Ans change le cours de l'Histoire. Guidée par des voix qui lui intiment de bouter les Anglais hors du royaume, Jeanne devient la Pucelle, chef de guerre et héros politique. Elle communique sa hardiesse à ses compagnons d'armes et à Charles VII, qu'elle fait sacrer à Reims.Mais sa renommée, jusqu'au-delà des frontières, ne se résume pas à sa vaillance. Elle est également édifiée par tous ceux qu'effraie la figure d'une femme prophétesse et guerrière : Jeanne d'Arc terrorise les Anglais et sans doute ses juges. Ils font d'elle une «putain ribaude» et une sorcière, la capturent, l'emprisonnent, la soumettent à un procès inique qui la condamne au feu.C'est la construction d'un personnage maléfique que ce livre donne à lire, en interrogeant les sources à frais nouveaux. Le procès de condamnation, véritable tribunal d'inquisition, fabrique des chefs d'accusation pour déshonorer la Pucelle : son alliance avec le diable, ses échanges avec les démons, le signe mystérieux qu'elle aurait présenté à Charles VII pour le persuader d'asseoir son pouvoir légitime...Pourtant, son courage et son supplice n'ont pas suffi à lui attirer la reconnaissance du roi. Pour lui, Jeanne d'Arc a en partie échoué dans ses prophéties comme dans la guerre.Reste le peuple, dont on explore ici les croyances et les peurs ; car c'est le peuple qui restitue finalement à Jeanne d'Arc son honneur, avant que la légende ne s'en empare.
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Si je cherche une cohérence, une unité aux cent vies dont on dit qu'elles furent miennes, le divin plongeur - c'est le nom, au musée de Paestum, de la fresque qui ornait le plafond d'une tombe - occupe une place centrale. J'ai plongé en vérité tout au long de ma vie, et pas seulement dans la mer. Les choix décisifs que j'ai été amené à accomplir furent comme des plongeons, des piqués dans le vide. Voilà pourquoi j'ai décidé de donner ce titre, La Tombe du divin plongeur, à des textes écrits à différents âges de ma vie, en des occurrences radicalement étrangères les unes aux autres et aujourd'hui introuvables, oubliés ou ignorés.
Pendant vingt ans, entre 1950 et 1970, je n'ai vécu que de ma plume, écrivant sous mon nom ou sous des pseudonymes. Mais on ne trouvera pas seulement dans ce livre ce que j'appelle mes écrits alimentaires, portraits d'acteurs, d'écrivains, de chanteurs, de voyous, reportages aussi, mais encore des articles parus dans Les Temps Modernes, France-Observateur, Le Monde, consacrés à des événements importants du siècle, des textes politiques, polémiques, quelquefois les mêmes, tout un ensemble aussi qui s'organise autour de « Shoah », des préfaces, des oraisons funèbres, des discours.
En les relisant après tant d'années, je leur ai trouvé bien plus qu'un air de famille ; j'étais incapable de déceler entre les uns et les autres l'ombre d'une différence. Plus encore, entre l'écriture de ces textes et celle du Lièvre de Patagonie, la parentèle était plus qu'évidente : c'était la même écriture. C'est alors que j'ai pris la décision de faire paraître ce livre.
Avec La Tombe du divin plongeur, je lutte pied à pied, comme je l'ai toujours fait, contre toutes les morts. Dans ce recueil on pourra lire : « Le temps, pour moi, n'a jamais cessé de ne pas passer. »
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Les rythmes au Moyen Age
Jean-claude Schmitt
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 11 Mai 2016
- 9782070177691
Les rythmes entraînent dans leur mouvement la vie tout entière des individus et des sociétés : les comportements quotidiens et les expériences esthétiques, les déplacements dans l'espace aussi bien que l'ordre du temps. Il n'y a pas de vie sans rythme, c'est-à-dire - comme dans un air de jazz ou une toile abstraite de Mondrian - sans une mise en ordre variable de faits qui se répètent en combinant
indéfiniment périodicité et rupture. Philosophes, sociologues, anthropologues, musicologues s'interrogent parmi d'autres depuis deux siècles sur les rythmes sociaux, dont Marcel Mauss disait qu'ils commandent les représentations du temps. Pourtant, il n'existe pas à
ce jour une histoire des rythmes qui confronte nos conceptions et expériences du rythme à celles du passé. Or, le contraste est fort entre notre monde moderne, où les rythmes sont partout, mais sont observés dans des champs séparés (rythmes scolaires, arythmie cardiaque, tempo musical, croissance économique en dents de scie ... ) et la civilisation holiste de l'Europe médiévale : ici, la notion de rythme, héritée de l'Antiquité gréco-romaine, paraît ne concerner que la musique, la poésie et la danse, mais elle entre en fait en résonance avec la totalité de la Création, que Dieu aurait façonnée en six jours. C'est à ce rythme fondateur que le présent livre emprunte sa propre scansion, en explorant successivement les significations du rhythmus médiéval, les rythmes du corps et du monde, ceux du temps, de l'espace et du récit, avant de s'interroger sur la fonction des rythmes dans le changement social et la marche de l'histoire. -
Le cloître des ombres
Jean-claude Schmitt
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 8 Avril 2021
- 9782072931468
Imaginez qu'une foule d'esprits malins vous cerne. Vous ne les voyez pas, ou à peine, mais vous les entendez débattre entre eux des pièges qu'ils s'apprêtent à vous tendre. Ils s'emparent de votre corps, vous font parler, tousser, grogner, vous gratter malgré vous, déplacent à leur guise votre main ou votre pied et font même se mouvoir les cadavres. Telle fut l'expérience de l'abbé Richalm et d'une poignée de moines cisterciens de Schontal, en Allemagne du Sud, vers l'an 1200. La récente découverte de leur prodigieux dialogue sur les démons, le Livre des révélations, jette une lumière totalement nouvelle sur les croyances et plus largement sur la culture et la société de l'époque médiévale, tout en nous faisant partager l'angoissant confinement de ces hommes et des démons dans l'espace exigu d'un monastère. Le cloître des ombres rend compte de ce cas stupéfiant, en combinant les approches de la microhistoire et de l'anthropologie sociale et culturelle, et, en offrant pour la première fois, une traduction dans une langue moderne d'un témoignage sans équivalent sur la puissance des démons.
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Voici l'histoire d'une guerre vieille de deux siècles et qui n'en finit pas de durer. Du bocage où s'éternise une lutte inexpiable aux fourrés de papier d'une littérature déchirée entre l'hagiographie et l'anathème, la Vendée est devenue l'un de nos mythes nationaux. Mais c'est aussi une guerre des hommes : appuyé sur une énorme documentation inédite, Claude Petitfrère en propose ici une analyse plus complexe et présente une lecture neuve de cette révolte ambiguë, combat d'arrière-garde pour la défense de l'ordre ancien, lutte prophétique contre les nouveaux privilégiés.
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Le métier de citoyen dans la Rome républicaine
Claude Nicolet
- Gallimard
- Tel
- 13 Janvier 1989
- 9782070715305
Ce n'est pas tant sur la classe politique qu'a reposé la grandeur de Rome, cette oligarchie de sénateurs et de magistrats auxquels se sont surtout intéressés les historiens, mais sur l'adhésion morale de la masse civique, légionnaires et contribuables, émigrants, négociants et colons qui ont romanisé le monde. «Senatus Populusque Romanus», «Civis Romanus sum», que cachent ces orgueilleuses formules ? Une longue tradition, depuis Mommsen, attachée à l'analyse du droit public et privé, a répondu à la question, mais en termes surtout juridiques. L'entreprise ici tentée par Claude Nicolet est toute neuve : par une relecture attentive de tous les textes historiques, littéraires, épigraphiques, juridiques, ainsi que par une analyse savante du décor monumental et du cadre topographique, essayer de faire revivre le contenu quotidien, le vécu existentiel de la citoyenneté romaine aux deux derniers siècles de la République. Au fondement de la vie civique, la «déclaration» qui assure le consensus, fixant la place du déclarant dans le système censitaire. À partir de quoi l'enquête suit pas à pas le citoyen dans les trois aspects essentiels de sa participation : militaire, fiscale et financière, électorale et délibérative ; et elle montre comment ces trois aspects s'imbriquent étroitement les uns dans les autres, mais ne touchent que très inégalement les individus, mettant en lumière les clivages sociaux et géographiques.
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Les Gracques ; crise agraire et révolution à Rome
Claude Nicolet
- Gallimard
- 12 Septembre 1980
- 9782070229178
Nouvelle édition en 1980
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Les revenants ; les vivants et les morts dans la société médiévale
Jean-claude Schmitt
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 15 Février 1994
- 9782070736577
La croyance aux revenants semble de tous les temps ; elle a pourtant aussi son histoire. Que signifiait au Moyen Âge cette «croyance» et comment la saisir ?Les dix siècles qui vont de l'Antiquité tardive à la veille de la Renaissance ont vu se succéder et se combiner les vieilles croyances païennes et les rituels lentement christianisés. Ils sont contenus dans la notion de memoria, de «mémoire des morts», faite de liturgie, de larmes et de prières ; une mémoire en réalité destinée à aider la séparation des vivants et du défunt, à régler le fonctionnement social de l'oubli.Les revenants médiévaux, c'étaient les rares morts qui, obstinément, pendant une durée assez brève, tenaient en échec le fonctionnement réglé de la memoria chrétienne, faisant obstacle au déroulement nécessaire du «travail du deuil». Revenants pitoyables ou terrifiants, le plus souvent solitaires, surgissant de leur tombe pour hanter la conscience des proches et des parents, coupable ou douloureuse.On saisit immédiatement l'ampleur des problèmes que fait surgir l'analyse rigoureuse de cette moisson de textes et d'images qui racontent l'apparition des morts, et où le spirituel se mêle au corporel, l'individuel au collectif, la personne à la parenté, le jour à la nuit, le merveilleux à l'ordre social. Ce livre ouvre à l'histoire sociale un secteur nouveau : la science des rêves.
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Le phénomène «trans» est en expansion. En nombre croissant, des enfants et des adolescents expriment ce qui était naguère inexprimable, inaudible, insensé:la conviction d'être nés dans le mauvais corps. À la surprise des praticiens, les filles sont à présent majoritaires dans la demande de transition.Ce sont les tenants et aboutissants de ce phénomène émergent qu'interroge Claude Habib. Elle ne prétend pas en donner une interprétation, elle s'efforce d'en circonscrire le mystère, en examinant, sans polémique ni complaisance, les innombrables questions, tant théoriques que pratiques, qu'il soulève. Comment l'identité de genre est-elle devenue une affaire de choix personnel? À quelle source rapporter le projet de se recréer qui supplante, chez beaucoup de jeunes, l'acceptation du donné? Pourquoi la difficulté de supporter la condition sexuée, autrefois invisible, surgit-elle au grand jour? Peut-on reconnaître à des enfants la capacité de juger de leur futur destin social? Faut-il autoriser la participation des transgenres aux compétitions sportives féminines?Une question et des questions qui n'ont pas fini de nourrir le débat public et d'alimenter la réflexion.
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En examinant la multiplicité des représentations de Machiavel et d'abord le mythe du machiavélisme, Claude Lefort ne cède pas au scepticisme ; il sonde seulement l'imaginaire que recèle la pensée politique. Pas davantage ne cède-t-il à ces versions plus sophistiquées du scepticisme que sont le sociologisme et l'historicisme quand il replace l'oeuvre de Machiavel dans les horizons d'une époque et d'une société. Mais il ne verse pas non plus au dogmatisme lorsqu'il propose une nouvelle lecture de Machiavel. Cette interprétation ne ressemble à aucune autre. Elle est interprétation de l'oeuvre de Machiavel et interprétation des interprétations que celle-ci a suscitées au cours des siècles. Elle comporte une réflexion sur l'oeuvre de pensée comme telle et l'interprétation comme telle ; sur le temps qui à la fois sépare et lie l'écrivain et son lecteur ; sur l'étrange jonction qui se fait dans l'expérience de la lecture entre le désir de comprendre et le désir d'écrire. Elle implique aussi, en liaison avec le commentaire du Prince et des Discours sur la Première Décade de Tite-Live, une exploration des conflits qui déchirèrent la République florentine et des idéologies dont Machiavel fait sa cible. Cette lecture exigeante, puisqu'elle accompagne pas à pas la pensée de Machiavel dans Le Prince et les Discours du début à la fin de chaque ouvrage, ne dissimule pas la présence de celui qui la fait, et elle entretient une constante interrogation. Ainsi le lecteur de Lefort se sent-il incité à partager cette interrogation e, à son tour, d'un seul mouvement, à revenir à Machiavel et à reformuler pour lui-même la question : qu'est-ce que penser politique ici et maintenant?
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Les cités perdues des Mayas
Claude Baudez, Sydney Picasso
- Gallimard
- Decouvertes Gallimard
- 23 Octobre 2008
- 9782070348749
Dans la jungle d'Amérique Centrale, les explorateurs qui découvrirent, au hasard d'un voyage, le stupéfiant spectacle des tempes, et des palais mayas ignoraient tout des mains qui les avaient édifiés. Trois siècles durant, missionnaires et aventuriers visitent les prestiges des mystérieuses cités et tracent le portrait d'un peuple sans histoire, pacifique, ignorant des sacrifices sanglants et profondément religieux. Cette vision romantique sera réduite à néant par les découvertes archéologiques qui jalonnent le XXe siècle. Claude Baudez et Sydney Picasso narrent cette lente redécouverte d'une civilisation brillante qui connut son apogée, plein Moyen Age européen, et à laquelle les conquistadors espagnoles portèrent le coup fatal.
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Pour et contre l'amour
Jean-Claude Lavie
- Gallimard
- Connaissance De L'inconscient
- 13 Septembre 2018
- 9782072796197
En attendant la femme aimée, au restaurant, un homme fait l'éloge de son amour - il s'appelle Pour. Un autre (le même) - c'est Contre - s'emploie à l'interrompre, à lui montrer qu'il est dans l'illusion, que cette femme est son invention. À mesure que l'échange avance, que les arguments se tendent et qu'on ne sait plus parfois si Pour l'est encore, le lecteur qui évoque ses expériences en pareille occurrence amoureuse reconnaît volontiers qu'il est convaincu par l'un et... par l'autre. En invoquant les paradoxes de la vie amoureuse - que de détours dans nos sincérités successives!-, l'auteur fait saisir dans quelle dépendance permanente nous sommes au registre de la pensée. Mais si nos pensées étaient soumises à nos passions? Penser, n'est-ce pas avant tout être pour, être contre? Aimer, n'est-ce pas avant tout penser qu'on aime?
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Le dernier des injustes
Claude Lanzmann
- Gallimard
- Hors Serie Connaissance
- 1 Octobre 2015
- 9782070106707
Le Dernier des injustes, qui a son origine dans le film du même nom, est le plus extraordinaire témoignage sur la genèse de la « solution finale ». Il permet de comprendre jour après jour, quelquefois heure par heure, comment les nazis passent en deux ans de l'expulsion impitoyable des juifs d'Autriche, de Tchécoslovaquie et d'Allemagne, à la mort de masse dans les chambres à gaz. Benjamin Murmelstein est le personnage central de ce livre, témoin capital qui assista à tout, avant de devenir Président du Conseil Juif du ghetto de Theresienstadt, créé par Eichmann pour faire croire au monde à la vie heureuse que voulait Hitler pour les juifs qu'il allait assassiner.
Rabbin de la communauté juive de Vienne, d'une mémoire et d'une intelligence hors normes, d'une immense culture, d'un caractère d'acier, d'une lucidité et d'une clairvoyance inouïes, jusqu'à deviner et déjouer les mesures atroces projetés par les nazis, Murmelstein dresse un portrait extraordinaire d'Eichmann, qu'il dut fréquenter pendant sept ans : pas du tout l'homme de la « banalité du mal », comme l'a prétendu Hannah Arendt, mais un antisémite d'une cruauté sans frein, voleur et corrompu jusqu'à la moelle. En même temps, Murmelstein se livre à une critique féroce du procès d'Eichmann à Jérusalem, mal préparé, bâclé, où on refusa de le convoquer et de l'entendre.
Contraint par la force de coopérer avec les nazis, Murmelstein ne fut en rien un « collaborateur », même si des détenus de Theresienstadt voulurent le faire passer pour tel. Jugé à sa demande par la justice tchèque, il fut acquitté de toutes les calomnies portées contre lui. Avec sa femme et son fils, il s'exila à Rome, sans avoir jamais connu Israël. À sa mort, en 1989, le rabbin de Rome refusa de l'inhumer et de dire pour lui le kaddish, la prière des morts.
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L'idée républicaine en France (1789-1924)
Claude Nicolet
- Gallimard
- Tel
- 24 Janvier 1995
- 9782070740321
Il était temps qu'un historien, bien connu pour son attachement aux Républiques tant au passé que dans la France contemporaine, se demande si, en français, le mot République a un sens, et lequel. Ce livre ne se limite pas à un historique de l'idée républicaine depuis ses origines jusqu'à la grande synthèse idéologique de la Troisième République, en passant par le creuset révolutionnaire, l'oeuvre des Idéologues, les élaborations théoriques du XIX? et la Constitution de 1875. Il est aussi et surtout, sur la base d'une lecture attentive des oeuvres aujourd'hui oubliées des ténors et des Pères fondateurs, des sociologues et des juristes, des historiens et des pédagogues, une histoire critique de la raison républicaine, une enquête sur les fondements de l'ordre républicain : fondements du lien social (le contrat, la Déclaration des droits, le Code civil) ; fondements du lien politique (avec les notions de souveraineté, de représentation, de laïcité). Et plus largement encore, conditions sociales et intellectuelles de la morale et même de la science républicaines.
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Néron : Le mal aimé de l'histoire
Claude Aziza
- Gallimard
- Decouvertes Gallimard
- 14 Septembre 2006
- 9782070319275
Empereur "fou " ,criminel`et pervers, incendiaire de Rome, persécuteur des chrétiens... Au-delà du mythe, qui fut réellement Néron ? Grâce aux historiens latins Suétone et Tacite, l'Histoire peut s'écrire, avec ses zones d'ombre et ses incertitudes...Devenu empereur en 54 après J.-C., grâce à l'ambition démesuré de sa mère, Agrippine, et aux conseils avisés de son précepteur, le philosophe Sénèque, Néron découvre vite le goût du pouvoir. S'il offre au peuple Romain jeux et festivités, respecte en apparence l'autorité du sénat, le jeune prince mène de fait une politique autoritaire et n'hésite pas a éliminer ses rivaux, y compris sa propre mère. Mais, en 64, Rome est ravagée par le feu. Tout bascule... Néron est soupçonné d'être l'incendiaire; les chrétiens sont désignés comme boucs émissaires. La révolte gronde: des sénateurs conspirent Contre l'empereur, bientôt les légions se joignent à eux... En 68, Néron est contraint au suicide. Dans un récit enlevé, Claude Aziza remet en perspective la folie meurtrière de Néron et brosse le portrait inattendu d'un empereur-artiste, mal aimé de l'Histoire.
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Le corps, les rites, les rêves, le temps ; essai d'anthropologie médiévale
Jean-claude Schmitt
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 25 Avril 2001
- 9782070760794
Qui veut comprendre le Moyen Âge doit le tenir à distance:poser sur lui le regard de l'anthropologue étudiant une société étrangère à sa propre culture et à ses habitudes de pensée. C'est la première ambition de ce livre:mettre en garde contre l'usage de catégories - la «religion» par exemple, ou l'«individu», - dont il convient de saisir la relativité historique. Voilà qui peut sembler paradoxal, mais il n'y a pas, au Moyen Âge, de «religion», au sens où nous l'entendons aujourd'hui. Toute une «culture», en revanche, complexe, foisonnante, originale, se déploie selon les différents pôles constitutifs de cette société:les clercs et les laïcs, la cathédrale et le château, la communauté paysanne et la ville. S'en dégagent des conceptions irréductibles aux nôtres, du corps et de la personne, de la croyance et des rêves, des rites et du temps, à l'articulation de l'homme et du divin (ou du démoniaque), de l'ici-bas et de l'au-delà, des images et de l'invisible, de la memoria et des futura.Ce livre retrace le parcours sinueux d'une recherche de plus de vingt ans à travers les textes et les images issues de la culture médiévale. Il tente de répondre aux questions que pose la construction d'une anthropologie historique du Moyen Âge:qu'est-ce qu'une «personne» dans la société médiévale? Qu'en est-il de la notion du «sacré»? L'idée d'«avenir» est-elle compatible avec la conception eschatologique du temps chrétien?
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Quatre essais sur la vie de l'âme
Jean-Claude Rolland
- Gallimard
- Connaissance De L'inconscient
- 17 Avril 2015
- 9782070148905
« Âme » (Seele) se trouve partout sous la plume de Freud, qui parle aussi d'« appareil d'âme ». Pour certains, le mot veut simplement dire psychisme. Pour d'autres, dont Jean-Claude Rolland, le mot garde en lui la sonorité singulière d'une basse continue de l'être, et informe la théorie et la pratique de l'analyse. C'est donc de la vie de l'âme, quand elle est défaillante ou en danger - mais aussi créative, aventureuse, amoureuse -, que le psychanalyste traitera, ici, dans quatre essais théoriques et cliniques qui concourent à la spécifier : essais sur l'affect (l'âme est douloureuse ou légère), sur le langage primordial (l'image), sur la physique de l'âme (son mouvement, ce que, dans la cure, on nomme « processus »), et sur son objet, concept énigmatique, voisin de « sujet », et ici renouvelé.Jean-Claude Rolland livre à la fois une étude positive de ces concepts, saisis dans l'émergence de la séance ; et une réflexion épistémologique sur la singularité d'une pensée qui chevauche une double monture : l'une laboure la réalité psychique ; l'autre, ailée, vole vers les perspectives inédites de la spéculation rêveuse ou tragique.Au passage, l'auteur s'explique sur ce qui est sans doute la seule innovation, en France, de la pratique psychanalytique depuis Lacan. On doit en effet à Rolland l'invention de l'interprétation « analogique », un mode d'intervention qui vise à permettre au patient de nommer puis de franchir l'obstacle de sa propre pensée, qui a dûment intéressé André Green et J.-B. Pontalis.Rolland est tout entier dans ces quatre essais passionnés, avec le lyrisme qu'on lui connaît - avec toute son âme, précisément -, et une pratique inspirée, de la cure comme des textes, notamment poétiques, de Louise Labé à Mallarmé, et du « Roi des aulnes » aux poèmes endeuillés des Contemplations.Les psychanalystes sont évidemment les lecteurs privilégiés de ce volume exigeant, qui saisira aussi le profane, pour peu qu'il soit capable de sauter par-dessus des pages nécessairement spécialisées.
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Le corps des images ; essais sur la culture visuelle au Moyen Age
Jean-claude Schmitt
- Gallimard
- Le Temps Des Images
- 2 Mai 2002
- 9782070761593
Il est devenu banal de dire que nous sommes entrés dans la «civilisation de l'image». Les images animées, numériques, virtuelles façonnent notre monde avec une force sans précédent. Mais elles s'enracinent aussi dans une longue histoire, où la chrétienté médiévale a joué un rôle décisif : en osant - contre le vieil interdit biblique - faire et «adorer» les images, et même donner figure humaine au Dieu incarné, le Moyen Âge a ouvert d'immenses possibilités à la création plastique et à l'imaginaire individuel et social.Ce livre s'attache à saisir ensemble, dans leur développement historique, les conceptions de l'imago médiévale et les pratiques rituelles (religieuses ou politiques) et fantasmatiques dont les images furent l'objet depuis le Haut Moyen Âge jusqu'à la Renaissance et la Réforme. Aux images matérielles, en deux ou trois dimensions, l'auteur associe les images visionnaires et oniriques qui permettaient de les légitimer et de se les approprier, comme s'il s'agissait de personnes vivantes, douées de corps et de sang, de parole et de mouvement...L'image est l'une des manières par lesquelles une société se re-présente le monde, c'est-à-dire se le rend à nouveau présent pour le penser et agir sur lui.
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Le grand défi des pôles
Bertrand Imbert, Claude Lorius
- Gallimard
- Decouvertes Gallimard
- 11 Janvier 2007
- 9782070763320
Bertrand Imbert et Claude Lorius nous racontent quatre siècles de défis et d'aventures polaires. Au XVIe siècle, les grandes nations maritimes - France, Angleterre et Hollande - explorent les eaux du grand Nord pour découvrir de nouvelles routes vers l'Orient. Au cours des siècles suivants, des hommes d'exception : Barents, Bellingshausen, Nansen ou Franklin se lancent à l'assaut des pôles. Autant de périples qui préparent les succès de Dumont d'Urville, posant le pied en Antarctique en 1840, de Peary et Cook, s'affrontant en 1909 pour conquérir le pôle Nord, ou d'Amundsen, le premier à atteindre le pôle Sud en 1911. Au XXe siècle, les programmes d'exploration deviennent scientifiques. Les pôles constituent un observatoire privilégié pour l'étude de phénomènes atmosphériques, géologiques, biologiques. L'Année polaire internationale organisée en 2007-2008 veut montrer les liens entre ces régions et le système climatique mondial, pour sensibiliser un large public.
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Les femmes s'entêtent
Joana Save, Claude Enjeu, Ariane Bruneton, Nicole-Lise Bernheim, Collectif
- Gallimard
- Idees
- 4 Octobre 1975
- 9782070353361
Première édition
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À la scène comme sur l'« autre scène », la même question énigmatique insiste : pourquoi le jaloux préfère-t-il à tout la persécution mortelle qu'il s'inflige et qu'il inflige à l'aimé(e) soupçonné(e) ? Le théâtre tragique - La Médée de Sénèque, celle d'Euripide, Othello bien sûr, Andromaque et sa cascade de passions jalouses - et le discours des patients se répondent d'un fragment à l'autre de ce livre en forme de « jalousie mode d'emploi ».
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Avec une malice aimable??et réservée, avec Gaston Leroux et Jacques Lacan, Georges Bataille et Valérie Trierweiler, et??en revenant sur Tausk, le psychanalyste Claude Rabant introduit à une autre question : et si??c'était par jalousie que les morts tuaient le bonheur des vivants ?
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L'amour est un crime parfait
Jean-Claude Lavie
- Gallimard
- Connaissance De L'inconscient
- 3 Janvier 1997
- 9782070744237
Que vous veut-on, quand on vous dit : «Je t'aime» ? La déclaration ne déclare guère ce qu'elle déclare. Pas même si elle est de l'offre ou de la demande. La magie de la formule ne tient pas à son sens, mais à son élocution. Sans dire ce qu'elle requiert, elle l'exige, tout simplement. «Je t'aime» est une clé, un mot de passe. Qui exprime sa flamme se confère des droits. L'amour a l'étrange vertu de légitimer ce qui se trame en son nom. De l'ardeur à la caresse, il n'a rien à justifier, du dépit à la violence, non plus. Ce que vous veut qui vous aime est sans recours. L'amour ne s'autorise que de lui-même. Et à quoi s'expose-t-on quand on aime ? Au pire, évidemment ! De l'autre comme de soi. L'amour invite à souffrir autant qu'à faire souffrir. Il anoblit ce qu'on subit comme ce qu'on fait subir. L'amour contente pour autant qu'il aveugle. Il pare de noblesse nos plus grandes faiblesses. En son nom tout peut se faire. En son nom, tout se fait. Est-ce folie d'aimer ?