Filtrer
Rayons
Support
Éditeurs
Langues
Prix
Gallimard
-
La Première Guerre mondiale s'achève. L'immense Russie libère ses prisonniers qui affluent, de plus en plus nombreux, aux portes de l'Europe. C'est là, dans une de ces petites villes dont il connaît bien l'étrange atmosphère, que l'auteur nous conduit. Gabriel Dan rentre de Sibérie ; séduit par le gigantesque Hôtel Savoy, il y loue une chambre. Le jeune homme croira bientôt découvrir un monde nouveau. Mais plutôt, ces longues années de guerre et de captivité l'ont à ce point transformé que tout lui apparaît maintenant sous un jour différent. C'est un regard neuf, regard d'enfant parfois, qu'il jette désormais sur le monde. Et nous découvrons avec lui la vie fascinante de l'hôtel, faisant successivement la connaissance des êtres les plus divers, extravagants, touchants ou inquiétants : Santschin, le pauvre clown ; l'industriel Neuner, qui tente de faire face à ses ouvriers en grève ; Bloomfield, le richissime ; Alex, le jeune dandy ; Ignace, dont l'ombre plane sur tout l'hôtel, et surtout la tendre Stasie, et Zwonimir, révolutionnaire passionné, devenu le fidèle ami de Gabriel.L'Hôtel Savoy, où le luxe des premiers étages contraste avec la misère qui règne aux étages supérieurs, est un évident symbole : «À l'image du monde, le Savoy rayonnait à l'extérieur d'un éclat intense, étincelant de la splendeur de ses sept étages ; et la misère y habitait dans la proximité de Dieu...»
-
À un chah de Perse saisi de tenace mélancolie, le chef de ses eunuques conseille un voyage dans la vieille Europe. Ainsi, pour la première fois depuis des siècles, le descendant des envahisseurs orientaux revient à Vienne, en voyage officiel cette fois. Il jette bientôt son dévolu sur une ravissante comtesse, exige de passer une nuit avec elle. Les autorités, police, militaires, s'emploient à satisfaire son caprice. Mais c'est dans une maison close aménagée pour l'occasion, auprès d'une prostituée qui ressemble à la comtesse, que sera habilement guidé le potentat ravi. Commencé à la manière d'un conte oriental, le récit prend bientôt sa véritable dimension de roman viennois, roman d'une société naïve et cynique, corrompue et promise à la mort. Cette 1002? nuit est bien l'une des dernières fêtes viennoises célébrée par la littérature.
-
«Theodor grandit dans la maison de son père, le contrôleur des Douanes et ancien adjudant Whilhelm Lohse. Le petit Theodor était un enfant blond, appliqué et bien élevé. Il désirait ardemment avoir l'importance qu'il acquit plus tard, mais sans jamais oser y croire vraiment. On peut dire : il dépassa les espérances qu'il n'avait jamais placées en lui.
Le vieux Lohse ne vécut pas assez longtemps pour connaître son fils adulte.».
-
La fuite sans fin raconte les aventures d'un officier autrichien, Franz Tunda, fait prisonnier par les Russes en 1916. Il s'évade, vit en Sibérie, participe à la Révolution, aime une militante, épouse une paysanne caucasienne, retrouve Vienne, et enfin, à Paris, sa fiancée d'autrefois qui ne le reconnaît pas.
-
Les amis de Joseph Roth ont longtemps soutenu qu'il avait laissé un roman sur Trotsky. Le manuscrit de ce roman, datant des années 1928-1929, fut retrouvé en 1963 aux États-Unis. Le prophète muet ou, comme Joseph Roth l'intitula parfois, Friedrich Kargan, roman d'un jeune révolutionnaire, ne peut toutefois sans abus être tenu pour un «roman sur Trotsky». Il est vrai que le jeune Kargan, après avoir vécu dans les milieux de l'émigration communiste russe et avoir connu la Sibérie tsariste, participe à la Révolution de 1917 et devient l'un de ses chefs. Vrai aussi qu'il n'a cessé de détester Savelli, portrait transparent de Staline, et d'en être haï. Mais le parallèle ne saurait aller au-delà. En vérité, Friedrich Kargan, plus proche peut-être de l'auteur lui-même que de Léon Trotsky, incarne le destin d'innombrables intellectuels européens qui, entre les années 1910 et 1930, durent vivre non seulement le drame de la disparition des «valeurs individuelles», mais aussi celle du romantisme révolutionnaire condamné au nom de l'efficacité pratique et du rationalisme technicien. Le tableau de la vie des révolutionnaires émigrés en Suisse, leurs discussions dans les cafés de Vienne, le récit de l'initiation de Friedrich à l'action clandestine et de ses incursions dans «le beau monde», d'où naîtra une histoire d'amour, l'admirable amitié qui le lie à Berzeïev, et qui est la seule permanence de cette vie et de ce livre, font du Prophète muet une véritable Éducation politico-sentimentale des années vingt.
-
« L'imaginaire », aujourd'hui dirigée par Yvon Girard, est une collection de réimpressions de documents et de textes littéraires, tantôt oeuvres oubliées, marginales ou expérimentales d'auteurs reconnus, tantôt oeuvres estimées par le passé mais que le goût du jour a quelque peu éclipsées.