Peut-on jouir, dans un monde injuste, sans être complice de l'injustice ? Pourquoi la politique, et en particulier la gauche, a-t-elle cessé de prendre au sérieux les questions du corps et du plaisir ?Dans un monde où nos plaisirs, qu'ils soient érotiques, alimentaires ou festifs, semblent formatés par le capitalisme et restreints par des impératifs politiques, Michaël Foessel tente de comprendre comment la dévalorisation de ce sentiment a fait, trop souvent, confondre modération et ascèse.Il nous invite à redécouvrir la dimension politiquement subversive du plaisir et à nuancer les injonctions du moralisme progressiste ambiant. Parce qu'il est temps, «devant l'imminence du désastre, de lui préférer les éclats de rire, le jeu ou toute autre forme d'allégresse susceptible de convaincre, malgré tout, que la fête n'est pas finie».
Tombé presque par hasard sur l'année 1938, un philosophe inquiet du présent est allé de surprise en surprise. Au-delà de ce qui est bien connu (les accords de Munich et la supposée "faiblesse des démocraties "), il a découvert des faits, mais aussi une langue, une logique et des obsessions étrangement parallèles à ce que nous vivons aujourd'hui. L'abandon de la politique du Front populaire, une demande insatiable d'autorité, les appels de plus en plus incantatoires à la démocratie contre la montée des nationalismes, une immense fatigue à l'égard du droit et de la justice : l'auteur a trouvé dans ce passé une image de notre présent.
Récidive ne raconte pas l'histoire de l'avant-guerre. Il n'entonne pas non plus le couplet attendu du " retour des années 30 ". Les événements ne se répètent pas, mais il arrive que la manière de les interpréter traverse la différence des temps. En ce sens, les défaites anciennes de la démocratie peuvent nous renseigner sur les nôtres. Récidive est le récit d'un trouble : pourquoi 1938 nous éclaire-t-elle tant sur le présent ?
La loi de la nuit se décline suivant une grande variété de situations : festives ou angoissées, solitaires ou politiques. Consentir à la nuit, c'est accepter de se soumettre aux expériences singulières qu'elle seule rend possibles. Bonne ou mauvaise, intime et sensible, elle ouvre un espace où l'on peut, enfin, vivre sans témoin.
Un geste ou une parole devraient suffire, et pourtant... Consoler est une activité difficile qui implique de prendre la parole sur une souffrance que l'on ne partage pas, mais à laquelle on cherche à prendre part. Quels mots employer qui ne suscitent pas le soupçon ?
Ces questions relèvent aujourd'hui de la psychologie ou de la religion. Pourtant, la philosophie a longtemps été un baume pour les douleurs humaines. Nous ne croyons plus désormais qu'il existe un savoir qui, à lui seul, permette d'affronter les tourments de la vie.
L'auteur montre que nous vivons le « temps de la consolation », c'est-à-dire un temps marqué par la perte des modèles communautaires, rationnels et amoureux qui justifiaient l'existence face au pire. Repenser la consolation, c'est éviter le double écueil de la restauration de ces anciens modèles et du renoncement mélancolique au sens.
Notre temps est, dit-on, celui des catastrophes. Face aux crises sanitaires, écologiques ou à la menace nucléaire, la croyance dans le progrès a cédé la place à l'angoisse. Cette résurgence des thèmes apocalyptiques est plus qu'un symptôme. La dissolution moderne des hiérarchies traditionnelles a provoqué une nouvelle inquiétude : devoir vivre « après la fin du monde ».
Les théories de la catastrophe ne se soucient plus de savoir quel monde mérite d'être défendu. Le plus urgent n'est pas d'éviter l'apocalypse à venir, mais de réinvestir le monde après sa disparition comme ordre hiérarchique. En ce sens, le fait que la fin du monde a déjà eu lieu est une bonne nouvelle qui nous place face à une alternative : perpétuer la vie ou édifier un espace pour le possible.
« L'énigme, c'est précisément qu'il semble évident que le monde existe pour nous » : c'est à cette énigme que se confronte Kant dès ses premiers écrits. Tout au long de son oeuvre, le philosophe ne cesse de spécifier le rapport au monde, que ce soit du point de vue de la sensibilité, de la connaissance ou de la morale. Il ouvre ainsi un nouvel horizon pour l'homme, comme « habitant du monde ».
Dans cet ouvrage, Michaël Foessel revisite la « maison Kant » dans ses coins et recoins, et met à l'épreuve la rationalité de l'édifice, dans une confrontation féconde entre Kant, Husserl et Heidegger.
Une lecture forte et vivifiante.
Nous vivons sous le règne de l'évidence sécuritaire. Des réformes pénales aux sommets climatiques en passant par les mesures de santé, l'impératif de précaution a envahi nos existences. Mais de quoi désirons-nous tant nous prémunir ? L'état de vigilance désigne l'obligation de demeurer sur ses gardes et d'envisager le présent à l'aune des menaces qui pèsent sur lui. Ce livre montre le lien entre la banalité sécuritaire et le néolibéralisme, mais aussi la complicité secrète entre des Etats qui rognent sur la démocratie et des citoyens qui aiment de moins en moins leur liberté.
L'Etat libéral-autoritaire produit des sujets et des peurs qui lui sont adéquats. C'est à cette identité nouvelle entre gouvernants et gouvernés qu'il faut apprendre à résister.
«Dieu est mort !» : plus d'un siècle après la célèbre affirmation de Nietzsche, alors même qu'on annonce le grand retour du religieux - et de sa face obscure, le fanatisme-, force est d'admettre que la religion... ne nous a jamais quittés. L'homo religiosus trouve en elle la signification de l'existence ; elle répond à notre soif d'absolu comme aux exigences de la vie en société. Quelle est au juste la nature du lien religieux ? Est-ce Dieu qui a créé l'homme, ou l'homme qui a créé Dieu ? La raison peut-elle établir la vérité de la foi, ou la religion est-elle d'abord une provocation pour cette autre quête de sens qu'est la philosophie ? Qu'on l'envisage à l'aune des pratiques cultuelles, des rapports qu'elle entretient avec le pouvoir séculier ou de son lien à la vérité, la religion apparaît d'abord comme une transgression du cours ordinaire des choses : elle suppose que le sens d'un acte, d'une pensée ou d'une vie se situe ailleurs. Que l'on soit ou non croyant, on peut lui reconnaître un singulier mérite : celui de rendre équivoque l'expérience, et d'empêcher toute clôture du sens.
De 1750 à 1830, l'Europe traverse une époque d'intenses bouleversements politiques et sociaux. Entre ces deux dates, la Révolution française éclate comme un coup de tonnerre qui met à l'ordre du jour l'émancipation historique de l'humanité. Elle constitue un événement philosophique : pour la première fois, la liberté devient, à la place de Dieu ou de la nature, le principal objet de la pensée. C'est pourquoi on peut parler des « aventures de la liberté » pour décrire ces décennies où l'indépendance morale, la souveraineté du peuple et l'autonomie deviennent les horizons de la philosophie.
De Rousseau, qui élève la liberté au rang de toute légitimité, à Hegel et aux idéalistes allemands pour qui l'esprit est liberté, en passant par Kant qui consacre le droit inaliénable des peuples à disposer d'eux-mêmes et fait de la liberté l'absolu à l'échelle de la finitude humaine, cet ouvrage revient sur les théories qui ont marqué cette période et continuent d'influencer notre histoire contemporaine démocratique.
Pour la philosophie, le mal est non seulement une énigme (" d'où vient-il?"), mais un scandale. Comment concilier l'existence du mal avec les exigences les plus élémentaires de la raison? Cette question est au coeur de la pensée kantienne. À l'inverse de la métaphysique qu'il critique, Kant n'envisage pas l'injustice et la faute depuis un savoir de surplomb, mais à partir des limites du savoir rationnel. La théorie du "mal radical " et, avant elle, la réfutation de la théodicée se fondent sur une définition inédite des usages de la raison. Ce livre propose une interprétation de la percée kantienne en direction de la raison pratique à partir de ce thème du mal. Il montre qu'il ne s'agit pas là d'un aspect annexe de la philosophie critique, mais d'une épreuve décisive à laquelle toute pensée morale doit se confronter. Chez Kant, la question du mal radical engage celle du formalisme éthique, interroge le statut de la religion et commande une anthropologie d'un nouveau genre. À l'abord du thème de la faute, se joue finalement le sens d'une entreprise qui fait de la liberté humaine la " clé de voûte " du système philosophique.
Michaël Foessel, maître de conférences à l'université de Bourgogne, membre de l'IUF, est spécialiste de philosophie allemande et de philosophie politique. Il est notamment l'auteur de Kant et l'équivoque du monde (Paris, CNRS Éditions, 2008) et de La Privation de l'intime (Paris, Éditions du Seuil, 2008).
Nous vivons sous le règne de l'évidence sécuritaire.
Des réformes pénales aux sommets climatiques en passant par les mesures de santé : l'impératif de précaution a envahi nos existences. Mais de quoi désirons-nous tant nous prémunir ? Pourquoi la sécurité produit-elle de la légitimité ? Et que disons-nous lorsque nous parlons d'un monde " dangereux " ? Le maître mot de cette nouvelle perception du réel est " vigilance ". L'état de vigilance s'impose aux individus non moins qu'aux institutions : il désigne l'obligation de demeurer sur ses gardes et d'envisager le présent à l'aune des menaces qui pèsent sur lui.
Cette éthique de la mobilisation permanente est d'abord celle du marché, et ce livre montre le lien entre la banalité sécuritaire et le néolibéralisme. Abandonnant le thème de la surveillance généralisée ", il propose une analyse des subjectivités vigilantes. On découvre la complicité secrète entre des Etats qui rognent sur la démocratie et des citoyens qui aiment de moins en moins leur liberté. L'Etat libéral-autoritaire produit des sujets et des peurs qui lui sont adéquats.
C'est à cette identité nouvelle entre gouvernants et gouvernés qu'il faut apprendre à résister.
Insolites, mises à la portée des Jeunes, pour répondre à leurs préoccupations (Kiffer, Désobéir ...), décrypter les énigmes du vivant (Gène, Naturel, Humain?), du vivre ensemble (Communauté, égalité, Travail, Loi, Respect), de l?être (Bonheur, Moi ?), comprendre les enjeux du politique (Santé, Opinion, Président, Finance ...)
« Dieu existe-t-il ? », « Où est-il ? », « Comment s'appelle-t-il ? », « Que faisait-il avant de créer le monde ? ». On peut poser quantité de questions à propos de Dieu, mais les réponses manquent. On peut croire en lui ou non, mais l'on ne sait rien avec certitude. Pourquoi, alors, les hommes se disputent-ils à propos de quelqu'un ou de quelque chose dont ils ne savent rien ? Pourquoi se font-ils la guerre au nom des religions ? Qu'il existe ou non, Dieu est l'enjeu de bien des conflits et l'on cherchera à comprendre pourquoi, en se demandant ce qu'il représente pour les hommes. Est-il possible de mettre un terme à ces disputes ou si les hommes sont condamnés à se battre au nom de ce qu'ils ignorent, et à se haïr au nom de ce qu'ils aiment.
" Que puis-je connaître ?", "Que dois-je faire ?", " Que m'est-il permis d'espérer ?": ces trois grandes questions de la philosophie, Kant les a affrontées dans sa Critique, méthode qui marque une rupture radicale dans l'histoire de la pensée.
Cette anthologie propose un parcours réfléchi à travers l'ensemble de l'oeuvre de Kant.
Depuis les années 1990, la notion de cosmopolitisme est devenue un objet d'analyse privilégié pour la philosophie politique. Les réseaux de solidarité transnationale, les problèmes liés aux risques globaux et le développement des modalités de gouvernance supranationale ont donné une pertinence nouvelle au concept de citoyenneté mondiale. Aujourd'hui, la perspective cosmopolitique ne désigne plus seulement une façon de se représenter en tant qu'individu dans le monde, mais aussi une manière de concevoir la politique au-delà de la sphère nationale.
Dans le cadre des débats autour d'une possible démocratisation du pouvoir à l'échelle supranationale, le cosmopolitisme propose des réponses originales, qui n'échappent pas à certaines critiques radicales. Cet ouvrage analyse cette perspective et ces critiques.
Les esthétiques kantiennes sont confrontées dans ce volume aux doctrines classiques de la sensibilité, d'Aristote à Wolff, en passant par Leibniz et Locke, puis interrogées quant à leur postérité, de l'idéalisme allemand à la phénoménologie. On interroge la cohérence entre les trois Critiques au fil conducteur de la question de la sensibilité, l'invention d'une sensibilité transcendantale marquant une rupture par rapport à la tradition métaphysique et à l'empirisme. Peut-être comprendra-t-on alors comment un rationalisme conséquent a également pu se présenter comme une « apologie de la sensibilité ».
Avec le soutien de l'équipe d'accueil 1270 Philosophie des normes de l'université Rennes 1.
« Il n'y a pas d'auteur classique en philosophie. » C'est en Aufklärer que parle Kant lorsqu'il refuse de concéder à quelque doctrine que ce soit un statut d'autorité. Si le présent de son écriture coïncide avec le « siècle de la critique », il faut s'habituer à ne plus s'abriter derrière les monuments de la tradition qui sont comme autant de prétextes pour ne pas commencer à penser. Kant nous instruit d'un nouveau commencement, une manière d'envisager la philosophie et son histoire à partir de la rupture opérée par le geste critique. Ni Platon et Leibniz, ni Aristote et Locke ne sortent indemnes d'un questionnement qui porte sur les sources de la connaissance, et non sur la somme des vérités à mettre au compte des progrès de l'esprit humain.
Deuxième volume de la collection Questions de caractère - dirigée par Adèle Van Reeth et publiée en co-édition avec France Culture - qui explore les passions humaines. Une exploration philosophique de la méchanceté à travers le temps, avec Michaël Foessel, l'un des meilleurs philosophes de sa génération.
Pourquoi est-il essentiel de prendre la méchanceté au sérieux ? Parce que contrairement au criminel, qui est jugé d'après ses actes, et au sadique, qui est pris dans une perversion du désir, le méchant est celui pour qui le mal est devenu une habitude.
Composante secrète de l'intériorité d'un individu, la méchanceté renvoie à une série de présupposés moraux sur la liberté, le caractère, l'intention et la faute. Penser la méchanceté, c'est donc s'interroger sur la difficulté contemporaine à proposer une évaluation morale de la société et des individus.
Mais sommes-nous encore prêts à assumer de telles réflexions concernant la nature de l'homme ?
Une réflexion à prolonger en écoutant sur France Culture Les Nouveaux Chemins de la connaissance d'Adèle Van Reeth.
Pour découvrir l'oeuvre de ce philosophe français qui a traversé le XXe siècle. Cahier iconographique, biographie et bibliographie.