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Michel Gribinski
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« Qu'est-ce qu'une mère ? » est la question à laquelle ce livre prétend ne pas répondre. Question trop vaste, insondable, autant que son objet lui-même. On se tient donc, on s'en tient donc au bord. Le bord d'une mère, c'est peut-être son image, comme première désincarnation, dont on se défait mal : un malentendu ou un trop bien vu ? Et c'est d'une image que part Michel Gribinski pour aborder, une image de sa mère dont aucun récit ni aucun commentaire n'aura épuisé tout à fait l'énigme.
Comme il est préférable de ne pas demeurer seul sur le rivage, l'auteur fait appel à des compagnons. À des écrivains mais aussi à des psychanalystes qui ont écrit à leur mère. Remarquable le fait que beaucoup écrivent alors qu'il est trop tard, que leur mère a disparu : la distance d'un au-delà serait-elle propice, voire indispensable à ce dernier recours, épistolaire ? D'une bibliographie dont on peut dire qu'elle est tout sauf homogène - les mères sont fort diverses, celle de Simenon n'est pas celle de Léautaud -, il ressort toutefois une sorte d'ostinato dont la clé serait la plainte. La mère est celle à qui s'adresse toute plainte, toute réclamation ; et peu importe au fond l'objet de cette réclamation, le mouvement qui la porte est l'essentiel.
Si la question initiale demeure en suspens, c'est aussi que ce qui cherche à s'écrire est du côté de l'impensable. Au point que le maternel, la substance des mères pour ainsi dire, serait justement le contrepoint de la chose pensante, du logos, mais aussi son envers : du côté de la chose étendue, de la matière. Le « grain » ou la « chair » que l'on prête aux mots parlent de ce versant de l'écriture.
Ce qui se dessine enfin, c'est la question de la permanence : entre l'enfant, aussi ancien soit-il, et sa mère, il faut que quelque chose ne bouge pas, il faut du stable, du perpétuel, et qui sait, de l'intangible. Et si l'amour, même sans limites, ne suffisait pas, s'il n'était pas éternel, alors il y aurait plus sûr, plus indéracinable : la haine. Elle est souvent au rendez-vous. -
Le psychanalyste amoureux
Michel Gribinski
- Puf
- Petite Bibliotheque De Psychanalyse
- 1 Février 2023
- 9782130847144
En suivant les chemins parcourus par son expérience des lieux de l'analyse, l'auteur, qui se refuse à rédiger un traité d'éthique analytique et pour qui la morale n'ouvre pas de portes freudiennes, rencontre des situations vivantes dans lesquelles, le plus souvent, pour demeurer créatif, il côtoie les limites de ce qu'il pense être autorisé. En d'autres termes, il explore les conséquences de la vie amoureuse pour la pensée de l'analyse et la pensée tout court.
On sait, depuis Freud et sa référence à saint Paul, que « si [on n'a] pas l'amour [...] », on n'est que bruit et vent. La pensée est en effet une matière amoureuse, sexuelle, dense, irriguée par la libido, et soumise aux déviations.
Question : le psychanalyste peut-il évaluer les problèmes éthiques - théoriques comme pratiques - avec une pensée dont la source est « perverse polymorphe » ?
Réponse : oui. -
La technique analytique
Michel Gribinski, Josef Ludin
- Puf
- Petite Bibliotheque De Psychanalyse
- 12 Janvier 2022
- 9782130833932
Deux analystes se demandent avec quelle technique identifier les objets de toutes sortes, les mélanges de pièces antiques et de fragments du présent qu'ils rencontrent en avançant sur le terrain de la cure. On se divise, on se perd soi-même et le monde analytique se désagrège peu à peu autour de cette question, d'autant que l'« archéologie » analytique admet tout ce qui vient : la religion comme la psychologie, l'anodin comme le trop significatif.
L'un des auteurs, Josef Ludin, étudie les strates temporelles et structurelles de la pensée freudienne et post-freudienne ; presque à l'autre bout, Michel Gribinski interroge ce qui se présente et se présentifie dans la cure.
Le point de vue des deux auteurs est ainsi divers, comme l'est la technique de la psychanalyse. Peut-on alors supposer qu'il y a autant de techniques que de techniciens, et de sujets en analyse ? Pourquoi ne pas laisser chacun s'aventurer dans les choix qui lui conviennent ? Et si, loin d'avoir inventé une technique, le psychanalyste était inventé par elle, séance après séance ? Avec d'autres, ces interrogations font l'objet de ce livre.
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Personnages en quête de psychanalyse
Michel Gribinski, Thomas Lepoutre
- Puf
- 27 Mai 2020
- 9782130822738
Cet ouvrage est un recueil de « vies brèves », contrastées, de femmes et d'hommes qui, petits et grands, connus ou non, ont eu un rôle dans la pensée et l'histoire de la psychanalyse, qu'ils aient été les contemporains de Freud ou qu'ils l'aient précédé, qu'ils aient enrichi ou récusé la découverte. Un événement, un trait de caractère, une mésaventure exemplaire ou répétitive ont été privilégiés dans la réalisation de chacun de ces portraits pour esquisser une silhouette ou un destin pris dans les multiples scènes analytiques et dans celles, également multiples, de l'époque.
On demeure émerveillé devant leur appétit de connaissances. Ces hommes accumulent les diplômes ; ces femmes innovent en franchissant le barrage des préjugés, des classes et de la sexuali té. Ils et elles rencontrent l'obscurantisme - le même que de nos jours - sous des formes naïves : la superstition, les pratiques occultes, la pensée irrégulière, tout un tâtonnement magique veut traiter la névrose par la persuasion, la volonté, l'électricité, l'eau plus froide qu'à bonne température, les massages et la rééducation. Derrière l'hypnose, les douches et les régimes alimentaires, on pratique la suggestion sans le savoir, comme Monsieur Jourdain la prose et comme nos modernes comportementalistes. Dans ces vies exemplaires, on assiste aux noces d'une pensée en migration avec une méthode ordonnée et de cette méthode avec son objet mouvementé : l'inconscient. Le monde d'avant s'anime sous nos yeux, s'enrichit d'un personnage à l'autre, et le lecteur en attrape la passion - comme on le dit d'une maladie.
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La psychanalyse, son invention toujours requise, son partage, ont une chambre d'écho :
L'écriture. Elle est parfois le lieu privilégié des stéréotypies et du jargon mais heureusement aussi celui de l'ouverture, de la pure exploration par un auteur qui ne sait pas d'avance où cela va, qui découvre ce qu'il ne connaissait pas et ce faisant l'invente. Freud constatait que ses récits de cure pouvaient se lire comme des nouvelles ou des romans. C'est dans un tel sillage que s'inscrit ce petit livre qui s'adresse d'une façon si singulière à la psychanalyse, mais pas que.
Sa vertu première serait de ne rien vouloir démontrer, ou presque pas, mais de montrer, en acte, c'est-à-dire dans le mouvement d'une langue et d'une pensée qui se découvrent mutuellement, un processus analytique possible, vivant.
Les souvenirs de deux cures délicates, mystérieuses, forcément insatisfaisantes en sont le mobile apparent. S'y entretissent des lectures, des questionnements, des doutes, des éclairs.
On y croise Karl Kraus et Bartleby, Giandomenico Tiepolo et D.W. Winnicott. On essaie de deviner ce qui ne peut se voir, comme la scène d'un tableau, de comprendre de quelle sorte est cette indifférence qui protège du chaos, soude les foules, nourrit l'opinion et prépare les dictatures. Il y a des silences, on essaie de les entendre, de ne pas les faire parler trop haut.
C'est évidemment entre les lignes, comme on dit, que ça se passe. On tente de comprendre comment se forme un récit de cure, dans la rigueur et dans l'oubli, entre logique et hallucination :
« La clinique demeure curieusement inconnue : on ne saura jamais ce qui s'y passe en vérité. » Il y a bien un plan, discret, mais pas de fin, pas de conclusion solennelle, avec trompettes de la résolution, buccins de la guérison et tambours de la théorie. Il y a ces choses vagues, au milieu de quoi on retrouve un peu de tremblement, un peu d'incertitude, un peu de joie aussi - juste entre néant et chagrin -, ces choses vagues dont Paul Valéry disait que leur lieu est l'Esprit.
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L'apport remarquable de cet ouvrage tient également à un regroupement non chronologique du corpus freudien, remplacé par un classement thématique en quatre parties qui redessine les grandes lignes de force de la théorie et de la clinique freudienne. Et de ce fait permet à des textes de dialoguer ou de résonner à travers les décennies.
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Dialogue sur la nature du transfert (2e édition)
Michel Gribinski, Josef Ludin
- Puf
- Petite Bibliotheque De Psychanalyse
- 5 Avril 2012
- 9782130594741
Le transfert fait de la psychanalyse une catégorie « anormale » du savoir, crée un authentique paradigme à part dans le champ de la connaissance. Dans la cure, deux personnes se parlent, mais c'est « autre chose » qu'un dialogue.
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Le Trouble de la réalité : De l'ersatz à la construction
Michel Gribinski
- GALLIMARD
- Connaissance De L'inconscient
- 5 Mars 1996
- 9782070744527
«L'ersatz et la construction sont des mots et des expériences ordinaires. L'ersatz a eu son heure de gloire sinistre pendant la dernière guerre, et depuis il a repris sa place au coeur de l'événement habituel de la vie. Est-ce vraiment cela ? Est-ce bien elle ? Y suis-je enfin ? sont des expressions d'une quête de la réalité, que soulignent les adverbes. Elles disent que la vie et la pensée de tous les jours connaissent des leurres [...]. Et le fait même de penser est, dit Freud, un ersatz. Que remplace «le penser» ? Va-t-on entrevoir l'Objet même ? Hélas, le porteur de lumière est absent. En prenant sa place sur un théâtre d'ombres, l'appareil à penser fabrique l'objet véritable. Mais penser remplace une hallucination, une activité hallucinatoire des rêves et de l'infans. Or, là-dessus aussi, l'infans se tait, tandis que son complice le rêve soliloque, un peu trop prolixe en indiscutables secrets : on ne saura pas par eux si on a gagné ou perdu au change. À moins qu'une construction... La construction aussi est une expérience de chacun. Les récits de nous-mêmes, notre histoire et son passé, l'usage que nous faisons du monde et l'image que nous voulons donner, ce que nous racontons et ce que nous croyons en silence sont des constructions. La simple écoute de qui nous parle construit ce que nous pensons entendre. La construction établit des connexions entre nos objets de substitution, elle bâtit leur histoire avec nos dissonances. Elle accueille le grand trouble indicible de la vie, le trouble de la réalité. Michel Gribinski.
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Les Séparations imparfaites
Michel Gribinski
- GALLIMARD
- Connaissance De L'inconscient
- 10 Avril 2002
- 9782070765614
La personne aimée qui s'en va ou que l'on quitte, un ami qui s'éloigne, le roman que l'on termine à regret : en écho aux séparations ordinaires de la vie, on envisage ici les séparations intérieures que la cure analytique exige du patient et du psychanalyste. Ils doivent se séparer de ce à quoi ils tiennent et qui les tient : le patient - qui est plus attaché à ses liens qu'à lui-même - pour ne pas couler, comme le capitaine Achab, avec ce qui le détruit ; le psychanalyste, qui dépend de ses systèmes familiers de pensée et doit rompre avec eux pour inventer du nouveau, des mots vivants, de la vie. C'est ainsi, en se séparant d'eux-mêmes, que tous deux se rencontreront et que plus tard ils pourront se séparer l'un de l'autre, cette fois. Dans ces pages, l'auteur, psychanalyste, essaie de voir ce qui se passe en lui dans le temps des séances, et par là même d'en rendre sensible l'étrangeté jamais apprivoisée. Les situations cliniques sont toujours présentes, et elles mettent en évidence une clinique de l'analyste que l'on n'a guère l'habitude d'évoquer et qui est infiniment plus complexe et riche que le classique «contre-transfert», si souvent réducteur. Pas plus que celles du monde extérieur, les séparations intérieures ne sont parfaites. Heureusement, pense l'auteur qui les déteste.
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Les scènes indésirables
Michel Gribinski
- Éditions de l'Olivier
- Penser/rever
- 1 Octobre 2009
- 9782879296784
- " L'indésirable absolu a quelque chose d'énigmatique et, au bout du compte, il s'agit toujours d'essayer de comprendre. C'est peut-être lorsqu'on n'y parvient pas qu'on est le plus près ". L'essai de Michel Gribinski prend pour exemple principal de " scène indésirable " celle, généralement oubliée ou méconnue, du programme eugénique nazi qui a donné lieu à la fondation Lebensborn et à la " germanisation " de centaines de milliers d'enfants chrétiens, blonds aux yeux bleus, enlevés, pendant la guerre, dans les pays occupés. On relève que ces kidnappings de masse ont été pratiqués sans haine particulière, de même que la destruction de masse des enfants jugés " racialement inutiles ". Et que les enfants nés dans les maternités du Lebensborn et abandonnés par leur mère pour être élevés par la SS - avant leur adoption par des familles allemandes -ont été traités avec " amour ". On soupçonne qu'au-delà du principe de la haine, là où la vie de l'esprit cesse d'être conflictuelle, règne une sorte d'amour rationnel, banal comme est " banal " le mal dont parle Hannah Arendt.La vie de l'esprit peut-elle ne pas être conflictuelle ? Qu'est-ce qu'un amour banal ou rationnel ?Ce sont- là quelques-unes des questions essentielles que pose cet essai où la réflexion est d'autant plus forte que l'auteur la mène sous nos yeux, nous en déroule le fil, déployant une pensée en recherche, inquiète, qui a l'ambition et la modestie d'" essayer toujours de comprendre ". Ici " l'indésirable ", précédemment, dans d'autres essais, " le trouble de la réalité " ou " la séparation imparfaite ".
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Le fait de l'analyse 2 moi
Michel Gribinski
- Autrement
- Revue Le Fait De L'analyse
- 12 Janvier 1998
- 9782862607061
Le moi, chargé des intérêts de ma personne par Freud après la Grande Guerre, semble m'avoir quelque peu perdu de vue. Il devait être mon médiateur entre ce qui me pousse et ce qui m'échappe, il devait me protéger du déplaisir, c'était un lien entre conscient et inconscient. Or ce médiateur n'a presque pas d'autonomie, ce défenseur n'a rien trouvé de mieux que l'angoisse pour me préserver et, quand il me sert de lien, il est parfois si compulsif qu'il en vient à me délier de la réalité. Tardivement, Freud l'a décrit comme l'auguste du cirque, puis comme une instance fissurée.
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La reproductionle fait de l'analyse 1
Michel Gribinski
- Autrement
- Revue Le Fait De L'analyse
- 12 Janvier 1998
- 9782862606224
La reproduction : d'un côté, la tyrannie du semblable, du trait pour trait, de l' "un" ; reproduire et conserver seraient la même tentative, mortelle, pour rejeter le compromis et son altération, le métissage et son inquiétude. De l'autre, une reproduction incertaine de son modèle, un objet qui est reproduit parce qu'il est inachevé et, dans le transfert l'épreuve paradoxale de la répétition de ce qui n'a pas eu lieu : en somme, une expérience dont l'événement est inédit et dont la pensée (toujours sexuelle ?) va vers le nouveau, pose la question de l'identité et du changement et rejoint l'énigme du vivant. Et puis, il y a l'art, la médecine, la langue, les paroles qui troublent jusqu'à la suspendre notre pensée de la reproduction, à "nous autres, hommes continuels".
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Le demon de l'interpretation
Michel Gribinski
- Autrement
- Revue Le Fait De L'analyse
- 6 Mars 1998
- 9782862607863
Interprète : Celui qui explique les mots d'une langue par les mots d'une autre langue (Le dictionnaire) L'urgente sollicitation de la vie contraint l'enfant à interpréter. Dans l'excitation ou dans la tristesse, il transforme en messages à lui adressés les signes énigmatiques qui semblent venir du dehors, et il tente de les accorder avec l'expérience intime, mais en quelque sorte étrangère, qui pousse du dedans. Inventeur animiste, il se fait l'interprète de ce qu'il ne peut nommer : sa sexualité. Ses théories sexuelles, produites par ses fausses interprétations, sont autant ses premières erreurs que les premiers dépositaires de sa vérité. Celui qu'un vrai démon presse, enflamme, domine, Ignore un tel supplice, il pense, il imagine (Le poète)
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Revue le fait de l'analyse n.7 les morts
Michel Gribinski
- Autrement
- Revue Le Fait De L'analyse
- 20 Octobre 1999
- 9782862609393
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La maladie chrétienne
Michel Gribinski
- Editions De L'Olivier
- Penser/rever
- 5 Avril 2007
- 9782879295879
Les idées religieuses sont pour Freud, en 1927, la « partie la plus importante » de l´« inventaire psychique d´une civilisation », en même temps que des illusions. Ces illusions sont parfois si contradictoires avec « ce que nous avons appris, avec tant de peine, sur la réalité de l´univers que l´on peut les comparer aux idées délirantes ». Dans la civilisation occidentale, l´inventaire psychique concerne les idées religieuses chrétiennes.
Contaminent-elles encore aujourd´hui, comme une maladie infectieuse - par Infektion, écrivait Freud - « institutions, lois et ordonnances culturelles », pourtant élaborées au nom de la Raison ?
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Que veut une femme ?
Michel Gribinski
- Editions De L'Olivier
- Penser/rever
- 18 Octobre 2007
- 9782879295893
Que les femmes tendent à occuper les hautes fonctions du pouvoir, ce n´est pas nouveau. La nouveauté, c´est qu´on attend aujourd´hui quelque chose d´elles parce que ce sont des femmes. Elles porteraient, sinon le sauveur, du moins l´idée de sauveur : de là viendrait, quand il existe, le sentiment d´évidence que seule une femme pourrait, éventuellement, ce qu´elle veut.
Mais une femme veut-elle quelque chose de spécifique ? Son mode de penser et les actions qui en découlent, est-ce une « chambre à soi », ou une pure invention des discours qu´hommes et femmes tiennent sur elle ?
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Qu'est ce qu'une place ?
Michel Gribinski
- Éditions de l'Olivier
- Penser/rever
- 10 Octobre 2013
- 9782823602876
Qu'est-ce qu'une place ? est une tentative d'illustrer et d'ouvrir la question que l'on se pose, plus particulièrement aujourd'hui, quand on vient demander l'aide du psychanalyste, mais aussi dans d'autres situations de la vie : l'impression de ne pas vraiment avoir sa place, de n'être "à sa place" nulle part, le sentiment d'être toujours plus ou moins à côté de soi, déplacé. La vie que l'on s'est construite pouvait même sembler réussie, mais on n'y est pas : le désir est ailleurs.
Où ? À quel endroit que l'on ne voit pas, à quelle place qu'il serait peut-être simple de prendre ? Mais qu'est-ce qu'une place ? Cet essai, plutôt que d'apporter des réponses didactiques, met le lecteur au contact de la question, la lui fait éprouver au moyen de récits où l'on entend l'auteur en personne, et qui répondent à un ordre discret mais précis. Différentes occurrences se succèdent et se font écho en effet, de la place de l'analysant pour l'analyste à celle du transfert pour les deux, mais aussi de la place très concrète d'un jeune homme anonyme dans les bras d'une prostituée à celle plus littéraire que des auteurs célèbres ont désiré occuper près de leur mère, et à d'autres situations encore où la question titre est là aussi mise au travail.
L'étrange fêlure qui fragilise toujours le sentiment d'être à sa propre place est finalement déplacée, et l'essai traite alors de l'étonnement qu'il y a d'être au contraire chez soi ailleurs, dans la nuit et le rêve, dans le souvenir, le passage du temps. Et du trouble qu'il y a de trouver sa place dans le seul temps réel qu'est le présent.
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La collection est dirigée par Jacques André et Jean Laplanche. Les ouvrages associent auteurs français et étrangers, car il devient indispensable pour enrichir le débat en psychanalyse, de franchir les barrières linguistiques et de refuser la transformation des théories en dogme.