Édition de l'auteur
La grande synthèse de Michel Winock sur la France de 1900-1914.
Forgée après la Première Guerre mondiale, l'expression Belle Epoque correspond-elle réellement aux années 1900-1914 qu'elle désigne ? Pour certains mémorialistes, la misère, le chômage, la dureté de la condition ouvrière et paysanne éloignent cette quinzaine d'années d'un mythique âge d'or. Elles s'éclairent pourtant de plusieurs aspects positifs : embellie économique, dernières splendeurs du franc germinal, essor de l'automobile, débuts de l'aviation, démarrage du cinématographe et, surtout, extraordinaire floraison artistique et musicale.
Avec son talent d'exposition et sa clarté habituels, Michel Winock montre l'authentique unité de cette époque, et en quoi elle constitue l'apogée de la Troisième République.
Georges Clemenceau fut l'homme aux quatre visages : le Tigre qui fait tomber les ministères, le dreyfusard qui mène pendant neuf ans le combat du droit et de la justice, le premier flic de France qui, trois ans durant, dirige d'une main de fer le ministère de l'Intérieur, enfin le Père la Victoire qui conduit le pays à l'armistice avec l'Allemagne. Ce radical, d'abord haï par la droite pour son anticléricalisme, puis par la gauche pour son sens de l'ordre et sa lutte contre le pacifisme, est un homme apparemment contradictoire, qui se définissait lui-même comme un mélange d'anarchiste et de conservateur . Du premier, il avait la passion de la liberté, la philosophie individualiste, le dégoût de la caserne collectiviste . Du second, l'amour de la patrie, le respect de la propriété, une certaine forme de pessimisme - celui de l'homme d'action - sur la nature humaine.
Michel Winock
"Je porte en moi la mélancolie des races barbares, avec ses instincts de migrations et ses dégoûts innés de la vie, qui leur faisait quitter leur pays, pour se quitter eux-mêmes." Flaubert Peut-on lâcher son siècle ? Le détester, oui, lui préférer une Antiquité imaginaire, certes, mais Flaubert est entraîné dans les tourbillons du temps. Son oeuvre portera cette double marque : le rêve carthaginois d'un monde flamboyant à jamais disparu et la peinture vengeresse du siècle de Monsieur Prudhomme et du pharmacien Homais. Michel Winock porte un regard d'historien sur cette vie tout entière vouée à la littérature.
Son dégoût proclamé de la vie, Flaubert ne l'a transcendé ni par l'expérience amoureuse, ni par la foi en Dieu, ni par quelque idéal politique, mais par la religion de l'Art, dont il fut un pèlerin absolu.
Cette histoire chronologique des intellectuels est moins une histoire des personnes, des idées, des oeuvres - mais elle est aussi tout cela - que le récit de leurs affrontements, de leurs amitiés ou de leurs haines.
à travers les années barrès, les années gide, les années sartre, on renoue avec la réalité - et la symbolique - des événements, on redécouvre la chair de ces hommes - grands acteurs ou personnages secondaires - qui ont tenté, par leurs idées, leurs manifestes ou leurs cris, d'agir sur leur époque.
Au-delà de leur vivante figure défile l'histoire du siècle, de l'affaire dreyfus, qui vit l'émergence du mot " intellectuel ", à la mort de sartre ou d'aron qui a paru sonner le glas pour les intellectuels.
Encore que michel winock en doute.
Il a refait la France par deux fois. En 1940, à la suite d'un désastre militaire qui laisse un pays exsangue, déchiré, déboussolé. C'est l'heure du rebelle qui refuse la défaite. Il est presque seul, armé d'une volonté inflexible et de la certitude que la Résistance reste l'unique horizon et la condition même d'un retour de la nation à elle-même. Il n'en doutera jamais. La France libre est d'abord une affaire de résolution, politique et morale, qu'il saura incarner comme personne.
Il refait la France encore en 1958, dans la bourrasque d'une guerre d'Algérie interminable dont on n'arrive plus à concevoir l'issue. C'est maintenant l'heure du restaurateur. Sur les décombres d'un régime décomposé, il crée, fort d'un large soutien politique, une nouvelle république.
Michel Winock revisite ces deux moments où la France se trouve sommée de se réinventer.
Il mesure le rôle que peuvent exercer les individus dans les infléchissements de l'histoire. Il interroge également le portrait d'un homme qui conjugue sans fard un audacieux esprit de réforme avec une notion aigue de la continuité historique de la nation. Il lui est arrivé de prendre quelque licence avec la légalité, mais sans relâcher son attachement à la démocratie, seul fondement légitime d'un pouvoir enraciné dans la volonté populaire.
Comme d'autres grands hommes, le portrait de Charles de Gaulle paraît aujourd'hui irréductible à nos assimilations partisanes. Un demi-siècle après sa mort, il a fini par incarner ce qui nous unit encore.
Été 1944 : La 2e DB entre dans Paris, ouvrant le sacre républicain de Charles de Gaulle aux Champs-Élysées. Un vent d'espoir se lève, appelant à l'édification d'un nouveau régime et d'une nouvelle société. Trois ans plus tard cet espoir a été brisé. La guerre froide acte une nouvelle partition du monde tandis que la IVe république naissante reproduit l'instabilité de la IIIe et l'éternel retour des partis. Chroniqueur inspiré de cette période oubliée, alors qu'elle s'avère d'une richesse inouie, Michel Winock a choisi de la raconter au moyen d'une vingtaine de chapitres couvrant non seulement les grands événements politiques mais aussi culturels, judiciaires et sportifs afin d'offrir un tableau global porté par un rare bonheur d'écriture.
Le lecteur voyage ainsi de la Libération à l'épopée de l'Exodus en passant notamment par l'épuration, la crise coloniale, le départ de De Gaulle et la naissance du RPF, la position centrale du PCF et les grandes grêves de 1947, mais aussi le tribunal de Nuremberg et le procès Petiot, Sartre et Camus, la loi Marthe Richard, le premier festival de Cannes et le grand retour du Tour de France. Une enquête historique qui interroge sur le Mystère français, ses sempiternelles divisions jurant avec son idéal universaliste et sa capacité immuable à se relever des épreuves.
Une étude de l'extrême droite dans tous ses états : royaliste, contre-révolutionnaire, nationale-populiste, antidreyfusarde, antisémite, ligueuse, maurrassienne, fasciste, pétainiste, collaborationniste, poujadiste, lepéniste.
C'est d'une longue tradition française, qui plonge ses racines dans la Révolution de 1789 et s'épanouit contre toutes les modernités, que traitent ici sept spécialistes - historiens et politologues -, appliqués à retracer les continuités du phénomène autant qu'à en marquer la nouveauté à chacune de ses étapes.
Sous la direction de Michel Winock. Avec les contributions de Jean-Pierre Azéma, Pierre Birnbaum, Pierre Milza, Pascal Perrineau, Christophe Prochasson, Jean-Pierre Rioux, Michel Winock.
Nouvelle édition mise à jour.
Trois thèmes principaux font l'objet de ce livre, qui pourrait aussi s'intituler : le Moi national et ses maladies. D'abord le nationalisme - ou plutôt les nationalismes, car le mot peut recevoir plusieurs définitions : le nationalisme ouvert, issu de la philosophie des Lumières et des souvenirs de la Révolution, et le nationalisme fermé, fondé sur une vision pessimiste de l'histoire, l'idée de la décadence et l'obsession de l'identité.
Ensuite, l'exploration des imaginaires et des mythes de l'extrême droite, voire de ses délires quand il s'agit de l'antisémitisme.
Enfin, le bonapartisme et le fascisme sur lesquels une historiographie récente est revenue.
Auteur d'une oeuvre gigantesque, Victor Hugo fait corps avec l'histoire du XIXe siècle qui l'a vu naître en 1802 et mourir en 1885. À lui seul, il en est un résumé des désastres et des espérances.
Michel Winock dessine le portrait d'un homme aussi complexe que fascinant. Servi par une plume fluide, il nous retrace sa carrière d'écrivain, ses amours, sa famille, ses campagnes pour la justice, son combat contre la peine de mort, son exil, sa ferveur pour Napoléon Ier et sa colère contre Napoléon III, ses relations avec l'invisible... Un tableau passionnant qui éclaire de l'intérieur la conception du monde de cet homme-siècle qu'on ne cesse de redécouvrir.
La république française a longtemps fait figure de régime politique original dans le concert des etats européens.
Elle le demeure encore largement malgré de récentes évolutions. cet ouvrage analyse l'élaboration du régime républicain, enraciné dans l'héritage des lumières et de la révolution, tel qu'il s'est constitué à la fin du xixe siècle. il passe en revue les résistances auxquelles il s'est heurté, ainsi que les forces et les idéologies qui ont voulu le " dépasser ". enfin, il dégage les conditions et suit les métamorphoses qui ont entraîné l'avènement d'une nouvelle république.
La plupart des chapitres de ce livre sont tirés d'articles déjà publiés, principalement dans l'histoire.
Germaine de Staël est aujourd'hui une illustre inconnue. Pourtant elle a côtoyé toute l'Europe des Lumières, exaspéré Napoléon par sa lucidité politique, connu la gloire littéraire à Vienne à Rome et à Londres, fait chavirer les coeurs, de Benjamin Constant au prince de Prusse, en passant par les jeunes hussards. C'est cette vie à bride abattue que Michel Winock dépeint ici avec bonheur, dans un récit troussé comme un film d'aventures. Celui-ci commence sur les genoux du grand Necker, son père, banquier puis ministre de la dernière chance de Louis XVI, et dans le salon de sa mère, où vient tout ce qui passe pour avoir de l'esprit à Paris. Sur fond de Révolution et de Restauration, d'exil en exil, on y verra Madame de Staël devenir une tête politique, une femme du monde, une amoureuse tourmentée, la romancière qui écrivit Corinne et, finalement, l'archétype de la femme romantique.
Voici un Flaubert par lui-même et ses proches grâce à Michel Winock. Il nous montre d'où vient son exécration de son siècle qui ressemble souvent à une aversion pour l'existence elle-même et sa quête passionnée d'une transcendance qui se révèle très tôt celle de l'Art.
On sait énormément de choses sur Flaubert, grâce à ses écrits de jeunesse, sa Correspondance, et aussi sur son travail, dont il a conservé les traces, des scénarios aux brouillons. Il faut un connaisseur comme Michel Winock qui lui a déjà consacré une biographie magistrale pour ordonner un ouvrage à base de citations. Il met au jour les thèmes récurrents dans son oeuvre, trie, classe, élague et ouvre des pistes auxquelles on n'aurait pas pensé. Il parle des lieux (Rouen) où, fils d'un médecin en vue, Flaubert a vu le jour en 1821 ; Croisset, sa thébaïde des bords de Seine où, épuisé de travail, il est mort foudroyé par une hémorragie cérébrale cinquante-neuf ans plus tard), et tout autant de ses amis (Sand, Tourgueniev...), de ses amours (aucunes ne lui réussirent vraiment), de ses tourments financiers et des anathèmes dont il accablait les "bourgeois" et ses éditeurs.
« Tenir un journal c'est faire l'aveu de sa subjectivité. Je m'efforce d'écrire selon ma raison, mais je ne puis échapper aux effets du sentiment et de l'émotion. Ce qui explique aussi la variabilité de mes affirmations, de mes jugements. Je ne cherche pas à démontrer, j'essaie de comprendre avec les outils, limités, dont je dispose.
Nous voilà de plain-pied dans le XXIe siècle. Celui que nous quittons aura été, entre tous, un siècle tragique : guerres mondiales, génocides, conflits coloniaux...
En 1991, quand le rideau de fer de la Guerre froide est définitivement tombé, on a cru aux jours meilleurs. L'effondrement des tours de Manhattan, le 11 septembre 2001, nous a définitivement désillusionnés. En France, l'arrivée du national-populiste Le Pen au second tour de l'élection présidentielle a chargé notre horizon de noirs nuages. Quel bonheur individuel reste possible dans une Histoire toujours abreuvée de sang et de larmes ? ».
M.W.
«Prince de l'ambiguïté», personnalité ondoyante, maître de l'équivoque, François Mitterrand a souvent déconcerté ses contemporains : vichyste et résistant, homme de droite devenu chef de la gauche, anticommuniste allié aux communistes, dénonciateur de la Ve République dont il finit par incarner comme personne les formes et les usages les plus discutables. Cet homme doublement enraciné dans sa Saintonge natale et dans son fief du Nivernais, aussi féru de littérature et d'histoire que de politique, sut cultiver le secret, dérouter ses partisans et se montrer un jouteur de première force, combatif mais patient, stratège jamais découragé par l'échec.
Chez Mitterrand, le privé et le public paraissent si intimement noués que l'un n'est intelligible qu'à la lumière de l'autre. Michel Winock les met en miroir pour explorer la vérité d'un enfant du siècle, qui a traversé les époques, les milieux et les idées sans jamais en renier aucun.
Devenu Président, François Mitterrand a marqué en profondeur la vie politique française. Figure originale d'un monarque de gauche, il réussit à imposer l'alternance et, par là, à consolider la Constitution. S'il échoue à réaliser les espérances socialistes, il ouvre à la France le nouvel horizon de la construction européenne.
Dans la maladie, cet épicurien fit preuve jusqu'à la fin d'un stoïcisme digne d'admiration. Honni ou adulé, il reste un grand homme politique du XXe siècle. Complexe, séduisant, attachant, détesté, il a suscité des fidélités inconditionnelles et des rancunes indélébiles. Plus on le découvre et plus on mesure ce qu'il a d'insaisissable.
«En avançant dans notre obscur voyage», comme dit le vers de Lamartine, le temps transforme nos paysages familiers, si bien qu'à la longue on finit par se demander ce qui reste de nos jours anciens. Le vent des années siffle sur nos vies. Tout change, tout se métamorphose et nos souvenirs en miettes deviennent les traces d'un autre monde. C'est cet écart entre aujourd'hui et le monde d'hier que j'ai voulu franchir.Ce livre s'ouvre sur une époque quasi oubliée, comme un village submergé par la construction d'un barrage. Je ne relate pas mes jeunes années dans l'illusion d'un paradis perdu. Je ne veux donner ici ni à admirer un autrefois qui n'est plus ni à en réprouver les travers.J'invite simplement à la découverte d'un passé disparu mais qui nous parle encore.Le temps de mon enfance et de mon adolescence c'est celui de l'après-guerre et de la IV? République, les années précédant tout juste les «Trente Glorieuses». Des fils qui traversent ce récit on pourrait retenir la méritocratie scolaire et le rayonnement de l'héritage républicain, des moeurs surannées, la prégnance encore de la religion, l'optimisme et l'énergie d'une génération issue de la Seconde Guerre mondiale et, pour moi, une précoce passion politique.Sans vouloir rien démontrer, j'ai raclé mon violon sur mes photos sépia.Michel Winock
Le socialisme a fait sa première véritable percée électorale en France en 1893. Un siècle plus tard, ses objectifs n'ont été atteints nulle part. Pourtant, le XXe siècle est profondément marqué par lui et par le communisme, qui en a été la variante grandiose et tragique.
L'auteur présente ici, successivement, un essai de synthèse sur cette histoire, en s'efforçant d'analyser la nature multiple d'un mouvement autant que d'en repérer les principales étapes, et un recueil d'études plus spécialisées sur le socialisme français - ce qui est mort et ce qui survit à de grandes espérances.
La tragédie algérienne a été la malédiction de la IVe République. C'est à Alger, le 13 mai 1958, que s'enclenche l'engrenage qui finira par emporter ce régime issu d'une guerre et défait par une autre. Son agonie n'aura duré que trois semaines.
Ce livre met au jour les protagonistes, les paroles, les arrière-pensées, les enjeux, les intrigues, les flottements, les audaces et les lâchetés qui rythment l'embrasement de ces quelques semaines haletantes. Il retrace la chaîne des événements et des affrontements, qui s'étend de l'insurrection d'Alger au retour du général de Gaulle au pouvoir. Il sonde, ce faisant, la profondeur des dissensions qui déchirent les Français jusqu'à menacer le tissu national.
Michel Winock s'interroge sur l'incurable vulnérabilité d'une République, créatrice pourtant, en maints domaines, d'un véritable «miracle français». Ce n'est pas seulement à l'épreuve du conflit algérien que se meurt la IVe, c'est aussi en raison des tares intrinsèques d'un système politique réduit à l'impuissance et, par là même, discrédité.
Les faiblesses de ce régime, honni par l'élite militaire, entraînent l'intervention de l'armée dans la vie politique, pour la première fois depuis plus d'un siècle : c'est sous la menace des armes que se décidera l'issue de la crise, par le recours, une fois encore, à un homme providentiel.
" Je ne crois pas qu'il y ait plus de haine aujourd'hui chez nous qu'au bon vieux temps. La guerre civile y a été froide ou chaude selon les époques, mais perpétuelle. " Ainsi s'exprimait François Mauriac, en 1968, au plus fort d'une nouvelle convulsion politique dont la France a la spécialité. A travers les grandes crises, décrites l'une après l'autre, l'auteur s'interroge sur cette permanence, mais aussi sur les chances, désormais entrevues, d'une vie politique pacifiée : les Français sauront-ils enfin vivre ensemble ?
De 1791 - l'année de leur émancipation par l'Assemblée nationale - jusqu'aux troubles du nouvel antisémitisme des années 2000, les juifs ont connu en France des relations contrastées avec l'État et la société globale. Cet ouvrage a pour objet l'étude de ces relations, tantôt heureuses, tantôt néfastes : souvent silencieuses et indifférentes, parfois dramatiques.
À cette fin, il revisite des épisodes majeurs de l'histoire nationale (l'affaire Dreyfus, les lois antisémites dans la France de Vichy, les répercussions dans l'Hexagone de la guerre des Six Jours). Il met en perspective des débats récents et moins récents (le cas Jean-Paul Sartre, l'affaire Faurisson et le négationnisme). Il éclaire également d'un jour nouveau des aspects plus méconnus de cette histoire (le statut des juifs d'Algérie, par exemple) et analyse la complexité du « grand malaise des années 2000 ».
« La France est-elle antisémite ? » C'est aussi à cette question surgie de l'actualité que ce livre veut répondre.
Ce livre a obtenu le prix Montaigne 2005.
Les dernières années du XIXe siècle voient triompher la République. Une ère nouvelle commence. À Paris, les expositions universelles de 1889 et de 1900 donnent la mesure du progrès technique et industriel du pays. Mais la victoire des républicains et l'apothéose d'une nouvelle civilisation, urbaine, technique, matérialiste font naître un sentiment profond de décadence. Le mot court comme une traînée de poudre, répété par les intellectuels et repris dans les discours des premiers chantres du nationalisme. Hugo est mort. Barrès est né.
Écrivains, publicistes, journalistes rivalisent de pessimisme sur les temps modernes appauvris par la déchristianisation et hantés par la menace révolutionnaire en ces années de misère sociale. On dénonce les progrès de la société démocratique, que le naturalisme dans les romans a dépeinte dans toute son abjection. Resurgit alors le goût pour le morbide, les sciences occultes, l'érotisme faisandé, le satanisme... Voici venu l'époque des imprécateurs qui haïssent le siècle et annoncent la fin des temps. Décadence! Ce mot-là est associé en effet à la conviction séculaire, théologique, du grand coup de balai qui jettera le monde dans un abîme apocalyptique, d'où l'on espère voir sortir la régénérescence de l'humanité.
Dans cet ouvrage arborescent, Michel Winock explore les peurs, les angoisses, les découragements qui, sous le signe de la décadence, se révèlent également la source féconde d'un renouvellement littéraire et artistique, illustré par de grands auteurs, Barbey d'Aurevilly, Huysmans, Léon Bloy, Octave Mirbeau, Mallarmé, Georges Darien, Pierre Louÿs... La décadence représente aussi bien un état d'esprit et une disposition de l'âme qu'une esthétique.
michel winock, professeur émérite à sciences-po paris, a notamment publié l'histoire de l'extrême droite; 13 mai 1958: l'agonie de la ive république ; le siècle des intellectuels; 1789, l'année sans pareille ; la france et les juifs, de 1789 à nos jours.
Un livre d'histoire écrit comme un roman vrai.
Telle est la gageure tenue par Michel Winock qui, dans cette fresque d'une année exceptionnelle, mêle les souvenirs des acteurs et les réflexions des historiens. On y découvre ainsi Adrien Duquesnoy, héros méconnu de 1789 et interprète de nos interrogations sur la Révolution en marche.
En quarante chapitres conçus comme autant d'épisodes, le lecteur parcourt le film d'une longue année. Tantôt il reste bouche bée sous la verve d'un Mirabeau, ou bien il vit, heure par heure, la prise de la Bastille ou la nuit du 4 août. Enfin, dans de savoureux clins d'oeil à notre époque, Michel Winock n'oublie ni la naissance des départements, ni le début de l'affrontement entre la droite et la gauche, ni surtout les éternelles querelles sur le droit de chasse ou les impôts.