"Morphine" de Mikhaïl Boulgakov (1891-1940), l'auteur de "Maître et Marguerite", raconte la progressive intoxication par la morphine d'un médecin qui finit par se suicider. Une narration si réaliste qu'on ne peut s'empêcher de penser que l'auteur n'était pas un simple observateur. Effectivement, ce récit relate très précisément son épisode de morphinomanie en 1917 quand Boulgakov, de retour du front, fut muté comme médecin de campagne près de Smolensk.
Journal intime du double de l'auteur, "Morphine" est bien le joyau noir d'une oeuvre unique, tardivement reconnue.
Mikhaïl Boulgakov, l'auteur du Maître et Marguerite et Un coeur de chien a toujours été fasciné par la figure du diable, lequel, plus qu'un calomniateur, est un véritable accusateur, un farceur qui fait voler en éclats le glacis soviétique. Il y a des époques où tout se paye. Plus aucun de ses textes ne fut publié après 1928. Il mourut en 1940, oublié de ses contemporains, émigrant de l'intérieur.