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" Il est parti, comme un oiseau qu'on pousse en avant, chassé par son père, chassé par Maryem, emportant sa prière sous son aile : vite, fais vite.
Son premier voyage en train. Il avait dix-neuf ans. Il est mort dix-neuf ans plus tard et il a pris huit fois le train. Ce jour-là, des lignes de paysans rayaient les champs. On moissonnait l'orge. Il est mort dix-neuf ans plus tard, et chantait la même saison, la saison de l'orge. Il s'appelle Yitzhok Gersztenfeld. Son père disait qu'il portait bien le nom de la famille parce que Gersztenfeld signifie champ d'orge et que ses cheveux étaient d'un blond presque blanc, comme l'orge mûre.
Ma couronne. Itsik. Prends au moins un petit châle, chantait sa mère. " Pascale Roze trace le destin d'un jeune juif polonais, arrivé en France dans les années vingt. Elle restitue ses efforts et ses réussites avant qu'il ne soit convoqué par les autorités françaises en 1941. Emmené au camp de Pithiviers, il sera confronté à l'histoire.
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« Au cap Saint-Jacques, elle embarqua sur un bâtiment de transport de troupes pour remonter la rivière de Saigon. On entrait dans les terres, on touchait au but. À l'avant du bateau, conquérante, elle scrutait le paysage, un médiocre paysage, très plat, des mangroves pleines de palétuviers, puis des rizières à l'infini dans lesquelles travaillaient des Annamites sous leur chapeau pointu, et des buffles gris et maigres. La rivière n'en finit pas de dérouler ses méandres. Enfin le quai des Messageries. Une fanfare militaire les accueille, qui lui donne des frissons au coeur. Mais ce qui l'envahit avant même de descendre à terre, c'est l'odeur. L'odeur de Saigon, ce mélange lourd de vase, de sucre, d'épices, de saumure. »
Avec pudeur et sensibilité, Pascale Roze brosse le portrait de Laurence Bertilleux, une jeune femme de vingt-cinq ans qui va vivre en Indochine les débuts de la guerre. Avec L'eau rouge, elle livre un roman d'apprentissage beau et grave, et une réflexion sur le temps qui passe et le devoir de mémoire.
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Un bruit. Harcelant. Jusqu'à la folie. Le bruit de l'avion kamikaze qui, un jour d'avril 1945, a semé la mort sur le porte-avions Maryland, à Okinawa.
Ce bruit, Laura Carlson en souffre comme elle souffre de ne pas avoir connu son père. Le vrombissement du chasseur Zéro la poursuit jour et nuit. Ses études brillantes, l'amour de Bruno, rien ne l'apaise. Le chasseur Zéro ne lâche jamais sa proie... Orpheline d'un étranger mythique, la jeune Laura ira jusqu'au bout du secret qui a changé sa vie. -
1999. Odile Mourtier, figure de l'industrie gantière de Millau, a traversé une grande partie du XXe siècle. Sans enfant, elle a investi une partie de son capital dans la création d'une fondation musicale. Avant de mourir, elle désire risquer sa fortune : Amazouz, un petit garçon recueilli par son grand-père, officier engagé dans la pacification du Maroc, lui revient alors en mémoire.
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La lecture enrichit la vie comme la vie enrichit la lecture, c'est à cet art de lire qu'Hélène Bourguignon exerce ses étudiants de Sciences-po. Lire pour découvrir les expériences fondamentales à travers Buzzati, Tchékov, Reza.
Chaque cours est un défi recommencé, d'une semaine à l'autre il se passe toujours quelque chose. Un souvenir, une émotion, une réaction et tout déraille dans la vie si organisée d'Hélène Bourguignon. Elle a perdu son mari, mais elle n'a perdu ni sa sensibilité ni sa fantaisie. Lorsqu'elle répond aux questions de ses étudiants, lorsqu'elle accepte une invitation à dîner, le présent est là, dans son intensité.
Et cette joie de vivre chaque instant pleinement devient communicative. Bientôt le lecteur aimerait croiser cette femme, marchant boulevard Pereire, ou bouquinant dans le transat du jardin de son immeuble, car elle est libre. Elle est libre d'entendre ce qu'un personnage de Tchekhov éprouve, comme elle est libre d'écouter les propositions d'un homme. Et de croire à un nouveau départ.
Un roman tour à tour émouvant, cocasse, et intime. Pascale Roze suit le regard de cette femme solitaire et lumineuse pour évoquer des lieux, Paris, la Bourgogne, la Corse ; jusqu'au finale, qui esquisse la possibilité d'une seconde jeunesse.
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Les hauts-fourneaux sont éteints. L'usine rouille. La vallée se meurt, la Cité, le Château. Jean Pavelsld et Paulina Barheim s'aiment d'un amour étrange sous le signe de la disparition du feu et de l'acier. À moins qu'il ne s'agisse d'un rêve. À moins qu'il suffise d'un Chinois pour souffler sur la rouille. Un récit dense qui gomme les frontières entre réel et imaginaire et où l'on retrouve l'écriture aiguë, le rythme impératif, l'émotion et la violence contenues qui ont valu le prix Goncourt au Chasseur Zéro.
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Deux soeurs.
L'une, enseignante, ne vit que pour son métier, l'autre n'a qu'une passion : sa maison de campagne et son jardin qu'elle entretient avec un soin maniaque. Entre elles, un secret et un gouffre. Un affrontement dont la maison est le puissant révélateur. Prix Goncourt et prix du Premier Roman 1996 pour Le Chasseur Zéro, Pascale Roze poursuit une oeuvre singulière où le vertige du temps, l'impossible confidence de soi, les peurs que l'on peine à apprivoiser forment la trame musicale, grave et légère, intense et dépouillée.
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« Beaucoup d'écrivains ont parlé de la joie, mais comme l'illumination d'un instant destiné à s'évanouir ou déjà derrière eux. La pensée respire mieux dans la cage du désespoir, elle ne s'en échappe que pour y revenir en vitesse, peut-être par confort d'habitude. Il m'a fallu lire Horace, remonter à l'Antiquité pour trouver sous la poussière des siècles une écriture qui s'attache à communiquer le bonheur de vivre, non plus solitaire, non plus séparé, non plus mystique mais communautaire. Non plus exceptionnel mais quotidien. Une écriture qui non seulement justifie le bonheur par une philosophie, mais où l'auteur se livre lui-même en tant qu'objet, en tant qu'exemple. Horace fait du bonheur de vivre le métier de vivre et le métier d'écrire. Il soulève mon émotion, ma reconnaissance. J'ai besoin de lui. J'ai voulu de toutes mes forces le comprendre. »
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Les Deslorgeux, industriels rouennais qui tirent leur gloire de la fabrication de la popeline, perdent sur trois générations argent, certitude, pouvoir. Ne reste d'eux qu'une petite Lorette, vivant quelque part dans le monde. La Seconde Guerre mondiale, la montée en puissance du tiers-monde peuvent expliquer le déclin de cette famille, mais aussi le besoin d'échapper à son destin, de rester fidèle à ses principes envers et contre tout, de desserrer un coeur que la morale bourgeoise, catholique et provinciale contraint si durement.Le récit se noue autour de la rivalité de deux frères. L'un s'évade d'un camp disciplinaire pendant la guerre, et refuse d'en parler, tandis que l'autre échappe à la dureté des combats et se réfugie dans la peinture. L'un se marie, a des enfants, mais s'enferme sa vie durant dans le silence. C'est lui qui dirigera l'entreprise familiale. L'autre, qui a vu celle qu'il aimait épouser son frère, n'a pas de descendance.
C'est donc le dernier des fils de cette famille qui prend la parole. Au fil de son récit où se reconstituent les événements passés surgissent des questions essentielles et douloureuses : qu'est-ce qu'une vie réussie ? Comment vivre « sa » vie ? Que reçoit-on en héritage ? -
« J'ai voulu que les éléments de ma vie trouvent place dans ce recueil sous forme d'histoires : l'enfance marine, le théâtre, l'Indochine, le couple, la maladie et la mort, mais aussi ma joie et ma confiance. Que les mélodies se répondent en mode majeur ou mineur, comme dans un album de chansons. » P. R.
Pascale Roze propose de subtiles variations sur l'amour à travers dix-huit nouvelles rythmées par la lutte d'un couple contre la maladie. Le corps y danse autant qu'il s'épuise, s'éprend, vibre, se désespère, se souvient. On y découvre un homme en attente d'une greffe du coeur ; une femme nageant en plein océan pour gagner sa liberté ; un poète et un séducteur délicat ; un sphinx des peupliers ; le petit-fils d'un empereur d'Annam. Nouvelle après nouvelle, se déploie un monde chatoyant dont l'écriture s'attache à trouver l'harmonie. -