Filtrer
Support
Éditeurs
Prix
Belles Lettres
-
Le monde d'hier ; souvenirs d'un européen
Stefan Zweig
- Belles Lettres
- Le Gout Des Idees
- 11 Avril 2013
- 9782251200347
« En ma qualité d'Autrichien, de Juif, d'écrivain, d'humaniste et de pacifiste, je me suis toujours trouvé présent là où les secousses sismiques se produisent avec le plus de violences (...) Né en 1881 dans un grand et puissant empire (...), il m'a fallu le quitter comme un criminel. Mon oeuvre littéraire, dans sa langue originale, a été réduite en cendres. Étranger partout, l'Europe est perdue pour moi... J'ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison (...). Cette pestilence des pestilences, le nationalisme, a empoisonné la fleur de notre culture européenne.».
Lorsque, en 1941, réfugié au Brésil, Stefan Zweig rédige Le monde d'hier, il a déjà décidé de mettre fin à ses jours. « Parlez, ô vous, mes souvenirs et rendez au moins un reflet de ma vie avant qu'elle ne sombre dans les ténèbres.».
Chroniqueur de l'«Âge d'or» de l'Europe, il évoque avec bonheur sa vie de bourgeois privilégié, celle de ceux qui furent ses amis: Arthur Schnitzler, Hugo von Hofmannsthal, Rainer Maria Rilke, Romain Rolland, Paul Valéry... Mais, analyste de l'échec d'une civilisation, il s'accuse d'avoir, peu soucieux des réalités sociales et économiques, assisté, aveugle, à la montée des périls.
Le monde d'hier: le chef-d'oeuvre de Stefan Zweig et l'un des plus grands livres-témoignages de notre époque.
Ami de Freud, d'Arthur Schnitzler et Richard Strauss Stefan Zweig (Vienne 1881- Petropolis 1942) fit partie de la fine fleur de l'intelligentsia juive de la capitale autrichienne avant de quitter son pays natal en 1934 sous la pression fasciste. Réfugié à Londres il y poursuit une oeuvre de biographe (Fouché, Marie Antoinette, Marie Stuart) et surtout d'auteur de romans et nouvelles qui ont conservé leur attrait près d'un siècle plus tard (Amok, La pitié dangereuse, La confusion des sentiments). C'est au Brésil qu'il se suicide en 1942, au lendemain du jour où il avai expédié le manuscrit du Monde d'hier à son éditeur.
-
Pour Marie-Antoinette (1932) Zweig avait réuni une abondante documentation. Il fournit le même travail préparatoire lorsqu'il reconstitue le conflit qui, dans Marie Stuart (1935), oppose la reine d'Écosse à Élisabeth Ire d'Angleterre. Lecteur assidu mais critique de Freud, l'écrivain explore la psychologie de ses héroïnes. Certaines de ses remarques peuvent de nos jours paraître entachées de préjugés. Elles contribuent toutefois à la compréhension en situation d'une lutte acharnée entre deux femmes au corps en proie au désir et condamné au vieillissement. Princesses proches par le sang et le rang, soeurs qui jamais ne se rencontrent, Marie et Élisabeth sont liées par une inextricable communauté de destin.
La supériorité d'Élisabeth, politique calculatrice, sur une Marie spontanée et prompte à s'enflammer comme à se résigner, éclate au dénouement de ce qui se veut, par sa forme, son intensité et ses péripéties en cascade, un moment historique dramatique. Pour caractériser ses personnages, Zweig use du terme technique de dramatis personae. Le fait que l'affrontement se situe au xvie siècle lui permet de tracer des parallèles ponctuels avec Macbeth, Le Roi Lear, Hamlet. Ce siècle anglo-écossais tout de fureur « barbare », confère à la guerre des reines une dimension collective où la religion joue son rôle : la Réforme résiste à la Contre-Réforme, l'Angleterre fait pièce à la France et à l'Espagne. En ce moment où l'histoire bascule, la condamnation de Marie, dont la tête tombe sous la hache du bourreau, donne au drame une coloration indubitablement tragique. -
Joseph Fouché, portrait d'un homme politique
Stefan Zweig
- Belles Lettres
- Bibliotheque Allemande
- 8 Octobre 2021
- 9782251452227
Traduction nouvelle intégrale.
Le Fouché (1929) de Stefan Zweig occupe une place à part dans la série des Vies. L'ouvrage a pour cadre la France de la Révolution et de l'Empire. L'existence de celui qui fut associé à la Terreur, au règne napoléonien et à la Restauration comme « massacreur » et policier impitoyable n'est comparable à aucune autre.
À bonne distance de la perspective universitaire illustrée par Louis Madelin (1901), Zweig s'est attaché à retracer la genèse psychologique d'une personnalité dont la cuirasse construite dans les épreuves et les humiliations fait obstacle à tout sentiment de sympathie de la part du lecteur.
Chronologique, le récit est découpé en une suite de neuf chapitres. Son trait spécifique est une exceptionnelle intensité dramatique. Les face-à-face de Fouché avec Robespierre jusqu'à Thermidor puis avec un Napoléon dérivant vers la tyrannie avant d'être entraîné dans une chute inexorable, théâtralisent les moments clés d'une histoire aux retournements inattendus. Ces instants où opportunisme, conquête et volonté de conservation amorales du pouvoir se mêlent inexorablement, sont, aux yeux de Zweig, l'image désespérante du temps présent.
Le succès de Stefan Zweig auprès du public français ne se dément pas. Son exploration des mouvements de l'âme continue de fasciner tout comme séduit l'élégance stylistique de ce Viennois cosmopolite. La fiction toutefois n'est pas seule à nourrir son art du récit. L'histoire elle aussi n'a cessé de le requérir.
La suite de ses biographies non romancées (les Vies) découvre un agencement virtuose du matériau légué par les historiens. Tous ces textes donnent à voir un artiste que son refus de l'engagement militant rend paradoxalement plus sensible aux menaces qui pèsent sur les sociétés européennes de son temps.
Nouveauté dans le choix du protagoniste : Fouché, dont il est question dans ce volume, est aux antipodes des hautes figures positives incarnées par Érasme et Castellion dont « le ministre de toutes les polices » est l'absolue face noire. L'humanisme zweigien se lit cette fois par contraste.
Pour autant, il ne perd rien de sa force.
-
Les essais, textes de conférence ici réunis datent pour l'essentiel des années 1920, jusqu'au départ pour l'exil, en 1934. C'est une période où Zweig connaît la célébrité à travers une production abondante, parcourt l'Europe en répondant à de multiples invitations, et en même temps une période de profonde désillusion, où l'écrivain se sent de plus en plus étranger au monde qui l'entoure, sur le plan politique, avec l'effacement de l'utopie européenne, la défiance face à l'idée d'un progrès de l'Histoire, et culturel, avec l'effacement de l'individu sous le poids du collectif. Un premier volet rassemble les écrits relevant de « la critique du temps » avec, en seconde partie, une sorte d'alternative offerte par la littérature et la fréquentation des grandes oeuvres (Tolstoï, Proust, Romain Rolland, Rilke, Hesse, Thomas Mann...). Mais ce recours - l'accès au monde par et à travers le livre -, comme on sait, ne retiendra pas l'écrivain lui-même, en 1942, lorsque le hiatus lui deviendra trop insupportable, « de préférer, comme il l'écrit, mettre fin à une vie pour laquelle le travail intellectuel a toujours représenté la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême sur cette terre ». Le présent volume, dans sa composition, épouse ainsi au plus près « l'optimisme du désespoir » propre à Stefan Zweig
-
L'amour inquiet : correspondance (1912-1942)
Stefan Zweig, Friderike Zweig
- Belles Lettres
- Domaine Etranger
- 7 Octobre 2022
- 9782251453477
Au début de l'année 1920, Friderike von Winternitz, une jeune et talentueuse romancière, devient l'épouse de Stefan Zweig, qu'elle connaît depuis 1912. C'est en femme résolue, aimante et « forte », comme elle le dit dans une des lettres qui précèdent leur mariage, qu'elle décide de l'assister dans sa vocation littéraire, mettant de côté sa propre carrière.
Jusqu'au début de l'année 1934, le couple et leurs filles vivent à Salzbourg puis leurs chemins se séparent : Stefan part vivre à Londres, où il tombe amoureux de sa secrétaire Lotte Altmann, tandis que Friderike reste en Allemagne. Après l'Anschluss, en 1938, le romancier divorce de Friderike, et au début de la guerre, se marie avec Lotte. Il n'en poursuit pas moins, jusqu'à son suicide à Rio en 1942, sa correspondance avec Friderike, lui confiant ses derniers tourments.
Au fil de cette abondante correspondance, la passion se mue en estime affectueuse. On y suit l'écrivain, de l'univers en décomposition du Monde d'hier, lieu de ses succès de jeunesse (cette Mitteleuropa dont il gardera toujours la nostalgie), aux années d'errance à travers une Europe ravagée par la barbarie nazie. La dernière lettre de Zweig à Friderike est écrite quelques heures avant son suicide : « Je suis certain que tu verras des temps meilleurs et tu me donneras raison de n'avoir pas pu attendre plus longtemps avec ma bile noire. » -
Stefan Zweig, génie de la nouvelle psychologique (Amok, 1922 ; Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme, 1925 ; Le Joueur d'échecs, 1942, etc...) est entré tôt en dialogue avec le fondateur de la psychanalyse. Dans l'essai qu'il lui consacre en 1931, il trace de lui un portrait particulièrement vivant. Nourri des multiples entretiens qu'eurent les deux hommes, ce texte s'enracine dans la « conception intuitive » qu'avait Zweig de cette nouvelle discipline.
L'auteur du Monde d'hier ne fut pas un freudien « de stricte observance ». À l'instar de Freud lui-même, il craignait l'utilisation de la méthode par des « mains maladroites ». Mais surtout l'hommage sincère qu'il rend à une figure à ses yeux incomparable allait de pair avec une prise de distance sur des points importants. Les impulsions reçues comme les convergences mises au jour se doublent ainsi du souci de sauvegarder l'autonomie de sa vision et celle de la création littéraire.
À bonne distance des thuriféraires et des renégats, Zweig nous a laissé une présentation exceptionnelle de l'homme Freud, des grands motifs, révolutionnaires, qui structurent ses écrits, de l'évolution de son oeuvre, de Vienne à l'exil londonien. -
Marie-Antoinette : portrait d'une personne ordinaire
Stefan Zweig
- Belles Lettres
- Bibliotheque Allemande
- 15 Septembre 2023
- 9782251454696
Paru en 1932, ce texte est à l'origine la deuxième des six biographies que Stefan Zweig consacre, entre 1929 et 1938, à des figures historiques qu'il considère comme représentatives d'une culture européenne menacée. La montée du nazisme et de l'austrofascisme exige selon lui une prise de position par la littérature, mais sans adhésion formelle à un programme d'action politique. Le choix de la Révolution française depuis son déclenchement jusqu'aux journées sanglantes de la Terreur, définit un cadre historique de référence en consonance avec le présent.
Zweig puise aux meilleures sources en privilégiant les documents originaux. Le traitement qu'il en fait est toutefois littéraire, l'histoire étant pour lui « maîtresse de fiction ». Son récit, chronologique, est celui d'une vie ballotée par les bouleversements du temps. Centrée sur un personnage unique, sa démarche se différencie radicalement de la biographie romancée grâce à une psychologie aux accents parfois freudiens.
En parlant de « personne ordinaire » à propos de la Reine, Zweig rejette la thèse, royaliste, du martyre comme celle qui réduit l'« Autrichienne » à une intrigante coupable de trahison. Le chemin qui la conduit de l'insouciance juvénile aux humiliations du Temple et à la montée à l'échafaud élève son destin au rang du tragique. Vaincue de l'histoire, Marie-Antoinette témoigne par son attitude devant le Tribunal révolutionnaire et face au bourreau d'une possibilité de grandeur morale en un temps de périls extrêmes