andré malraux
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«Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? L'angoisse lui tordait l'estomac ; il connaissait sa propre fermeté, mais n'était capable en cet instant que d'y songer avec hébétude, fasciné par ce tas de mousseline blanche qui tombait du plafond sur un corps moins visible qu'une ombre, et d'où sortait seulement ce pied à demi incliné par le sommeil, vivant quand même - de la chair d'homme.»
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« Le livre de Malraux reflète fidèlement le désarroi, les promiscuités et les atrocités d'une révolution ; mais il en exprime aussi la conscience, le sens, le mouvement souterrain. Et c'est parce qu'il ne cache rien des horreurs et des niaiseries de la guerre civile, qu'il charge son titre d'une valeur singulière. Voici les fautes, voici les sots, les mercenaires, les guerriers, voici le doute qui prend le plus résolu quand, à l'instant de mourir, il sent que son corps était beau ; mais voici cette attente, cet appel, cette recherche, on ne sait au juste de quoi, de quelque chose qui efface le passé, d'une communion plus intime dans le danger, la lutte, la souffrance, d'une patrie, d'une gestation, d'une justification par le sacrifice ; - l'espoir. »
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«Qu'avaient vu, jusqu'en 1900, ceux dont les réflexions sur l'art demeurent pour nous révélatrices ou significatives, et dont nous supposons qu'ils parlent des mêmes oeuvres que nous [...] ? Deux ou trois grands musées, et les photos, gravures ou copies d'une faible partie des chefs-d'oeuvre de l'Europe. [...] Aujourd'hui, un étudiant dispose de la reproduction en couleurs de la plupart des oeuvres magistrales, découvre nombre de peintures secondaires, les arts archaïques, les sculptures indienne, chinoise, japonaise et précolombienne des hautes époques, une partie de l'art byzantin, les fresques romanes, les arts sauvages et populaires. [...] nous disposons de plus d'oeuvres significatives, pour suppléer aux défaillances de notre mémoire, que n'en pourrait contenir le plus grand musée.Car un Musée Imaginaire s'est ouvert, qui va pousser à l'extrême l'incomplète confrontation imposée par les vrais musées : répondant à l'appel de ceux-ci, les arts plastiques ont inventé leur imprimerie.»
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La condition humaine et autres écrits
André Malraux
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 22 Septembre 2016
- 9782070179206
Ce volume donne à voir toutes les facettes de l'oeuvre de Malraux. Le romancier y côtoie l'essayiste, le penseur de tous les arts - cinéma, peinture, sculpture, littérature - et du Musée imaginaire, l'(anti-)mémorialiste, et l'orateur dont la voix retentit dans «la nuit de décembre à Paris, avec des étoiles glacées au-dessus de la découpure des cheminées de Daumier», pour accompagner Jean Moulin au Panthéon. Cette voix en apparence officielle a parfois couvert celle de l'écrivain. L'une et l'autre sont pourtant au service d'une même réflexion sur la condition de l'homme. Le titre du roman de 1933, La Condition humaine, pourrait être celui de l'oeuvre tout entière. Au tragique de l'Histoire, qui fait la toile de fond des romans et, aussi bien, celle des écrits mémoriels, répondent toujours, chez Malraux, des scènes de fraternité, parmi les plus fortes que l'on ait jamais écrites. À la pensée de la mort succède la grâce fugitive d'un pur étonnement de vivre. Au monde tel qu'il est s'oppose la création artistique, qui ne transcrit pas le réel, mais rivalise avec lui. Partout, cette «avidité d'absolu» que Malraux avait perçue chez Goya. Partout aussi, cette touche de farfelu grâce à laquelle l'écrivain, sa vie durant, a entendu faire contrepoids à l'Histoire et saper l'illusion d'un monde en ordre. «Me croyez-vous mort ?» lui écrivait Picasso, que l'on avait oublié d'inviter à une exposition de ses propres oeuvres. «Me croyez-vous ministre ?» lui répondit Malraux. Malraux, le croyez-vous ministre ? Il l'a été, et non des moindres, dans une fidélité souvent mal comprise à ses engagements de toujours. Mais il fut avant tout un écrivain. Quarante ans après sa mort, où en sommes-nous avec Malraux écrivain ? Ce volume est l'une des réponses possibles à cette question. Il propose une traversée de tout l'univers des formes explorées par Malraux, la (re)découverte d'ouvrages et de textes majeurs, inégalement célèbres, et l'occasion de percevoir la profonde unité d'une oeuvre qui formulait, au siècle dernier, toutes les interrogations qui agitent notre temps et nos vies.
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Au début des années vingt, le jeune archéologue Claude Vannec, en quête d'une rapide fortune, s'est embarqué pour l'Indochine dans l'espoir de découvrir et de revendre quelques-uns des inestimable bas-reliefs ornant les temples de l'antique route royale khmère, aujourd'hui submergée par la jungle. Lorsqu'il rencontre Perken, il est fasciné par cet aventurier de légende au masque de proconsul romain, qui professe un total mépris des valeurs établies et peut-être offre à Claude la préfiguration de son avenir.
Ensemble, ils décident d'affronter les périls d'une expédition qui défie toutes les lois. Et lorsque la forêt indochinoise se sera refermée sur eux, dans une lumière glauque d'abîme sous-marin, ils partageront la terreur des bêtes sans nom qui peuplent cet univers antédiluvien et dont la tête émerge à peine d'un sol spongieux et décomposé. Mais surtout, une fois parvenus, chargés de leur butin, en territoire insoumis, ils découvriront, en retrouvant l'un des leurs prisonnier des tribus Moïs, l'horreur de l'inhumain, cette « épouvante de l'homme abandonné parmi des fous qui vont bouger ».
Roman d'aventures, partiellement autobiographique, La Voie royale est aussi une réflexion passionnée sur la mort et sur les vains défis que l'homme lui oppose. -
Oeuvres complètes Tome 1
André Malraux
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 3 Mai 1989
- 9782070111428
Les Oeuvres complètes de Malraux sont présentées en six tomes distribués de la façon suivante : les deux premiers volumes sont consacrés aux oeuvres de fiction ; le tome III au Miroir des limbes ; les tomes IV et V procurent tous les textes esthétiques, et le tome VI rassemble les essais littéraires et politiques. Cette édition révélera un Malraux inconnu. La part de textes publiés en revues, introuvables, et - plus encore - la publication d'oeuvres inédites - dont deux romans - donneront, s'il se peut, à cet homme «si ondoyant et si divers» (ainsi que l'eût écrit Montaigne), d'autres visages encore : mais, au «dernier jour, entre des myriades de ressuscités, écrit Jean Grosjean dans sa préface, je le reconnaîtrai à son sourire de faux enfant candide et pas dupe, à sa chaleureuse et maladroite fraternité de solitaire pareille à cette connivence profonde et gênée que les ermites entretiennent avec les chardons de leur désert». Et encore : «Sa célébrité aura beau grandir, elle ne le fera pas tellement connaître. Son charme lui venait d'avoir tourné le dos aux puérilités sans croire aux mûrissements. Ce fut sa force et sa faiblesse d'avoir triomphé de l'enfance sans succomber à aucune maturation.»
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Oeuvres complètes Tome 6 ; essais
André Malraux
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 25 Novembre 2010
- 9782070116454
Au sommaire de ce volume, le dernier des oeuvres complètes, littérature, culture et politique mêlées - sans oublier l'aventure, « à la recherche de la capitale mystérieuse de la reine de Saba ». L'ensemble témoigne de la pluralité des facettes de l'homme engagé dans les combats de son siècle aussi bien que de l'unité profonde de sa vie d'écrivain. Le livre s'ouvre avec les premiers textes de critique littéraire que le jeune Malraux publia avant même d'aborder la fiction, en 1920. Il se clôt sur son livre testament, L'Homme précaire et la Littérature, auquel il travailla jusqu'à sa mort, en 1976. Entre ces deux dates, plus de deux cents textes, dont beaucoup sont inconnus ou difficilement accessibles.
Quelques ensembles constituent des jalons forts, à commencer par la série d'articles publiés en 1925 et 1926 dans L'Indochine et L'Indochine enchaînée. Dans les années 1930, la critique littéraire et les premières grandes préfaces alternent avec les discours liés à l'engagement dans la lutte contre le fascisme. Ici et là, c'est l'esthétique d'un auteur dont la création romanesque plonge dans l'histoire la plus récente qui s'élabore. Après la guerre et l'expérience de la Résistance, Malraux met son éloquence au service du général de Gaulle. Ce nouvel engagement fut souvent interprété comme une rupture ou un retournement. Mais il faut n'avoir pas lu les discours et articles de cette décennie et de la suivante pour ne pas déceler à quel point Malraux y demeure fidèle aux idéaux de sa jeunesse. Il tâchera ensuite de les mettre en oeuvre dans ses fonctions ministérielles. Les maisons de la culture qu'il met en place sont la concrétisation d'une idée lancée au cours des années 1930. Et qu'il prenne la défense des Paravents de Genet ou des indépendantistes bengalis, qu'il préface le Journal d'un curé de campagne de Bernanos ou le livre de Georges Soria sur la guerre d'Espagne, c'est toujours la « liberté de l'esprit » qu'il défend.
Le Triangle noir, qui réunit en 1970 des textes consacrés à Laclos, Goya et Saint-Just, tente d'éclairer la crise de l'individu et « l'interrogation sans réponse sur le sens de la vie » qui s'imposent alors en Occident. Prolongeant sur un autre plan cette interrogation de l'homme sur lui-même, L'Homme précaire et la littérature, ce très grand livre méconnu (ici suivi de nombreuses pages inédites), explore notre « bibliothèque imaginaire » et met au jour les métamorphoses de la littérature : celle-ci reste vivante si elle exerce une « présence ». Malraux évoque dans ce dernier livre l'existence d'une « secte », celle des lecteurs fervents qui, dans le monde parallèle qu'est la littérature, cherchent à « échapper au temps par la forme ». Les personnes concernées se reconnaîtront.
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écrits sur l'art Tome 1 ; oeuvres complètes, IV
André Malraux
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 21 Octobre 2004
- 9782070113996
Plus de cinquante années d'écriture, ponctuées de livres majeurs, Les Voix du silence en 1951, les trois tomes de La Métamorphose des dieux en 1957, 1974, 1976. Une vision globale de la création artistique, née d'expériences personnelles, fondée sur un savoir dominé (et vertigineux), guidée par des conceptions fortes, le Musée imaginaire, la métamorphose. «Ce n'est pas plus une histoire de l'art que La Condition humaine n'est un reportage sur la Chine», écrit Malraux. Connaître, en effet, n'est pas tout. Malraux ne nous «apprend» pas l'art ; il nous le fait aimer et nous permet d'en faire à notre tour l'expérience. Dans son Musée imaginaire, les oeuvres, métamorphosées, échappent à leur époque, deviennent présentes, exercent sur nous tout leur pouvoir. Dans cette sorte de Musée imaginaire de la littérature qu'est la Pléiade, ses Écrits sur l'art, reproduits avec leur illustration, trouvent enfin la place centrale qui leur revient.
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Oeuvres complètes Tome 2
André Malraux
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 22 Février 1996
- 9782070113415
Les Oeuvres complètes de Malraux sont présentées en six tomes distribués de la façon suivante : les deux premiers volumes sont consacrés aux oeuvres de fiction ; le tome III au Miroir des limbes ; les tomes IV et V procurent tous les textes esthétiques, et le tome VI rassemble les essais littéraires et politiques. Cette édition révélera un Malraux inconnu. La part de textes publiés en revues, introuvables, et - plus encore - la publication d'oeuvres inédites - dont deux romans - donneront, s'il se peut, à cet homme «si ondoyant et si divers» (ainsi que l'eût écrit Montaigne), d'autres visages encore : mais, au «dernier jour, entre des myriades de ressuscités, écrit Jean Grosjean dans sa préface, je le reconnaîtrai à son sourire de faux enfant candide et pas dupe, à sa chaleureuse et maladroite fraternité de solitaire pareille à cette connivence profonde et gênée que les ermites entretiennent avec les chardons de leur désert». Et encore : «Sa célébrité aura beau grandir, elle ne le fera pas tellement connaître. Son charme lui venait d'avoir tourné le dos aux puérilités sans croire aux mûrissements. Ce fut sa force et sa faiblesse d'avoir triomphé de l'enfance sans succomber à aucune maturation.»
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écrits sur l'art Tome 2 ; oeuvres complètes, IV, V
André Malraux
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 21 Octobre 2004
- 9782070114009
Plus de cinquante années d'écriture, ponctuées de livres majeurs, Les Voix du silence en 1951, les trois tomes de La Métamorphose des dieux en 1957, 1974, 1976. Une vision globale de la création artistique, née d'expériences personnelles, fondée sur un savoir dominé (et vertigineux), guidée par des conceptions fortes, le Musée imaginaire, la métamorphose. «Ce n'est pas plus une histoire de l'art que La Condition humaine n'est un reportage sur la Chine», écrit Malraux. Connaître, en effet, n'est pas tout. Malraux ne nous «apprend» pas l'art ; il nous le fait aimer et nous permet d'en faire à notre tour l'expérience. Dans son Musée imaginaire, les oeuvres, métamorphosées, échappent à leur époque, deviennent présentes, exercent sur nous tout leur pouvoir. Dans cette sorte de Musée imaginaire de la littérature qu'est la Pléiade, ses Écrits sur l'art, reproduits avec leur illustration, trouvent enfin la place centrale qui leur revient.
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Oeuvres complètes Tome 3
André Malraux
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 5 Novembre 1996
- 9782070112869
Les Oeuvres complètes de Malraux sont présentées en six tomes distribués de la façon suivante : les deux premiers volumes sont consacrés aux oeuvres de fiction ; le tome III au Miroir des limbes ; les tomes IV et V procurent tous les textes esthétiques, et le tome VI rassemble les essais littéraires et politiques. Cette édition révélera un Malraux inconnu. La part de textes publiés en revues, introuvables, et - plus encore - la publication d'oeuvres inédites - dont deux romans - donneront, s'il se peut, à cet homme «si ondoyant et si divers» (ainsi que l'eût écrit Montaigne), d'autres visages encore : mais, au «dernier jour, entre des myriades de ressuscités, écrit Jean Grosjean dans sa préface, je le reconnaîtrai à son sourire de faux enfant candide et pas dupe, à sa chaleureuse et maladroite fraternité de solitaire pareille à cette connivence profonde et gênée que les ermites entretiennent avec les chardons de leur désert». Et encore : «Sa célébrité aura beau grandir, elle ne le fera pas tellement connaître. Son charme lui venait d'avoir tourné le dos aux puérilités sans croire aux mûrissements. Ce fut sa force et sa faiblesse d'avoir triomphé de l'enfance sans succomber à aucune maturation.»
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La tentation de l'occident
André Malraux
- Le Livre De Poche
- Litterature
- 1 Décembre 1976
- 9782253016809
Qu'apporte aux Chinois lettrés imprégnés d'une culture et d'une sagesse millénaires la culture européenne si jeune par rapport à la leur ? Quelle tentation leur offre-t-elle ?
Par le truchement d'un échange de lettres entre un Européen, A. D., séjournant en Extrême-Orient, et Ling, un Chinois voyageant en Europe, André Malraux compare la dynamique européenne à la pensée chinoise.
Dans cet essai, André Malraux, fort de sa jeune expérience d'orientaliste, analyse avec maestria l'homme d'Europe et le destin qu'il se prépare. -
Lorsqu'on croit tout connaître d'un auteur, il manque encore sa vie intime, dont les lettres apportent la trace. On trouvera ici un autre Malraux, simple, drôle, ami fidèle, tantôt lyrique, tantôt farfelu. Et puis un réseau d'amis qui s'appelaient André Gide, Roger Martin du Gard, Raymond Aron, Max Jacob, Louis Guilloux. Et la présence de l'histoire, quand il s'agit du général de Gaulle et d'Indira Gandhi. On entre ainsi, à travers ces lettres à l'intérieur d'un des plus grands cerveaux de notre époque et on lit une oeuvre dans l'oeuvre, où il est question du roman, de l'art et de la vie.
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Malraux face aux jeunes : Mai 68, avant, après ; entretiens inédit
André Malraux
- Folio
- Folio 2 Euros
- 4 Novembre 2016
- 9782072690723
- Pourquoi faut-il attendre l'âge de quarante ans pour être écouté ? André Malraux - Avec votre question m'apparaît ceci : en réalité ce qu'on a à dire d'important, on le dit toujours à des jeunes gens. L'Europe et sa construction, le communisme, les héroïnes romanesques, Dieu, la révolution et les barricades... Questionné par des étudiants quelques mois avant Mai 68, puis en conférence de presse peu après les événements, André Malraux se prononce.
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écrits sur l'art Tome 1 et Tome 2
André Malraux
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 21 Octobre 2004
- 9782070117925
Coffret de deux volumes vendus ensemble
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L'Homme précaire est à la littérature ce que La Métamorphose des dieux est aux beaux-arts.
Malraux propose d'appliquer à la littérature la périodisation de l'histoire de l'art qu'il avait dégagée pour renouveler notre expérience des oeuvres : une première période de figuration d'un surnaturel invisible, objet de prière et de dévotion ; une deuxième, à partir de la Renaissance, au cours de laquelle l'art visait à représenter le monde réel, pour s'approcher toujours plus de l'illusion ; mais plus cette illusion était poussée, plus elle occultait l'acte créateur, qui, dans un troisième temps et grâce à la rupture initiée par Manet, devint désormais l'essentiel.
Appliquée à la littérature, cette tripartition en bouleverse notre conception. La fiction est la notion pivot qui permet de distinguer respectivement les trois moments. Elle est, pour chacun d'entre nous, une expérience majeure : parce qu'elle nous fait vivre par procuration une vie, c'est-à-dire un temps autre que le nôtre, elle porte plus loin qu'un simple divertissement.
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Énigme des Noyers de l'Altenburg : c'est un dernier roman. Quand le livre paraît, André Malraux a quarante et un ans ; dans le tiers de siècle qui lui reste à vivre, il publiera la longue suite des écrits sur l'art et ces oeuvres dont le titre, Antimémoires, résume l'ambition. Si le cas des Noyers est singulier, c'est qu'il y a abandon non seulement d'un projet, mais du genre même où Malraux avait affirmé sa maîtrise : le roman. Dans ce livre, nombreux sont les souvenirs personnels : l'Alsace entrevue en 1922, le premier retour en Europe, à Marseille, la découverte de la Perse et de l'Afghanistan, les décades de Pontigny, l'expérience militaire de 1939-1940. Tout ce qu'a vécu Malraux, il l'a «transformé en fiction», prêtant tantôt au narrateur, tantôt à son père, ses propres aventures et sentiments. Parfois l'auteur transpose simplement les lieux ou les dates : ainsi la cathédrale de Sens est transportée à Chartres. Pour l'écrivain, tout devient métamorphose : la vie, les lectures, les souvenirs, les passions...
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Trapézoïdales.
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Le tournage de Espoir - Sierra de Teruel eut lieu d'août 1938 à janvier 1939. En août 1939, André Malraux présenta son film devant des membres du gouvernement espagnol en exil. En septembre, son exploitation fut interdite par le gouvernement Daladier, sous la pression de l'ambassadeur de France à Madrid, Philippe Pétain.La version que nous connaissons reprend celle qui fut diffusée en 1945 et reçut le prix Louis Delluc.Dans Espoir - Sierra de Teruel, André Malraux a décrit la tragédie de la guerre d'Espagne, la bataille d'un peuple fier et torturé et a réalisé un des plus grands films de l'histoire du cinéma.
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«Ce qui me fascine dans mon aventure, c'est la marche sur le mur entre la vie et les grandes profondeurs annonciatrices de la mort. C'est aussi le souvenir de ces profondeurs. Les réanimés ne se souviennent de rien (de rien, mais de conversations entre les médecins!). La rencontre avec la part de l'homme qui marche, geint ou hurle quand la conscience n'est pas là.J'ai été conscient de ne plus savoir où j'étais -, d'avoir perdu la terre. Pas d'autre douleur que celle des autres, qui bat confusément cette chambre blanche où veille la petite lampe de la nuit comme, dans ma chambre de Bombay, la rumeur de l'Océan battait la grève. Je suis lucide, d'une lucidité limitée au ressassement d'une terre de nulle part, à la stupéfaction devant cet état ignoré. Ce qui s'est passé n'a rien de commun avec ce que j'appelais mourir.»En 1972, André Malraux, «atteint d'une maladie du sommeil», est hospitalisé à la Salpêtrière. De cette expérience va naître Lazare, un de ses plus beaux livres, celui qu'il choisit pour clore le cycle du Miroir des limbes.
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«Ce n'est pas la passion qui détruit l'oeuvre d'art, c'est la volonté de prouver ; la valeur d'une oeuvre n'est fonction ni de la passion ni du détachement qui l'animent, mais de l'accord entre ce qu'elle exprime et les moyens qu'elle emploie. Pourtant, si cette valeur - et la raison d'être de l'oeuvre, et sa durée tout au moins provisoire - sont dans sa qualité, son action, que l'auteur le veuille ou non, s'exerce par un déplacement des valeurs de la sensibilité ; et sans doute l'oeuvre ne naîtrait-elle pas sans une sourde nécessité de déplacer ces valeurs. Or l'histoire de la sensibilité artistique en France depuis cinquante ans pourrait être appelée l'agonie de la fraternité virile. Son ennemi réel est un individualisme informulé, épars à travers le XIX? siècle, et né bien moins de la volonté de créer l'homme complet, que du fanatisme de la différence. Individualisme d'artistes, préoccupé surtout de sauvegarder le monde intérieur, et fondé seulement lorsqu'il s'applique au domaine du sentiment ou du rêve ; car, concrètement, les grands fauves de la Renaissance furent toujours contraints pour agir de se transformer en ânes porteurs de reliques et la figure de César Borgia perd son éclat si l'on songe que le plus clair de son efficacité venait du prestige de l'Église. Le mépris des hommes est fréquent chez les politiques, mais confidentiel. Ce n'est pas seulement à l'époque de Stendhal que la société réelle contraint l'individualiste pur à l'hypocrisie dès qu'il veut agir.» Extrait de la Préface.
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Je considère Les Conquérants comme un événement de la plus haute importance, dans l'histoire morale contemporaine.
Pour Malraux, l'essence du révolutionnaire ne consiste ni dans une foi - toujours niaise - ni dans une information - toujours incomplète, ni en des disciplines - toujours périmées -, mais dans un certain état de disponibilité et de courage. Garine ne s'intéresse pas à sa propre vie. Et il peut mettre une absence totale de scrupules au service d'intérêts qui ne sont pas les siens propres...
Garine est victorieux. Mais il meurt. Il ne peut que mourir : car il sait fort bien qu'il ne peut que substituer à un ordre détestable un autre ordre, non moins détestable...
La Révolution devient la suprême aventure, la possibilité ultime d'un Univers dont les possibles se referment autour de l'individu condamné. Le problème, pour Malraux, n'est pas de savoir comment l'intellectuel peut adhérer à un programme, mais comment il peut devenir un chef révolutionnaire efficace.
Emmanuel Berl, Mort de la pensée bourgeoise (1929).
Un type de héros en qui s'unissent l'aptitude à l'action, la culture et la lucidité. (André Malraux.) Présentation, notes et commentaires de Michel Autrand
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