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claire etcherelli
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«Un concert fracassant envahit la rue. "Les pompiers", pensai-je. Arezki n'avait pas bougé. Les voitures devaient se suivre, le hurlement s'amplifia, se prolongea sinistrement et s'arrêta sous la fenêtre. Arezki me lâcha. Je venais de comprendre. La police. Je commençai à trembler. Je n'avais pas peur mais je tremblais tout de même. Je n'arrêtais plus de trembler : les sirènes, les freins, le bruit sec des portières et le froid, - je le sentais maintenant - le froid de la chambre.»
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«Cette nuit-là, Milie resta chez Walter. Elle se tut sur ce qui les séparait, ne parla ni de Mexico ni de Prague. Il fut debout avec le jour. Ils déjeunèrent, laissant la porte ouverte sur le jardin. La pluie d'orage qui menaçait depuis la veille, tombait en gouttes épaisses dont le bruit sur les feuilles écorchait Milie. Silencieuse, regardant le paysage que cernait le cadre de la porte, représentation ce matin-là du mot douleur. Qui commençait comme douceur par les coloris neutres de la campagne au réveil, vert gris, blanc bleu, terre bleue ciel blanc arbres gris horizon vert et se déroulait en sa dernière syllabe à la consonance mouillée - proche de pleur - partie tranchante du mot qui entrait en Milie comme la pluie dans la terre.»
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Le roman reçoit très vite un accueil favorable, avec en novembre 1967 une première critique de Claude Lanzmann dans Elle, suivie la semaine suivante d'une seconde de Simone de Beauvoir dans Le Nouvel Observateur.
Le prix Femina en 1967 lui a été attribué, dans un climat controversé aussi bien au sein du jury que dans la presse d'extrême-droite.
Il a été adapté au cinéma par Michel Drach en 1970.
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Prix Fémina en 1967, Élise ou la vraie vie avait ému la France entière et marqué à jamais des générations. Le succès de ce roman s'était poursuivi avec son adaptation au cinéma et une Marie-José Nat inoubliable.
Histoire bouleversante de l'union d'une jeune Française et d'un Algérien, ce roman était celui de la condition ouvrière, du racisme, de l'incommunicabilité entre les êtres, du sentiment amoureux qui ne parvient pas à s'épanouir. Simone de Beauvoir écrivait alors : " Une admirable et tragique histoire d'amour. Et surtout quelqu'un, quelqu'un qui parle avec une voix d'une inoubliable justesse. " Quarante ans après, Claire Etcherelli reste écorchée mais ses textes à la fois passionnés et pudiques expriment toujours l'amour de la vie. Ainsi en est-il de ce nouveau roman...
Un chien hurle à la mort nuit et jour dans une tour perdue de banlieue. Seule dans son petit appartement, Annette tente de comprendre, tandis que le quartier se mobilise pour en finir avec le cauchemar...
Annette, un auteur d'un certain âge, gagne difficilement sa vie en écrivant des romans pour la jeunesse. Elle vit seule dans son appartement, niché dans une tour au coeur d'une cité. Un dimanche, en plein après-midi, les aboiements d'un chien martyrisé commencent à se faire entendre dans la cité. La semaine suivante, la situation empire jusqu'à devenir infernale. Annette ne dort plus, n'écrit plus. Les hurlements du chien l'obsèdent. Un jour, Annette décide d'agir. Les habitants, à sa suite, se mobilisent... On découvre bientôt que le responsable est un homme qui organise des combats de chiens dans des terrains vagues à la nuit tombée. Mais c'est un indicateur, il est protégé par la police...
Violent autant que sensible, ce roman met en question notre désarroi face au phénomène tristement banal de la violence urbaine.
Il réfléchit aussi sur la solitude du créateur qui, face à l'incompréhension de ses proches, face à la difficulté d'écrire, réussit encore à puiser à la source des mots un trésor d'espérance et d'humanité.
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C'est en se plongeant dans la correspondance qu'Esther, sa mère, a entretenu avec Ben, un homme important pour elle, qu'Anna va découvrir la personnalité de cette mère, à travers les questions identitaires et intimes qui l'ont accompagnée.
Parcours quelques fois douloureux et mélancolique, mais aussi révélateur de la richesse et de la complexité de nos vies, «Esther et les tournesols» nous en fait traverser chaque moment.