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denis thouard
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Georg Simmel (1858-1918) fut un des inventeurs de la sociologie, mais aussi un philosophe original, un véritable personnage du Berlin 1900, ouvert aux arts et à toutes les manifestations de la modernité. Enseignant (sans solde) à l'Université de Berlin pendant des décennies, il exerça une influence diffuse considérable. Un public varié se pressait à ses cours, venu de toute part. On considérait être admis dans ses privatissimi comme un rare privilège. Solitaire, sans ancrage fort dans l'institution, sans « école », il sombra dans l'oubli après sa mort et ne fut redécouvert que tardivement.
Mais ses idées continuaient d'inspirer une quantité de ses « enfants » spirituels. Le présent ouvrage en rassemble une large palette sous forme d'une photo de groupe qui réservera bien des surprises. -
Sur le caractère national des langues ; et autres écrits sur le langage
Wilhelm von Humboldt
- Points
- Points Essais
- 26 Avril 2000
- 9782020367578
Wilhelm von Humboldt (1767-1835), initiateur de la linguistique comparée, l'un des découvreurs des langues du Nouveau Monde et de l'Océanie, traducteur obstiné de l'Agamemnon d'Eschyle, a accompli une révolution intellectuelle dont il reste à mesurer la portée.
Contre la tradition logiciste qui réduit le langage à un ensemble de signes, il fait valoir le lien de la pensée aux sujets parlants et à une langue déterminée. Pour autant, il n'adhère pas au mythe romantique d'une langue originaire ; chaque langue organise le monde et la pensée d'une façon propre, et toutes les langues peuvent tout dire avec des moyens différents : ce sont des individualisés historiques qui projettent leur « vision du monde ».
Les textes présentés ici, essentiels pour l'intelligence du projet humboldtien, nous font parcourir le monde des langues.
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Godot dans l histoire
François Rastier, Denis Thouard
- Circe
- Penser Le Theatre
- 7 Avril 2023
- 9782842425029
Une interprétation de la pièce En attendant Godot propre à renouveler l'exégèse beckettienne. Loin d'être des clochards métaphysiques attendant un improbable messie, Vladimir et Estragon sont deux Juifs traqués par l'occupant allemand qui attendent un passeur sur une route du Vaucluse, là même où Beckett s'est réfugié pendant la Seconde Guerre mondiale.
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Méditations sur la vie : quatre chapitres métaphysiques
Georg Simmel
- Circe
- 19 Mars 2020
- 9782842424701
Georg Simmel entreprend à la fin de sa vie quatre méditations. Il y présente sa propre philosophie.
Il s'engage dans une réflexion sur la vie humaine dans son élan incessamment renouvelé, mais aussi sur ce que celui-ci dépose, ce qui l'entrave, échappe à ce flux continuel. C'est le « tournant vers l'idée », où viennent prendre forme les oeuvres de la culture : les institutions, les réalisations de la technique ou de l'art.
Simmel aborde la vie dans son déploiement (en « plus-de-vie »), mais aussi dans ce qui l'excède (qui est « plus-que-vie »). Il fait place à la négativité. Penser la mort à même la vie, c'est considérer la finitude, mais aussi la condition de la culture. La mort est ce qui sépare l'individu, qui rend les mondes partagés nécessaires. Et si, étant mortels, les êtres sont individuels, quelle morale pour un individu séparé, sinon de tâcher de suivre sa propre loi ? Comment penser jusqu'au bout l'individualisme de notre modernité ?
Dans une langue simple, Simmel reprend pour son temps, pour notre temps peut-être, les grandes interrogations de l'existence. -
Une évocation poétique de l'agitation qui règne à Berlin et de ses métamorphoses et recompositions au gré des vicissitudes de son histoire et de son expansion sur la nature.
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En reconstituant dans sa cohérence le projet encyclopédique de Friedrich Schlegel (1772-1829), ce livre replace le romantisme dans le contexte philosophique de la naissance de l'idéalisme. Celui-ci n'aurait pas su, à ses yeux, penser le langage, et avec lui la dimension de l'échange et de l'histoire. La symphilosophie, en revanche, s'inspire d'une réflexion sur la philologie, de la philosophie du langage, de l'herméneutique et de l'essai d'une reformulation dialectique de la philosophie transcendantale. Au-delà des "fragments", c'est dans le cours de Philosophie transcendantale donné à Iéna en 1800-1801 que Friedrich Schlegel expose sa pensée de façon quasi systématique à partir des trois propositions suivantes : toute vérité est relative; tout savoir est symbolique; la philosophie est infinie.
En annexe du volume, la traduction de la Philosophie transcendantale (Introduction-Philosophie de la philosophie) et d'aphorismes de 1800-1801. -
Kant et Hobbes ; de la violence à la politique
Luc Foisneau, Denis Thouard
- Vrin
- Bibliotheque D'histoire De La Philosophie
- 10 Octobre 2005
- 9782711617364
La philosophie de Kant repose, dans sa structure juridico-politique, sur l'édifice théorique de la philosophie de hobbes, dont elle prétend pourtant être l'antithèse et l'antidote par son insistance sur la liberté et l'émancipation.
Qu'il s'agisse de la discipline imposée aux citoyens, de l'arbitrage qui dénoue les conflits civils et scientifiques, ou du dépassement de l'état de violence originel, le Léviathan contribue paradoxalement à l'édification d'une philosophie critique. Le jugement du souverain chez Hobbes et le tribunal de la raison chez Kant reposent sur une commune conviction : l'apaisement des conflits ne peut provenir que d'une procédure d'arbitrage.
Associant les perspectives de spécialistes britanniques, allemands et français, les études réunies ici interrogent de façon nouvelle les conditions politiques de la philosophie kantienne dans son dialogue avec la pensée de Hobbes. -
Emmanuel Kant (1724-1804), le philosophe des Lumières, de la raison, de l'universel et de la liberté, le solitaire de Königsberg (Prusse), a révolutionné durablement la philosophie en lui donnant un tour critique.
Le geste critique consiste à diriger l'attention non pas sur les objets de la connaissance mais sur les conditions de leur constitution, ce à quoi Kant s'est employé méthodiquement dans la Critique de la raison pure (1781-87), la Critique de la raison pratique (1788) et la Critique de la faculté de juger (1790).
Philosopher, pour lui, ce n'est pas parvenir à une nouvelle définition du savoir, du juste ou du beau, mais s'interroger sur ce qui nous permet de parler du savoir, du juste ou du beau. Comment pouvons-nous penser ce que nous pensons ? Quelles sont les règles que nous suivons dans nos jugements et nos actions, et dans quelle mesure sont-elles légitimes ? C'est ce mode de questionnement qui autorise Kant à se réclamer de Socrate quand il évalue les discours et pratiques de son temps.
Cet ouvrage se propose d'introduire à la cohérence mais aussi à l'actualité de la pensée de Kant, e exposant la signification de l'entreprise critique : revenant sur les conditions de l'activité philosophique, Kant découvre l'importance du jugement, de la réflexion et du sentiment. Il replace l'exercice de la raison dans la perspective concrète d'un sujet de sentiment, libre et sensible à la fois. On montre comment, à partir de là, il élabore une nouvelle conception de la subjectivité - legs de la philosophie kantienne à la pensée contemporaine.
Denis Thouard, chercheur au C.N.R.S. à Lille, a coordonné Popularité de la philosophie (avec Ph. Beck), publié Critique et herméneutique dans le premier romantisme allemand, et Lettres édifiantes et curieuses sur la langue chinoise. W. von Humboldt / J.-P. Abel-Rémusat (avec J. Rousseau).
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Schleiermacher : Communauté, individualité, communication
Denis Thouard
- Vrin
- 15 Mars 2007
- 9782711619115
La pensée de Friedrich Schleiermacher part du souci d'articuler l'exigence d'individualité aux différents ordres de communauté, de l'amitié à la société, à travers la prise en compte systématique de la communication. En présentant sa formation jusqu'aux Discours sur la religion de 1799 et aux Monologues de 1800, l'ouvrage introduit à la problématique centrale de sa philosophie, qui se constitue dans une relation critique aux thématiques de l'Aufklärung, du romantisme et de l'idéalisme allemand.
L'anthropologie des Lumières est remise en question par l'expérience de la religion comme ouverture radicale à l'Univers, « sens et goût de l'infini ». Ce renversement implique également une critique de l'idéalisme naissant, fondant toute pensée sur la conscience de soi, comme du primat romantique de l'esthétique. Schleiermacher entend honorer à la fois la finitude et l'activité humaine comme invention de soi. C'est en pensant ensemble le décentrement du sujet et l'affirmation d'une éthique individuelle que Schleiermacher définit sa position philosophique. Le rôle de la communication est alors central : en reliant le soi aux autres, elle participe directement à la constitution d'une communauté différenciée en elle-même. La transformation des concepts de communauté et de sujet, passés au crible de l'individualité, aboutit à la promotion de la communication comme étant l'un de ses opérateurs essentiels. -
Et toute la langue est etrangère ; le projet de Humboldt
Denis Thouard
- Encre Marine
- 12 Septembre 2016
- 9782350881065
Il existe, en français, un ouvrage de référence sur la pensée anthropologique de Humboldt (Jean Quillien, 1991, réédité en 2015) mais rien de tel sur sa pensée du langage. Ce livre souhaite donc combler cette lacune tout en remettant à leur place certaines idées fausses. Il se révèle, à ce titre, triplement provocateur.
D'une part, cet ouvrage rappelle que Humboldt se situe entièrement dans le prolongement de la tradition généraliste des grammaires philosophiques qu'il ne renie jamais entièrement. Il relit au contraire cette tradition au moyen des conceptions de la philosophie allemande de Kant et Fichte. D'autre part, il souligne que Humboldt ne s'est pas contenté de formuler quelques idées générales sur le langage, mais a effectué un immense travail empirique sur près de 80 langues, rédigeant plus de 30 grammaires. Denis Thouard donne un aperçu de ce travail en évoquant l'édition des grammaires américaines effectuée ces dernières années à l'Académie de Berlin-Brandebourg, et développe le cas du basque, du chinois et de l'égyptien. C'est l'occasion de découvrir un linguiste véritable.
Enfin, il permet de remettre en lumière le rôle essentiel et le plus souvent ignoré qu'a joué pour la pensée de Humboldt sa réflexion sur la traduction en analysant son travail de traducteur de l'Agamemnon d'Eschyle dans son contexte culturel.
Une réflexion sur la question de la diversité des langues dans l'Europe actuelle, le renouveau des études sur l'origine des langues et les mésusages des idées de Humboldt accompagnent une présentation sélective et approfondie des points essentiels de sa pensée.
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Philosophe et sociologue, Georg Simmel (1958-1918) a développé une pensée originale qui se soustrait à la tentation des oppositions duales, telles qu'individu et société, expérience et structure. Sa pensée du tiers saisit la complexité des relations sociales à partir de la différenciation et de la réciprocité. Son approche se veut processuelle et relationnelle.
Philosophe et sociologue, Georg Simmel (1958-1918) a développé une pensée originale qui se soustrait à la tentation des oppositions duales, telles qu'individu et société, expérience et structure. Sa pensée du tiers saisit la complexité des relations sociales à partir de la différenciation et de la réciprocité. Son approche se veut processuelle et relationnelle. Plus qu'un état de la société, ce sont les dynamiques qui la produisent, le faire société qu'il cherche à élucider.
L'objectif de cet ouvrage est de montrer l'actualité et la fécondité des pistes ouvertes il y a un siècle par Simmel, pour penser des questions aussi décisives que la sociabilité, le pouvoir, la valeur de l'argent et du travail, la confiance ou la religion.
Ces considérations se veulent des prolongements, des discussions à partir de Simmel plutôt qu'une exégèse de son oeuvre. Elles font le pari que les sciences sociales ont beaucoup à gagner à rouvrir certaines de ces pistes. À travers son regard sociologique, Simmel nous engage à explorer la complexité des relations à travers lesquelles se constituent réciproquement l'individu et la société. À travers sa réflexion philosophique, il nous invite à interroger les évidences, les clivages catégoriels et disciplinaires auxquels nous nous sommes accoutumés.
Esprit en son temps résolument moderne, Simmel, en bien des points, nous précède encore. -
Benjamin Constant (1767-1830) appartient par sa formation à l'époque des Lumières et par sa carrière au xixe siècle.
Romancier (Adolphe), penseur politique (De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes), ce passeur entre plusieurs cultures (allemande, anglaise et française) a consacré quatre décennies à De la religion, un ouvrage peu commun et d'ample dimension, à l'ambition systématique.
Comment une telle étude peut-elle se concilier avec la théorie du libéralisme politique dont il est l'un des pères ? Cela a-t-il une incidence sur notre conception moderne de la politique conçue comme un monde autonome ? C'est par le biais de cette oeuvre méconnue que Denis Thouard nous invite à redécouvrir Benjamin Constant. À rebours de nos opinions actuelles, la religion est pour Constant, au-delà d'un anticléricalisme déclaré, solidaire de la liberté et fonde la politique.
Combinant Jérusalem avec la Grèce antique, qui offrait l'image d'une religion indépendante de toute prêtrise, il attribue au phénomène religieux une puissance émancipatrice.
Le livre montre comment son apologie politique des droits individuels est étayée par une théorie de la subjectivité religieuse ancrée dans le sentiment.
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Georg Simmel a composé une oeuvre apparemment facile d'accès dans laquelle il se confronte avec les transformations de la société de son temps, anticipant bien des aspects de la nôtre. La modernité tend à remplacer les identités par des relations, la stabilité par le mouvement, supprimer les distances et les délais. Tout semble se défaire et tout s'accélère. Comment, dès lors s'orienter ? Dans un univers pensé comme ensemble de relations en constant réajustement, il faut savoir nager - et lire.
En sept accès différents à des objets révélateurs de son diagnostic comme la ville, l'art, le temps ou la guerre, ce livre s'efforce d'accompagner le lecteur à saisir, au-delà de l'évidente séduction de ces textes, les enjeux d'une réflexion plus complexe qu'on ne l'imagine. Au cours de ces essais, l'oeuvre de Simmel est mise en rapport avec des contemporains proches, comme Walter Benjamin, Sigmund Freud ou Paul Valéry.
Le lecteur est invité à découvrir une pensée exposée plus avant dans ses grands livres comme la Philosophie de l'argent (1900), la Sociologie (1908) ou les Méditations sur la vie (1918).
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Après L'interprétation, Un dictionnaire philosophique, consacré aux notions (Vrin, 2015), ce volume propose une vaste revue des auteurs (ou écoles) qui ont marqué la réflexion herméneutique. L'originalité de cet ensemble tient au rassemblement de plusieurs champs disciplinaires, dont la philosophie, la philologie, l'histoire de l'art, la théologie, l'anthropologie, le droit, la psychanalyse et les sciences sociales, mais aussi au vaste spectre de traditions savantes convoquées. La patristique grecque et la théologie chrétienne, catholique et protestante, le judaïsme et l'islam sont ainsi représentés, y compris dans leurs états contemporains. Plus de 50 spécialistes ont rédigé les notices afin de dresser un panorama, non exhaustif, mais représentatif, des auteurs les plus significatifs ayant contribué à une pensée de l'interprétation.
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Le partage des idées ; études sur la forme de la philosophie
Denis Thouard
- CNRS
- 4 Janvier 2007
- 9782271064790
Depuis les Lumières, les philosophes s'adressent en principe à tous
et doivent se préoccuper d'être compris les plus largement possible.
Mais cette pédagogie rencontre une double diffi culté, qui tient à
la simplifi cation des contenus et à l'impossibilité fondamentale
d'éviter tout malentendu. En réaction aux illusions d'une communication
accomplie sous le signe de la raison universelle, des stratégies
alternatives ont vu le jour avec le romantisme et l'idéalisme
philosophique.
Entre le désir de science et la tentation de la littérature, la philosophie
a exploré entre les Lumières et le romantisme toutes les voies
de sa communication. Une exigence et un problème encore irrésolus.
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la connaissance à partir d'indices peut-elle fournir un modèle consistant pour interpréter, voire guider le travail en sciences humaines ? a partir de la conjonction à la fin du xlxe siècle entre la lecture des symptômes psychiques indirects chez freud, de la technique d'attribution des oeuvres d'art à partir de détails inventée par morelli et de la naissance du roman d'enquêtes policières, carlo ginzburg a suggéré que le " paradigme indiciaire " constituait un modèle des " sciences humaines " dont le procédé consiste à " inférer à partir des effets ".
ce " paradigme " hériterait de la riche tradition de la sémiotique médicale et de la mantique, et aurait été en partie préservé par certaines disciplines partant de signes, trouvés ou suscités, pour parvenir, au moyen de leur " lecture ", à la connaissance de leur " cause " : les symptômes du médecin, les indices de l'enquêteur, le détail pictural, l'écriture manuscrite, les traces relevées par le chasseur.
les études réunies ici interrogent la pertinence et les limites de la connaissance indiciaire depuis des perspectives croisées : philosophie, histoire, anthropologie, linguistique, histoire des sciences, préhistoire, médecine ancienne, philologie, sémantique, sémiotique, littérature.
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Herméneutiques contemporaines
Denis Thouard
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 22 Juillet 2020
- 9791037003966
L'herméneutique n'est pas le nom d'une philosophie, mais d'un souci de la compréhension. En montrant, à travers plusieurs positions contemporaines, comment ce souci peut être articulé différemment, ce livre entend contribuer à complexifier l'herméneutique. L'herméneutique est essentielle aux sciences humaines, à la constitution de leur objet comme à leur réflexion. Elle s'attache aux traces, aux signes, à la lecture du monde : avec Carlo Ginzburg par la méthode de l'indice ; pour Josef Simon, en déployant une philosophie du signe ; suivant Hans Blumenberg, en lisant le monde. La compréhension du monde est une subjectivité. Elle se constitue dans le sentiment de soi pour Paul Ricoeur. Elle part en quête des « sources du moi » avec Charles Taylor. Elle est saisie dans le rapport à soi ténu de l'humour par Dieter Henrich.
Pour finir, le livre revient, à propos des « Cahiers noirs » de Martin Heidegger, sur l'héritage politique d'une certaine herméneutique et la nécessité d'opérer des distinctions critiques. -
Goethe, le second auteur : actualité d'un inactuel
Christoph Konig
- Hermann
- 2 Février 2022
- 9791037007124
L'objet de ce livre, issu d'un colloque tenu à Cerisy en 2018, est d'interroger les conditions de la création sous la contrainte de célébrité. Dans le cas de Goethe, cette célébrité fut rapidement un mythe européen. Comment continuer à écrire dans ces conditions ?
Le nom de Goethe est célèbre et on mesure son importance, mais sans le lire vraiment. L'oeuvre se présente au lecteur comme un cosmos inaccessible. L'observateur perspicace de son temps fut aussi résolument étranger à son époque et fut constamment perçu comme parfaitement inactuel. Il faut d'abord pénétrer, au moyen d'une lecture insistante, dans le monde de ses oeuvres et dans leur idiosyncrasie pour découvrir leur actualité. L'oeuvre de l'âge mûr - le Divan occidental-oriental, les Années de voyage de Wilhelm Meister et le Second Faust. - occupe ici une place centrale: Goethe retourne cette créativité contre ses propres oeuvres et leur confère une dimension réflexive. Comment Goethe a-t-il pu échapper à son propre classicisme? Comment, ayant édifié sa propre statue, parvient-il à y échapper, à se réinventer devenant peut-être un «second auteur» à l'ombre du premier ? -
Herméneutique critique ; Bollack, Szondi, Celan
Denis Thouard
- Pu Du Septentrion
- Opuscules
- 11 Octobre 2012
- 9782757404058
Réflexion sur la méthode de l'interprétation des oeuvres, l'herméneutique critique s'attache à restituer dans son contexte historique la visée des auteurs. Pour elle, les oeuvres ne sont pas des représentants d'une entité préexistante, que ce soit une tradition, un esprit national, une ontologie ou une révélation, mais des actes d'innovation. En instaurant une distance par rapport à un contexte, une oeuvre se constitue dans sa puissance de dire. Elle est porteuse d'une subjectivité, d'un jugement marquant cette distance. L'herméneutique critique prend en compte cette distance introduite par l'oeuvre, qui est aussi une puissance de rupture.
L'herméneutique critique a été exemplairement développée par le comparatiste Peter Szondi et le philologue Jean Bollack. En introduisant leur rapport au poète Paul Celan, qui leur était proche, l'ouvrage reconstitue un contexte intellectuel original et peu connu en France entre l'héritage de la Théorie critique sensible chez Szondi, la poésie de Celan et le renouvellement de la philologie conduit par Bollack. La réflexion théorique est ainsi replacée dans un contexte international caractérisé, dans les années 60 et après, par le besoin de réintroduire la dimension de l'histoire dans les formes abstraites de l'expression et de l'analyse. -
Pourquoi ce poète ? le Celan des philosophes
Denis Thouard
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 15 Septembre 2016
- 9782021319040
Poète juif né en Roumanie, Paul Celan choisit d'écrire en allemand pour porter la contradiction jusque dans la langue et remettre en question une culture jugée complice de l'extermination. Peu de poètes ont fait l'objet de tant de commentaires dans la philosophie du xxe siècle, de Gadamer à Derrida et Alain Badiou. Mais ces appropriations n'ont pas été sans malentendu. Paradoxalement, l'inspiration intellectuelle légitimant l'intérêt des philosophes pour les poètes, et singulièrement pour ce poète, a souvent été puisée dans la pensée de Heidegger : Celan apparaît comme un auteur dont l'obscurité témoignerait de la profondeur de l'engagement poétique, seul susceptible de résister à l'emprise de la rationalité calculatrice.
L'incompatibilité historique et politique du penseur et du poète fut alors souvent ignorée ou minorée, au profit de la construction d'une synthèse poético-philosophique dont l'ambiguïté est riche d'enseignements sur ce moment de la pensée. En proposant une analyse critique des modalités de cette rencontre, ce livre pose à nouveaux frais la question des rapports entre philosophie et poésie et ouvre la voie à d'autres réponses à la question : « Pourquoi des poètes en temps de détresse? »
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REVUE METHODOS NUMERO 2-2002 : L'ESPRIT MIND/GEIST
Sandra Laugier, Eric Dubreucq, Jean Lassègue, Wioletta Miskiewicz, Laurent Clauzade, Guillaume Sibertin-Blanc, Andre Laks, Jean-Michel Salanskis, Luca Bianchi, Pierre Macherey, Perrine Simon-Nahum, Frédéric Keck, Denis Thouard
- Pu Du Septentrion
- 20 Février 2002
- 9782859397388
" Mind/Geist " exprime la dualité des figures de l'esprit, ensemble de phénomènes naturels objectivables ou instance immatérielle de la pensée. La dichotomie est-elle, et a-t-elle, toujours été considérée comme radicale ? La tension entre dimensions physique et intentionnelle de la psychologie est déjà présente dans l'Intellect (Nous) d'Anaxagore, le premier philosophe de l'Esprit ; chez lui l'action cosmogonique de l'Intellect est à comprendre comme une métaphore du processus cognitif. Entre le Geist hégélien et le Mind des empiristes anglais, l'" Esprit " d'Auguste Comte résout la dualité en prenant une double dimension : naturelle et historique. La philosophie transcendantale de Husserl rejoint la psychologie descriptive de Dilthey dans sa recherche d'un fondement des sciences de l'esprit. Peut-on mieux définir aujourd'hui le domaine de la philosophie de l'esprit ? Pour répondre à la question, il est nécessaire de déterminer le statut de la philosophy of Mind et les enjeux, historiques et philosophiques, de sa constitution. Il faut aussi revenir sur la polarité Mind/Geist, plus complexe en fait qu'il n'apparaît, si l'on analyse le rapport constitutif qu'entretiennnent l'un et l'autre avec les mathématiques.
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Georg Simmel (1858-1918) était un philosophe et sociologue très attentif à l'art de son temps. La sculpture de Rodin l'a particulièrement inspiré. Il publia dès 1902 une première étude (avant même celle de Rilke) et reprit régulièrement la question jusqu'à la mort de Rodin en 1917. Le paradoxe de cet art était selon lui d'installer le mouvement, propre à la modernité telle qu'il l'avait analysée par sa Philosophie de l'argent, dans l'oeuvre plastique, la déportant constamment hors d'ellemême. La reprise et l'approfondissement de ses arguments signale l'enjeu que représentait Rodin à ses yeux. Elle participe de son élaboration d'une pensée de l'art originale.
Le volume rassemble la totalité des écrits consacrés par Simmel à Rodin, permettant de retracer l'histoire captivante de cet échange -
Critique et hermeneutique dans le premier romantisme allemand - textes de f. schlegel, f. schleierma
Denis Thouard
- Pu Du Septentrion
- 10 Octobre 1996
- 9782859395117
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On ne peut qu'hésiter à qualifier d'élégie une suite de vers qui n'ont plus de rapport déterminé avec l'origine d'un genre sans doute funèbre. On ne peut guère considérer une longue portion de temps humain sans y repérer la masse des espoirs ensevelis, le plus souvent dans une violence insensée.
La tonalité sans doute endeuillée des premiers textes va au-devant d'une rencontre avec l'inconnu. La neige est malmenée, blessée violemment, meurtrie. La salissure est l'écriture. La place ouvre cette béance. Le ton se mue en rage, colère et désespoir, dans la pièce centrale, mais sait céder, celle-ci retombée, aux moments - où s'entrouvre une gaîté. Ou est-ce une joie ? Puis vient l'allégement d'un retour, après tant de noirceur, d'une neige nouvelle, omniprésente.