Première traduction française intégrale de Loin de la foule déchaînée. Publié en 1874, Loin de la foule déchaînée est le premier des grands romans de Thomas Hardy (1840-1928), à qui il apporte la notoriété. Il marque l apparition dans son uvre de la région imaginaire du Wessex, calquée sur son Dorset natal. C est le texte fondateur d un univers familier aux lecteurs de Tess d Urberville ou Jude l obscur.
La jeune Louise Assolant, dix-sept ans, entre un beau jour dans le cabinet de Me Agostini pour lui avouer, éperdue, qu'elle a commis un vol, s'est fait prendre et depuis trois jours erre dans Paris, incapable de regagner le cossu foyer de ses parents. Me Agostini, qui en a vu d'autres, se dispose à la ramener chez elle et à arranger l'affaire, quand la jeune fille lui fausse compagnie et s'enfuit de nouveau.
Pourquoi une peur pareille ? Quelles absurdités s'est-elle mises en tête ? La course-poursuite qui va s'ensuivre nous fera croiser le chemin d'une virago quinquagénaire, d'une camarade de classe dubitative, de parents éplorés, d'un chef de cabinet précautionneux et d'un garçon de café bien mal intentionné.
Dans les années 1860, le lieutenant Willatz Holmsen, troisième du nom, vit une paisible existence de seigneur terrien dans son vaste domaine, aux confins du Nordland norvégien, tout comme ses pères avant lui. Époux d'une aristocrate allemande dont l'âme passionnée s'accorde bien mal avec sa raideur et son mutisme un peu hautain, il est l'heureux père d'un jeune garçon. Quand le négociant Tobias Holmengraa, fils de pêcheur ayant fait fortune aux Amériques, revient au pays natal et se montre désireux d'acquérir une parcelle de son domaine, comment le lieutenant Holmsen pourrait-il se douter qu'en accédant à sa requête il va déchaîner l'ouragan de la modernité sur le petit monde où il régnait en maître ?
Dans le Paris des années 1870, un écrivain russe en voyage d'agrément se voit sollicité par un étrange compatriote : Cheramour, qui se prétend exilé politique, est un petit homme négligé à l'énorme barbe, pétri de vagues idéaux humanitaires, et pour qui bâfrer constitue indubitablement la plus noble activité humaine. Quelle peut être son histoire ? Et vers quel destin est-il en train de s'acheminer ?
Publiée en 1879, Cheramour est l'une des nouvelles les plus attachantes de Nikolaï Leskov (1831-1895), auteur prolifique et inclassable, admiré de Tchékhov et de Tolstoï.
Publiée en 1917, en pleine révolution russe, trente ans après la mort de son auteur, La Révolte des animaux de Nikolaï Kostomarov (1817-1885) est restée longtemps oubliée. Redécouverte en Russie en 1991, traduite en plusieurs langues, elle était inédite en français.
Écrite au moins soixante ans avant La Ferme des animaux de George Orwell, elle la préfigure de manière étonnante. Si les deux révolutions n'auront pas les mêmes résultats, la réflexion qu'elles amènent sur les notions de pouvoir et de manipulation, de solidarité et de renoncement conserve toute son actualité.
Inédit en français, le Portrait de Monsieur Podjabrine fait le récit des tribulations d'un séducteur infatigable. Epicurien de pacotille, Monsieur Podjabrine est d'une vanité et d'une superficialité qui le rendent presque touchant. Difficile de savoir s'il prend plus de plaisir à triompher auprès de demoiselles rarement farouches, qu'à narrer ses exploits à ses amis : reste qu'aucune de ces jouissances ne lui évite d'être proie autant que chasseur. Avec drôlerie et vivacité, Gontcharov, dix ans avant son chef-d'oeuvre Oblomov, dépeint le Saint-Pétersbourg des oisifs, des viveurs et des petits rentiers. Lucide, caustique, il s'abstient de toute complaisance, sans jamais céder à la tentation de moraliser.
Chacune des trois nouvelles du présent recueil met en scène des couples qui n'en sont pas. Hommes et femmes s'observent, se séduisent, s'affrontent, se protègent, doivent composer avec leur désir, trouver des arrangements avec les conventions, en un jeu qui est la vie même - « complexe, belle, et pitoyable ».
Conrad Aiken (1889-1973), poète et romancier, fut l'ami de jeunesse de T. S. Eliot, un proche d'Ezra Pound et le mentor de Malcolm Lowry. Les trois nouvelles qui composent La Dernière Visite étaient inédites en français.
À l'orée du XXe siècle, dans un Japon en plein bouleversement, comment une jeune femme indépendante, aussi belle que talentueuse, peut-elle se faire une place dans l'univers bourgeois où elle a grandi ? La réponse est tout sauf moderne : en faisant un bon mariage. Yôko s'y refuse, et dans la lutte inégale qui l'oppose désormais à son milieu, elle ne dispose que de son pouvoir de séduction - une arme à double tranchant, qui finira par se retourner contre elle... Considéré comme le premier roman féministe de la littérature japonaise, Cette femme-là, paru en 1919, est le chef-d'oeuvre de Takeo Arishima (1878- 1923), fils d'une famille d'aristocrates japonais devenu romancier d'avant-garde, socialiste convaincu et observateur lucide des contradictions de son époque.
Les cinq nouvelles qui composent ce recueil retracent toutes l'histoire d'un conflit, avant que Tchékhov ne nous en rappelle in fine la seule issue. Qu'il s'agisse du destin d'un infirmier fasciné par ses voleurs, de la genèse de la haine qui oppose un médecin et son visiteur, du procès d'un homme soupçonné d'assassinat, d'une violente dispute entre père et fils ou de deux malades souffrant ensemble sur un bateau militaire, Tchékhov décrit avec une précision clinique les mécanismes qui voient naître les inimitiés, rendent insolubles les dilemmes et jettent les hommes les uns contre les autres, fermement convaincus de leur bon droit.
Aux commandes d'un petit vapeur, le capitaine Davidson parcourt les recoins les plus obscurs de l'archipel malais, qu'il connait mieux que personne. Réputé pour son intégrité et sa gentillesse, il se voit un jour confier une tournée des plus petits établissements de l'île de Célèbes, pour y collecter de vieux dollars d'argent qui doivent bientôt cesser d'avoir cours.
Une mission parfaitement ordinaire, que l'intervention d'un Français sans mains, flanqué de trois acolytes peu recommandables, va transformer en aventure dangereuse...
Dans la Vienne du début du siècle, il n'est pas un bibliophile qui ne connaisse Jakob Mendel, catalogue vivant de l'ensemble du savoir imprimé. Monomaniaque à la mémoire prodigieuse, affreusement peu doué en affaires, il est affligé d'une boulimie bibliographique qui fait de lui un homme précieux. Perpétuellement installé à la table d'un café du vieux Vienne dont il a fait son quartier général, il délivre ses expertises érudites à tous les amateurs ou spécialistes qui ont le bon sens de venir le consulter.
La Première Guerre mondiale va mettre sens dessus dessous l'univers de Mendel, et le précipiter brutalement dans le monde des vivants, dont il n'a jamais rien appris.
Quand César Cachelin, ancien sous-officier devenu commis au ministère de la Marine, cherche un bon parti pour marier sa fille unique, c'est tout naturellement qu'il choisit parmi ses collègues le jeune homme le plus travailleur et le plus ambitieux. Il est alors loin de se douter que ce choix va avoir des conséquences capitales quant à la perception d'un important héritage, attendu depuis de longues années... Paru en 1884, L'Héritage, impitoyable et grinçante satire des moeurs petites-bourgeoises, nous livre un questionnement moins innocent qu'il n'y paraît des notions de filiation et de virilité.
Quand George Darrow, jeune diplomate trentenaire, retrouve par hasard Anna Leath, amour de jeunesse qu'il n'avait pu épouser, elle est devenue veuve et mène une vie retirée. L'attirance qui les avait rapprochés renaît immédiatement.
Mais Anna Leath, américaine cultivée et du meilleur monde, ne parvient pas à se départir d'une réserve dont on ne sait si elle est pudeur, froideur ou indécision. Darrow, qu'un concours de circonstances amène à se croire éconduit, croise le chemin d'une jeune femme jadis rencontrée à Londres et dont l'existence n'a rien de simple, mais dont le sourire, l'énergie et le courage le distraient agréablement de son chagrin présent.
Une brève idylle se noue ; elle aura des conséquences incalculables...
Le baron Theodor a beau n'être qu'un jeune dandy sans beaucoup plus de cervelle que de caractère, il possède incontestablement un goût prononcé pour le romanesque. Rien d'étonnant donc à ce qu'il tombe amoureux fou d'une mystérieuse princesse grecque, promise à un brillant destin dans lequel interviennent de la façon la plus désordonnée nombre de puissances occultes et cabalistiques. Vont se dresser sur sa route un vieux mage bossu aux expédients malicieux, une sibylle grecque réincarnée en perroquet acariâtre, l'ombre d'un valeureux capitaine et enfin l'auteur lui-même : Theodor est-il de taille à affronter tous ceux qui vont s'ingénier à contrarier ses amours ?
À l'âge de dix-neuf ans, Twain rencontre en rêve l'un des grands amours de sa vie. Pendant plus de quatre décennies, il retrouvera régulièrement, dans son sommeil, cette mystérieuse jeune femme que les changements de prénom et de physionomie n'empêchent aucunement de rester la même.
Les liens qui se nouent entre eux, dans toute leur évidence et leur simplicité, sont-ils moins réels que ceux que l'on construit à l'état de veille ?
En 1752, l'Écosse se relève à peine d'une guerre meurtrière. Le pouvoir anglais fait peser lourdement sa main sur les clans highlanders qui l'ont défié. Depuis leur exil, les chefs de clan survivants tentent de ranimer une rébellion vouée à l'échec.
C'est le décor que Stevenson choisit pour Enlevé !. Il y retrace les pérégrinations d'un jeune héritier spolié par un oncle qui veut le faire disparaître et d'un rebelle pourchassé par les anglais - improbable duo que seul le statut de fugitif va rapprocher.
Reconstitution historique d'une grande fidélité, Enlevé ! parut en 1886, la même année que L'Étrange Cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde, et reste l'un des plus célèbres romans d'aventures de Stevenson.
Figure incontournable du Paris littéraire de l'entre-deux-guerres, compagne de Sylvia Beach et proche amie de James Joyce, Adrienne Monnier fut également l'auteur de plusieurs brèves nouvelles, dont Vierges folles est sans doute la plus marquante. Chronique de l'existence farouchement indépendante d'une petite bande de jeunes femmes, Vierges folles nous donne à voir la pauvreté, les amours malheureuses, les espoirs déçus - toujours vaincus par une irrépressible envie de vivre.
Bûcheron d'une trentaine d'années, Guglielmo vient de perdre sa jeune épouse, mère de ses deux petites filles. Après avoir confié ses enfants à sa soeur, il achète à bon prix le droit de faire une coupe dans la forêt d'une lointaine vallée de montagne. Lui et l'équipe qu'il a recrutée ont devant eux plusieurs mois de labeur, qui les tiendront éloignés de leur foyer durant l'automne et l'hiver.
Pendant ces saisons que lui et ses hommes passeront isolés du reste du monde, Guglielmo va peu à peu découvrir, avec une gravité muette, l'étendue du courage et de la résignation qui lui seront nécessaires pour faire face au deuil qu'il doit porter.
Superbement traduit par Philippe Jaccottet, La Coupe de bois est sans doute l'un des textes les plus marquants de Carlo Cassola (1917-1987).
Quelques mois après la défaite de juin 1940, Joseph Bridet, journaliste, est à Lyon, où il se demande de quelle façon rejoindre de Gaulle à Londres. Toutes ses tentatives se sont avérées vaines, et son épouse, qui ne cache pas ses sympathies pour l'occupant, souhaite désormais regagner Paris.
Non sans naïveté, Bridet finit par se rendre à Vichy, où Paul Basson, l'un de ses anciens amis, travaille à la Direction générale de la Police nationale. Résolu à se faire passer pour un fervent pétainiste, il espère obtenir un visa pour l'Afrique du Nord, d'où il pourra rejoindre Londres facilement. Mais quel jeu joue son épouse, et qui est réellement Basson ?
Écrit en 1943, publié en 1945, Le Piège est l'un des derniers romans d'Emmanuel Bove (1898-1945).
Dans l'Ukraine des années 1870, un fonctionnaire corrompu tente d'extorquer une fortune imaginaire à une troupe de maçons raskolniks, orthodoxes traditionalistes mal vus des autorités. N'arrivant à rien, l'édile leur confisque ce qu'ils ont de plus précieux : la centaine de magnifiques icônes anciennes devant lesquelles ils prient tous les soirs - la plus belle de toutes étant un Ange gardien, qu'ils chérissent plus que la vie. Prêts à tous les héroïsmes pour rentrer en possession de leur Ange, ils ne craignent ni le bagne, ni le fouet, et vont recourir aux ruses les plus invraisemblables... L'Ange scellé est l'une des nouvelles les plus célèbres de Leskov (1831-1895), auteur prolifique et inclassable, admiré de Tchékhov et de Tolstoï.
Frank Saltram est un des plus brillants orateurs que l'Angleterre ait connu ; bien lancé, il peut tenir en haleine n'importe quel auditoire, sur n'importe quel sujet. A ses qualités, il joint malheureusement de nombreuses tares: il est mauvais mari, mauvais père, porté sur la boisson, et plus généralement indigne de toute confiance. Quand son talent est découvert par une petite coterie appartenant à la meilleure société londonienne, débutent les vraies difficultés : comment protéger cet oiseau rare de ses propres défauts, et comment le faire accéder à la notoriété qu'il mérite ? Le chemin de croix de ses bienfaiteurs sera long, et mènera certains d'entre eux bien plus loin qu'ils ne l'auraient souhaité... Paru en 1894, Le Fonds Coxon est l'une des plus célèbres nouvelles d'Henry James (1843-1915), ici dans une nouvelle traduction.
Les soeurs Céline et Désirée Vatard, jeunes ouvrières, travaillent dans le même atelier. Céline, l'aînée, mène joyeuse vie et passe d'un amant à l'autre. Désirée, plus circonspecte, attend de rencontrer un prétendant sérieux pour se marier dans les règles.
Elle croit avoir trouvé l'élu en la personne d'Auguste, nouveau venu à l'atelier, tandis que Céline, lasse des voyous qui l'amusent mais lui font la vie dure, s'amourache d'un artiste issu d'un milieu plutôt bourgeois. Les amours des deux soeurs vont se retrouver rapidement contrariées...
Deuxième roman publié par Huysmans, Les Soeurs Vatard paraît en 1879.
On retrouve dans ce texte parfaitement maîtrisé l'incomparable expressivité de Huysmans, qui peint le petit peuple de Paris avec une âpreté et une acuité d'observation uniques.