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La tempête de neige
Alexandre Pouchkine, Jean-Pierre Pisseta
- Alidades
- Petite Bibliotheque Russe
- 15 Janvier 2011
- 9782906266995
Je vous aime, dit-il, je vous aime passionnément... (Maria Gavrilovna rougit et baissa encore plus la tête). J'ai agi avec imprudence en me laissant aller à vous voir et à vous entendre tous les jours... (Maria Gavrilovna pensa à la première lettre de Saint6Preux). Maintenant il est trop tard pour résister à mon destin ; le souvenir que j'emporte de vous, votre charmante et incomparable personne, seront désormais le tourment et la joie de ma vie ; mais il me reste encore à accomplir un pénible devoir, vous confier un terrible secret qui dresse entre nous une barrière infranchissable...
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Les poèmes ici rassemblés, choisis dans la première et la dernière période créatrice de Mandelstam, témoignent du génie multiple de l'écrivain et de la vigueur jamais démentie qui traverse l'immensité de son oeuvre.
Le présent choix rend tout particulièrement sensible, par un effet de contraste et une volonté de télescopage, l'évolution des choix poétiques de Mandelstam, alors même que d'un poème à l'autre s'affirme ce qui fait l'unité de l'oeuvre. -
Emily Dickinson est prise entre deux dates : 1830 - 1886, et son expérience de la perte : celle de l'amour d'abord, dont par rébellion essentielle elle fait un absolu. En 1962, lâchée par l'homme qu'elle aimait, dont l'identité n'est pas clairement établie, elle se cloître définitivement dans son bourg natal d'Amherst et renchérit sur minuit. A tenter Dieu, qui on le sait est Amour, pour retrouver le Tout par la passion du Rien ou sa rage, elle se dévore elle-même dans une mystique peu orthodoxe mais à l'origine d'une oeuvre dont la fulgurance sera posthume : 1775 poèmes dans l'édition Johnson de 1955, sorte de journal où entre les éclats adamantins de son dialogue avec le néant, elle entrelace une fresque où fleurs, abeilles, papillons et couchers de soleil sont à peine moins inquiétants...
26 poèmes traduits par Odile des Fontenelles. Édition bilingue -
La poésie de Nazîh Abou Afach, qui à ce jour n'a jamais été publiée en français, se caractérise par sa liberté de ton, son refus des carcans stylistiques, tout autant que par une fraîcheur d'écriture qui lui confère la force de la sincérité. Abou Afach, de toute évidence, plie son écriture à ce qui le travaille, manie tendresse, ironie, désabusement, espoir, révolte et sensualité avec une grande simplicité qui de fait le dispense de toute affectation poétique.
Cette verdure, sève généreuse de la vie, je la connais :
Vert de la désolation vert du désir vert des soupirs vert sanglot ruisselant, céleste, sombre, sur la terre.
Traduit de l'arabe (Syrie) par Claude Krul -
Les 36, un des derniers grands poèmes (ou chants) d'Essénine, s'inscrit pleinement dans ce genre du «drame lyrique», du récitatif narratif, cher à l'auteur; il y a là de la geste et du chant, de la scansion, du martèlement, de la pulsion, du bruit même, tout cela, cette matière sonore, constituant de toute évidence la préoccupation première de l'auteur, sans quoi rien de vif ne se pourrait dire. C'est à l'oreille qu'il faut traduire pareille gesticulation (qu'on ne s'y trompe, rien n'est là chaotique) des mots. C'est ce pari, ce jeu peut-être, d'une danse verbale ébouriffante qu'accepte Guy Imart, emboitant le pas à Essénine, tentant de faire renaître dans le français cette respiration de derviche, ce halètement signifiant. Car ce poème est plus qu'un poème; il tient du ballet, il tient de la prière, il tient de la rengaine; et ce dans un entrelacs de modernité et de tradition qui lui confère toute sa force, comme c'est le cas parfois chez un Stravinsky ou un Chostakovitch.
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Adlestrop ; poèmes d'un temps de guerre
Edward Thomas
- Alidades
- Bilingues
- 15 Décembre 2022
- 9782919376957
Edward Thomas (1878-1917) n'a pas le profil typique des war poets britanniques qui partent pour le front à la sortie de l'adolescence ou de l'université. Souvent oublié au panthéon des poètes-combattants parce qu'il n'a pas écrit sur l'expérience des tranchées, il compose pourtant, de 1914 à 1917, une centaine de poèmes où la guerre est toujours latente, soit comme réalité lointaine ou grondant comme une rumeur, soit parfois aussi qu'elle éclate brutalement au sein d'un paysage; le conflit et la peur affleurent sans cesse dans ces poèmes imprégnés de l'obsession des choses sans lendemain.
Plus d'un siècle après sa mort, ses «paroles tout incrustées de pluie» résonnent plus que jamais de leur grâce si particulière, regrettant le bonheur passé et célébrant la nature présente alors même qu'elles évoquent le grand boule-versement de la Première Guerre mondiale et la douleur d'être au monde.
Poète à la voix ténue mais tenace, encore très admiré au Royaume-Uni («notre père à tous», selon Ted Hughes), Edward Thomas est ici traduit pour la première fois en France.
Édition bilingue -
Peu connu hors du monde arabe, Chawqî Baghdâdî en est pourtant l'un des poètes les plus populaires. Ce recueil - qui offrait à sa parution certains inédits - se veut un parcours dans une oeuvre où l'engagement personnel sait s'allier, en les revisitant, aux traditions lyriques du Moyen Orient.
O nuit de Damas nuit des voix confuses clamant nuit du parfum enfoui embaumant nuit des morts se levant de dessous les pierres Qu'advient-il donc à l'appel de l'aube ?
Où la terre cache-t-elle ses merveilles Quand surgit le jour ? -
Une poésie faite d'instantanés. Décors vite esquissés, scènes fugaces, brefs dialogues surgis de la mémoire ou pris sur le vif, attitudes caractéristiques, sont autant d'occasions de recréer, par petites touches, discrètement, l'intensité des émotions et des situations de la vie, dans une sorte de distance bienveillante, amusée parfois, ironique quelquefois et toujours un peu nostalgique. Cet ensemble constitue le premier recueil publié en français de Monzer Masri. Après Chawqi Baghdadi et Abou Afach, nous espérons ainsi contribuer à la découverte des voix importantes de la poésie syrienne d'aujourd'hui.
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Franz Hellens et Marie Miloslawsky firent paraître en 1926 la première, et unique, traduction française du Pougatchev d'Essénine, reprise depuis par divers éditeurs. Sans doute les difficultés propres à ce texte au rythme savamment travaillé, où les niveaux de langues s'entremêlent dans un tissage poétique virtuose, ont-elles représenté un obstacle jugé infranchissable à une nouvelle transposition en français. Et pourtant, selon l'expression de Trotski, qui estimait et protégeait Essénine, Pougatchev est Essénine de la tête aux pieds ; toute sa poétique y est convoquée et le drame psychologique qui émonde octobre autant que la Révolution puise aussi bien aux sources littéraires qu'aux traditions populaires et à cette extraordinaire sensibilité aux choses de la nature qui traverse et nourrit toute l'oeuvre du poète.
La présente traduction a su concilier avec bonheur la très grande fidélité au propos d'Essénine et l'exigence rythmique sans laquelle le texte ne saurait tenir. C'était une gageure ; c'est aussi, pour les lecteurs d'Essénine, un événement.
Traduit du russe par Victoria et Guy Imart. Édition bilingue. -
Anioutka et autres contes de Sibérie Orientale
Collectif
- Alidades
- Petite Bibliotheque Russe
- 6 Octobre 2023
- 9782494935044
Douze contes des traditions evenk et bouriate ainsi qu'un conte russe constituent ce quatrième volume de récits traditionnels de Sibérie Orientale. Magie mauvaise des chamanes, héros légendaires (bators et bogatyrs) et chevaleresques, métamorphoses et âpres combats, steppes immenses et forêts profondes en sont les ingrédients, qui ne sont pas sans faire écho parfois à un imaginaire qui nous est familier.
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Ce qui distingue Essénine, c'est une force de rupture spirituelle et sociale qui se traduit dans une parole écartelée entre l'imprécation et le blasphème et la nostalgie de la sérénité perdue liée aux origines rurales du poète. L'écriture est extrêmement tendue, la langue violentée parfois et si le souci de l'image demeure, c'est celui d'une image pervertie, retournée jusque contre elle-même. D'où une tonalité très dramatique et révélatrice d'un profond désespoir. L' Inonie, précédée de Octoèque et suivie de L'homme noir, est ici donnée dans son intégralité.
Traduit du russe par Christian Mouze. Édition bilingue. -
Les poèmes de Swift - il y en a à peu près deux cent cinquante - ont été très peu traduits dans notre langue. Il est vrai qu'hormis quelques textes célèbres, Les voyages de Gulliver, Le conte du tonneau, l'oeuvre du grand satiriste est généralement mal connue en France. Le présent recueil regroupe des poèmes qui ont pour point commun l'Irlande (mieux vaudrait dire, déjà, la question irlandaise. On y retrouve bien entendu la veine satirique et toute la capacité d'indignation du doyen de Saint Patrick. Mais le véritable bonheur de ces textes tient dans la vivacité d'un style qui fait de Swift le parent autant d'un Rabelais que d'un Voltaire, tout en préservant cette saine liberté du ton propre à ce que l'on peut appeler la littérature populaire.
Ce volume contient :
- Mangeant toujours... (Ever eating) - Description d'une fête irlandaise, traduite presque littéralement de l'original irlandais (The Description of an Irish Feast translated almost literally out of the original irish) - Le séjour des damnés (The place of the Damned) - Cul par dessus tête, ou Haro sur les juristes en tournée (Helter Skelter or, the hue and cry after the attornies, going to ride the circuit) - Nouvelle et excellente balade ou Ce bon doyen anglais doit être pendu pour viol (An Excellent New Ballad, or the True English Dean to be Hanged for a Rape) - Chanson nouvelle et excellente sur un pamphlet séditieux (An Excellent New Song on a Seditious Pamphlet) - Irlande (Ireland) Édition bilingue ; traductions : Emmanuel Malherbet -
L'intelligentsia et la révolution
Alexandre Blok
- Alidades
- Petite Bibliotheque Russe
- 1 Janvier 2002
- 9782906266216
Rien n'est jamais simple, surtout pas ce plaidoyer musical pour la révolution bolchévique : car s'y joignent l'acte politique, toujours problématique, de l'intellectuel prenant fait et cause au coeur de la tourmente, et la découverte autant que le voeu d'une esthétique nouvelle dont la révolution jette aveuglément les principes. Peu importe que ce soit par le fer et le feu, ou même faut-il qu'il en soit ainsi, comme dans les grands moments mythiques des origines, pour qu'apparaisse un monde qui sonne autrement. Il y a dans le mouvement destructeur de la révolution une force créatrice implacable et capable d'opérer, selon l'expression de Nietzsche, dont Blok paraît ici parfois très proche, la transmutation des valeurs : c'est à cela qu'aspirent ces pages d'une langue vive et libre, qu'on peut lire aussi comme le meilleur commentaire qui soit du grand poème Les douze.
Traduit du russe par Jacques Imbert. -
à propos de la sonate à kreutzer
Nikolaï Leskov
- Alidades
- Petite Bibliotheque Russe
- 1 Janvier 2002
- 9782906266308
Leskov donne dans cette nouvelle une variation sur le thème de la Sonate à Kreutzer, dans laquelle Tolstoï avait dénoncé le scandale du mariage fondé sur les conventions sociales et les relations charnelles plus que sur l'amour véritable. Si Leskov se montre plus léger et facétieux que son illustre maître quant à la doctrine, son récit n'en est pas moins empreint d'une sourde gravité.
Traduit du russe par Jacques Imbert. -
On retrouve dans ce court récit dont le projet remonte à l'époque des Mémoires d'un chasseur, mais qui ne fut achevé qu'en 1857, condensés mais bien présents, les thèmes chers à Tourguéniev : une extraordinaire acuité dans la perception de la nature, le souci du portrait et l'intérêt qu'il porte aux manifestations les plus authentiques de l'humanité, le penchant méditatif conduisant le récit vers la tonalité des poèmes en prose, la préoccupation morale. La traduction de Viardot, publiée à la librairie Hachette en 1858 dans un recueil intitulé Scènes de la vie russe, malgré quelques tics d'écriture propres à l'époque, témoigne quant à elle de la parenté qui liait les deux hommes.
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La vierge chevauchant venise et moi sur son épaule
Elena Schwarz
- Alidades
- Petite Bibliotheque Russe
- 15 Février 2004
- 9782906266568
Traduite en allemand et en anglais, l'oeuvre d'Elena Schwarz (Une quinzaine de recueils, dont deux anthologies récentes) n'a connu en France que de brèves publications en revues ou au sein d'anthologies consacrées à la poésie russe des dernières décennies. L'un des plus prestigieux prix littéraires de Russie, le prix « Triumph », vient cependant de lui être décerné, portant sur le devant de la scène une écriture qui, depuis les années 70, s'est élaborée, par la force des choses et le refus des compromissions, dans le retrait.Vivant à Saint Petersbourg, Elena Schwarz appartient à cette génération d'écrivains qui ont voulu et su préserver, contre les pressions soviétiques, puis contre la déferlante des sous produits culturels consécutive à l'ouverture à l'ouest, l'exigence d'un travail éminemment personnel et original. Elle puise à différentes sources - tant la tradition biblique que les traditions populaires slaves - qu'elle transcende, une parole d'un mysticisme brutal, coloré, existentiel, hérétique sans doute (comme elle en convient elle-même) par laquelle s'exprime une intériorité forte et torturée dans sa relation complexe à la réalité humaine et à ce qu'elle peut avoir de troublant, de violent et de problématique.
Le vers d'Elena Schwarz n'est pas libre ; mais ne l'étant pas, il est néanmoins brisé, secoué, malmené, ainsi qu'on peut l'entendre lors de ses lectures (notamment lors du dernier Printemps des poètes, à Lyon, Montpellier, Bordeaux) et s'éloigne de la stricte régularité encore bien souvent défendue par nombre de poètes russes contemporains. Remarquablement et généreusement servi par la traduction d'Hélène Henry, l'ensemble proposé dans le présent recueil permet pour la première fois en français de parcourir plus de vingt cinq années de l'écriture d'Elena Schwarz et de prendre la mesure de la force extraordinaire qui traverse tout l'oeuvre de cet écrivain dont à coup sûr on reparlera.
Poèmes traduits du russe par Hélène Henry. -
Victor Astafiev naît en 1924 en Sibérie. Après la mort de sa mère il s'installe avec son père à Igarka, au bord de l'Iénisseï. Placé en orphelinat après une fugue, il en sort à quinze ans et gagne sa vie d'abord comme docker puis comme pêcheur sur le lac Makovski. Ce sont la nature sibérienne et son expérience d'enfant et d'adolescent qui nourrissent ses premiers textes et ses premiers poèmes. Après la guerre il s'installe dans l'Oural où il exerce le métier de journaliste. Il meurt le 29 novembre 2001 à Krasnoïarsk, des suites d'un accident vasculaire cérébral. Le prix Gorki lui a été attribué en 1975 pour l'ensemble de son oeuvre.
Mi-conte, mi-nouvelle, le Roi Poisson reprend les thèmes chers à l'auteur : la nature sibérienne, la tradition, la place de l'humain.
Traduit du russe par Maroussia Comparat -
Faraj Bayraqdar est né en 1951 dans le village de Têr Mâla près de Homs en Syrie. Journaliste et poète, il est arrêté une première fois en 1978 : la revue littéraire dans laquelle il publie de jeunes poètes et écrivains affiche une liberté de ton qui ne peut convenir au régime. Dans les années qui suivent il s'engage plus avant dans le militantisme, au sein d'un parti d'opposition interdit. Arrêté de nouveau en 1987, il est torturé sauvagement pendant toute une année puis transféré à la prison militaire de Palmyre où il survit cinq années dans un isolement et dénuement complets. Il est ensuite transféré dans une prison voisine de Damas ; les conditions sont moins dures ; on l'autorise à lire, à écrire. Il ne sera relâché qu'après quinze ans de détention, suite à une campagne internationale menée notamment par Amnesty et le PEN Club international. De son aveu même, la poésie lui a permis de « rester un être humain », de na pas « devenir néant ». Participant à un débat à Genève dans le cadre du Festival International du Film sur les Droits Humains, il affirmait que « la liberté qui est en nous est plus forte que les prisons ». Cette liberté trouve selon lui son effectivité dans cette force qu'elle insuffle à l'activité créatrice ; l'écriture sans doute n'abolit ni les murs ni les barreaux, non plus qu'elle ne met fin aux tortures et vexations, mais elle offre cette possibilité de ne pas tomber sous eux. Elle offre aussi cette possibilité de les dénoncer, donc d'agir.
Faraj Bayraqdar poursuit, actuellement depuis la Suède, son activité littéraire tout autant qu'il mène un combat pour la libération des prisonniers politiques enfermés dans les prisons syriennes. -
Le coup de pistolet
Alexandre Pouchkine
- Alidades
- Petite Bibliotheque Russe
- 15 Novembre 2006
- 9782906266704
Je tenais enfin sa vie entre mes mains ; je fouillais du regard son visage, essayant d'y saisir l'ombre d'une inquiétude. Il était là, debout, à la merci de mon pistolet, triant dans sa coiffure les cerises mûres dont il crachait les noyaux jusqu'à mes pieds. Son sang-froid me mit en rage. Quel intérêt, pensais-je, de lui ravir la vie, alors qu'il n'y attache aucun prix ? Une idée perverse me vint à l'esprit. Vous ne semblez pas pour l'instant d'humeur à mourir, lui dis-je ; déjeunez, s'il vous plaît, je ne saurais vous en empêcher. Vous ne me gênez nullement, répliqua-t-il ; tirez, je vous en prie ; d'ailleurs c'est votre tour et je demeure à votre disposition. Je déclarai aux témoins que je n'avais pas aujourd'hui l'intention de tirer, et le duel s'acheva là-dessus.
Je pris ma retraite et me retirai dans ce coin. Il ne s'est pas passé un jour depuis, sans que je repense à ma vengeance. Maintenant mon heure est venue...
Édition bilingue russe/français. Traduction de Jacques Imbert. -
Sept longs poèmes extraits d'un ensemble inédit au titre significatif : La république de la peur, rédigé de mai 2011 à janvier 2016. Chaque poème est daté, chargé de l'actualité de Syrie (où Chawqî Baghdâdî habite toujours), et traversé de claires allusions politiques.
L'écriture est ample, vigoureuse, marquée de colère, de doute, travaillée d'une impuissance sans résignation. Autant que lue, cette poésie doit être dite (comme on dit la poésie dans les cafés de Damas), tant ses rythmes savent épouser les états d'âme de l'écrivain aux prises avec la réalité.
Traduction de Claude Krul -
GUSTAVO, c'est l'histoire d'une maladie mentale. Carlo Bordini y réussit ce tour de force non de dire l'intériorité mais d'être l'intériorité en train de se dire. On circule dans les méandres d'une pensée malade évoluant dans l'espace toujours mouvant où Gustavo, hargneux, déshonnête, menteur et lâche, traîne en le chérissant son mal chronique, cette semi-asphyxie que provoquent le sentiment d'échec et le déni qui l'accompagne.
L'écriture se développe ici en une sorte de spirale propre au ressassement obsessionnel, avec des effets de brisure ou d'inachèvement, des bizarreries lexicales et grammaticales comme autant de symptômes d'une parole qui cherche douloureusement son chemin. La force du style de Bordini (et donc de son traducteur) est de donner les tonalités de l'évidence à ce qui bien sûr n'est rien moins qu'évident. -
Ces contes proviennent de la riche tradition orale des Evenks et des Bouriates, peuples de chasseurs, de pêcheurs et d'éleveurs vivant dans les immenses steppes et forêts de la région du Baïkal (ce lac qui pour eux est une mer) avant l'arrivée des Russes au milieu du xviième siècle.
Adeptes du chamanisme ou du lamaïsme (bouddhisme tibétain), ils étaient soumis à l'autorité toute féodale des khans, princes locaux et chefs de guerre réputés impitoyables. Il n'est pas étonnant que ces récits populaires mettent souvent en scène la revanche des humbles sur les puissants, avec parfois le secours (plus ou moins volontaire) de forces naturelles à la fois divinisées et anthropomorphes. Il n'est pas étonnant non plus que s'y manifestent les préoccupations d'une ruralité pastorale et agricole aux figures parfois truculentes.
Comme souvent dans les contes, s'opère un renversement des valeurs et des jugements (le simplet ne l'est pas tant, le rusé ne l'est qu'à-demi, le fort trouve plus fort, le pauvre gagne au-delà de ce que le riche peut désirer...) qu'il faut lire comme l'expression à la fois d'une souffrance réelle, d'un désir de justice et d'un bel optimisme qui s'affirme dans la joyeuse fantasmagorie du propos. Il est vrai aussi que la répétition des thèmes et des figures narratives permet d'affirmer la stabilité des repères culturels et de conférer au récit une fonction sécurisante et éminemment sociale: un conte doit être dit, et il ne peut l'être qu'au sein du groupe réuni pour l'entendre et le reprendre dans la participation à une parole commune et bien connue.
Ainsi le conte oscille-t-il entre respect de la tradition et irrévérence ; ou tout simplement est-il l'expression la plus traditionnelle de l'irrévérence. -
Cinquante poèmes choisis dans l'oeuvre de Mahshid Vatan-Doust, poétesse contemporaine iranienne : la réalité problématique de l'existence dans un pays où chacun est sous haute surveillance.
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S'en sont allés, petits pêcheurs ; ballades ruthènes
Mychajlo Chmajda, Collectif
- Alidades
- 6 Février 2023
- 9782919376933
L'ethnographe et écrivain ruthène Mychajlo Chmajda (1920-2017) a réuni dans un important ouvrage - Ballades - nombre de ces chants-poèmes qui selon lui «forment un genre propice à la transmission concise des événements qui constituent la tragédie humaine d'une, de deux, ou parfois plusieurs personnes.» S'y expriment en toute simplicité, parfois brutalement, et dans une symbolique aux codes bien arrêtés, les craintes, les angoisses et les espoirs, la difficulté de vivre de tout un monde rural.
La traduction de certaines de ces ballades par Guy Imart en souligne l'extraordinaire poéticité tout autant qu'elle invite à la découverte d'une tradition culturelle inconnue de la plupart d'entre nous.
Le pays ruthène, patrie des Rusyny, constitue une zone ethno-linguistique répartie entre Pologne, Slovaquie et Ukraine. Cette région fut, au même titre que la diaspora et jusqu'à une date récente, une zone refuge pour l'intelligentsia ukraïnophile qui refusait la politique de russification/assimilation (ethnique, linguistique, religieuse, idéologique) imposée par la Russie puis l'URSS. Elle participa ainsi, à partir du XIXe siècle au vaste mouvement pan-ukrainien d'affirmation d'une identité ethnique, linguistique et culturelle propre, nettement orientée vers l'Occident.