Dorante s'est épris d'Araminte, une jeune veuve, belle et riche, qu'il rêve d'épouser. Afin de l'approcher, il se fait introduire chez elle en qualité d'intendant, avec la complicité de son ancien valet. Mais, comment Araminte pourrait-elle être séduite par ce jeune homme si peu fortuné, elle que Madame Argante, sa mère, souhaite marier au comte Dorimont ? Et pourtant... En montant contre elle un complot impitoyable, qui mêle émotion, comique, critique sociale et «fausses confidences», Marivaux permet à son héroïne d'accéder à toutes les gradations du coeur, et d'exercer son droit au bonheur.
La plus parfaite et la plus riche des comédies de Marivaux, où l'on trouve ses principaux thèmes.Deux fiancés, qui ne se connaissent pas encore, échangent leur rôle avec leurs domestiques. Ils se retrouvent et s'aiment malgré le changement de condition sociale. L'art exquis de la construction, toute en symétries et en quiproquos, le sourire au bord de la cruauté, le triomphe de l'amour, c'est le théâtre français dans toute sa grâce.
Prenez un jeune noceur qui doit quitter sa maîtresse pour faire un beau mariage, une «divette» de café-concert qui ne s'en laisse pas compter, un général sud-américain au tempérament volcanique et au français très approximatif, un clerc de notaire auteur de chansons ineptes. Prenez encore un monsieur à l'haleine douteuse, une jeune fille émancipée, une gouvernante anglaise. Placez ensuite tout ce joli monde dans le salon de la divette, dans une chambre à coucher, puis dans l'escalier d'un immeuble bourgeois, et vous obtiendrez l'un des vaudevilles les plus échevelés de Georges Feydeau. Efficacité garantie! Depuis 1894, Un fil à la patte a fait crouler de rire des générations de spectateurs et de lecteurs.
Eh bien ! veux-tu que je prenne le voile ? Veux-tu que je m'enferme dans un cloître, dis ? Voyons, si l'on te disait : Cette malheureuse femme s'est fait raser la tête, elle couche dans la cendre, elle creuse sa fosse de ses mains, elle prie Dieu nuit et jour, non pour elle, qui en aurait besoin cependant, mais pour toi, qui peux t'en passer ; elle fait tout cela, cette femme, pour que tu abaisses un jour sur sa tête un regard de miséricorde, pour que tu laisses tomber une larme sur toutes les plaies vives de son coeur et de son âme, pour que tu ne lui dises plus, comme tu viens de le faire avec cette voix plus sévère que celle du jugement dernier : Vous êtes Lucrèce Borgia !
(Acte III, scène 3)
En 1640, Corneille a conçu sa véritable première tragédie. L'affrontement de deux cités, Rome et Albe, est symbolisé par celui de deux familles, les Horaces et les Curiaces. Les guerres nationales donnent à la tragédie de Corneille une nouvelle actualité, greffée sur un très antique fond mythique. Horace est une pièce aux sens multiples : historique, politique, amoureux ; elle contient aussi un magnifique éloge de l'amitié virile, et une philosophie du héros, fait pour la solitude et pour la mort. Corneille offre autant de guerres et de sang que le journal télévisé, mais il y ajoute le sens et la beauté : il aide à penser la violence nue.
«Elle me résistait, je l'ai assassinée !...»En mai 1831, au Théâtre de la Porte Saint-Martin, la salle sanglote, crie, applaudit à tout rompre quand elle entend les derniers mots d'Antony.Le drame d'Antony est celui d'un bâtard que sa naissance a empêché d'épouser la femme qu'il aime. À la société qui fait obstacle à son bonheur, il oppose la force d'une passion qui emporte tout sur son passage. La sage Adèle ne peut y résister.La puissance d'imagination de Dumas, confirmée par des romans comme Les Trois Mousquetaires ou Le Comte de Monte-Cristo, séduisait encore, dix ou vingt ans plus tard, des esprits aussi exigeants que Flaubert ou Baudelaire. La postérité a définitivement imposé le romancier. Jusque dans ses outrances, c'est le génie dramatique de l'auteur d'Antony qu'il faut aujourd'hui redécouvrir.