Les Africaines du XXIe siècle ne restent pas recluses sur des territoires connus : la maternité qui semble les définir et la cuisine où elles passent du temps.
Pour faire face aux problèmes de survie quotidienne, elles se donnent le droit de penser par elles-mêmes, de concevoir, d'imaginer des solutions, de prendre des initiatives. Elles bravent les barrières et les obstacles en "attachant leurs pagnes". Au coeur de l'Afrique en crise, théâtre de mille conflits, elles sont prêtes à prendre leurs responsabilités et à jouer un rôle de premier plan y compris en économie et en politique.
Dans une mosaïque de situations multiples, Tanella Boni nous offre ainsi un tableau contrasté des femmes africaines, comme le sont elles-mêmes les Afriques. Un avenir s'y dessine, celui du courage et de la recherche d'un destin qui ne soit pas écrit de toute éternité.
Née dans le sillage d'Hergé, la bande dessinée dite "franco-belge", qui s'est imposée par le biais des hebdomadaires Spirou et Tintin , a largement fait écho aux préjugés coloniaux. Le cas de Tintin au Congo , publié en 1930, est assez bien connu. Le présent ouvrage analyse la production franco-belge de manière plus générale, pour faire notamment ressortir des convergences.
A travers la bande dessinée franco-belge "classique", se dévoile tout un imaginaire colonial, qui fait écho à l'idéologie officielle développée outre-Quiévrain, mais aussi à des romans ou au cinéma. Le lecteur observera cependant que le genre étudié, imprégné de valeurs catholiques et scoutes, cultive parfois un idéal de fraternité entre les peuples et de rejet des préjugés.
Eté 1997 : Brazzaville souffre et pleure, petite capitale dépecée par ses milices sous l'oeil inquiet des compagnies pétrolières.
Des " enfants de Poto-Poto " s'entretuent dans les ruelles verdoyantes tandis que la masse des citadins se réfugie dans les campagnes voisines. Cadavres, scènes de pillage et de désolation hantent les médias internationaux. Et des arguments rationnels, politiques, économiques, sont proposés pour donner sens à ce qui, une fois advenu, apparaît comme un enchaînement prévisible. Pourtant Brazzaville bouge, Brazzaville vit, chante et danse.
Des chansons populaires célèbrent sa verdure ondoyante, sa beauté naturelle, sa douceur de vivre, son ambiance nocturne, ses élégances, l'insouciance de ses " sapeurs "... Engagé bien avant les événements sanglants de l'été 1997, cet ouvrage cherche à éviter autant la complaisance que la compassion ou le cynisme. L'étude porte sur une période charnière sur le plan politique et économique : crise liée à la chute des revenus pétroliers, premiers plans d'austérité, dernières années d'un régime marxiste-léniniste, Conférence nationale et établissement du pluralisme politique, espoirs d'une démocratie qui se diluent dans les pratiques de corruption, de violence et de manipulation de la jeunesse, guerres urbaines pour la conquête du pouvoir.
Les auteurs ont voulu restituer dans leur cadre physique et décrire, au quotidien, l'accélération des mutations sociales et politiques à Brazzaville au cours de ces dix années de transition (1987-1997), le passage d'une urbanité de rente à une urbanité de crise, l'exacerbation des convoitises, des tensions et des manipulations politiques et identitaires qui ont transformé deux fois Brazzaville en champ de bataille.
La Succession.
En Côte d'Ivoire, on en parle dès les premières années de l'indépendance. Le président Houphouët-Boigny lui-même y avait fait allusion, tandis que Philippe Yacé, secrétaire général du Parti démocratique africain de Côte d'Ivoire, avait révélé que beaucoup demandaient ce qui arriverait " après le Président Houphouët-Boigny "... C'était en 1965.
La conviction profonde de Jacques Baulin, l'auteur de ce livre, c'est que Félix Houphouët-Boigny a cherché à préparer le terrain pour un dauphin qu'il avait choisi depuis fort longtemps en la personne de Henri Konan Bédié.
Celui-ci sera couvé un quart de siècle durant, pour des raisons qui restent brumeuses et en dépit d'innombrables vicissitudes qui, sous d'autres cieux, auraient amplement suffi à une élimination politique. Ce livre se présente comme le récit argumenté et détaillé de cette prodigieuse stratégie de F. Houphouët-Boigny pour promouvoir l'ascension de Henri Konan Bédié à la présidence de la République de Côte d'Ivoire.
Lors de sa première édition sous la marque Eurafor-Press, en 1989, la classe dirigeante ivoirienne n'ignora pas le livre de Jacques Baulin.
Pour tourner l'interdiction de vente dans les librairies d'Abidjan, beaucoup d'Africains venaient s'approvisionner directement chez l'auteur, à Paris. Avec cette nouvelle édition introduite par Gilbert Comte, eux-mêmes, leurs fils et leurs filles pourront redécouvrir cette tranche d'histoire en une période pleine de défis et d'inconnues pour leur pays !
La définition de l'identité culturelle et linguistique du Cameroun ne saurait se résumer à la seule composante bilingue français-anglais.
Elle est, certes, essentielle pour cimenter, consolider durablement l'unité nationale et permettre l'émergence d'une citoyenneté moderne.
Mais ce n'est pourtant pas le principal. Car, à côté des langues officielles, existent et se développent des langues nationales camerounaises. Une définition de la politique linguistique globale ne pourrait continûment ignorer cette réalité. Ce serait une approche réductrice et injuste à l'égard de ces langues dans leur fonction de gardiennes de la diversité culturelle du Cameroun.
Une complémentarité fonctionnelle et nécessaire devrait pouvoir s'établir entre les langues officielles et les langues camerounaises.
C'est une synergie qui serait de nature à garantir l'harmonie et la solidité d'une culture, respectueuse de ses valeurs authentiques, et ouverte sur la modernité.
L'Algérie a une riche tradition orale et rituelle, particulièrement représentative du domaine culturel arabo-berbère où des traits symboliques et cosmogoniques du vieux fonds méditerranéen se mêlent à l'héritage islamique.
A l'heure de la modernité, l'éventail des rites et de leurs référents s'est adapté à des réalités sociales, politiques et économiques nouvelles, parfois conflictuelles et violentes. Rituels des âges de la vie, fêtes musulmanes, sacrifices calendaires, rites de l'eau ou du seuil, festivités nuptiales, divination, soins magico-religieux, gestion de la mort... tous ces épisodes rythmant le temps socio-sacral sont redécouverts dans cet ouvrage qui nous fait rencontrer un autre visage de l'Algérie.
Le 19 mars 2000, le Sénégal réussissait dans la paix un changement de régime politique après des élections au suffrage universel.
Pour beaucoup, ce pays, qui dispose d'une élite intellectuelle, artistique et politique réputée et de nombreux cadres de haut niveau, est devenu un pays politiquement émergent. Mais qu'en est-il de son émergence économique ? Dans Le Sénégal, un lion économique ?, Mamadou Lamine Diallo, en observateur averti, nous rappelle les acquis et les points forts du Sénégal, et aborde les conditions de son entrée dans l'économie de marché.
Emprunté à l'imagerie développée dans Afrique 2025. Quels futurs possibles pour l'Afrique ? (publié chez Karthala par Futurs africains), le titre de l'ouvrage rappelle les images du dragon et du tigre qui ont caractérisé les pays émergents d'Asie. Inspirant le respect, pour la modernité de son modèle politique, le Sénégal saura-t-il emprunter résolument les chemins de la compétitivité et développer, pour ce faire, les indispensables conditions économiques et sociales ?
Le 6 juillet 1975, Ahmed Abdallah proclame l'indépendance des îles Comores.
Pour l'aimable peuple comorien s'ouvre un quart de siècle de turbulences. En 24 ans on attribue à l'archipel aux sultans batailleurs 18 coups d'État ou tentatives de coups d'Etat. Exilé en août 1975 par le révolutionnaire Ali Soilihi qui ne survécut pas au naufrage de sa République des imberbes... Ahmed Abdallah, revenu au pouvoir, parvint pendant dix années à préserver l'unité d'un petit état fragilisé par les velléités sécessionnistes, l'agitation des ambitieux et la présence des mercenaires de Bob Denard qu'Ali Soilihi avait eu l'imprudence d'introduire dans un jeu qu'ils rendaient mortel.
Il maintint d'étroites relations avec la France, en dépit des critiques qu'y suscitait son régime et du différend qui l'opposait à l'ancienne puissance coloniale à propos de Mayotte. A la veille de son troisième mandat présidentiel, il fut, en novembre 1989, assassiné par les mercenaires dont, en 1985, des comploteurs marxistes-léninistes avaient planifié l'élimination.
Deux mondes s'affrontent à La Réunion jusqu'en 1939.
Les maîtres du jeu économique (gros propriétaires fonciers, la plupart usiniers, moyens propriétaires, gros commerçants, quelques membres des professions libérales) usent de la fraude pour rester les maîtres du jeu politique qu'ils contrôlent depuis que le suffrage universel masculin existe. La couche des défavorisés composée de tous les petits (planteurs, colons, ouvriers des champs, haleurs de pioche, coupeurs de canne, dockers, cheminots, ouvriers d'usines, becqueurs de clé) est confrontée à la même réalité de misère et souhaite que les réformes sociales entreprises en métropole trouvent droit de cité à La Réunion.
En adoptant en 1936 le slogan " La Réunion - département français ", les travailleurs syndiqués du second monde, soutenus par des fonctionnaires, manifestent un fort désir de changer leurs conditions de vie. Les forces conservatrices ont plus que jamais peur de perdre leur ascendant sur eux et surtout de devoir payer de nouveaux impôts. L'épreuve de la Seconde Guerre sert-elle finalement la cause des plus humbles ? C'est ce que tente d'analyser Prosper Eve dans cet ouvrage.
Autrefois, les féticheurs ne faisaient de mal à personne, mais si tu allais les provoquer, ils te le faisaient payer.
C'était ce qu'il y avait de bien dans le fétichisme. A présent, la plupart des jeunes sont ignorants, ils font des querelles aux autres, ils prononcent des malédictions : " Je vais te tuer ! ", alors qu'ils ne connaissent rien. Ce genre de personnes, si tu leur transmets de bonnes connaissances, il tuent beaucoup de gens qui ne leur ont rien fait. C'est pourquoi les vieux ne veulent pas donner de bonnes connaissances, et beaucoup meurent en emportant leur savoir.
Un jeune qui ne fait pas de mal aux autres, il peut obtenir des connaissances auprès des vieux, petit à petit. Et si ces vieux ont confiance en lui, s'ils voient que c'est quelqu'un de simple, il peut apprendre beaucoup. Mais des jeunes comme ça, il n'y en a plus beaucoup aujourd'hui. Dès qu'ils ont un tout petit peu de connaissances, ils s'en vont n'importe où vendre des remèdes, gagner de l'argent, et ne tiennent plus du tout compte de toi, qui leur as donné ces connaissances.
Le savoir s'apprenait autrefois dans le respect, ce n'était pas une question d'argent. Maintenant, c'est l'argent qui compte, c'est ce qui fait que beaucoup de choses n'ont plus de force, et qu'il y a partout des gens qui ne disent que des mensonges. Ce qui fait l'intérêt de ces chroniques, c'est surtout qu'elles donnent à voir in situ, et sans la présence d'aucun observateur étranger, forcément perturbateur, comment, dans un village des environs de Ségou, on vit avec les maléfices, les malédictions, la sorcellerie, les amulettes, et tous autres procédés, croyances ou objets " magiques ".
Comment ceux-ci se mêlent aux jeux de pouvoir, d'argent, d'amour, aux relations de famille et de travail, à la maladie et à la mort. Mais aussi comment ils soulignent et parfois révèlent, au-delà des enjeux et calculs individuels, et au-delà du village - qui pourrait être autre et autre part - les principes fondamentaux, les éléments obsessionnels de la société malienne
Cahier photos couleur de 16 pages.
Ce livre propose de découvrir le football en Afrique du Sud, à travers le quotidien d'un club de football africain amateur : le Mighty 5 Star, club réputé de Kayamandi, township de la ville très rugbystique de Stellenbosch, située dans la province du Cap occidental. Reconnu comme l'un des trois sprots nationaux depuis 1994, célébré par la coupe du monde 2010, le football est un symbole de la culture de la majorité noire du pays.
Menée entre 2005 et 2009, cette enquête ethnographique décrit comment ce sport participe diversement à organiser la vie du township. Comme beaucoup d'associations oeuvrant dans ces quartiers pauvres, il tisse des solidarités mais il suscite aussi, de par son essor actuel, l'espoir d'une ascension sociale.
Le Tchad est l'un des derniers États africains à être entrés dans le cercle restreint des pays pétroliers. C'est en effet le 15 octobre 2003 que fut mis sur le marché le premier baril de pétrole en provenance du bassin de Doba dans le Logone Oriental. Remadji Hoinathy nous livre ici un ensemble d'informations sur la découverte des gisements, sur les étapes qui ont abouti à la création, dans les années 1990, d'un consortium de compagnies pétrolières, sur la mise en place des infrastructures et du pipeline Tchad-Cameroun, sur la coopération internationale qui a accompagné l'évolution du projet auprès du gouvernement tchadien et, notamment, de la Banque mondiale. L'auteur a focalisé son étude sur le canton de Béro situé au coeur du bassin. Il observe et analyse le changement social survenu depuis le lancement du projet. Dans la zone, les installations pétrolières et leur entrelacement avec les champs, les villages et les troupeaux sont les premières réalités qui attirent l'attention. L'argent est arrivé de manière substantielle grâce aux compensations versées aux paysans et aux salaires mensuellement perçus par ceux qui travaillent pour le projet. Dans une économie agraire, avec des niveaux de revenus relativement peu élevés, cela a bouleversé nombre de manières de faire. Une institution comme le mariage, caractérisée par le versement de compensations matrimoniales, a connu des modifications profondes. Cette monétisation n'a pas épargné les réseaux de parenté et les rapports de pouvoir dans la société. Fondé sur une démarche ethnographique et plus largement socio-anthropologique, le livre s'appuie sur des entretiens approfondis, des observations participantes, des interviews libres ou semi-directives. Cette enquête permet non seulement de découvrir les nouvelles logiques sociales du Tchad, mais aussi de comprendre les changements de vie en milieu rural et pétrolier.
Au tournant des années 1960, le monde connaît de grands changements dont le moindre n'est pas celui de la décolonisation. Après l'Asie, les peuples d'Afrique accèdent à l'indépendance. Plus largement, les femmes et les hommes aspirent à prendre davantage en main leur destin. Les sociétés antillaises sont particulièrement parties prenantes de ce mouvement. À côté d'une prise de parole plus libre, se fait sentir le besoin de débats, d'informations et de formation. C'est dans ce contexte, qu'à l'initiative de personnalités martiniquaises (enseignants, médecins, travailleurs sociaux et médico-sociaux) est créé le Centre d'études, de documentation, d'information familiale et de formation, bien connu sous le nom de CEDIF.
Face à des questions nouvelles comme celle de la limitation des naissances, les couples et les familles ont besoin de formation. L'article 2 des statuts du CEDIF décrit l'un de ses objectifs comme celui « d'aider les familles de la Martinique à résoudre les problèmes psychologiques et sociaux susceptibles de nuire soit à l'harmonie du foyer, soit à l'éducation des enfants ».
À partir de 1965, le CEDIF travaillera dans trois directions : la formation à la connaissance de soi et à la relation aux autres ; la conscientisation et la responsabilisation qui entraînent une nouvelle conception de la relation d'aide ; les questions autour de l'éducation à la vie et à la sexualité ; les techniques de dynamique de groupe et de conduite de réunions. Il interviendra au sein d'institutions, comme l'Éducation nationale, les associations sociales et médicales, et même l'Église catholique. De nombreuses personnes formées par le CEDIF poursuivent aujourd'hui les mêmes objectifs, en dépit de la disparition de l'association CEDIF en 2000.
À travers les documents qui relatent les activités du CEDIF, le lecteur pourra retrouver, avec cet ouvrage, l'esprit et la méthode d'un organisme qui a marqué la Martinique et la Guadeloupe et dont les lignes de force sont toujours d'actualité.
Un livre, à la fois récit et témoignage, d'un acteur de premier plan, qui renouvelle notre mémoire et contribue à un débat historique toujours ouvert.
Voici enfin un livre sur la Libye vue de l'intérieur et vécue en direct. En effet, Maria Graeff-Wassink qui en est l'auteure a résidé à Tripoli de mai 1982 à juillet 1985. Alors que la Jamahiriya révolutionnaire existait depuis dix ans déjà, elle y a assumé un double jeu de rôles : cumulativement comme épouse de l'ambassadeur de France à Tripoli et comme déléguée permanente d'une importante organisation internationale : la Fédération Mondiale des Villes Jumelées-Cités Unies - FMVJ. Ce double regard lui a permis d'aller à la rencontre de milieux libyens très divers et en pleine mutation, d'analyser le système jamahiriyen, ses utopies et ses problèmes, finalement d'aller à la découverte d'une « Libye derrière les rideaux ».
Elle a choisi de présenter ce vécu sous la forme d'une quinzaine de chapitres. S'y enchaînent, comme dans un scénario, des tableaux parfois drôles de la vie diplomatique et, dans un ordre chronologique, les événements significatifs de l'évolution politique, économique et sociale de la Libye révolutionnaire.
Ce livre se lit comme un roman. Il jette sur la société libyenne une lumière différente et riche d'enseignements. Pour faire suite au présent ouvrage, l'auteure annonce un deuxième tome, en cours d'écriture, consacré à la période 1985-2011 durant laquelle elle a séjourné à de multiples reprises en Libye à la faveur d'occasions très variées.
Avec un courage, une détermination et une intelligencehors du commun, Nzingha, reine d'Angola au XVIIe siècle (1582-1663), s'efforça de repousser les Portugais qui voulaient envahir son royaume. Trop peu connue en Occident, la personnalité de la souveraine est devenue pour les Africains une incontournable héroïne, symbole de la résistance aux oppressions coloniales. L'ouvrage relate cette épopée fondatrice de l'identité angolaise qui n'a rien à envier à la chevauchée de Jeanne d'Arc et fait la lumière sur la personnalité d'une femme qui sut montrer toutes les qualités d'un chef d'État dans l'une des guerres les plus dures que connut l'histoire du continent.
Les missionnaires, témoins de ce premier conflit colonial, en font le récit en présentant les Africains comme relégués dans les ténèbres de la barbarie. Au prisme de la culture chrétienne de l'époque, ils décrivent les Angolais comme des cannibales gorgés de chair humaine et de sang, véritables disciples de Satan qui aurait installé son empire au coeur de leur royaume. Si le chrétien du XVIIe siècle pouvait encore placer le Paradis terrestre, perdu par Adam, aux limites du monde asiatique, le discours théologique, lui, indiquait son symétrique infernal en Afrique.
Ces premiers récits initient une longue série de discours racistes qui vont perdurer jusqu'au début du XXIe siècle. Dans cette trajectoire, l'auteur dénonce les contre-sens toujours véhiculés par le pessimisme de bon nombre de nos contemporains sur un continent qui, bien au contraire, est porteur de vastes espoirs.
Enfant de la guerre, provincial, bercé par les souvenirs africains et malgaches de sa famille, Dominique Gentil fera HEC un peu par hasard. Il y découvrira les opportunités d'une grande École sans succomber à l'esprit de son enseignement. Mais en ce début des années 1960, c'est l'époque des indépendances et de la guerre d'Algérie. Partir travailler dans le Tiers-Monde s'impose à lui comme un choix, partagé par nombre de jeunes de sa génération.
Après un bref séjour dans l'Algérie indépendante, il part en 1965 au Niger où il s'interroge sur les « bienfaits » de la colonisation : 4 % de taux de scolarisation et 40 km de routes goudronnées. Pendant cinq années, il y découvre la vie des paysans haoussas, leurs rationalités, leurs équilibres ociaux, leur humour et l'échec de tout modèle imposé de l'extérieur. Il participe avec eux à la construction de nouveaux systèmes de commercialisation, de crédit ou de comptabilité. Cette initiation va lui servir de fil conducteur pendant ses séjours à Madagascar, au Cameroun, au Sénégal et lors d'une centaine de missions courtes dans une trentaine de pays africains, centroaméricains ou asiatiques.
Membre d'un bureau d'études associatif et autogéré, l'IRAM, D. Gentil appuie l'évolution des organisations paysannes et contribue au lancement de plusieurs institutions de micro-finance, bien avant que cette formule soit devenue une mode. Il participe également à de nombreux réseaux où se rencontrent chercheurs, praticiens et décideurs. Il enseigne, écrit et favorise l'écriture par des cadres africains de leur propre histoire.
À travers le récit d'une trajectoire, riche d'évocations personnelles et du rappel des grands débats intellectuels de la seconde moitié du XXe siècle, ce livre décrit de l'intérieur les évolutions de la coopération sur une quarantaine d'années. L'auteur en montre les limites, comme la tentation permanente d'imposer des solutions, les effets pervers autour de l'argent, les ruses des « bénéficiaires », la progressive diffusion des normes et des procédures bureaucratiques internationales. Mais il souligne aussi que des rapports moins déséquilibrés, des politiques et pratiques alternatives sont possibles et ont été mis en oeuvre dans différents pays.
Les Manouches en France, comme bon nombre de Tsiganes en Europe, maintiennent dans leur grande majorité un rapport distancé à l'écrit. Cette forme d'illettrisme spécifique à une population a de quoi étonner. Comment se fait-il en effet que des groupes humains semblent avoir répondu faiblement aux campagnes massives d'alphabétisation et de scolarisation des populations européennes ? Pour quelles raisons si peu d'écrits circulent-ils à l'intérieur des groupes familiaux ? L'évocation d'un nomadisme qui les aurait éloignés des apprentissages relatifs aux savoirs de base ne suffit pas, la plupart d'entre eux ne voyageant que sur de courtes périodes durant l'année scolaire. II s'agit donc d'autre chose, de l'ordre d'une résistance, ou peut-être d'un choix, qui peut renvoyer à une perception du monde parfois autre ". A travers une étude ethnographique portant sur les représentations de l'espace et du temps, ainsi que sur le rapport existant entre le respect des défunts, la nomination et l'écriture dans une communauté manouche du sud de la France, ce livre s'interroge de manière plus large sur les conséquences que provoque, pour des groupes humains, un rapport au signe légèrement différent.
Dès les premiers jours de l'indépendance de l'Algérie, un groupe d'ingénieurs : de jeunes Algériens qui se comptaient sur les doigts d'une main, des Pieds-Noirs qui avaient choisi de rester dans le pays qui les a vus naître, les uns et les autres, sortis meurtris « d'une guerre sans nom », des Français métropolitains indépendantistes ou de jeunes volontaires mobilisés pour la construction du jeune État-nation, vont faire démarrer les centrales électriques, gérer et maintenir les aéroports, les routes, les barrages et les quelques entreprises stratégiques. Nécessaires hier au développement du capitalisme colonial, elles devaient désormais fonctionner pour le bien du plus grand nombre.
Solidaires et engagés, ils participèrent à l'aventure de la construction de l'économie d'un pays exsangue où tout était à faire. Ils ont donné, mais aussi beaucoup appris, innové et réussi. Parfois découragés, ils ont remis l'ouvrage sur le métier. Les témoignages de leurs expériences livrés ici, sur un moment qui fut une vraie « école de vie et de formation humaine » et marqua le destin de chacun, apparaissent comme autant de leçons d'une autre manière de concevoir les relations entre la France et l'Algérie, de concevoir « la coopération », de penser le « transfert de technologie » et de les refonder aujourd'hui.
L'échec ultérieur du « modèle industrialiste algérien », dont rendent compte ici quelques points de vue distanciés, relativise sans doute ces expériences, mais ne peut-on pas penser a contrario que cet échec est né justement de l'absence d'accompagnement et d'approfondissement d'une telle expérience dans un contexte qui s'est considérablement transformé entretemps. Sans vouloir apporter une réponse à ce questionnement, en mettant au jour une mémoire jusque-là occultée, le présent ouvrage éclaire et remet au centre d'un débat toujours actuel, les conditions qui pourraient prévaloir dans le développement industriel et technologique dont l'Algérie a plus que jamais besoin.
L'auteur est polytechnicien, économiste, chercheur de l'ORSTOM/IRD, dont il a été le directeur général pendant six ans. Cet itinéraire l'a conduit, en empruntant des chemins de traverse quelque peu atypiques, à travailler avec de nombreuses institutions et à rassembler dans des projets d'intelligence collective des compétences, expériences et visées politiques très diverses.
Cette autobiographie, truffée d'anecdotes personnelles et de réflexions sur les méthodes et politiques de développement, donne à voir ce que fut la scène de la coopération franco-africaine au cours de ce dernier siècle de mutations radicales. L'auteur raconte comment se sont progressivement forgées en lui des convictions sur les principes méthodologiques, politiques et éthiques qui, à son sens, doivent désormais guider la recherche d'un développement durable, global et solidaire.
Son récit commence dans les dernières décennies du XIXe siècle, puisque ses grands-parents maternels, Marie-Louise et Paul, sont nés dans les années 1860, respectivement à Marcilly-en-Villette et à La Ferté Saint-Aubin. Vers 1920, ils s'établiront à Chaumont.
Dans cette première moitié du XXe siècle, la vie à Chaumont ne ressemble pas à celle d'aujourd'hui. Le monde rural y domine ; les métiers exercés dans le bourg, les traditions, les modes d'existence s'inscrivent dans la continuité des générations qui ont précédé Au fil de son expérience personnelle et de son excellente mémoire, l'auteur nous restitue aussi l'histoire de la Sologne et de cette moitié de siècle qui a connu deux grands conflits ainsi que les premières secousses apportées par la modernité technique et industrielle dans la vie rurale française. En plus du destin de sa famille, c'est ainsi celui de deux à trois générations qu'elle nous livre en mémoire.
Les contes de ce volume ont été recueillis au Lesotho à la fin du XIXe siècle par Édouard Jacottet (1858-1920), de la Société des Missions évangéliques de Paris, et publiés pour la première fois en 1895, sous le titre de Contes populaires des Bassoutos. De nationalité suisse, É. Jacottet avait, en plus de la théologie, reçu une formation philologique à l'école allemande.
Le présent volume est paru en France peu avant les bouleversements suscités en Afrique australe par la guerre des Boers. Les missionnaires de la Mission de Paris au Lesotho avaient déjà une longue histoire dans la région, où ils étaient les principaux ennemis du racisme afrikaner : depuis des décennies, ils recueillaient et éditaient des textes sotho, marquant par là leur estime et leur respect pour ce peuple.
Sur les vingt-trois contes du volume, il y en a bien quelques-uns qui mettent en scène des animaux, mais la plupart se passent dans le monde des humains, même cette histoire de la femme qui accouche d'un oeuf. On y voit une fille qui naît dans la peau d'un serpent, des épouses qui n'arrivent pas à avoir d'enfants, un frère qui veut épouser sa soeur.
Comme État souverain, le Cameroun a une partie de son activité tournée vers le dehors, dont la visée est la maîtrise de l'environnement international, le renforcement de son influence et la maximisation de ses intérêts. Cette politique étrangère, qui se met concrètement en oeuvre à travers le rituel diplomatique, repose sur un ensemble de principes, sur une variété de pratiques et de processus et sur une pluralité de structures gouvernementales et administratives.
La lecture des discours et des déclarations officielles, des programmes des partis dirigeants, des professions de foi rédigés par les chefs d'État successifs du Cameroun nous livre les principes cardinaux de cette politique extérieure : souveraineté et indépendance nationales, paix, solidarité internationale et coexistence pacifique, non-alignement et non-ingérence dans les affaires intérieures des États, développement national et coopération sans exclusives, unité de l'Afrique et intégration régionale. Il faut souligner en particulier le panafricanisme. En raison de sa situation d'Afrique en miniature, né de la géographie et de l'histoire, le Cameroun s'affirme en effet une vocation panafricaine naturelle.
Travail de documentation et de synthèse sur la politique internationale du pays, cet ouvrage intéressera non seulement les diplomates et les spécialistes, mais également les citoyens camerounais désireux de mieux connaître comment leur pays s'inscrit dans la marche du monde.
Yves Alexandre Chouala est docteur en Science politique et docteur 3e Cycle en Relations internationales. Habilité à diriger des recherches, il est enseignant à l'Institut des Relations internationales du Cameroun et chargé de cours associé à l'Université catholique d'Afrique centrale. Chercheur au Groupe de recherches administratives, politiques et sociales de l'Université de Yaoundé II, il est le rédacteur en chef de Polis : revue camerounaise de science politique et vice-président pour l'Afrique centrale de l'Association africaine de Science politique.