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L'IDEE BLEUE
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Voici un essai, un essai de voix.
Surgies avec effort de mémoire par l'entreprise de les hausser, de leur faire quitter le temps ipso facto, et de les retenir dans la syntaxe, où ça se rencontre, ça se frotte, ça se percute, ça se bouscule, ça se raconte, amicales, littéraires ou familiales et sciemment rien d'autre, ces voix souvent se confondent. l's du pluriel s'efface ou se dissimule-t-il dans l'x ? et le grand nombre (s), dans l'anonymat (x) ? le mot " voix " fut en langue latine : au pluriel, " propos ", et en poésie, " langue ".
Les yeux seront-ils rectifiés par les oreilles, si la syntaxe a de la voix dans le vers. je suis nombreux ; elles sont anonymes ; et infiniment qui. j. -p. d.
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Chaque poète et chaque lecteur de poésie est un aventurier qui prend le risque de se perdre au-delà de la cohérence nécessaire à l'usage ordinaire du réel. Et dans l'immensité des territoires inexplorés de la pensée, Sofia Queiros pose de nouveaux jalons, trace d'autres pistes, élargit nos possibilités d'exprimer ce que nous ne ressentions jusqu'alors que confusément de notre propre aventure et de son quotidien.
Bernard Ruhaud
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La vie est passée réunit les poèmes inédits de G.
L. Godeau, dispersés dans de nombreuses publications diverses et variées. On retrouve comme le souligne Georges Cathalo dans sa préface, ce " ton inimitable de quelqu'un qui ne triche pas, qui ne s'écoute pas parler. Son réalisme surprend, son lyrisme déconcerte : le lecteur n'est pas habitué à cette écriture cinématographique, par flashs successifs, par plans éloignés ou rapprochés, travellings, plongées et contre-plongées.
Son oeil exceptionnel, sa sensibilité sans cesse en éveil lui ont permis de voir ce que le commun des mortels a du mal à dénicher ou alors, après maints efforts. Ce qui fit sa force fut ce pouvoir de transmuer toutes ces images volées au quotidien en mots chargés d'émotion ". Ce qui fait aussi la modernité d'un des poètes majeurs de la seconde partie du XXe siècle.
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Quatre livres publiés depuis 1960 qui rappellent que la poésie n'a qu'une lointaine parenté avec la précipitation : " l'enthousiasme ne s'invente pas ".
Un itinéraire dont l'événement inaugural est l'Algérie - G. Bellay a vingt-deux ans en 1954 - qui nourrit le sentiment de louvoyer " entre les poteaux de l'obéissance et de la désertion " jusqu'à ce que vienne le jour où l'on cesse enfin " d'être confondu avec les tortionnaires ". Puis les étapes de la vie - mariage, enfants, métier d'instituteur, mort des proches, politique, mai 68. - ponctuées d'incessants retours en arrière, vers des images de l'enfance : le père, la mère, les fugues.
Pour Guy Bellay, qui tient " parfois si mal à la vie ", la poésie est aussi bien une tentative d'élucidation qu'une quête de substance, dictée par le respect de soi et celui d'autrui. Dans l'économie des mots se retrouvent intriqués les scrupules de l'homme et ceux de l'écrivain : l'écriture n'est pas innocente, " il n'est pas bon d'éblouir plus que la vie " .
Gilles Pajot.
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Au plus près installait une écriture : poèmes brefs arrimés au quotidien, très reconnaissables dans leur alliage d'observation et de pensée, d'humour et d'expérience. À six ans de distance, ce deuxième livre au dé bleu se présente comme une suite de suites pour poète seul, réglant les comptes avec l'enfance, la perte, la difficulté d'être, le peu de poids de la poésie tout autant que sa persistante nécessité. Les pages de ce livre sont tendues au-dessus du vide, et on entend parfois grincer le rire du funambule. La poésie est un risque, et non un jeu. Si, dans la vie, Roger Lahu a la politesse des clowns, il partage leur tristesse quand, le rideau tiré, reste la vie passée passante, et pas de quoi rire fou tout seul. Antoine Emaz
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Brigitte Gyr est née à Genève.
Après des études de droit et de sciences politiques, elle a été avocate en Suisse, avant de s'installer à Paris en 1976. Parallèlement à son travail d'écriture (poésie, théâtre, nouvelles...), elle exerce une activité de traductrice et anime des ateliers en zones défavorisées, dans les écoles, les prisons...
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La poésie d'aline karnauch est d'un alliage subtil, intime et vaste à la fois, tout en raffinement et précision de la touche.
Dans côté mat une femme quitte un monde pour entrer dans un autre, attentive aux moindres événements de ce désir naissant. chaque poème progresse en un mouvement intérieur où l'audace des images semble ouvrir pli à pli les ressources de la langue, entremêlant l'intelligence du moment et la délicatesse des sensations qui trouvent leur répondant dans l'espace des paysages. via l'horizon accélère le mouvement et se met à l'écoute des bruits du monde.
Les inventions de la langue font bouger les frontières entre les corps, les choses et les lieux, produisant une résonance spécifique à chaque scène-poème. on y apprend que l'émotion est faite de tout ce qui l'entoure, pourvu qu'un art poétique nous ouvre grand les veux.
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Un père comme un malheur en train de mourir.
Déjà mort, mais il continue de mourir. On y pense à travers de courtes et rapides respirations qui empêchent peut-être de suffoquer. C'est aussi comme un coeur de mots serrés qui bat fort : on a couru vite à travers la grammaire et de l'ailleurs qu'on rapporte en vain dans un silence qui ne l'accueille pas. Même rapporter un peu le passé du père n'arrange rien. Un coeur de nègre (puisque c'est moi que tu écris, dit le père) qui bat fort, trop fort, mais en brefs jets de sang vif (y aurait-il un plaisir qui trouve son chemin dans le malheur ?) il persiste et s'affirme dans ses lancées d'écriture étonnamment continuées.
On va l'entendre encore dans le silence qui suit la fin du livre. James Sacré
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Des cailloux qui flottent
François de Cornière
- L'Idee Bleue
- Le De Bleu
- 1 Septembre 1992
- 9782840310228
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Dans sa première publication en 1993, Albane Gellé écrivait qu'un homme lui avait " arraché la langue ".
Depuis, elle cherche, poète, à se donner une langue neuve, sa langue. " Je me tais ", répète-t-elle (dix fois dans L'Air libre), en précisant, à chaque fois, pourquoi : parce que quand j'étais petite un homme à côté de moi parlait parlait il me donnait envie de vomir ; parce que tout près ça parle bien je ne vois pas ce que je pourrais ajouter ; parce que quelqu'un parle fort il n'y a plus de place ; par hasard ; par habitude ; et croyez-moi c'est mieux comme ça ; parce que je suis fatiguée ; par provocation (pas souvent) ; comme ça pour rien ; et alors.
Jusqu'à la dernière page, porte qui claque sur un " Je ne me tais pas ". Prise de parole (poème) intransitive. On quitte ce livre un peu comme on sort de Parle avec elle, le dernier film d'Almodovar : avec une sorte d'anxiété éblouie, de contrariété désirante qui ramène à la surface. Mène à l'air libre, quasi malgré soi.
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" C'est un modèle de constat ", dit-on de lui.
Il est une des révélations d'un courant littéraire, " la poésie du quotidien " qui a ses dérives aussi dans d'autres activités puisqu'on le retrouve dans les romans de Delerm, dans les " propos de comptoirs " et dans les émissions de télévision sans commentaires se contentant d'installer des caméras cachées dans la vie des gens ordinaires... Et la beauté me direz-vous ? C'est celle de la simplicité, de l'intimité, de l'innocence, de la modestie, du naturel qui font l'ordinaire de l'existence du commun des mortels.
C'est à cette beauté-là que je suis sensible. Jean L'Anselme (L'Arbre à paroles, n° 106)
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Quand même on a lu Ted Hughes et James Sacré, on n'a pas l'habitude que les poètes se juchent sur le siège d'un tracteur et de là voient, de là écrivent.
Thierry Le Pennec est terrien, paysan, jardinier : il sait trouver " un brave chemin " et voici du connu très étrange, de l'inconnu bien familier. Les quatre saisons semblent innombrables autant que feuilles fleurs tiges changeantes, oiseaux invisibles ou noirs ou bleus (les bleus de Le Pennec sont remarquables). Un amant vibre ; un père regarde son fils, sa fille ; il a des mots simples, des mots crus, les mots justes.
"...les pas/dans le limon les roues de brouette/comme traces de serpent le seau/sur la hanche porté peu à peu/s'allège nourrir/son sol par éventails rosaces et cadeaux/le maërl ". Ce qui se cultive alors est aussi bien un art de vivre. Un homme aime, il pense, il rêve, il note direct. (Valérie Rouzeau)
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Si cette poésie nous retient par sa capacité à unir la solitude et l'amour, la ville et la nature, le personnel et le social, elle nous touche peut-être encore davantage par l'attention à l'autre dont elle témoigne.
Il faudrait parler de fraternité si ce mot n'était pas trop lourd d'abstraction pour une poésie qui n'intellectualise pas, qui ne propose une réflexion qu'au rebond du poème. Mais il est remarquable de lire dans Parler bas, en 1975 : " Je parle bas, mais je parle de toi (. ) Je parle bas, mais je parle de nous (. ) Je parle bas, mais je parle de tous. " Et en écho. en 1989 : Adossé à du ciel marchant au-dessus des marées, dans les vols des oiseaux vers les falaises, marchant vers vous à la rencontre Alors je peut-être Peut-être je tu ils " Yves Bonnefoy affirmait qu'il voulait " identifier poésie et espoir " le " peut-être " de Philippe Longchamp me semble encore une lueur.
Quelque chose comme au moins une veilleuse, dans nos temps sombres. A. Emaz.
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Sephmus dagtekin est né en 1964 à harun, village kurde au sud-est de la turquie. après des études dans l'audiovisuel à ankara, il arrive en 1987 à paris où il réside. il écrit en français, en kurde ou en turc. il a publié plusieurs livres au castor astral, parmi lesquels les chemins du nocturne (prix international de poésie francophone yvan goll) et juste un pont sans feu (prix mallarmé 2007), ainsi que chez robert laffont un roman a la source, la nuit (mention spéciale du prix des cinq continents de la francophonie).
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Inutile à présent de feindre l'ignorance, de détourner les yeux: ils sont là. Il suffisait d'y penser une fois. Les signes dès lors se sont multipliés de leur présence, une fuite, le trouble d'un passage, un quartier de visage accroché sur le firmament (...). On les entend les bonnes gens, un petit morceau de meurtre coincé entre les gencives où va fourgonner l'allumette apaisante, puis l'aiguille à tricot, un manche de pelle, l'épieu (...). Dans quel tiroir planquer ces polichinelles démesurés ? Images d'humains, grimaces d'humains. Avec qui je vais pouvoir partager ça ?
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La poésie est un art exigeant où l'autoproclamation vaut insignifiance car c'est le regard de l'autre qui constitue le créateur, lui confère le statut de poète. Ainsi, en Bernard Mazo, le lecteur et le critique voient celui qui " nous touche au vif car il opte pour la limpidité " (Charles Dobzynski), celui qui " élève sa désespérance à la hauteur d'une morale avec du Cioran chez lui " (Jean Orizet). Alain Bosquet : " Lapidaire parmi les lapidaires, il arrive à une densité lumineuse que peuvent lui envier bien des poètes célèbres ". Patrice Delbourg salue " une poésie émouvante dans son assise précaire, et qui balance dans l'ébriété du silence ". Pour Monique Petillon, à propos de La vie foudroyée : " Voici une poésie magnifique que traverse une lucidité lumineuse, une tension constante entre parole et mutisme ". (Le Monde).
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Une anthologie poétique (1974-1996) consacrée à l'un des grands poètes belges de langue française, dont l'oeuvre abondante - trente six titres - n'est plus guère disponible.
Le choix des textes a été réalisé par Jean François GREGOIRE et Lucien NOULLEZ qui écrivent dans la préface : " L'oeuvre atteste qu'un parcours demeure possible malgré toute l'ombre qui nous cerne. Sans autre prétention qu'extraire dans ce parcours quelques balises, notre travail de sélection voudrait à son tour rendre hommage à l'odyssée de l'espérance chez Gaspard Hons. Car " la petite musique du monde , comme il dit, ne cesse de l'éblouir.
Revêtue comme elle est d'humilité, c'est-à-dire de sincérité et de pudeur, la poésie de Gaspard Hons s'offre à chacun, pour que chacun puisse y lire quelque chose de son histoire singulière avec la langue qui tant nous fonde et nous éprouve ".
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Nous transportons le monde d'un endroit l'autre.
Le souffle. la matière imagée. le dôme des paroles respirables. c'est le paysage que nous rendons chaque jour à la vie. la somme naturelle. nous transportons le monde. d'un endroit l'autre seulement le poids de notre corps. (joël bastard).
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Les poèmes de Régis Roux s'alimentent à l'expérience vécue au quotidien, dans le fourmillement des événements qui n'en sont plus tant leur répétition accoutume à la banalité.
Mais le corps à corps avec la machine à écrire, le pas habitué du randonneur dans les collines ou vers "un mont inconnu", la rouille d'une croix sur le bord du chemin, les tessons autour d'une forge en ruines.... tout cela acquiert, peu à peu, dans l'extrême tension du poème, un sens inaperçu encore, presque métaphysique. L'écriture ne se paie pas de mots, travaillée dans l'épaisseur même du langage, jusqu'à l'éradication, de toute scorie incongrue.
Questions posées au paysage s'est vu décerner, sur manuscrit, par un jury présidé par Lionel Ray, le Prix de Poésie de la Ville d'Angers 1998.
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Oui, à je sais plus quel âge, mon père m'a fait labourer, les deux grands boeufs sortis de l'étable, parfois le cheval mis devant, le cliché dit que ça ressemblait à des pages d'écriture ces va-et-vient d'un bout à l'autre de la grand-pièce du champ d'hommes (...). Evidemment, chant d'homme, champ d'écriture, on peut rêver. C'est vrai aussi que les deux activités, écrire, cultiver, prennent forme dans la même argile originelle (toujours là d'ailleurs, nul secret perdu), mais voilà-t-il une preuve de quoi que ce soit ? Hasard de nos activités, forcément qu'on les imagine comme une affaire de sens pour pas trop se prendre les pieds dans l'énigme du monde. Mais quand je prends de l'encre et du papier (ou mon ordinateur, avec ses bruits et ses couleurs).
Qu'est-ce donc que je laboure ? James Sacré.
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" godeau fait tenir en 8 ou 10 lignes ineffables ce que les analystes chevronnés de l'express ou de l'observateur ou du monde n'atteignent, et pas toujours, qu'en 3 ou 4 colonnes.
S'il avait été grand reporter, il serait mondialement connu. " georges mounin (la quinzaine littéraire).
Votre vie m'intéresse n'est pas seulement le détournement malicieux d'un slogan publicitaire connu. ce titre traduit très exactement le projet - pour ne pas dire l'" art " - poétique de g. -l. godeau. sa poésie est de plain pied avec " les gens ", ouvriers et paysans, employés et ingénieurs, dans leur travail, leurs loisirs, la tragédie quotidienne ou la comédie absurde de l'existence.
Il parle avec eux, parle d'eux, dans des poèmes en prose, construits avec une grande exigence d'écriture. les choses vues, vécues, existent alors comme des choses écrites : chez g. -l. godeau, l'oeil écrit.
Beaucoup d'écrivains se sont engagés aux côtés du peuple : trop souvent, ils sont restés à côté. et le peuple n'a pas rencontré la poésie, ne s'y est pas reconnu. sauf, peut-être, dans des poèmes de hugo, prévert ou des chansons d'aragon.
A ces exceptions, il faut aujourd'hui ajouter godeau : " les petits voyous ", " jean renaud ", " la fille du mareyeur ", " louise ", " le chien de chantier ", " l'enfant berbère ". sont nos voisins, nos amis, nos familiers. c'est nous.
" rien n'est important, sauf les quelques vrais textes qui resteront après ce grand remue-ménage ", avoue l'auteur. ce livre-bilan fait le ménage dans 25 ans d'écriture, nous offre quelques dizaines de " vrais textes ".
Pourquoi attendre, pour lire godeau ?.