La confrontation des écrits artistiques et musicaux de Jean-Jacques Rousseau se révèle féconde en ce qu'elle permet d'observer avec précision, à travers l'esprit d'un intellectuel du siècle des Lumières, la manière dont la musique peut être pensée et vécue, pour devenir finalement l'aune à laquelle tous les arts sont appréciés.
Posé tout d'abord comme référent, l'objet musical soumet en effet, dans le discours de Rousseau, les autres arts à l'épreuve de sa propre spécificité ; pensé encore comme modèle d'une conception particulière du beau, il fournit l'instrument d'une appréciation des autres disciplines, met en jeu leur propre statut et leur ordonnance hiérarchique. Ainsi, bien plus qu'une pratique, l'art musical devient, pour Rousseau, une norme esthétique, autorisant que des arts, il juge en musicien.
Exprimé avec conviction dans ses écrits musicaux (principalement le Dictionnaire de musique et l'Essai sur l'origine des langues), ce parti fédère par ailleurs plusieurs de ses oeuvres littéraires, biographiques et politiques. Par son analyse, Marie-Pauline Martin propose ainsi de relire certains écrits du philosophe à la lumière d'un enthousiasme, et même d'une foi absolue, en l'effet moral de la musique.
En 1916, Charles-Edouard Jeanneret (qui prendra le pseudonyme de Le Corbusier) projette d'écrire un ouvrage intitulé France ou Allemagne ? Enquête sur un côté de l'activité artistique de deux peuples pendant une période historique (1870-1914) ; une oeuvre de nécessaire réhabilitation. En resituant ce projet dans le contexte des années de formation de Jeanneret et de la Première Guerre mondiale, Jean-Louis Cohen met en valeur l'ambivalence de la relation de l'architecte à la culture allemande. Au-delà du propos nationaliste de circonstance, apparaît la connaissance très précise que Jeanneret avait de l'Allemagne. Entre admiration et répulsion, le jeune architecte envisage les rapports franco-allemands en un système d'opposition et de comparaison, dont devait attester la structure de l'ouvrage. La présentation de ce projet propose une analyse complexe des jugements esthétiques, des choix d'oeuvres, des réflexions éditoriales et des prises de position intellectuelles de Le Corbusier.
Caspar David Friedrich est regardé comme le maître des peintres romantiques de paysage, comme le rénovateur d'un art très profondément religieux et, en même temps, comme le créateur de tableaux qui semblent déjà faire signe en direction de la peinture abstraite du XXe siècle.
Comment ces caractéristiques apparemment antinomiques du peintre de Dresde se laissent-elles concilier ? Le présent ouvrage propose de partir d'une idée relativement simple pour aborder son oeuvre : c'est en images et par les images que Friedrich s'interroge sur ce que veut dire montrer quelque chose dans un tableau. Etre à l'oeuvre, travailler sur la toile est sa façon propre de réfléchir à l'image et, en particulier, à son rapport à la religion.
Les peintures de Friedrich n'illustrent pas telle ou telle idée déterminée, mais elles les transposent en une forme de pensée authentiquement iconique - une pensée qui aura trouvé, spécialement dans ses chefs-d'oeuvre, le Retable de Tetschen, le Moine au bord de la mer et l'Abbaye dans un bois de chênes, une expression efficace et puissante.
En 1764, paraît à Dresde l'Histoire de l'art dans l'Antiquité, fruit des huit premières années du séjour de Winckelmann en Italie. L'échantillonnage d'oeuvres antiques sur lequel il est bâti diffère des répertoires traditionnels tant par les genres que par les styles qui le composent. Est-il possible de discerner des échos de cette sensibilité nouvelle dans la sculpture européenne des années 1760-1780? Le triomphe écrasant des idées de Winckelmann à la fin du siècle a laissé croire que les artistes, et en particulier les sculpteurs, avaient suivi immédiatement le chemin tracé par quelques oeuvres phares. En fait, il n'en est rien, l'aspiration au renouvellement et à l'épurement des formes chez les sculpteurs de la fin du XVIIIe siècle revêt des modalités plus complexes, plus hybrides qu'on ne le dit généralement. Par son analyse, Daniela Gallo met en valeur la variété des sources du néo-classicisme et introduit des nuances essentielles à l'analyse de la sculpture de la fin du XVIIIe siècle.
La série des Museum Photographs réalisée par l'artiste allemand Thomas Struth montre des spectateurs regardant des peintures, exposées dans les plus grands musées du monde. Cette série soulève de nombreuses questions concernant le rôle du spectateur et notre rapport à l'histoire de l'art. L'artiste interroge le spectacle muséal qu'offrent les musées aujourd'hui et met au jour les liens cachés qu'entretiennent les hommes avec l'art. Il souligne les rapports entre visiteurs et ¦uvres d'art, peinture et photographie, passé et présent, ¦uvre documentaire et mise en scène. Tel un conservateur savant, Struth met en valeur un patrimoine artistique en le conservant à travers ces photographies. Il renouvelle significativement une tradition tout en la réinterprétant.
L'étude analyse l'attitude critique de Daumier à l'égard de l'Allemagne et la façon dont elle s'exprime dans ses caricatures. Parallèlement, l'auteur montre comment, en Allemagne, l'artiste a été perçu en tant que défenseur des opprimés et grand peintre révolutionnaire.
La complétude constituant un enjeu central, quel que soit le cadre théorique dans lequel on s'inscrit, il s'agit ici d'une réflexion sur la syntaxe et la sémantique de phénomènes tels que l'actance, la préposition, la détermination verbale, etc. Il s'agit également d'une ouverture vers la cognition dans la mesure où se retrouve posée la question des connaissances présidant aux choix fondamentaux qui déterminent l'analyse. Dans cette perspective, la cognition n'est pas seulement un mot à la mode, elle devient ici un concept particulièrement pertinent et novateur.