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Prix
ANDRE GABASTOU
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Tourmenté par la perspective d'une nécessaire mutation tant personnelle que littéraire, un narrateur qui ressemble à s'y méprendre à l'auteur se prend à observer, à travers des portes fantômes et des chambres contiguës très volatiles, des signaux constituant autant d'indices qui invariablement le ramènent à l'essence de l'écriture, à l'épisode anodin qui soudain expose toute l'ambigüité du monde. Un roman traversé par l'ombre tutélaire de Julio Cortazar.
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Mêlant avec bonheur emprunts, hommages, subterfuge et autobiographie, Enrique Vila-Matas, auteur inclassable, se joue une fois encore du réel dans ce prodigieux roman et nous offre une certaine mise à distance avec le sentiment de tragique laissé par la vie.
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À l'occasion d'une conférence sur l'ironie intitulée "Paris ne finit jamais", un écrivain décide de revenir sur ses jeunes années passées à Paris, au cours desquelles, logé par Marguerite Duras, il a fait ses classes de littérature. Obsédé par l'ombre tutélaire d'Ernest Hemingway, s'y inscrivant en négatif, il revient sur ces années de déambulation dans les rues de la capitale, de doute, d'abîme. Avec ce roman en forme de miroir, Enrique Vila-Matas s'inscrit dans la lignée des écrivains exilés, interroge la création, la difficulté à inventer encore lorsque tout a déjà été écrit, et décortique l'ambition qui fabrique un artiste.
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Ceux qui aiment haïssent
Adolfo Bioy Casares, Silvina Ocampo
- Cambourakis
- 5 Octobre 2022
- 9782366247213
Réédition de cette parodie de roman policier écrite à quatre mains par deux auteurs majeurs de la littérature argentine. En quasi huis-clos, dans un hôtel au bord de la mer, quelques personnages isolés qui s'épient, s'aiment et se haïssent. Un délicieux mélange de vaudeville, d'enquête policière et de mise en abîme littéraire.
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Mac vient de perdre son travail. Il se promène tous les jours dans El Coyote, le quartier de Barcelone où il habite. Obsédé par son voisin, un célèbre écrivain, il se vexe chaque fois que celui-ci l'ignore. Un jour, Mac l'entend parler de sa première oeuvre, Walter et son contretemps ; un livre de jeunesse regorgeant de passages incongrus. Il décide alors de s'emparer de ce roman (que son voisin préférerait oublier) près de trente ans après sa rédaction initiale. Mac le reprend donc à son compte, et se met même à écrire avec assiduité, sous forme de journal quotidien, composé d'événements en apparence anodins... C'était sans compter sur le fait que Mac commence peu à peu à vivre réellement tout ce qu'il écrit. Noyé dans les détails entre fiction et autofiction, il perd pied.
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Samuel Riba est l'éditeur talentueux d'un catalogue exigeant. Néanmoins, incapable de faire face à l'émergence des nouveaux médias et de concurrencer la vogue du roman gothique, il vient de faire faillite. Il sombre alors dans la déprime et le désoeuvrement. Pour y remédier, il entreprend un voyage à Dublin. L'accompagnent quelques amis écrivains avec qui il entend créer une sorte de confrérie littéraire. Cette visite de la capitale irlandaise se double d'un voyage dans l'oeuvre de Joyce.
En explorant toutes les facettes de ce personnage complexe, qui est en partie son alter ego de lui-même, Enrique Vila-Matas interroge la notion d'identité, de sujet, et décrit le cheminement parcours qui a mené la littérature contemporaine d'une épiphanie (Joyce) à l'aphasie (Beckett).
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C'est l'histoire, toute l'histoire, d'un couple, « deux amoureux fantômes condamnés à se rendre fou l'un l'autre ». L'une fonde un club militant « de femmes qui aiment trop », tandis que l'autre est persuadé que son salut passe par l'oubli. Après avoir vécu douze ans avec Sofía (son double et son envers, elle est le passé, il est l'avenir), Rímini se sépare d'elle pour fuir une osmose étouffante. Volant désormais de ses propres ailes, il rencontrera Vera (plus jeune que lui, délicieuse, mais rongée par la jalousie), Carmen (qui lui donnera un enfant, mais dont il divorcera - une intervention préjudiciable de Sofía y contribuera), la riche et vulgaire Nancy (une expérience érotique sordide et ambiguë) et, défait, décomposé, devenu l'ombre de lui-même, il retournera auprès de Sofía, rattrapé par le passé qu'il prétendait fuir.
Plus qu'une autobiographie déguisée (ce qu'il est aussi, de l'aveu de l'auteur lui-même), Le Passé, renoue avec la grande tradition du roman d'apprentissage : comment au fil des expériences vécues se constitue un sujet, s'esquisse un destin.
Alan Pauls met son personnage à distance par un phrasé enveloppant, ensorcelant et un humour cinglant dont la fonction est de montrer que le héros erre plus qu'il ne se trouve dans un monde en quête d'un sens qui le fuit. -
Pasavento est écrivain et psychiatre. Méprisant le pouvoir et la gloire littéraire, il décide de se retirer du monde et part se cacher à l'hôtel de Suède, à Paris. Il pense qu'on le recherchera, à l'instar d'Agatha Christie. Mais il doit peu à peu affronter la vérité : personne ne pense à lui. Il renonce alors au moi, à sa grandeur et à sa prétendue dignité et part en Suisse sur les traces de Walser, ce romancier passé maître dans l'art de n'être rien.
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Trafalgar: aux oreilles des Français, le nom sonne amèrement. C'est aussi le cas pour les Espagnols. Du moins si l'on parle de la bataille de 1805. Car Trafalgar c'est également le premier des Épisodes nationaux (Episodios nacionales), la plus vaste construction romanesque des lettres espagnoles, jamais traduite en français jusqu'à présent.
Gabriel de Araceli vit sous la protection d'un vieil officier de la marine. La raison aurait voulu que son grand âge le préserve de la guerre. C'est l'avis de sa femme qui fulmine contre lui, contre le vieux Marcial à la jambe de bois, et contre Gabriel qui, dans sa jeune innocence, trépigne à l'idée d'assister à sa première bataille navale. Alors, c'est en catimini qu'ils désertent tous le foyer pour se lancer dans la mêlée. La suite on la connaît: face à l'amiral Nelson, la défaite franco-espagnole sera totale. les deux-tiers des navires seront détruits; le camouflet est sévère. Publié pour la première fois en 1873, le roman raconte mieux que n'importe quel livre d'histoire cette bataille historique et tragique. Dans un réalisme teinté d'humour, l'auteur nous immerge dans le feu de l'action et des canons, mettant en scène un patriotisme aussi exalté que meurtrier. -
Un garçonnet est renversé par une voiture. Par crainte des représailles, l'automobiliste s'enfuit. C'est le début d'un récit fascinant sur le surgissement du mal. Rodrigo Rey Rosa le débusque dans les paroles de l'ami qui trahit l'ami, dans les mensonges de la mère qui n'aime pas son enfant, dans le machisme de l'homme d'affaires sans scrupules, dans les combats quotidiens des démunis pour tromper leur faim. Faisant alterner les points de vue sur un rythme haletant, dans une langue tantôt sèche, tantôt d'une grande sensibilité, il se révèle l'un des plus solides romanciers de la littérature latino-américaine actuelle.
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La diablesse dans son miroir
Horacio Castellanos moya
- Editions Métailié
- Suites Littérature
- 6 Mai 2021
- 9791022611435
Au début des années 90 à San Salvador, Olga María Trabanino est froidement assassinée d'une balle dans la tête. Qui peut donc avoir voulu la mort de cette jeune femme apparemment sans histoires ? Au fil de l'enquête, sa meilleure amie, Laura, cancanière, hystérique et jalouse, découvre incrédule tout ce qu'elle lui avait caché : son passé, ses fréquentations, ses vices... Le portrait qui se dessine alors est celui de la bourgeoisie tout entière, qui abrite ses turpitudes et sa corruption sous le masque impavide de la respectabilité.
Le jour où l'assassin s'évade de prison, elle voit le piège se refermer sur elle.
Avec cette intrigue menée d'une plume haletante, l'auteur poursuit sa radiographie au vitriol de la société latino-américaine, gangrenée par les luttes politiques et le trafic de drogue.
Sex and the City vu par Thomas Bernhard.
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Étudiante passionnée d'art moderne, Izu a l'outrecuidance de critiquer dans un article savant la collection d'oeuvres de M. Murakami, personnage au passé trouble qu'elle finira par épouser bien qu'ils partagent des visions tout à fait opposées quant au rôle de la culture. Ce tiraillement entre tradition et modernité traverse la réjouissante satire du monde universitaire et artistique que nous propose Mario Bellatin dans ce faux roman japonais tissé à la perfection. Confusion des sentiments, apparences trompeuses et fausses pistes se multiplient dans ce texte portant l'empreinte de Jorge Luis Borges, qui interroge avec habileté et humour la notion d'identité ainsi que la frontière entre réalité et fiction.
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Sujet à une psychose brutale et non identifiée, le neurologue Camilo Escobedo est interné dans un hôpital psychiatrique. Du jour au lendemain, il se retrouve le patient de ses propres collègues et internes. Jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il souffre d'une maladie auto-immune récemment découverte. Celle-là même qu'il a longtemps étudiée et qui l'a toujours fasciné : la maladie dont est atteinte la jeune fille dans L'Exorciste.
Cette histoire, c'est celle, véridique, du docteur Escudero. En relatant la vie de ce neurologue, Gabi Martínez donne à lire le système de santé et la réalité sociale de Barcelone. C'est le combat singulier, dans un monde globalement corrompu, d'un personnage inoubliable.
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Effondrement
Horacio Castellanos moya
- Editions Métailié
- Suites Littérature
- 23 Août 2018
- 9791022608138
Crise d'hystérie chez les Mira Brossa. Doña Lena enferme son mari Erasmo dans la salle de bains pour l'empêcher de se rendre au mariage de leur fille Teti avec Clemente, vingt-cinq ans de plus qu'elle, communiste, salvadorien, mariage qui conduit tout droit selon elle à la destruction de leur famille, de leur réputation et peut-être même du pays tout entier dévoré par la fureur nationaliste.
Castellanos Moya excelle dans toutes les formes de la rage et de la colère, on le lit avec une joie méchante qui donne de l'énergie.
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" les voies de la vérité sont bien tortueuses, se dit le lecteur d'étrange façon de vivre.
étrange façon d'écrire aussi, étrange façon de raconter la vie. c'est en préparant une conférence qu'il doit prononcer le soir même (cette conférence existe-t-elle vraiment ?) qu'un écrivain se remémore maints aspects de sa vie hantée par une espèce d'"espionnite" aiguë, l'espionnage étant pour le héros, une activité qui donne mieux que toute autre du relief à la vie. s'ensuit une série de rebondissements, divagations, réflexions sur l'écriture (qui a à voir avec le plaisir de tirer une chasse d'eau), sur la vie qui n'a plus de sens (ou pas le même) si dieu, le seul qui puisse nous voir de haut, n'existe plus.
Hymne à la digression élevée au niveau de l'un des beaux-arts, ce roman est une pépite d'humour et d'intelligence qui pose la seule question qui vaille à l'écrivain : qu'est-ce qu'écrire et pourquoi ? enrique vila-matas y répond avec talent et maestria. " (denis wetterwald, politis)
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À l'aube du nouveau millénaire, le conservateur d'un musée d'histoire naturelle du New Jersey reçoit une invitation inhabituelle d'une célèbre créatrice de mode. Elle partage la fascination du conservateur pour les formes cachées du règne animal - le camouflage et le subterfuge - et lui propose de collaborer à une exposition, dont la forme reste largement obscure, alors même qu'ils entament une étrange relation.
Sept ans plus tard, après la mort de la designer, le conservateur récupère les archives de leur projet jamais abouti. Au cours d'une longue nuit d'insomnie, il trouve dans ces archives une série d'indices sur la véritable histoire de la famille du designer, un puzzle qui serpente de Haïfa, en Israël, à la bohème new-yorkaise des années 1970, en passant par la jungle latino-américaine. En chemin, il croise des personnages dont les propres obsessions interrogent les frontières instables entre l'art, la science, la politique et la religion : un photographe vieillissant, vivant presque seul dans une ville minière abandonnée où les incendies souterrains font rage ; une ex-mannequin devenue artiste conceptuel ; un jeune indigène qui a reçu une vision de la fin du monde.
Musée animal expose la fiction d'un monde partagé entre la foi et l'ironie, entre la tragédie et la farce, et impose Carlos Fonseca comme l'un des écrivains les plus audacieux de sa génération.
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Abrégé d'histoire de la littérature portative
Enrique Vila-Matas
- Christian Bourgois
- Titres
- 9 Mars 2006
- 9782267018158
Enrique Vila-Matas est un voleur de noms. Dans une valise, il les transporte sur des chemins
étranges, Europe, Afrique rêvées, au gré d'une fantaisie alerte et armée de lectures orientées dans
le sens du plaisir et de la grâce. Qu'il ouvre sa valise, les noms s'échappent - Duchamp, Larbaud,
Gomez de la Serna et cent autres -, minuscules incarnations d'une épopée de l'art gai, petites
silhouettes qui marchent, valise à la main. Depuis le paradis des mythes, Tristram Shandy les
protège - comme cette vierge espagnole, les saints rassemblés sous son manteau et qu'elle arrose
de son lait - et fait fermer cette lignée souterraine société secrète de la poésie dangereuse.
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Un matin, Zarza, éditrice de trente-six ans, reçoit un coup de téléphone : " Je t'ai retrouvée. " Cet homme qui parle, c'est Nicolas, et il veut se venger. Commence alors vingt-quatre heures de traque haletante à travers Madrid, qui ramènent Zarza à ses vieux démons, drogue, fréquentations douteuses, misère urbaine, relations familiales troubles. Son passé resurgit, ressemblant étrangement aux sombres légendes médiévales sur lesquelles elle travaille.
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La légende du roi errant
André Gabastou, Laura Gallego garcía
- La Joie de lire
- Hibouk 1
- 20 Juin 2019
- 9782889084784
Battu par trois fois à un concours de poésie, Walid, jeune prince orgueilleux, décide de se venger. Il impose à son adversaire, un humble tisserand, des épreuves a priori insurmontables, comme tisser un tapis contenant toute l'histoire de l'humanité. Inspiré par les djinns, le vieil homme y parvient mais meurt d'épuisement. Le tapis est volé. Pris de remords, Walid part à sa recherche. Il rencontre tour à tour les trois fils du tisserand et découvre que le tapis rend fou tous ceux qui le regardent. Au terme du périple, il saura composer enfin le poème que sa jeunesse et son arrogance ne lui permettaient pas d'écrire. Un récit d'aventure haletant doublé d'une réflexion sur l'art et la vie.
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Invité à un symposium international sur le roman à Lyon, un double de lécrivain barcelonais Enrique Vila-Matas est abandonné dans son hôtel où personne ne vient laccueillir.
Dans sa solitude, il achète un exemplaire du magazine littéraire consacré à Julien Gracq et tombe sur un article critique quil a lui-même écrit sur Le Rivage des Syrtes. Cette lecture lui donne lidée délaborer une théorie générale du roman. Il veut mettre en évidence la modernité et lextraordinaire prescience du roman de Julien Gracq, quen son temps une partie de la critique trouvait désuet. Puis il en déduit les principaux axes de ce que devra être le roman : « intertextualité », connexions avec la haute poésie, écriture anticipatrice, suprématie du style, évocation dun paysage moral délabré. Une fois sa théorie achevée (qui constitue en réalité le volet analytique du roman Dublinesque), il retourne à Barcelone en attendant, tel don Quichotte, un nouveau départ. Au moment de repartir, il découvre linanité de toute théorie littéraire que tel ou tel roman se chargerait dappliquer. Libéré de ce carcan, il écrira et perdra des pays, voyagera et perdra des théories, les perdra toutes.
Enrique Vila-Matas est né à Barcelone en 1948. À dix-huit ans, il est embauché comme rédacteur dans une revue de cinéma, Fotogramas, pour laquelle il réalise parfois de fausses interviews. De 1974 à 1976 il vit à Paris et loue une chambre de bonne à Marguerite Duras. Il raconte ses aventures parisiennes trente ans plus tard dans Paris ne finit jamais (2004). De retour dans sa ville natale en 1976, Enrique Vila-Matas se consacre à lécriture ; il est également chroniqueur pour divers journaux catalans. Il a reçu le prestigieux prix Herralde de Novela en 2002 et le prix Médicis étranger 2003 pour Le mal de Montano.
La publication de ce petit texte inédit dans la collection de poche Titres accompagne la sortie du nouveau roman dEnrique Vila-Matas, Dublinesque.
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Pitol a dit avoir écrit ses premières histoires dans un chalet. Il s'y remettait d'une rupture. Il se proposait d'haïr le monde, mais ne le pouvait pas. Dans la matinée, il est monté sur une crête pour s'entourer d'une romantique, décadente et quasi diabolique athmosphère. A la recherche des falaises abruptes, il lui est venu à l'esprit les falaises de Devon, souvenir d'un voyage en Angleterre, et entre ce désir de voyager et de contempler un magnifique paysage il a somnolé sur l'herbe ; il est rentré à la maison jubilant d'aller lire James, Kafka, Faulkner, Borges, Rulfo.
Une nuit il a écrit une première histoire, « Victorio Ferri raconte une histoire», puis d'autres, amer et cruel, sur les caractères hantés par le diable. Il a alors tourné autour de la réalité de ses personnages, plus vive et plus attractive que la vérité. Tout y est comme à l'envers du décors et il a été dit de lui qu'il « tord » la réalité.
Sont présentes dans ce recueil des nouvelles écrites depuis cinquante ans et sélectionnées par Pitol lui-même pour en faire une anthologie.
Pitol est un écrivain essentiel, nous sommes heureux de présenter cette anthologie personnelle de ses meilleures histoires, ces nouvelles sont postfacés par un long texte d'Enrique Vila-Matas.
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Dans cette brève, singulière et hétérodoxe histoire de ces 41 dernières années - l'âge de Kafka à
sa mort à Kierling -, les acteurs des différents épisodes nationaux évoqués sont tous des enfants
sans enfants, des personnes qui ne souhaitent pas de descendance, des êtres que leur nature
éloigne de la société et qui, contrairement à ce que l'on pourrait penser, n'ont nul besoin d'autrui,
car s'ils veulent rester ce qu'ils sont, ils ne peuvent se nourrir que d'eux-mêmes. Ils se sont
inventé une sorte d'indifférence distante qui leur permet de rester liés à la réalité par un fil aussi
fin que celui de l'araignée. Ils sont au diapason de Kafka qui écrit le 2 août 1914 dans son journal :
« L'Allemagne a déclaré la guerre à la Russie. Cet après-midi, je suis allé nager. » Ce qui veut dire
qu'ils situent sur le même plan vie publique et vie privée.
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McKenzie, ancien homme de confiance de John Edgar Hoover, est contacté par Forrest J. Ackerman, un collectionneur passionné de cinéma. Une pièce de choix lui manque : une copie de Londres après minuit, film muet réalisé par Tod Browning en 1927. Tout laisse penser que ce film a disparu dans un incendie en 1967. Mais des rumeurs courent sur l'existence d'une pellicule rescapée. Ne pouvant concevoir de mourir sans avoir revu ce film, Ackerman missionne McKenzie pour le retrouver. Faisant fi de la malédiction qui frappe ceux qui ont tenté de s'approcher du film, l'ex-agent se plonge dans l'un des plus grands mystères de l'histoire du cinéma.
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Impressions de Kassel
Enrique Vila-Matas
- Christian Bourgois
- Littérature Étrangère
- 2 Mai 2014
- 9782267026573
Un écrivain barcelonais reconnu, double de l'auteur, se voit contacté, à sa plus grande surprise, par les commissaires de la célèbre Documenta, foire mondiale d'art contemporain qui se tient à Kassel en Allemagne. Bien que les écrivains soient rarement conviés à ce type d'événements, les commissaires tiennent à sa présence et lui demandent de se présenter tous les matins pour écrire dans un restaurant chinois de Kassel, sous les yeux du public qui pourra observer l'avancement de son travail et l'interroger sur sa méthode, son rapport à la création. Dans un premier temps, et bien que d'autres écrivains de renom aient accepté de se prêter au jeu avant lui, il refuse car il trouve humiliant de faire office d'installation artistique à forme humaine.
Mais après avoir moult hésitations grâce aux stratagèmes déployés par les programmateurs, il décide d'accepter l'aventure, AVP D 5/38 Mai 2014 sensée lui permettre de découvrir le « secret de l'univers », et s'envole pour Francfort. Ses amphitryons, toutes des femmes, portent des noms de personnages de bande dessinée - Chus, Pim, Alka, etc. -, et multiplient les ruses et les substitutions d'identité pour le mettre à son aise. Le narrateur se perd dans les dédales d'un monde qu'il ne connaît pas et fait figure au mieux d'écrivain frais et naïf, au pire de benêt constamment en porte-à-faux. Tout cela dans un humour à la Buster Keaton où foisonnent les références (à Raymond Roussel, à Marcel Schwob...) cinématographiques et littéraires. Quand son personnage visite les installations de l'exposition et se pose la question de ce qu'est désormais l'oeuvre d'art, Vila-Matas évite habilement les lieux communs sur l'art contemporain et tisse des analyses d'une extrême finesse sur ce qui a succédé à la peinture à l'huile. De tous les romans d'Enrique Vila-Matas, Impressions de Kassel est celui qui ressemble le plus à son succès, Paris ne finit jamais.
Oscillant entre optimisme et pessimisme, marqué par une ironie permanente, Impressions de Kassel aborde, au coeur de la fiction littéraire, la question de la représentation contemporaine et propose au final un bel éloge de l'art.