Pourquoi et comment devient-on ethnologue ? Comment les aventures de l'explorateur et les recherches du savant s'intègrent-elles et forment-elles l'expérience propre à l'ethnologue ? C'est à ces questions que l'auteur, philosophe et moraliste autant qu'ethnographe, s'est efforcé de répondre en confrontant ses souvenirs parfois anciens, et se rapportant aussi bien à l'Asie qu'à l'Amérique.
Plus encore qu'un livre de voyage, il s'agit cette fois d'un livre sur le voyage. Sans renoncer aux détails pittoresques offerts par les sociétés indigènes du Brésil central, dont il a partagé l'existence et qui comptent parmi les plus primitives du globe, l'auteur entreprend, au cours d'une autobiographie intellectuelle, de situer celle-ci dans une perspective plus vaste : rapports entre l'Ancien et le Nouveau Monde ; place de l'homme dans la nature ; sens de la civilisation et du progrès.
Claude Lévi-Strauss souhaite ainsi renouer avec la tradition du "voyage philosophique" illustrée par la littérature depuis le XVIe siècle jusqu'au milieu du XIXe siècle, c'est-à-dire avant qu'une austérité scientifique mal comprise d'une part, le goût impudique du sensationnel de l'autre n'aient fart oublier qu'on court le monde, d'abord, à la recherche de soi.
La diversité des cultures, la place de la civilisation occidentale dans le déroulement historique et le rôle du hasard, la relativité de l'idée de progrès, tels sont les thèmes majeurs de Race et histoire. Dans ce texte écrit dans une langue toujours claire et précise, et sans technicité exagérée, apparaissent quelques-uns des principes sur lesquels se fonde le structuralisme.
Après avoir travaillé en Alaska avec le peuple Gwich'in, Nastassja Martin a franchi le détroit de Béring pour entamer une recherche comparative au Kamtchatka. Pendant l'époque soviétique, les Even, peuple nomade d'éleveurs de rennes, ont été sédentarisés dans des fermes collectives. Après la chute du régime, beaucoup ont continué d'être les bergers des rennes qui ne leur appartenaient plus, les troupeaux étant aux mains d'entreprises privées. Depuis l'ouverture de la région en 1991, les anciens kolkhozes du Kamtchatka se transforment en plateformes touristiques.
En 1989, juste avant la chute de l'Union soviétique, une famille even aurait décidé de repartir en forêt, recréer un mode de vie autonome fondé sur la chasse, la pêche et la cueillette. Était-ce une légende ? Comment un petit collectif violenté, spolié, asservi par les colons avant d'être oublié de la grande histoire s'est-il saisi de la crise systémique pour regagner son autonomie ? Comment a-t-il fait pour renouer les fils ténus du dialogue quotidien qui le liait aux animaux et éléments, sans le secours des chamanes éliminés par le processus colonial ? Quelles manières de vivre les Even d'Icha ont-ils réinventées, pour continuer d'exister dans un monde rapidement transformé sous les coups de boutoir de l'extractivisme et du changement climatique ?
Dans ce livre, où les rêves performatifs et les histoires mythiques répondent aux politiques d'assimilation comme au dérèglement des écosystèmes, l'autrice fait dialoguer histoire coloniale et cosmologies autochtones en restituant leurs puissances aux voix multiples qui confèrent au monde sa vitalité.
C'est l'hiver et la température avoisine les moins quarante degrés. Les yeux levés vers les aurores boréales qui animent le ciel arctique, nous écoutons. Le chasseur commence à sif?er dans leur direction. C'est un son continu, aigu mais contenu, qui résonne dans le silence de la nuit polaire. Qui appelles-tu ? Elles, les aurores, et ceux qui transitent avec elles, les esprits des disparus, des hommes, des animaux, des plantes, qui courent sur un ciel glacial dans les explosions de couleurs. Qui sont ces hommes qui se nomment eux-mêmes les Gwich'in et peuplent les forêts subarctiques ? Et que dire du territoire qu'ils habitent, l'Alaska contemporaine ?
À l'heure du réchauffement climatique les mutations écolo-giques du Grand Nord sont telles qu'elles brouillent le sens commun et balayent toutes les tentatives de stabilisation, de normalisation et d'administration des écosystèmes arctiques et de leurs habitants. Loin de toute folklorisation indigéniste et de tout manifeste écologiste, ce livre s'attache à retranscrire les réalités des hommes qui parlent encore à l'ombre des arbres et sous le sceau de leur secret. Les âmes sauvages de l'Alaska sont celles qui se meuvent dans les plis d'un monde en révo-lution, et qui font de la métamorphose continuelle des choses et de l'incertitude des êtres un mode d'existence à part entière.
La différence des sexes structure la pensée humaine puisqu'elle en commande les deux concepts primordiaux : l'identique et le différent. La manière dont chaque culture construit cette différence met en branle toute sa conception du monde, sa sociologie et sa biologie, comme sa cosmologie. Changer le rapport du masculin et du féminin, c'est bouleverser nos ressorts intellectuels les plus profonds, élaborés au fil des millénaires. En démontant les mécanismes de la différence, ce livre offre des solutions pour parvenir à l'égalité.
Il en va des civilisations et peuples comme des étoiles : ils naissent, s'épanouissent et disparaissent. Sumériens, Spartiates, Étrusques, Mochicas, Aksoumites, Mayas ou nomades mongols ont en commun d'avoir, durant plusieurs siècles ou quelques décennies, connu un mode de vie remarquable, développé des savoir-faire élaborés, brillé par leurs réalisations artistiques, leur culture, leur médecine ou leur connaissance des astres.Aztèques au funeste calendrier, Pascuans aux étranges Moai scrutant l'horizon, ou plus près de nous Tasmaniens et Héréros au tragique destin, Onas et Alakalufs de la Terre de Feu, cet atlas invite à une exploration poétique du monde, à une rencontre avec quelquesunes des civilisations brillantes ou plus obscures, qui jalonnèrent l'Histoire.
Fort de son immersion dans la société chinoise depuis près de cinquante ans, Patrice Fava a parcouru la Chine et fait de nombreuses découvertes dans des régions fort peu visitées. Ses mémoires ont le projet de dissiper l'ignorance très générale du monde occidental vis-à-vis de la culture chinoise et de ses racines.
De l'arrière-pays du Shandong où vit sa famille chinoise, aux forteresses Hakka du Fujian ; du village de Zhang Guying à la montagne de l'immortel Ge ; du Temple des nuages blancs au pèlerinage de Miaofengshan, il parle d'une Chine que peu de gens connaissent.
Après « l'ouverture » des années 1980 qui a tenté de briser l'isolement dans lequel Mao avait enfermé son pays, la société tout entière n'a cessé de se réinventer. C'est cette Chine non-officielle que l'auteur explore.
Les multiples références aux travaux de sinologues, en particulier de Kristofer Schipper et de Simon Leys, mais aussi d'anthropologues et d'historiens comme Philippe Descola, Bruno Latour ou Marcel Gauchet lui permettent de donner un éclairage très nouveau aux réalités complexes de la société chinoise dont, en général, on ne perçoit ni la profondeur historique, ni le substrat théorique.
" Quand, dans la société primitive, l'économique se laisse repérer comme champ autonome et défini, quand l'activité de production devient travail aliéné, comptabilisé et imposé par ceux qui vont jouir des fruits de ce travail, c'est que la société n'est plus primitive, c'est qu'elle est devenue une société divisée en dominants et dominés, en maîtres et sujets, c'est qu'elle a cessé d'exorciser ce qui est destiné à la tuer : le pouvoir et le respect du pouvoir. La division majeure de la société, celle qui fonde toutes les autres, y compris sans doute la division du travail, c'est la nouvelle disposition verticale entre la base et le sommet, c'est la grande coupure politique entre détenteurs de la force, qu'elle soit guerrière ou religieuse, et assujettis à cette force. La relation politique de pouvoir précède et fonde la relation économique d'exploitation. Avant d'être économique, l'aliénation est politique, le pouvoir est avant le travail, l'économique est une dérive du politique, l'émergence de l'État détermine l'apparition des classes. " P. C.
Anthropologue et ethnologue, Pierre Clastres (1934-1977) a effectué de nombreux séjours auprès des Indiens d'Amérique du Sud qui ont été le point de départ de sa réflexion et de ses différents travaux d'anthropologie politique, parmi lesquels Chroniques des Indiens Guayaki (Plon, 1972 ; Pocket, coll. " Terre Humaine ", 2001) et La Société contre l'État (Les Éditions de Minuit, 1974).
?Ce livre qui fait suite à Masculin/féminin I, La pensée de la différence, pose deux questions : pourquoi la hiérarchie s'est-elle greffée sur la simple différence des sexes ? Est-il envisageable de la dissoudre ? À cette double question, Françoise Héritier répond en termes anthropologiques aussi bien que politiques. Comment les hommes se sont-ils assuré le contrôle de la fécondité des femmes, ce pouvoir exorbitant d'enfanter du différent, des fils, aussi bien que de l'identique, des filles ? Comment les hommes ont-ils exploité le corps des femmes dans la prostitution et l'entretien domestique ? Comment, en retour, les femmes n'ont-elles pu commencer à se libérer que du jour où, et seulement là, les moyens de contraception leur ont permis de reprendre le contrôle de leur fécondité ? Françoise Héritier examine la possibilité de changements, certains illusoires, d'autres bien réels, et cerne les obstacles qui leur font toujours implicitement barrage. Et pourtant, ces changements ne sont-ils pas la promesse d'une société où la différence et l'asymétrie seraient le fondement, non d'une hiérarchie, mais d'une véritable harmonie ? Françoise Héritier est professeur honoraire au Collège de France. Elle a publié Les Deux Soeurs et leur Mère et Masculin/féminin?I, aux Éditions Odile Jacob.
La pensée sauvage et non la pensée des sauvages . Car ce livre s'écarte de l'ethnologie traditionnelle en prenant pour thème un attribut universel de l'esprit humain : la pensée à l'état sauvage qui est présente dans tout homme - contemporain ou ancien, proche ou lointain - tant qu'elle n'a pas été cultivée et domestiquée à des fins de rendement.
Lévi-Strauss aborde donc les mythes, les rites, les croyances et les autres faits de culture comme autant d'êtres sauvages comparables à tous ceux que la nature engendre sous d'innombrables formes, animales, végétales et minérales.
Publiée au milieu des années cinquante, La Pensée sauvage est aujourd'hui considérée comme l'un des classiques de l'ethnologie contemporaine dont l'influence fut décisive sur l'ensemble des disciplines qui forment le domaine des sciences sociales.
Arizona, 1961.
Alors qu'il est étudiant en anthropologie de l'université de Los Angeles, Carlos Castaneda rencontre don Juan Matus, un indien Yaqui de la province de Sonora.
L'homme de savoir, étrange sorcier, l'initie au chamanisme en lui dévoilant l'envers du monde et la manière d'apprivoiser la racine Datura Inoxia : l'herbe du diable.
On les appelle Jivaros. Ils préfèrent se dénommer Achuar, les Gens du palmier d'eau. Isolée dans la jungle de haute Amazonie, cette tribu légendaire fut protégée durant des siècles de l'incursion des Blancs par son inquiétante réputation de chasseurs de têtes. Plus qu'une condition de leur indépendance, la guerre est pour ces Indiens une vertu cardinale ; elle donne du prestige, renforce la solidarité, raffermit l'identité ethnique et permet le renouvellement rituel des âmes. Grâce à elle, les Achuar sont encore plusieurs milliers, fiers de leurs traditions et farouchement attachés à leur mode de vie.
Ce livre est une chronique de leur découverte et un hommage à leur résistance. Philippe Descola y relate au quotidien les étapes d'une intimité affective et intellectuelle croissante avec ce peuple dont il a partagé l'existence pendant près de trois années en tant qu'anthropologue.
Ce témoignage exceptionnel sur une manière libre et presque oubliée de vivre la condition humaine tire d'une expérience singulière un enseignement pour le temps présent.
Voici l'histoire implacable du pillage d'un continent. Nous suivons, siècle après siècle, et dans le moindre détail, la honte du mécanisme qui a conduit à une dépossession ruinant les nations d'un des espaces les plus prometteurs de l'univers.
On ne s'étonnera pas que les multinationales, monstres hybrides des temps modernes, opèrent avec cohésion en cet ensemble d'îles solitaires qu'est l'Amérique latine. Chaque pays plie sous le poids conjugué de ses divisions sociales, de ses armées, de ses polices qui l'enfoncent dans l'échec politico-économique et une plus profonde misère.
Des forces nouvelles se lèvent. Phénomène de grande conséquence, l'Église, longtemps oppressive, reprend la tradition évangélique des premiers âges et devient porteuse d'espérance : elle est résolument aux côtés des pauvres et des persécutés.
Cet ouvrage essentiel sur l'exploitation de l'homme par l'homme est à l'échelle d'un continent. Ce livre, un grand classique, est lu et commenté dans les universités nord-américaines ; il dénonce le talon d'Achille des États-Unis : l'Amérique centrale et du Sud.
Comment les modes de vie en quête d'autonomie transforment-ils nos façons de percevoir monde ? Menant l'enquête à travers les lieux de vie alternatifs, Clara Breteau examine quels mondes sensibles nouveaux se déploient quand on construit soi-même sa maison, quand on cultive sa nourriture, quand on fabrique son énergie. C'est tout une poétique nouvelle qu'elle voit poindre dans les endroits les plus inattendus.
À travers la France, une enquête ethnologique dans le monde des habitats écologiques autonomes détachés de la société de consommation, avec à la clé le développement de l'autoproduction et d'un mode d'être et de faire ouvert au hasard et au vivant.
Les Occidentaux ont toujours considéré qu'il était normal d'avoir peur de l'océan, de vouloir le dominer et d' exploiter inconsidérément ses ressources par le recours à la technique : navires, instruments de navigation, cartes. Nous avons longtemps cru qu'il n'existait pas d'autres rapports possibles à la mer et que notre approche matérialiste était universelle. Or, l'exploration du Pacifique va tout changer.
Quand les premiers explorateurs occidentaux sont arrivés dans les îles du Pacifique, ils ne pouvaient pas comprendre comment les natifs s'étaient déplacés sur des milliers de kilomètres, d'îles en îles, sans aucune médiation technologique comparable aux leurs. L'espace objectif des cartes modernes ne correspondait pas à la perception spatiale qui était la leur. La distance n'était pas pour eux une donnée stable. D'où une cartographie sensorielle où les repères sont les bancs de poissons, les volées d'oiseaux, le bois flotté, les mouvements des vagues, le ciel, etc. Un groupement de requins, des poissons volants, des méduses, des marsouins, des oiseaux, la couleur de l'eau étaient autant d'indices qui permettaient de se situer. C'est cette perspective pacifique qu'Hélène Artaud nous fait découvrir.
Cette rencontre a-t-elle provoqué chez les Occidentaux un tournant écologique ? Si la rencontre avec le Pacifique a pu changer la perception occidentale de l'océan au point d'en faire ce milieu intime, vulnérable et sensible, l'anthropologue interroge la profondeur de ce changement. Le tournant océanique des Modernes est peut-être moins l'annonce d'une rupture que l'indice d'une continuité...
Plus secrète que la mecque, plus difficile d'accès que lhassa, il existe au coeur de la jungle birmane une petite cité inconnue des hommes et qui règne pourtant sur eux par ses fabuleuses richesses depuis des siècles : c'est mogok, citadelle du rubis, la pierre précieuse la plus rare, la plus chère, la plus ensorcelante.
Mogok, perdue dans un dédale de collines sauvages par-delà mandalay. mogok autour de laquelle rôdent les tigres. la légende assure qu'aux temps immémoriaux un aigle géant, survolant le monde, trouva dans les environs de mogok une pierre énorme, qu'il prit d'abord pour un quartier de chair vive tant elle avait la couleur du sang le plus généreux, le plus pur. c'était une sorte de soleil empourpré. l'aigle emporta le premier rubis de l'univers vers la cime la plus aiguë de la vallée.
Ainsi naquit mogok...
Ce dictionnaire, d'une ampleur et d'une ambition sans équivalent, rassemble, sous la direction de Jean-Claude Monod, les éléments d'une pensée et d'une vie qui se trouvèrent au point de convergence, et parfois de friction, de nombreuses disciplines - philosophie, anthropologie, linguistique, sociologie, mythologie comparée, histoire de l'art, poétique... - et de plusieurs continents - Europe, Amériques du Sud et du Nord, Asie... L'oeuvre de Claude Lévi-Strauss transforma en profondeur non seulement les sciences sociales du xxe siècle, mais le regard que nos sociétés portent sur « les autres », d'abord sur ces peuples qu'on appela longtemps - avant Lévi-Strauss, justement - « primitifs » et, par là, sur nous-mêmes.
L'ouvrage parcourt l'intégralité des livres du grand anthropologue, les concepts qu'il a marqués de son empreinte, et nous éclaire aussi sur les rencontres qui ont été déterminantes dans son existence intellectuelle et personnelle. Sa vie est traitée comme un « fait biographique total » où les noms des maîtres et des collaborateurs, des lieux et des textes, des peuples et des notions sont autant d'entrées vers une oeuvre-monde.
Riche de multiples contributions françaises et étrangères, ce volume montre combien la pensée de Lévi-Strauss est animée par une quête de « sagesse » pratique visant à réformer notre civilisation et à réorienter le cours de nos sociétés. Ses réflexions engagent non seulement une idée de l'humanité - dans son unité et ses différences, dans ses liens vitaux avec la nature -, mais une conscience aiguë des conditions précaires de sa survie.
Résoudre les énigmes posées par les règles du mariage aux ethnologues, notamment celle de la prohibition de l'inceste, telle est la tâche que se proposaient initialement Les Structures élémentaires de la parenté. Les deux chapitres introductifs, objets de la présente édition, n'en abordent pas moins des questions philosophiques cruciales : où finit la nature et où commence la culture ? quelles sont les parts respectives de chacune en l'homme ? comment l'homme se distinguet-il, sous ce rapport, de l'animal ? C'est ainsidu point de vue de l'ethnologie que le texte de Claude Lévi-Strauss apporte matière et méthode à la réflexion philosophique.
Marqué par l'histoire coloniale, les discriminations, les violences, l'expropriation des terres, l'exploitation des ressources locales et l'avidité des colons, le peuple Awajun subit les affres de la globalisation. Dans cette tourmente, Albertina résiste. Sa force ? Elle la tire de la nature. Au coeur d'une cosmologie vivante, gravée dans sa mémoire, incarnée dans ses actes. De l'enfance à l'âge adulte, de l'intime au social, de la poésie au politique, du local au global, son chemin n'aura de cesse de défendre le vivant. Ce profond récit de vie nous plonge entre deux mondes, sous le regard lucide d'une femme éprise de liberté.
Mémoires d'une femme gardienne des savoirs ancestraux, de la biodiversité exceptionnelle de l'Amazonie péruvienne et de sa culture, engagée dans la défense des droits indigènes, et des droits des femmes au sein de la communauté awajun (jivaro).
Nouvelle collection «Voix de la Terre», une collection d'ethnologie vivante dirigée par Sabah Rahmani, auteur de "Paroles des peuples racines", 6 300 ventes. Une collection qui explore les façons dont les hommes appréhendent et habitent un espace pour y vivre en société et surtout en harmonie avec l'environnement qui les entoure.
En partageant la vie rigoureuse des Esquimaux polaires, les Inuits, en mangeant avec eux l'hiver ces oiseaux d'été qui ont pourri sous les pierres, en écoutant, durant trois mois de nuit polaire, leurs légendes d'un rare pouvoir imaginaire, leurs récits dramatiques d'expéditions au pôle avec Peary, Cook, leurs fameuses expéditions avec Knud Rasmussen, Jean Malaurie est devenu l'interprète de la grandeur de leur civilisation. De la pierre à l'homme, du chasseur individualiste au groupe communaliste : tel est l'itinéraire. Comme Jean Malaurie (premier Français à avoir atteint, le 29 mai 1951, le pôle géomagnétique Nord en traîneau à chiens), on se sent devenir militant en découvrant que cette société du pôle, d'esprit chamanique, qui vivait durement mais heureuse et libre depuis des millénaires, est agressée par une gigantesque base nucléaire.
Est ainsi posé le problème universel de la défense des minorités traditionnelles. Témoignage vécu d'une de ces violentes confrontations de civilisation que connaît de nos jours l'Arctique, ce livre n'est pas seulement l'oeuvre de référence sur le peuple esquimau dans son passé héroïque et son présent difficile : il crée, sans conteste, un genre littéraire absolument nouveau. Il a été traduit en vingt langues, et adapté, à deux reprises, à la télévision française.
Le livre le plus diffusé au monde sur le peuple inuit. C'est " le " classique.
La dimension cachée, c'est celle du territoire de tout être vivant, animal ou humain, de l'espace nécessaire à son équilibre. Mais, chez l'homme, cette dimension devient culturelle. Ainsi, chaque civilisation a sa manière de concevoir les déplacements du corps, l'agencement des maisons, les conditions de la conversation, les frontières de l'intimité. Ces études comparatives jettent une lumière neuve sur la connaissance que nous pouvons avoir d'autrui et sur le danger que nous courons, dans nos cités modernes, à ignorer cette dimension cachée : peut-être est - ce moins le surpeuplement qui nous menace que la perte de notre identité.
Lors de la parution de La Part maudite, en 1949, Georges Bataille révélait qu'il travaillait depuis dix-huit ans à l'élaboration de cette représentation du monde, dont, seize ans auparavant, " La notion de dépense " - publiée dans la revue La Critique sociale - constituait une première approche.
Pour Georges Bataille, La Part maudite abordait, " en dehors des disciplines particulières, un problème [...] à la clé de tous ceux que pose chaque discipline envisageant le mouvement de l'énergie sur la terre - de la physique du globe à l'économie politique, à travers la sociologie, l'histoire et la biologie [...]. Même ce qui peut être dit de l'art, de la littérature, de la poésie est en rapport au premier chef avec le mouvement [...] de l'énergie excédante, traduit dans l'effervescence de la vie ".
Le sens le plus intime de cette entreprise est donné par le fait que cette ébullition du monde, voué à l'" abandon ", à l'" écoulement " et à l'" orage ", est conçue à l'image de celle qui n'a cessé d'animer la vie de l'auteur. Aussi La Part maudite occupe-t-elle une place centrale dans l'oeuvre de Georges Bataille.
La rayure et les étoffes rayées sont longtemps restées en Occident des marques d'exclusion ou d'infamie. En furent notamment vêtus tous ce qui, à un titre ou à un autre, se situaient sur les marges de la société chrétienne ou bien en dehors : jongleurs, musiciens, bouffons, bourreaux, prostituées, condamnés, hérétiques, juifs, musulmans ainsi que, dans les images, le Diable et toutes ses créatures. Sans faire aucunement disparaître ces rayures très négatives, l'époque romantique voit apparaître une nouvelle forme de rayures, positives et liées aux idées nouvelles de liberté, de jeunesse, de plaisir et de progrès. Dans les sociétés contemporaines, ces deux types de rayures cohabitent : celles des vêtements de prisonniers, de la pègre, des lieux dangereux et mortifères, et celles du jeu, du sport, de l'hygiène, de la mer et de la plage.
Et non sauvagerie du capitalisme ou capitalisme des sauvages. Ce numéro explore les altérités déroutantes produites par le capitalisme contemporain. Car la richesse n'est pas nécessairement vouée à être domestiquée pour accroître son rendement, mais peut être captée pour alimenter des formes de vie sociale différentes de la nôtre. Des Jivaros à la Chine, en passant le Tadjikistan, Dakar ou encore la Géorgie, on découvre les pratiques, les attentes, les désirs de grandeur et les contradictions de celles et ceux qui, aujourd'hui, bouleversent la logique du capital jusqu'à s'en plaindre. Il y a assurément d'autres mondes, mais ils sont dans celui-ci !