Folio
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«J'ai donc entrepris aujourd'hui, dans ma quatre-vingt-troisième année, de raconter le mythe de ma vie.» C'est au printemps 1957, quatre ans avant sa mort, que C.G. Jung éprouva le besoin de raconter à sa collaboratrice, Mme Aniela Jaffé, ce qu'il considérait comme l'essentiel de son existence et, rédigeant lui-même les passages les plus importants, la chargea de coordonner le tout. Un des grands fondateurs de la psychanalyse se fait le témoin de lui-même.«Ma vie est l'histoire d'un inconscient qui a accompli sa propre réalisation.» Souvenirs, rêves et pensées est l'auto-analyse d'un des grands rêveurs de l'humanité qui s'explique en même temps sur l'au-delà, les mythes, les symboles, l'inconscient collectif et, jamais plus clairement qu'ici, sur la religion.
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À la fin de 1899 mais daté de 1900 comme pour marquer un nouveau siècle paraît Die Traumdeutung : c'est le livre du rêve jusque dans sa composition baroque, foisonnante. Un an plus tard paraît ce petit livre-ci, commandé par un éditeur, et dont le propos est bien différent : cette fois, c'est un exposé sur le rêve et qui revêt une forme plus classique, parfois didactique. Comme l'indique Didier Anzieu dans sa préface, la Traumdeutung constituait et constitue toujours une initiation à l'inconscient. Sur le rêve, lui, introduit à la psychanalyse. Y sont énoncés les résultats acquis par une science alors toute nouvelle. Si l'objet est ici le rêve, Freud n'entend pas pour autant lui conférer une valeur exceptionnelle. Au contraire il se déprend et déprend tout au long son lecteur d'une «surestimation», romantique ou mystique, qui ferait du rêve le lieu de quelque ascension de l'âme vers l'inconnu. Aussi porte-t-il principalement son attention sur les procédés du «travail du rêve» en les illustrant par de nombreux exemples et en nous engageant à les retrouver à l'oeuvre dans d'autres productions de l'inconscient. Sur le rêve, oui, mais surtout pour l'analyse, pour une méthode.
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Dialectique du moi et de l'inconscient
Carl Gustav Jung
- Folio
- Folio Essais
- 13 Octobre 1986
- 9782070323722
Cette oeuvre est une des plus importantes de Carl Gustav Jung (1875-1961). Concise, allant à l'essentiel, elle se situe au centre même de la pensée du savant qui, avec Freud, puis par-delà Freud, oriente la vie psychologique et mentale de l'humanité dans des voies nouvelles. Son sujet est la clé de la vie intérieure. Tout le monde nouveau des profondeurs humaines, exploré par Jung, est axé sur un dialogue, ou plus précisément une " dialectique entre le Moi et l'inconscient ", dont le Moi a émergé. C.G. Jung montre combien le jeu dynamique entre le Moi et l'inconscient constitue le flux et le reflux fondamental de la vie et combien l'inconscient peut receler de messages essentiels. Aider les êtres à s'y retrouver, et ainsi à se construire eux-mêmes, n'est pas seulement une révolution humaine et médicale. C'est l'aventure qu'à travers toutes les autres l'être recherche depuis toujours.
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«Il faut bien que la sorcière s'en mêle.» C'est ainsi que Freud, citant dans un de ses derniers écrits le Faust de Goethe, désigne la métapsychologie, et il ajoute : «Sans spéculer ni théoriser - pour un peu j'aurais dit fantasmer - on n'avance pas d'un pas.»La sorcière métapsychologie, Freud n'a cessé de la convoquer. Mais, en 1915, parvenu au milieu de son trajet, il éprouve le besoin de préciser et de cerner les concepts fondamentaux de la psychanalyse laissés jusqu'alors dans une relative et féconde indétermination. D'ou cette série d'essais portant sur l'inconscient, le refoulement, la pulsion, l'objet perdu (sur l'exemple du deuil et de la mélancolie), la régression (à propos du désir de dormir et de rêver). Autant de textes capitaux où la densité va de pair avec la clarté de l'expression et qui sont à chaque fois l'occasion d'une lecture neuve. Ici la distinction rebattue entre théorie et clinique vole en éclats. C'est que la psychanalyse est d'abord une épreuve de la pensée, une mise à l'épreuve de nos convictions, à commencer par celles héritées de la psychologie.
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Quelques mois avant de mourir, Jung fit un rêve : installé à son bureau, il parlait, lui dont l'oeuvre ne s'était jamais adressée qu'aux spécialistes, à un vaste public qui le comprenait parfaitement.Ce rêve le décida à écrire le présent Essai d'exploration de l'inconscient qui allait lui permettre de dégager l'importance primordiale de la vie inconsciente dans l'accomplissement de l'individu moderne et de la société.Dernier ouvrage du grand psychanalyste, Essai d'exploration de l'inconscient, dans lequel Jung résume une dernière fois sa doctrine, est aussi son testament.
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En plaçant l'ensemble des essais ici recueillis sous le titre du plus célèbre d'entre eux, nous croyons être fidèles à l'esprit qui les anime comme à l'objet même de la psychanalyse:l'ouverture à l'Unheimliche, à ce qui n'appartient pas à la maison et pourtant y demeure.Cette édition reprend dans une traduction nouvelle et annotée, qui devrait être l'occasion d'une lecture neuve, les textes qui figuraient jusqu'alors dans les Essais de psychanalyse appliquée. Ils apparaissent ici, augmentés d'une étude sur l'humour, dans l'ordre chronologique de leur publication.
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La psychopathologie de la vie quotidienne
Sigmund Freud
- Folio
- Folio Essais
- 28 Janvier 2010
- 9782070409563
Très tôt Freud se soucie de montrer que l'inconscient est à l'oeuvre chez tout un chacun et pas seulement chez les névrosés. Nous rêvons tous, mais le rêve est asocial et il est un produit de la nuit. Nous commettons, en public, des lapsus troublants, des gestes intempestifs. Des mots et des noms, que nous connaissons bien pourtant, nous échappent. Ce sont ces phénomènes marginaux que Freud analyse en détail ici, multipliant au fil des ans et des éditions, tel un collectionneur gourmand, les exemples. En ceux-là, il voit autant de preuves du bien-fondé de sa thèse qui veut que dans ces méprises, ces défaillances de la fonction, se manifeste un désir refoulé venu contredire l'intention consciente.
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Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient
Sigmund Freud
- Folio
- Folio Essais
- 9 Septembre 1992
- 9782070327218
Freud avait un faible pour les histoires de «marieurs» dont on trouvera plusieurs échantillons savoureux dans ce livre. C'est que le Witz - le mot ou le trait d'esprit - met en rapport des choses et des pensées hétérogènes : il les condense, il les combine ou, mieux, il les marie, le plus souvent dans une mésalliance qui déclenche le rire de l'auditeur et surprend même celui qui l'énonce. Le Witz réussi a la fulgurance de l'éclair.Le mot d'esprit est ici analysé, dans sa technique et dans ses visées, comme le furent, quelques années plus tôt, le rêve et les actes manqués. C'est qu'il est comme eux, aux yeux de Freud, une formation de l'inconscient plus qu'une production volontaire.Le mot d'esprit ou l'esprit des mots.
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Ce livre traite des dépressions que nourrit un deuil impossible de l'objet aimé et perdu. En déniant le lien universel qu'est le langage, le déprimé nie le sens qui, pour l'être parlant, est le sens de la vie. Athée radical, le dépressif reste cependant un mystique : rivé à l'affect, la douleur et les larmes sont pour lui le pays secret d'une beauté aussi inaccessible qu'entière.Le sublime naît dans la mélancolie. La preuve ? Holbein, minimaliste macabre. Nerval, le Prince noir. Dostoïevski, persuadé que la soufrance est le but suprême de l'humanité, appelant le pardon. Et Duras, la femme-tristesse, qui rend contagieuses les figures de la dépression féminine dévoilées ici à partir de quelques histoires dites sur le divan du psychanalyste.
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Un jour, les frères... Ce jour-là, les frères se coalisent pour mettre fin à la tyrannie du père de la horde primitive, un chef qui détient tous les pouvoirs et se réserve la jouissance des femelles. Ils le dévorent et chacun d'eux, par ce festin cannibalique, s'approprie une partie de sa puissance. Une alliance entre semblables, un crime collectif, une grande fête, tel serait le fondement de la société humaine. Après quoi s'instaure la culpabilité face au père mort, avec son corollaire: la vénération du totem ou du dieu. Après quoi prédomine l'horreur, le tabou de l'inceste, avec sa conséquence: l'exogamie. Cette thèse scandaleuse, Freud l'énonce au terme d'une longue enquête à travers la littérature ethnologique de l'époque. Serait-ce un mythe, un roman des origines ou bien la révélation, difficile à admettre au point d'être refoulée, que toute société repose sur un crime commis en commun et ne se maintient dans sa cohésion que par lui ?
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Le délire et les rêves dans la Gradiva de W. Jensen
Sigmund Freud
- Folio
- Folio Essais
- 3 Janvier 1992
- 9782070326747
Gradiva, celle qui avance, tel le dieu Mars allant au combat, mais c'est ici au combat de l'amour. Et Gradiva rediviva, celle qui réapparaît à l'heure chaude de midi et qui va, non sans malice, donner vie, forme, objet au désir d'un archéologue fou.En cette jeune fille à la démarche inimitable Freud a-t-il reconnu la jeune psychanalyse comme il a pu trouver dans Pompéi, la cité ensevelie et conservée, une métaphore exemplaire du refoulé et de son troublant retour ?On trouvera à la fin du volume une notice sur le bas-relief qui est à l'origine de la nouvelle ainsi que trois savoureuses lettres (inédites) de Jensen en réponse aux questions indiscrètes que lui posait son interprète.
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Ce qui découle du fait que ce n'est pas la femme qui a tué le père et autres textes psychanalytiques
Lou Andréas-Salomé
- Folio
- Folio Sagesses
- 3 Septembre 2020
- 9782072860355
«Que peut-on conclure de tout cela pour les liens entre les sexes ?» Il serait aisé de présenter Lou Andreas-Salomé comme une grande figure du féminisme, se laissant guider par sa vie : celle d'une femme libre, intellectuelle, sans enfants. Tout aussi aisé, en lisant quelques-unes de ses assertions sur «le type féminin» ou la structure masculine de la libido, de la présenter, au contraire, comme une voix exemplaire d'essentialisation de la femme, réduite à un «Éternel féminin», maternel avant tout. Ce n'est pourtant ni d'un côté ni de l'autre, insaisissable, qu'elle se trouve sans doute : en un interstice singulier qu'il reste à questionner et dont les articles ici réunis portent remarquablement l'équation. Narcissisme, féminité, complexe d'Oedipe... Trois textes psychanalytiques, denses et sinueux, par celle que Freud nommait «la compreneuse».
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Toute psyché est théâtre, tout «Je» est répertoire secret de personnages oubliés, méconnus, en quête d'auteur et de drame, toute psychanalyse une scène où se répètent, se déploient et se transforment les scénarios inconscients.Des scénarios que Joyce McDougall découvre dans ce qu'elle nomme le Théâtre de l'Interdit, qui reste marqué par Oedipe, et le Théâtre de l'Impossible, modelé par Narcisse. Ces deux modalités se conjuguent sans cesse, comme le montrent les nombreux cas ici analysés avec une acuité peu commune.Quand les mots manquent, l'inconscient est le plus demandeur ; quand le plateau paraît désert, la représentation, bouffonne ou tragique, est le plus traversée de bruit et de fureur.
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Conférences d'introduction à la psychanalyse
Sigmund Freud
- Folio
- Folio Essais
- 14 Janvier 2010
- 9782070409068
Au cours des années 1915-1917 Freud prononce à l'Université de Vienne vingt-huit conférences destinées à un public " profane " afin d'introduire ses auditeurs à la " jeune science " qu'est la psychanalyse.
Il y déploie un rare talent de pédagogue, anticipant les objections (les contradicteurs d'hier sont encore ceux d'aujourd'hui), recourant à des images concrètes. Sa démarche est progressive. Elle n'est pas celle d'un maître d'école, soucieux d'endoctriner. Elle est celle d'un éveilleur. Les Conférences d'introduction connurent à travers le monde un immense succès, mais elles paraissent souffrir aujourd'hui d'un relatif discrédit : elles sont " élémentaires " prétendent ceux qui croient tout connaître de la psychanalyse.
Rien de plus faux. N'est-il pas nécessaire à chacun - psychanalystes inclus - d'être encore et encore introduit à la psychanalyse, bref de demeurer " profane " face à une terre étrangère que personne ne saurait s'approprier ?
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Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci
Sigmund Freud
- Folio
- Folio Bilingue
- 17 Octobre 1991
- 9782070384365
Freud a reconnu en Léonard de Vinci une personnalité éminemment contradictoire, un «être énigmatique» animé comme lui par un puissant «désir de savoir» et par une inlassable curiosité, proche de celle de l'enfant-chercheur. Il entreprend de résoudre l'énigme du cas Léonard et croit en trouver la clé dans le fameux «souvenir d'enfance», le seul qui ait été consigné dans les Carnets, en association avec des réflexions sur le vol des oiseaux. Quel lumineux portrait de Léonard de Vinci et, dans une certaine mesure, de Freud lui-même !
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En septembre 1909, Freud débarque en Amérique. II prononce cinq conférences à la Clark University de Worcester que préside Stanley Hall, très favorable à la psychanalyse. Ce n'est pas le cas de tout l'auditoire. Freud doit donc conquérir son public, sans trop le heurter dans ses habitudes mentales, scientifiques et morales. Pas de grandes spéculations donc, peu de théorie, peu de rêves, mais des faits exposés avec une rare clarté, des observations, des comparaisons dont celle, restée fameuse, destinée à illustrer le refoulement et la résistance, de l'intrus qui s'introduit de force dans la salle de conférences. Ce bref séjour de Freud marquera, selon ses propres dires, le début d'une reconnaissance officielle et la fin de son "splendide isolement". II constituera aussi le point de départ de l'irrésistible diffusion de la psychanalyse dans le Nouveau Monde.
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L'homme Moïse et la religion monothéiste : trois essais
Sigmund Freud
- Folio
- Folio Essais
- 4 Mars 1993
- 9782070327416
Voici sans doute le plus étrange et le plus freudien des écrits de Freud. Composé par strates successives en trois essais, il garde tout au long des traces de sa fabrication insolite. Étrange aussi par son audacieuse hypothèse de départ - «Si Moïse était un Égyptien ?» -, il est bien loin de s'y réduire. À travers l'histoire de l'homme Moïse, c'est en effet la formation d'une religion, celle de l'identité juive (et de l'antisémitisme), enfin le passage de la sensorialité à la vie de l'esprit qui font ici l'objet de l'enquête, avec, en arrière-plan, la question du père mort qui, tout comme la figure de Moïse, n'a cessé de hanter Freud.
«Roman historique» au dire de son auteur, Bildungsroman ou roman secret - l'homme Moïse, c'est aussi l'homme Freud -, ce livre appelle autre chose qu'une interprétation : une lecture.
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La psychanalyse ; science, thérapie - et cause
Moustapha Safouan
- Folio
- Folio Essais
- 18 Mai 2017
- 9782072711688
Que peut-on dire de la psychanalyse, après en avoir fait sa principale activité pendant plus de soixante ans? L'ouvrage répond à cette question.
Mémoire vivante du champ freudien, à cheval sur plusieurs langues et plusieurs cultures, Moustapha Safouan a commencé son analyse alors que Freud était mort quelques années auparavant et Lacan encore presque un inconnu.
Il présente ici les éléments fondamentaux de la psychanalyse, en suivant les trois fils de ses avancées théoriques successives, de sa fonction thérapeutique singulière et de son histoire institutionnelle mouvementée.
Cette référence pour les spécialistes servira tout aussi bien d'introduction pour les profanes ou les étudiants.
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Le génie féminin Tome 2 ; Melanie Klein
Julia Kristeva
- Folio
- Folio Essais
- 6 Novembre 2003
- 9782070427390
Melanie Klein (1882-1960) apparaît comme la novatrice la plus originale de la psychanalyse. Alors que Freud centre la vie psychique du sujet sur l'épreuve de la castration et la fonction du père, Melanie Klein - sans les ignorer - les étaie d'une fonction maternelle, absente dans la théorie du fondateur. La première, elle pense au matricide : capable dès la naissance d'un lien à l'objet (le sein, la mère), et habité de fantasmes aussi violents que réparateurs, l'enfant selon Melanie Klein a ouvert de nouveaux horizons à la clinique de la psychose et de l'autisme.
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Ce livre invite à penser notre propre façon de vivre en étranger ou avec des étrangers, en restituant le destin de l'étranger dans la civilisation européenne : les Grecs avec leurs «Métèques» et leurs «Barbares» ; les Juifs inscrivant Ruth la Moabite au fondement de la royauté de David ; saint Paul qui choisit de prêcher en direction des travailleurs immigrés pour en faire les premiers chrétiens, sans oublier Rabelais, Montaigne, Érasme, Montesquieu, Diderot, Kant, Herder, jusqu'à Camus et Nabokov qui ont chacun médité avant nous les merveilles et les malaises de la vie étrangère. Au coeur de cet avenir cosmopolite : les Droits de l'Homme sous la Révolution française, qui commence par honorer les étrangers avant de faire tomber la Terreur sur leurs têtes. En contrepoint : le nationalisme romantique et, pour finir, totalitaire. L'«inquiétante étrangeté» de Freud conclut ce parcours en suggérant une nouvelle éthique : ne pas «intégrer» l'étranger, mais respecter son désir de vivre différent, qui rejoint notre droit à la singularité, cette ultime conséquence des droits et des devoirs humains.
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Voici ce qu'écrit Freud de sa Selbstdarstellung publiée en 1925 : «Deux thèmes parcourent cet ouvrage : celui de ma propre destinée et celui de l'histoire de la psychanalyse. Ils sont étroitement liés. Ma Présentation de moi-même montre comment la psychanalyse devint le contenu de ma vie et elle se conforme à ce principe justifié que rien de ce qui m'arrive personnellement ne mérite d'intéresser, au regard de mes relations avec la science.» Ces lignes, extraites de la postface, inédite en français à ce jour et qu'on trouvera dans notre édition, définissent bien le propos de ce petit livre, qui n'est ni une autobiographie, ni un autoportrait, ni un exposé doctrinal, et qui pourtant participe de tous ces genres. Rarement un homme des «commencements» a voulu à ce point se confondre avec sa cause, également soucieux d'en assurer l'expansion et d'en maintenir avec intransigeance l'irréductible spécificité.
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«Être psychanalyste, c'est savoir que toutes les histoires reviennent à parler d'amour. La plainte que me confient ceux qui balbutient à côté de moi a toujours pour cause un manque d'amour présent ou passé, réel ou imaginaire. Je ne peux l'entendre que si je me place moi-même en ce point d'infini, douleur ou ravissement. C'est avec ma défaillance que l'autre compose le sens de son aventure. Philosophie, religion, poésie, roman ? Histoires d'amour. De Platon à saint Thomas, de Roméo et Juliette à Don Juan, des troubadours à Stendhal, de la Madone à Baudelaire ou Bataille. Les grandes élaborations symboliques ne disent pourtant rien d'autre que ce qui s'écoute dans l'ombre, chaque jour. Être psychiquement en vie signifie que vous êtes amoureux, en analyse, ou bien en proie à la littérature. Comme si toute l'histoire humaine n'était qu'un immense et permanent transfert.» Julia Kristeva.
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La psychanalyse est d'abord une expérience clinique intime et les concepts qu'elle élabore ont un objet particulier : ressaisir les phénomènes spécifiques qui se déroulent dans l'espace singulier d'une cure, quand un patient parle et qu'un analyste l'écoute. C'est à cette dimension-là que s'attache ce glossaire : montrer en somme comment les analystes pensent avec les concepts qu'ils se donnent pour accompagner ceux qui leur confient un moment de leur vie intérieure.
Ceci n'est donc pas un dictionnaire ni un vocabulaire de psychanalyse, qui, comme tous ceux qui existent déjà, situerait les notions classiques dans l'appareil freudien et leur trajectoire dans les différents courants de pensée de la discipline. Au contraire. Chaque contribution, prenant appui sur un fragment de cure, illustre comment telle ou telle notion fait surgir des perspectives imprévues. Elle constitue ainsi un témoignage du travail de pensée qui prend sa source dans les concepts élaborés depuis Freud pour organiser la réflexion clinique au quotidien. Ce glossaire plonge le lecteur dans l'incessant va-et-vient qui, de la clinique à la théorie, conduit la réflexion de l'analyste.
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Au commencement était l'acte. Cet acte était la mise à mort du père selon Freud, du frère selon la Bible.
Ce commencement est sans fin.
Nous aurons beau nous écrier : ' Plus jamais ça ! ', les faits ne cesseront de nous démentir, de montrer la vanité de nos cris. Les faits sont têtus, disait cet entêté de Lénine.
La violence est souveraine. Partout, dehors, visible, étalée au grand jour. Partout, dedans, cachée, tapie dans l'ombre d'où elle est prête à surgir.
La passion meurtrière, qu'elle soit collective ou individuelle, la rage de détruire, l'amour de la haine ne connaissent pas de limites. Face à la démesure, nos instruments de mesure sont défaillants.