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Docteur en philosophie, historien de l'art, Henri Maldiney a enseigné à Gand puis à l'université de Lyon la philosophie générale, l'anthropologie phénoménologique et l'esthétique. Il est l'auteur, entre autres, de Le vouloir dire de Francis Ponge (Encre Marine, 1993) ; L'Art, éclair de l'être (Comp'Act, 1993) ; Aux déserts que l'histoire accable (Deyrolle, 1993) ; Regard, Parole, Espace (L'Âge d'homme, 1973).
Dans ce recueil d'études où s'est condensée, au fil des dernières années, sa réflexion, Henry Maldiney se propose de penser ensemble l'énigme de l'humanité et l'énigme de la « catastrophe » qui survient à certains d'entre nous. Double décentrement de la pensée, qui la met à la fois hors de l'anthropologie, fût-elle philosophique, et de son envers dans les théories psycho-pathologiques. Double décentrement où s'éprouvent donc au mieux la tradition philosophique - et en particulier celle qui est issue de Heidegger - et la tradition de la Daseinanalyse et de la Schickalsanalyse, telle qu'elle est représentée par Binswanger, Straus, Minkowski, von Weizsäcker et Szondi.
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Voué à la clinique psychiatrique, ce travail résulte du croisement de préoccupations cliniques concrètes et du besoin de préciser le caractère humain du fou. L'auteur s'arrête devant des phénomènes susceptibles de constituer un vrai fi l d'Ariane dans la connaissance du drame de l'aliéné.
Nerval ne devait constituer qu'un exemple parmi d'autres dans une oeuvre touµ ue d'observations, mais, au fur et à mesure de l'étude d'autres cas, Aurélia devenait un vrai « modèle » clinique.
François Tosquelles nous livre une méthode de penser, d'observer, de vivre avec - dimensions méconnues par la clinique traditionnelle. Il ne s'agit pas de délirer avec le « délirant », de participer de façon confusionnelle aux ébauches maladroites de sujets en détresse chronique.
Mais de tendre la main, dans un geste qui n'est pas de « prise », mais d'intime connivence, de création de sens, d'entente ; de faire cesser, autant que cela est possible, cette hémorragie d'oubli dans un silence ponctué de cris.
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Guy-félix duportail a voulu poursuivre la conversation entamée par jacques lacan et maurice merleau-ponty au siècle dernier.
Car il est juste de penser que cet échange amical et critique - où psychanalyse et phénoménologie s'entrecroisaient - n'a pas dit son dernier mot. la topologie des noeuds de lacan nous aide en effet à saisir la structure spatiale du champ d'être originaire que merleau-ponty cherchait à la fin de son oeuvre sous le nom d'ontologie de la chair. inversement, grâce à la phénoménologie archéologique de merleau-ponty, la psychanalyse lacanienne se voit débarrassée de son dogmatisme mathématique pour honorer enfin sa prétention philosophique légitime : contribuer à la raison depuis freud, par-delà l'éclipse des lumières.
Ainsi, si la chair est bien l'autre nom de l'inconscient, sa schématisation topologique ressortit d'une rigueur qui n'a pas à singer l'exactitude des sciences, pas plus qu'elle n'a à proroger le mythe de la conscience pure. et de le montrer en trois temps : par le corps de chair, tout d'abord. où il est montré que le chiasma qui unit le corps au monde est institué par le nouage des trois mouvements fondamentaux de la vie (patocka) et, au premier chef, celui du narcissisme fondamental de la perception.
Par l'amour, ensuite. où le sentiment se donne comme institué par le ravissement imaginaire et dont la métaphore ouvre la fête des corps. l'amour n'est ni une pathologie de l'âme, ni une idée confuse, mais bien une forme de reconnaissance et de connaissance de ce que l'autre et nous-mêmes avons d'inconnus, notre être même. par le nom-du-père, enfin. où la négation symbolique caractéristique de la fonction du père découvre ses racines dans les plis archaïques de l'être sensible là où l'invisible paternel apparaît : dans la voix ou encore dans la musique.
Le corps, l'amour, le nom-du-père, sont ainsi les premières institutions du monde dans lequel nous vivons, mais que nous sommes toujours tenté d'oublier.