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La psychanalyse, otage de ses organisations ? du contre-transfert au désir d'analyste
Robert Samacher
- Mjw
- 22 Février 2018
- 9791090590625
Cet ouvrage interroge les rapports complexes des psychanalystes à l'institution, en prenant pour axe inaugural les conflits de pouvoir au sein des écoles et groupes de psychanalystes. Depuis la création, selon les voeux de Sigmund Freud, de l'International Psychoanalytic Association, les luttes d'influence, sur fond de rivalités individuelles et collectives, n'ont cessé de sévir, suscitant des orientations divergentes dans les enseignements théoriques comme dans les pratiques cliniques. Les dissensions entre psychanalystes reposent sur deux principaux facteurs que nous examinerons en détail : d'une part, le concept clinique de contre-transfert, dont ce livre retrace l'histoire depuis sa découverte par Ferenczi, à travers les vicissitudes de sa cure avec Freud, et d'autre part, la procédure de la passe, que Jacques Lacan institua au sein de l'École Freudienne de Paris, en énonçant sa Proposition du 9 octobre 1967. Malgré les réserves formulées par Sigmund Freud à propos de l'usage du contre-transfert dans la cure, les psychanalystes anglo-américains ont privilégié une relation duelle symétrique, visant la réparation et la gratification, à partir des conceptions théoriques développées par Rank et Ferenczi, perdant ainsi le véritable tranchant de la psychanalyse. Contrairement à une idée reçue, Jacques Lacan, de son côté, n'a pas négligé la dimension du contre-transfert mais l'a articulée à la dynamique du transfert, en déduisant l'élément inhérent et indispensable à la position de l'analyste : le désir d'analyste. S'adressant aussi bien à des psychanalystes expérimentés qu'à des étudiants en psychologie ou à des profanes portant un intérêt à la psychanalyse, ce livre précise les modalités de formation dans cette discipline. Il s'attarde notamment sur le sens de la phrase de Lacan : « Le psychanalyste ne s'autorise que de lui-même... », insistant sur le fait que, dans le champ de la parole, le collectif - que représente le tiers Autre - ne saurait être évacué. Leurrant le sujet, les démarches gratifiantes relèvent de simples techniques psychothérapiques qui, en gommant les effets de la castration liés à la perte définitive et irréversible de l'objet primordial, entravent le travail de fin de cure. De nombreuses illustrations cliniques, puisées chez Sigmund Freud, ou encore chez Jacques Lacan et Solange Faladé, étayeront notre propos. Afin de définir mais aussi de préserver ce qui caractérise la position d'analyste, l'auteur approfondira les observations d'Ernst Kris et de Lucia Tower, commentées par Lacan dans ses Séminaires. La description des pratiques dissidentes, à commencer par l'analyse mutuelle de Sándor Ferenczi, et l'évocation des dérives auxquelles ont abouti les psychanalystes anglo-américains (M. Balint, M. Little, P. Heimann, L. Loewenstein, O. Renik...), mettront en évidence, par contraste, la position à tenir lorsque l'on travaille comme psychanalyste.
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Le rapport de la psychanalyse à la psychopathologie est examiné d'emblée et de manière plus étendue sous le rapport aux sciences, en général. Par cette méthodologie, il s'agit de savoir si, inconsciemment, se crée une fiction de la science de telle sorte que, par exemple, la biologie deviendrait une biologie imaginaire. Les contributions ici présentes constituent la base pour la conception de la psychopathologie fondamentale, que développera, quelques années plus tard, Pierre Fédida. Tout d'abord, faudrait-il se demander, selon lui, si la crise n'est pas une notion inhérente à la psychopathologie et si la chronicité constitue un véritable risque. La référence à la médecine et à la biologie est abordée sous l'aspect du dépassement théorique et des contours d'une discipline telle que la psychologie. Par exemple, la référence à la génétique interroge tout aussi bien le psychanalyste par rapport à une filiation imaginaire, que le généticien qui doit pouvoir anticiper sur ce qu'il peut communiquer à son patient. Comment ce dernier, peut-il l'entendre et de quelle façon
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Les textes de 1983 à 1985, présentés ici, sont dédiés à l'approfondissement de la théorie psychanalytique dans le cadre de la formation, d'une réflexion métapsychologique ou de la supervision du psychanalyste. Ceux-ci répondent à l'actualité d'autres écrits publiés récemment et se situant dans la recherche en psychopathologie ou dans le champ social, par exemple, la paranoïa sous le prisme des théories de la communication ou le travail du rêve caractérisant la psychanalyse mais aussi une clinique du sommeil. Puis, le propre du travail psychanalytique par rapport au rêve est illustré à travers une étude de cas. Pierre Fédida a toujours répondu présent pour collaborer avec ses collègues d'autres disciplines et fi a su se rendre disponible pour démontrer l'apport de la psychanalyse à l'actualité et au fait social. Ainsi, le lecteur trouvera-t-il ici quelques exemples, très variés tels qu'une préface à un ouvrage sur les « correspondances », l'interview sur la situation du psychologue alors que le diplôme n'était pas valorisé et n'était pas professionnalisant et aussi sur la question identitaire (« l'identité française ») du point de vue psychanalytique. Les ouvertures de discussion permettent de mieux caractériser la clinique psychanalytique, notamment en ce qui concerne la condition du langage chez le psychanalyste et la construction de la mémoire par rapport à cette fonction du langage et de l'écoute. Les collaborations variées avec ses collègues se traduisent dans la présentation que P. Fédida fait du colloque « Phénoménologie, Psychiatrie, Psychanalyse)) dont il a été à l'origine. Les photos d'archives de cet événement scientifique important sont ici reproduites et servent à rendre hommage à ceux qui ont contribué à l'histoire des idées et de la pensée : H. Maldiney, J. Schotte, J:. Laplanche, R. Kuhn, W. Blankenburg, A. Tatossian, Y. Pélicier, R. Ebtinger, Bin Kimura, D. Widlôcher et beaucoup d'autres collègues.
Pierre FÉDIDA (1934-2002), psychanalyste (Association Psychanalytique de France, APF et International Psychoanalytic Association, IPA) de renommée internationale et professeur des universités (Denis Diderot - Paris 7), a été à l'origine de nombreuses créations universitaires et scientifiques (Laboratoire de Psychopathologie fondamentale, Centre d'Étude du Vivant, co-fondation de Institut de la Pensée Contemporaine, co-création de la Revue Internationale de Psychopathologie et membre fondateur d'associations de recherche). Directeur de l'UFR « Sciences Humaines Cliniques » (Paris 7) et fondateur de la « Psychopathologie fondamentale ». Il est l'auteur de nombreuses publications dont beaucoup ont été traduites en plusieurs langues.
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Ce premier volume des oeuvres complètes de Pierre FÉDIDA (1963-2005), contient les textes parus entre 1963 et 1975. Ces textes reflètent l'histoire de la psychologie et de la psychanalyse ainsi que la construction des objets de recherche. Commençant avec la méthodologie des tests en milieu hospitalier, les travaux vont vite être influencés par la linguistique et le structuralisme, puis par le vif intérêt porté par l'auteur au « terrain ». S'ensuivent les interrogations des apriori institutionnels dans l'esprit des années 70 afin de contribuer à un véritable fondement de la recherche clinique en psychopathologie. L'auteur est un psychanalyste engagé auprès des infirmières, de la formation à la clinique et à l'enseignement et il participa à l'introduction des techniques de relaxation dans la psychothérapie analytique. Dans ses textes il s'interroge sur le rôle de la consultation en psychologie clinique en comparant ce?e dernière à celle pratiquée en médecine et se demande comment enseigner la psychologie, assurer la formation des psychothérapeutes et adapter la méthodologie de la recherche au phénomène de la perception (phénomène subjectif mais passerelle entre la psychanalyse et la phénoménologie). Reprenant la question du genre, du féminin/masculin trouvé chez Wilhelm Fliess, la pensée de P. Fédida évolue vers des objets psychiques apparaissant dans l'analyse. Ainsi commencent les travaux sur le deuil, le fantasme, la mélancolie, la phénoménologie du geste et de la forme, thématiques qu'on rencontrera tout au cours de son oeuvre jusqu'à la fin de sa vie. Dans ce premier volume le lecteur assiste à la naissance de ce?e écriture complexe et sensible aux mouvements transférentiels et contre-transférentiels tout en s'insérant dans une réflexion psychopathologique. Le lecteur verra surgir le style d'écriture clinique si typique et propre à Pierre Fédida dès ces premiers écrits. Son élève, puis collègue, le Pr Abbas Makké (Université Libanaise, Beyrouth, Liban) a écrit la préface en témoignage de l'influence du Pr P. Fédida sur son propre parcours.
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Né juif : Le prix de la coupure ; Lecture freudienne de l'indicible
Robert Samacher
- Mjw
- 3 Octobre 2023
- 9782491494964
À quoi s'expose un sujet lorsqu'il est né juif ? De quelle faute, de quel crime son peuple honni et persécuté à travers les siècles s'est-il rendu coupable pour provoquer une telle haine, une telle vindicte qui menèrent à la Shoah ? Quelle responsabilité incombe au sujet, héritier de cette histoire et de cette mémoire? Fort de son expérience personnelle, Robert Samacher s'engage dans une enquête pluridisciplinaire sur les fondements de l'identité juive, afin de cerner cet insaisissable, cet indicible qui la constitue. Il approfondit l'enquête menée par Freud dans Totem et Tabou puis dans L'Homme Moïse et la religion monothéiste, montrant l'importance de la Loi pour les Juifs et valorisant la figure du Père. L'auteur examine les ingrédients qui composent l'antijudaïsme puis l'antisémitisme, en scandant les moments de rupture, tant historique qu'épistémologique, que constituent l'appel de saint Paul, les harangues de Luther, les théories raciales, l'arrivée au pouvoir de Hitler. À travers les discriminations, les persécutions et le génocide, il s'agit toujours d'éliminer ce reste inassimilable qui confronte l'homme à l'altérité et à l'insupportable de sa propre castration. De nos jours, par le biais des réseaux sociaux, rumeurs et fake news connaissent des diffusions incontrôlables. Antisionisme musulman et négationnisme se combinent aux délires complotistes pour mettre à mal tout rapport à la vérité; de nouveaux dictateurs poursuivent leurs guerres, s'appuyant sur la peur des populations et les méfaits de la propagande. Quand le Père symbolique n'est pas reconnu ni accepté, le Père de la «horde primitive », sans foi ni loi, fait son grand retour. L'appel à la responsabilité du sujet, troquant ses préjugés et ses certitudes morales pour le champ de l'éthique délestée des impératifs du Surmoi, n'en devient que plus indispensable.
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Le préanalytique est actuel dans l'histoire de la psychanalyse, dans le cabinet de l'analyste, en institution de soins et dans une Société d'analystes où il s'agit de produire de l'analytique à partir du non analytique. Ce livre présente les écrits préanalytiques de Freud (1877- 1897) qu'il n'a pas incorporés dans ses oeuvres complètes en partant de l'analyse de mots d'esprits yiddish (Witze). Le yiddish est la langue vernaculaire des Juifs ashkénazes, composée d'hébreu et d'araméen, de langues romanes, slaves et de moyen haut allemand, écrite en caractères hébraïques. C'est une langue sans territoire qui pause la question du rapport du corps au langage et à l'inconscient dans une situation de multilinguisme. C'est un processus historique et langagier qui permet de saisir le transfert à une langue.
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Ce livre répond à la question suivante : quelle est la place du récit clinique chez les psychanalystes ? Le champ de la psychanalyse se situe entre le rhétorique, un art de la persuasion et le narratif, une mise en représentation d'événements réels ou fictifs par le langage. La psychanalyse est à un carrefour entre des événements cliniques et conceptuels dont des récits témoignent. Dans le processus de la cure se joue une ouverture originale sur l'événementiel et l'historique qui engage l'éthique du psychanalyste. À partir d'un noyau d'auteurs, Freud, Klein, Winnicott, Max Kohn dégage la place du narratif dans le récit clinique des psychanalystes. Le récit dans la psychanalyse peut-il échapper à la rhétorique ? Qu'est-ce que raconter au plus juste quand on est psychanalyste ? Le récit clinique peut faire événement, c'est-à-dire inscrire une déliaison inédite, un effet de sens inattendu. La place du récit clinique pour nous analystes a les apparences d'un symptôme, il s'y joue le rapport à notre désir. Le désir de parler de sa pratique se heurte à l'exigence de rester discret. Le compromis entre le désir et son refoulement fait symptôme dans la pratique du récit clinique et ce d'autant plus qu'il s'adresse à un lecteur. Entre le subjectif et l'objectif, il y a un trajet du narratif qui témoigne de l'espace du transfert et du contre-transfert, c'est-à-dire de la cure. C'est la spécificité de la psychanalyse de poser ce problème, et qui fait qu'il ne s'agit pas de littérature. Si la psychanalyse est prise dans un effet de littérature, elle témoigne avant tout du transfert.
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Le début des années 1990, chez Pierre Fédida, est particulièrement riche en collaborations internationales, éditoriales et rencontres scientifiques sous forme de colloques et congrès. Le lecteur trouvera ici des photos rares de la rencontre entre phénoménologues sur le plan international : Jacques Schotte avec Pierre Fédida, Arthur Tatossian, Hubertus Tellenbach, Wolfgang Blankenburg, Roland Kuhn. Les contributions dans ce tome 7 traitent les problématiques transfert/contre-transfert sous différents angles par rapport à l'imaginaire de la théorie et de la métapsychologie, notamment la publication remarquée en collaboration avec Patrick Lacoste. On retrouve aussi ici la collaboration avec Georges Didi-Huberman sur la fonction de l'image et cela depuis les études sur l'hystérie de Charcot à Freud.Il y est également question du lien entre médecine et psychanalyse. Pour donner au lecteur la possibilité de comprendre les contributions de Fédida, présentées ici, il faut savoir que la Revue Internationale de Psychopathologie qu'il codirigeait avec Daniel Widlöcher, avait pour principe d'éditer des documents d'archives sur lesquels reposaient les débats publiés. En effet, les observations des patientes hystériques à la Salpêtrière au temps de Charcot avaient déjà incité à une collaboration entre Pierre Fédida et Georges Didi-Huberman, laquelle a été reconduite dans cette revue, le débat étant orienté sur l'aspect visuel. C'est la raison pour laquelle ces documents d'archives de Charcot à l'Hôpital de la Salpêtrière-Piété sont reproduits ici en reprenant l'observation de Bourneville et Régnier de Célina, patiente internée jusqu'à sa mort. Afin de mieux comprendre le caractère dynamique que prenait la réflexion autour de la psychopathologie dans les cours magistraux de Pierre Fédida, ainsi que l'enthousiasme manifesté par les étudiants, nous avons estimé utile de reproduire les transcriptions (corrigées par l'auteur) de son cours de Psychopathologie en Maîtrise (Master 1). Bien qu'elles n'aient pas eu vocation à être publiées, ces transcriptions de cours ont continué à circuler très largement et sont considérées comme précieuses. C'est la raison pour laquelle il nous a semblé intéressant de les publier pour montrer le caractère vivant de sa recherche où la transmission et la formation constituaient un volet qui lui était important. Ainsi, on croirait l'entendre parler !
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Que reste-t-il d'une langue quand l'usage a disparu ? Les mots qui reviennent à l'esprit et se transmettent aux enfants et aux petits-enfants rappellent toute une culture et son histoire.
En ce début de XXIe siècle, le monde yiddish a été presque complètement détruit. Le monde yiddish, la yiddishkeyt comme lien social a été détruit, mais la langue existe. C'est une des voix du peuple juif. La parler procure de la tendresse pour le langage et le lien social, même si une partie du peuple juif est en cendres et de s'en rappeler est douloureux. Pourtant les traces restent et produisent des effets inconscients.
Cet ouvrage suit ces traces et scrute le désir de conserver cet héritage culturel. Dans le prolongement de ces considérations, on peut évaluer si la culture yiddish est en train de mourir ou si elle a encore un avenir. Il existe un effet de yiddish préanalytique dans l'histoire de la psychanalyse. Prenez n'importe quel mot d'esprit yiddish et analysez-le, vous trouverez l'enseignement de Freud sur le rapport de l'analyse du transfert à celle d'une langue : Quelle langue parlez-vous ? Vous ne savez pas.
Où est une langue ? Dans le transfert. Nous ne parlons pas la même langue et nous ne savons pas où elle est. Une langue nous traverse inconsciemment. Est-ce que je cherche une langue ou est-ce une langue qui me trouve ? " - C'est mon nouveau petit frère ", s'est vantée une petite fille de cinq ans à son amie. " - Comme il est mignon, comment s'appelle-t-il ? - Je ne sais pas. Je ne comprends pas un mot de ce qu'il dit.
"
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« Si j'ai intitulé notre travail Clinique des névroses, et non pas Clinique psychanalytique des névroses, c'est parce que j'ai estimé qu'il ne pouvait y avoir de clinique autre que ce qui se recueille au chevet du patient, ce qui se fait entendre pendant les séances. E... il Hors de la psychanalyse, on n'en connaissait que le comportement, et à celui qui ne s'arrête qu'au comportement, ce qui est proposé comme traitement ne peut en aucun cas permettre que quoi que ce soit puisse être dénoué. » « Nous ne pouvons y parvenir que si, nous mettant au chevet de qui vient nous voir, nous l'abordons en sachant que nous ne savons pas. Nous ne savons rien de celui qui s'adresse à nous, si ce n'est une seule chose. [...] Nous devons partir de ceci que le sujet de l'inconscient vient avec son insu, avec ce « il ne savait pas » de départ. Car c'est autour du premier signifiant qui a été refoulé définitivement, autour de cet insu et avec lui, que, nous dit Lacan, va s'ordonner le cadre du savoir, tous ces signifiants qui se déroulent autour de la séance analytique où la clinique se recueille, à condition que cette chaîne soit prise tout à fait régulièrement et que rien ne soit manqué. » (Extraits des 22 octobre 91 et 14 avril 92). Tel est l'avertissement que nous adresse Solange Faladé dans cet ouvrage fondamental. Plus de seize ans après le décès de son auteur, une telle mise en garde fait mesurer la responsabilité de ceux qui détournent tant de personnes de la seule clinique en mesure de dénouer ce qui les affecte.
Solange Faladé, décédée en 2004, avait accompagné Lacan depuis 1952, au long de son chemin et à toutes les étapes de son enseignement. À l'École Freudienne de Paris, elle était responsable de la formation des analystes. En instituant en 1983 l'École Freudienne à la demande de certains de ses élèves, elle s'est efforcée de poursuivre le travail analytique dans les voies indiquées par Lacan après la dissolution de l'École Freudienne de Paris. Elle fut et reste un témoin majeur dans l'histoire de la psychanalyse.
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L'insulte devance la pensée, le cri la dépasse, le chuchotement la répare peut-être. Que fait-on en insultant l'autre sinon le ranger dans une catégorie, le renfrogner dans son origine, dans un genre toujours déjà nommé ? La psychanalyse au contraire se donne pour tâche de déployer, avec la culture et à côté de la politique, la pulsion qui existe vers l'inconnu, de préserver l'Ouvert contre le mythe des abysses qu'est toujours la recherche morbide d'une origine fixe (« ta race ! »). La psychanalyse invente un nouveau métier, et donc un nouveau discours où le raté du désir est placé comme objet. Il incombe à celui qui l'exerce d'être pris pour quelqu'un d'autre, l'Autre, un autre, pour ensuite être abandonné, déchu. Évidemment, d'être pris pour un autre engendre bien des malentendus. C'est insultant comme la vie peut l'être. Celle-ci se récapitule au divan, il y a des cris qui sortent des silences, et se murmurent parfois des chuchotements, comme chez Bergman, non pas adressés au contemporain trop semblable ou complaisant, à l'« ami dans les générations », comme dit le poète russe Ossip Mandelstam, mais à un vraiment autre, qu'il s'agira de rencontrer dans l'écume du monde, passé, présent et à venir. La séance analytique, qui est dans son ordre une performance, reçoit cette vocation de réparer le court-circuit qu'est l'insulte, de rétablir l'ordre des signifiants que la psychose, avec sa façon de poser la réponse avant la question, a inversé. Vingt chapitres comme vingt tableaux viennent examiner, autour de Freud, avec Rabelais, la pensée de Judith Butler et d'autres, l'insu de l'insulte.
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L'être sauvage et le signifiant ; Marc Richir et la psychanalyse
Joelle Mesnil
- Mjw
- Psychologie
- 14 Mars 2018
- 9791090590687
Dans les textes qui composent ce volume deux polarités se recroisent : d'une part, symbolique et phénoménologique, polarité qui constitue la base de l'architectonique de Marc Richir, d'autre part, phénoménologie et psychopathologie. L'auteur considère que certaines pensées psychanalytiques contemporaines sont susceptibles d'apporter une attestation au bien-fondé de l'architectonique de Marc Richir, et inversement que la pensée du philosophe apporte un fondement transcendantal à tout un pan de la psychopathologie. Il ne s'agit pas d'apporter de l'extérieur une sorte de caution scientifique à un travail philosophique, pas plus que de fournir aux psychanalystes ou aux psychiatres une sorte de « garantie » philosophique. « Attestation » signifie que chez plusieurs psychanalystes et/ou psychiatres qui sont ici l'objet de références, il semble bel et bien que des concepts «richiriens» aient été «en fonction» alors même que les auteurs ne se référaient pas au philosophe. De même, des notions propres à certains psychanalystes laissent transparaître des intuitions philosophiques auxquelles la phénoménologie de Marc Richir paraît bien donner un concept.
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La période entre 1986 et 1990 est particulièrement féconde car elle définit les bases permettant aux psychanalystes d'envisager une collaboration avec d'autres disciplines ainsi que d'autres orientations méthodologiques. Les textes ici regroupés sont le résultat de nombreux colloques et collaborations sur les plans national et international, d'où la reproduction d'articles de presse en portugais, justifiée par les nombreux séjours de Pierre Fédida au Brésil et en particulier à São Paulo. En effet, préparant la création du laboratoire de psychopathologie fondamentale au sein de l'Université Paris 7, inauguré en 1989, P. Fédida a développé une sorte de « filiale » de ce laboratoire à l'université de Campinas. Les textes de présentation, de la postface et de l'éditorial témoignent de l'inauguration d'une fédération de l'activité éditoriale des travaux scientifiques dont l'apothéose a été la création de la Revue Internationale de Psychopathologie, co-dirigée par lui et Daniel Widlöcher. Cette revue a modernisé la psychopathologie de l'époque et est devenue l'organe de publication fruit d'une collaboration intense entre les nombreux membres prestigieux du comité scientifique et du comité éditorial international. Par cette revue passait les travaux de recherche dans le domaine de la psychopathologie et chacun d'eux était discuté et examiné par un comité qui se réunissait avant chaque publication. Cette exigence dans la dynamique entre recherche scientifique et collaboration éditoriale est devenue exemplaire à partir des années 1990 et a été prise comme modèle de norme dans les évaluations du CNU, dont les membres du comité faisaient en général partie. Loin de la dérive bibliométrique que l'on observe aujourd'hui, le but était de fixer des conditions précises pour une activité vivante d'un travail scientifique publié dans une revue de recherche. Les travaux devaient donc être discutés et de préférence par un collègue d'une autre orientation, donc non acquis à ces recherches. Ainsi, dans ses publications, P. Fédida insiste sur les bases métapsychologiques de l'activité de recherche du psychanalyste, laquelle passe d'abord par une réflexion sur le cadre et les conditions de la parole recueillie, traitée dans une psychanalyse. Le point nodal par lequel se passe une telle observation est le transfert et le contre-transfert. Cette observation dans le contre-transfert n'est pas indemne de l'affect comme le souligne le texte de P. Fédida traitant de l'angoisse dans le contre-transfert. De plus, cette observation dans la langue, dont la poésie est l'équivalent littéraire, est ce que dont tout psychanalyste doit prendre conscience s'il veut étendre son champ de collaboration scientifique, notamment comme ici, à la chirurgie esthétique naissante ou encore aux techniques dites « du corps ». Loin d'être un pêle-mêle de textes, chacun d'eux contribue à paramétrer une recherche psychopathologique effectuée à partir du référentiel psychanalytique.
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Les auteurs, tous psychothérapeutes de longue date, partagent dans ce livre leur riche expérience du travail avec le rêve en thérapie. « Rêve et réussite thérapeutique » sont étroitement liés selon eux, convaincus que la compréhension du rêve, revisitée ici, dépasse la voie engagée par S. Freud. « La voie royale » par le rêve est ouverte depuis plus d'un siècle comme une évidence. Cependant le rêve a une longue histoire qui débute bien avant Freud et continue après lui.
La recherche psychothérapeutique sur le rêve développée ici discute la vision de Freud en proposant de l'élargir : de fait, le rêve parle de lui-même et une compréhension plus immédiate de son contenu dévoile au-delà de ce qui a été montré jusqu'à présent.
Ce livre invite le lecteur à l'aventure pour découvrir de nouvelles façons de comprendre le rêve et de ne pas passer à côté de celui-ci. Lorsqu'en tant que thérapeutes nous arrivons à en saisir toute la richesse imaginaire et relationnelle, il nous aide à accompagner nos patients vers la révélation de qui ils sont. En nous apportant leurs rêves qui s'intègrent dans une relation d'aide active, les patients se font comprendre à partir de la relation au thérapeute et non pas à partir de théories présupposées.
Le travail réalisé autour de ce livre a été poursuivi pendant de nombreuses années ; il a consisté à revoir la théorie freudienne du rêve et à offrir un décryptage de celui-ci en dehors de toute construction théorique. Comprendre le rêve permet ainsi au thérapeute de se placer aux côtés du patient dans sa quête d'une identité apaisée, entre présent, passé et avenir.
Professeur Sami-Ali Professeur émérite de l'Université de Paris VII, Directeur scientifique du Centre International de Psychosomatique (CIPS, Paris).
Professeur Jean-Marie Gauthier (1950-2017) Pédopsychiatre, Docteur en Psychologie, a été Professeur de Psychologie à l'Université de Liège (Belgique).
Sylviane Bertolus Médecin dermatologue, Thérapeute, Présidente de la Société Francophone de dermatologie psychosomatique. Responsable scientifique au CIPS.
Albert Danan Médecin Psychiatre, Thérapeute, Université de Toulouse, Membre du CIPS.
Jérôme Englebert Docteur en Psychologie, Maître de conférences à l'Université de Liège (Belgique).
Théo Leydenbach Medecin, Thérapeute (Paris et Luxembourg). Responsable scientifique du CIPS.
Alexis Nolet Psychologue, Belgique.
Sylvie Schwab Docteur en Psychologie, Thérapeute en Cancérologie entre autres. Recherche en Psychosomatique.
Françoise Vermeylen Philosophe (Université Libre de Bruxelles, 1971), Recherches sur le rêve depuis trente ans.
Yves Weber Psychologue clinicien, a travaillé longuement en institution psychiatrique, actuellement en libéral
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Au regard des spécialisations en médecine, la clinique psychanalytique se trouve confrontée à de nouvelles exigences exprimées dans la plainte du patient en ce début des années 1990. Ce tournant venant de la médecine et aussi des avancées en neurophilosophie permet à la pensée psychanalytique de clarifier la théorie du symptôme et de la comparer avec celle de la psychopathologie. Dans ce volume, le débat débute avec l'influence des pensées évolutionnistes sur le développement de la psychanalyse- Ch. Darwin par rapport à S. Freud. Pour cela, nous reproduisons la traduction (établie par M. KOHN) des premiers écrits en médecine de Freud sur les organes de reproduction de l'anguille, c'est-à-dire en zoologie. Ceux-ci ont été encore peu explorés car un peu mystérieux; que penser, en effet, d'une anguille hermaphrodite en cette fin du x1x- siècle ! À cette occasion, le lecteur pourra apprécier la méticulosité de la méthodologie employée par Freud et son raisonnement subtil. Effectivement, il est difficile de cloisonner les disciplines les unes par rapport aux autres dans un tel débat, l'intérêt consistant précisément à profiter de cette ouverture d'esprit. Ainsi les chapitres de Pierre Fédida confrontent la médecine, la biologie, l'épistémologie des sciences à la méthodologie qui leur est propre - qui les distingue ou les rapproche de la psychanalyse. Ce tome 8 consiste en un travail de fond sur la théorie du symptôme par rapport au signe et au phénomène, le somatique, l'organicité, interrogeant les lieux de la représentation - le modèle par rapport à la métapsychologie. Il y aura question d'un troisième genre. La réflexion sur la psychopathologie est développée et P. Fédida explique sa conception d'une psychopathologie fondamentale. Ce volume se termine avec une étude critique du livre de L. Steinberg sur la représentation du sexe du Christ dans l'art de la Renaissance. En même temps se pose la question de ce que l'on a le droit d'évoquer ou non et comment mettre de côté ou pas ce qui est évident dans la représentation et dans quel but.
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Ce premier volume des oeuvres complètes d'Arthur Tatossian (1956-1995 voire 1997 en tenant compte des parutions posthumes), contient des textes parus entre 1957 et 1970. Ces travaux apportent des éclaircissements sur l'histoire de la psychiatrie et l'évolution de cette dernière ainsi que sur le fondement des classifications nosographiques. L'auteur insiste sur l'importance de l'aspect sociétal qui intervient toujours dans l'appréciation d'une manifestation pathologique et ainsi met en évidence la notion de conscience de rôle et de communication psychosociale. Concrètement sur le plan clinique, ce sont les tentatives de suicides, les fugues et vagabondages, le phénomène de l'adolescence et les difficultés pouvant en résulter, le genre et le transsexualisme et, enfin, l'alcoolisme qui sont les thèmes abordés ici. Lors des premiers travaux, le but étant de comprendre comment le psychiatre peut aider les patients confrontés à divers problèmes en sachant les écouter et dialoguer avec eux. Certains textes reposent sur un volet expérimental, par exemple, ceux relatifs à la recherche sur la perception et aussi, dans un premier temps, ceux relatifs à l'étude de la tentative de suicide mais très rapidement la réflexion et l'interprétation s'orientent vers une approche phénoménologique ; l'expérimentation, contre toute attente, a fait découvrir l'importance de la subjectivité voire de l'intersubjectivité et aussi du vécu ressenti par le patient. Ainsi le lecteur découvre combien la mé- thodologie de l'époque a sollicité l'attention du psychiatre (ou tout au moins de certains d'entre eux) et l'a conduit à l'atitude phénoménologique qui a permis ensuite l'essor de la psychiatrie phénoménologique.
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Bilinguisme et monoparentalité ; handicap et discriminations inaperçues
Mareike Wolf-fédida
- Mjw
- 1 Janvier 2014
- 9791090590045
Une famille sur cinq est monoparentale et le bilinguisme toucherait une famille sur quatre. On estime que les chiffres augmentent, et la monoparentalité et le bilinguisme sont beaucoup plus répandus qu'on pense. Puisque le bilinguisme est aussi répandu, il est étonnant qu'il intrigue toujours et suscite toutes sortes de préjugés. Deux tendances croissantes se conjuguent dans notre recherche : celle de la famille monoparentale et celle du bilinguisme. Les auteurs de cet ouvrage se sont montrés attentifs à l'évolution de ces tendances dans notre société et donnent un aperçu sur les témoignages récoltés auprès du parent isolé, de l'enfant ou des enfants de familles monoparentales bilingues sur la cohabitation de langues et de cultures dans leur famille. S'intéresser à ce vécu est un travail important dans la psychothérapie, mais aussi dans toute situation de soin médical, dans l'assistance sociale, éducative et administrative. La présence du bi- ou plurilinguisme dans une famille monoparentale signale souvent qu'il manque quelqu'un qui donne sens à cette présence de la pluralité des langues et des cultures : l'autre (souvent le parent) n'est plus là pour représenter la langue qui fait partie de la vie familiale et qui est désormais la sienne. Dans cette nouvelle forme de famille, le parent isolé deviendra porteur isolé de langues et de cultures. Cette situation porteuse de créativité comporte aussi des vulnérabilités et doit surmonter le risque du handicap.
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L'esprit se trouve-t-il hors de portée de la science comme le prétendent certains psychanalystes attachés à une approche exclusivement psychique de l'unité psychosomatique humaine ? Ou bien l'esprit n'est-il que le reflet d'une vaste assemblée de neurones ? La neurobiologie et les neurosciences peuvent-elles seules expliquer le fonctionnement si complexe du psychisme humain et rejeter " l'approche dépassée " de la psychanalyse? Les méthodes de la psychanalyse et des neurosciences sont radicalement différentes et les difficultés épistémologiques considérables rendant fort complexes le dialogue scientifique, s'il peut y en avoir un.
Pour faciliter le dialogue et reprendre le questionnement de S. Freud en 1895 de représenter les phénomènes psychiques sous forme de phénomènes neurologiques, le Pr. M. Solms réunit voici 15 ans à New-York des spécialistes de neurosciences et quelques psychanalystes pour fonder le mouvement contemporain de neuropsychanalyse. Compte tenu de l'impossibilité de répondre à ces questions, du fait des connaissances imparfaites de neurosciences de son époque, S. Freud laisse en suspens la ligne de recherche des neurosciences et développe la psychanalyse de l'inconscient et de son support : l'appareil psychique. Le dialogue doit passer par la reconnaissance réciproque des hypothèses scientifiques et non par leur rejet. Cet ouvrage a pour projet de faire le point des relations entre ces deux champs scientifiques : celui de la subjectivité humaine et celui de la matérialité et de l'incarnation de l'esprit. L'auteur propose de dépasser les clivages et les oppositions idéologiques pour poser les bases d'un futur métamodèle faisant la synthèse de la métapsychologie, de la médecine et des neurosciences.
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Vagabondages : itineraire buissonnier d'un psychiatre de secteur
Michaël Guyader
- Mjw
- 6 Avril 2023
- 9782491494902
Alors que Charlie Chaplin nous a donné du vagabond une image généreuse et poétique, comment inscrire une pratique de psychiatre de service public dans les pas de ce désarmant trimardeur ? Comment essayer d'ouvrir le champ des interrogations les plus fécondes, comment proposer qu'adviennent des rencontres improbables entre les personnes les plus dissemblables, comment explorer les chemins parfois escarpés de la pensée, de l'expression artistique, de la réflexion philosophique et de la question sociale ? C'est à ces questions que Michaël Guyader tente de donner une esquisse de réponse en racontant ce qu'a été son aventure exaltante de chef de service en psychiatrie dans la banlieue parisienne la moins nantie : accompagné d'une équipe remarquable de compétence, d' attention et de dévouement il s'est employé à mettre en oeuvre un projet de soin orienté par la résistance à toute forme de domination de l'homme par son semblable, dans une époque où les conduites de partition, de ségrégation et d'exclusion font flores. De son compagnonnage avec la folie et grâce à des rencontres avec nombre de « gens ordinaires faisant des choses extraordinaires » comme le disait Lucien Bonnafé, il nous livre une vive incitation à penser sans trop de contrainte et propose à la réflexion de chacun un point de vue radical et original sur l'aliénation, entre psychanalyse et politique.
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Arthur Tatossian nous rappelle que la subjectivité, thème de la phénoménologie, est à distinguer du Sujet, du Moi, de la conscience, de l'intériorité psychique et il précise ce que sont l'identité humaine, la mêmeté et l'ipséité, la liberté du sujet et aussi l'événement et son vécu. Selon Husserl alors que le sujet peut être psychologique, social ou biologique, la subjectivité ne peut être que transcendantale. Même le fou est sujet d'une subjectivité, certes déchirée, mais qui rend la communication thérapeutique possible parfois. La qualité de vie subjective, le vécu des cancéreux, la vie de Nietzsche et celle de Strindberg, l'identité humaine selon Ricoeur et le problème des psychoses montrent la place prépondérante de la subjectivité dans la vie quotidienne. La contribution de H. Tellenbach sur les antinomies existentielles de Nietzsche, apporte un complément très intéressant aux textes présentés. C'est en se référant à la subjectivité et au degré de liberté des schizophrènes que l'on peut savoir si la psychothérapie est utilisable ou non dans leur cas. Le délire pose aussi la question du sujet et de sa subjectivité, ce que l'on retrouve dans la phénoménologie de la paranoïa. Une re-définition de la démence est présentée et justifiée. Le problème du diagnostic en clinique psychiatrique et la prescription psychiatrique et son enseignement permettent à l'auteur de souligner l'intérêt très relatif, en pratique clinique psychiatrique quotidienne, du DSM III et de ses révisions. Une approche des interdits sexuels nous plonge dans les débats, très actuels en Europe, sur le consentement et la violence. Un bref historique de la psychiatrie à Marseille depuis le XVIII me siècle montre la place importante prise par la psychiatrie en Provence après la deuxième moitié du XXme siècle, ce qui complète de façon intéressante l'historique de la psychiatrie en France que l'on connaît, habituellement centré sur Paris.
Arthur TATOSSIAN (1929-1995), neuropsychiatre, médecin des Hôpitaux de Marseille et professeur de psychiatrie et de psychologie a travaillé et enseigné d'abord à l'Hôpital Sainte Marguerite de Marseille puis au CHU La Timone à Marseille. Il a également enseigné la psychopathologie à la Faculté des Lettres à Aix-en-Provence et a consacré une partie de son temps aux associations caritatives. Son oeuvre couvre des domaines variés: neurologie, psychiatrie, psychologie, psychopharmacologie, phénoménologie mais elle est surtout connue pour la contribution de l'auteur au développement de la psychiatrie phénoménologique. Arthur Tatossian a été aussi président du Syndicat des psychiatres français (1984-1990), auteur d'environ 300 publications dont beaucoup d'entre elles sont traduites dans plusieurs langues: japonais, italien, portugais, espagnol et a reçu un Prix décerné par 'Académie Nationale de Médecine. -
L'année universitaire 1995/1996 est une année charnière qui marque un passage sur le plan sociétal et universitaire. L'esprit du temps a changé avec l'avancée technologique en médecine nécessitant de faire appel à la bioéthique. Pierre Fédida, cofondateur du Centre de l'Étude du Vivant, fait débat avec les sujets d'actualité traités dans les forums organisés au sein de l'Université. Non seulement les scientifiques de différentes disciplines y collaborent mais cela devient un événement, un sujet de société, dont le journal de l'Université rend compte à travers un interview avec P. Fédida. Alors que la demande des patients pour la prescription des médicaments psychopharmacologiques devient la règle dans la société, cela bouscule d'un coup le débat sur la psychanalyse - à savoir si cela signifie sa disparition ou non -, et sur la psychiatrie, puisque la psychopathologie risquerait de disparaître si le symptôme pouvait être éradiqué immédiatement de façon biochimique. Mais est-il possible de supprimer un symptôme psychique ? Le débat dans la psychanalyse se resserre alors sur les fondamentaux à interroger : l'interlocuteur, la règle fondamentale, le cadre, la formation, la visée psychothérapique ou non, l'intersubjectivité, le traitement de l'angoisse jusqu'au site même de la scène d'une cure. Parallèlement à ces bouleversements dans les débats, l'histoire de la formation s'écrit à travers la disparition de Juliette Favez-Boutonnier, laquelle donne l'occasion de rappeler l'importance de l'action pour la formation clinique en psychologie de J. Favez-Boutonnier et ce que fût l'Université Paris 7 et la haute lutte pour la formation adaptée à la clinique au sein de l'université. Ainsi les étudiants, après leurs études, se retrouvaient sur le terrain clinique - terrain en pleine mutation - et non complètement perdus. L'hommage de P. Fédida à J. Favez-Boutonnier et le rappel historique de Jacques Gagey, reproduit ici en annexe, donne une idée assez fidèle de l'époque.
Pierre FÉDIDA (1934-2002), psychanalyste (Association Psychanalytique de France, APF et International Psychoanalytic Association, IPA) de renommée internationale et professeur des universités (Denis Diderot Paris 7), a été à l'origine de nombreuses créations universitaires et scientifiques (Laboratoire de Psychopathologie fondamentale, Centre d'Étude du Vivant, co fondation de l' Institut de la Pensée Contemporaine, co-création de la Revue Internationale de Psychopathologie et membre fondateur d'associations de recherche). Directeur de l'UFR « Sciences Humaines Cliniques » (Paris 7) et fondateur de la « Psychopathologie fondamentale ». Il est l'auteur de nombreuses publications dont beaucoup ont été traduites en plusieurs langues. -
Acte psychanalytique et transmission
Catherine Mabit, Pierrick Brient
- Mjw
- 13 Mars 2019
- 9791090590748
La psychanalyse ne s'enseigne pas. Peut-on parler de transmission de la psychanalyse ? La question a déjà été posée du temps de Jacques Lacan. C'est Solange Faladé qui, en 1978, avait proposé le terme de transmission, à la place de tradition. C'est le premier que Lacan avait retenu. Dans le présent ouvrage, neuf analystes membres de l'École Freudienne, fondée par Solange Faladé en 1983, et toujours très active malgré la disparition de sa fondatrice en 2004, se penchent sur la question, et leur réflexion envisage différents aspects de cette transmission. Ils s'appuient sur la clinique et sur les travaux qui se sont poursuivis de Freud a Lacan, puis ont été continues par Solange Faladé. Ils interrogent l'histoire et la réception de la psychanalyse, les conditions de l'acte analytique, la règle fondamentale, le transfert en jeu dans le huis-clos de la séance, ainsi que les dispositifs mis en place par Lacan à l'École freudienne de Paris, et repris par l'École Freudienne les cartels et la passe.
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L'évolution des moeurs désignée par révolution sexuelle ou libération sexuelle, postérieure à Freud et, dans sa première phase, contemporaine de Lacan, n'a fait que souligner ce que la psychanalyse a toujours avancé comme son concept fondamental : seule la jouissance incestueuse avec la mère (et avec le père par transfert) était interdite. Connue par le petit enfant dès qu'il prend la parole, elle prolonge la jouissance de la Chose radicalement perdue, la toute première jouissance de l'infans, ce prématuré qui ne parle pas. Cette place dans la chronologie donne à l'inceste son caractère particulièrement déstructurant qui le fait rejeter. Jouissance et plaisir sexuel ne sont donc pas à confondre. Si la prospérité économique, les progrès de la biologie, ainsi qu'une plus grande permissivité de la société, facilitent celui-ci, la jouissance absolue est, aujourd'hui, comme hier et aussi bien demain, impossible. Nous vivons une évolution des moeurs, nullement une nouvelle économie psychique ou une nouvelle éthique. Les mots de la sexualité sont devenus courants mais on ne sait toujours pas nommer la Chose, vide de non-dit, zone de silence. Cet ouvrage renouvelle l'abord de la Chose et montre comment le langage a transformé un vide en manque phallique, avec la production de beaucoup de leurres censés le combler. Il est proposé une éthique de la psychanalyse, hors toute psychologie des foules, fondée sur la contingence d'un désir, rejeton du vide de la Chose, qui a donc en lui-même sa propre cause. La fin de la cure y trouve un nouvel éclairage.
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« Dans oedipe, la fantaisie de souhait sous-jacente de l'enfant est amenée à la lumière et réalisée comme dans le rêve ; dans Hamlet elle demeure refoulée, et nous n'apprenons son existence, tout comme ce qui se passe dans une névrose, que par les effets d'inhibition émanant d'elle. »Comme habituellement, Freud, le fondateur de la psychanalyse ouvre une voie de compréhension inestimable pour un sujet essentiel du psychisme humain. Cet ouvrage tentera de situer cette avancée, en reprenant tout d'abord les textes de Freud, puis ceux de ses continuateurs.Il sera ensuite présenté par F. Drossart une hypothèse originale concernant la psychologie du personnage Hamlet. Loin de toute préoccupation nosographique, il propose de se référer à la notion de retrait psychique ( J. Steiner). Le retrait psychique correspond à un refuge, présent chez le sujet, entre les deux positions (schizo-paranoïde et dépressive) décrites par Melanie Klein. Nous parlerons à cet égard d'espace intermédiaire. Ce qui donne portée métaphorique à l'exclamation d'Hamlet : « Le Danemark est une prison ».Marc Amfreville s'attache, pour sa part, à examiner la langue de Shakespeare. Dans son texte intitulé Spectres d'identité, sens et double sens chez Hamlet, il nous rappelle qu'Hamlet est un être de fiction à envisager au regard des autres personnages de la pièce.Cet ouvrage, d'inspiration kleinienne (pour la partie écrite par F. Drossart), plus « classiquement freudienne » (pour celle écrite par M. Amfreville), ne contredit pas l'affirmation de Lacan, selon lequel le caractère proprement génial de la pièce est à rechercher dans sa structure labyrinthique.