Une oeuvre d'art face au tribunal : Sur Pornopolitique de Piotr Pavlenski

Quatre éminents historiens de l'art défendent l'oeuvre Pornopolitique de l'artiste Piotr Pavlenski, dont le procès a eu lieu le 28 juin 2023, au Tribunal judiciaire de Paris.
Ils reviennent sur son parcours artistique et ses événements antérieurs (Suture en 2012, Carcasse et Fixation en 2013, Séparation en 2014) où Pavlenski s'en prenait à lui-même, oreille coupée, testicules clouées, lèvres cousues, le corps nu enroulé dans des barbelés, etc., et montrent que ces actions constituent des moments marquants de l'histoire de l'art performance.
Ces textes s'attachent à comprendre les rouages de la censure et de la répression juridico-policière que subissent certains artistes dont on voudrait faire taire les oeuvres.
La préface du recueil a été rédigée par le philosophe, écrivain, théoricien des médias et critique d'art allemand, Boris Groys.
« Disons-le d'emblée : la liberté de l'art n'est qu'un mythe moderne et contemporain de plus. On entend souvent dire qu'on peut faire dans l'art ce qu'on ne peut pas faire dans la vie.
Mais est-ce vraiment le cas ? Flaubert écrivant Madame Bovary, dans le même temps que Baudelaire et ses Fleurs du mal, ont fait l'objet de persécutions juridiques. À cette même époque, les épouses ordinaires n'étaient pas traduites en justice pour adultère, pas plus que les hommes pour avoir fréquenté des bordels. De nos jours, les choses n'ont pas changé. Nous vivons dans ce qu'il est convenu d'appeler la «cancel-culture», et nous assistons à des vagues successives de destruction de monuments historiques. Dans ce contexte, le cas de Pavlenski semble inhabituel, mais pas exceptionnel. » Boris Groys, préface Lire la suite Fermer